chapitre 1 : analyses et théories
chapitre 1 : analyses et théories
note
« préliminaire »
les pages qui suivent représentent la première partie d'un mémoire composé de
deux parties, intitulé "télépathie : kaléïdoscope de la conscience."la
seconde partie comprend les annexes et la bibliographie de la première. elles
se complètent donc. vous pourrez la trouver dans sa version de dépot avant
défense à l'unité de documentation de la section information et communication
de l'université de liège, 7 place du xx août à 4000 liège, belgique, europe ;
ou encore dans sa version revue et corrigée à l'institut métapsychique
international, 1 place de wagram à 75017 paris, france, europe. il se peut que
demeurent quelques fautes d'orthographe dans les notes de bas de page. que les
lecteurs ne s'y arrêtent pas.
cette diffusion "libre" nourrit l'espoir d'un décloisonnement des
consciences ...
disposez-en à votre aise, dans un esprit d'anarchisme bienveillant, tout en
étant prévenu que ma recommandation lors de son dépot demandait qu'il n'y ait
qu'un exemplaire par famille.
bonne lecture.
michaël de bona
université de liège
faculté de philosophie &
lettres
section
information & communication
dissexplortation à propos de quelques croyances et pratiques au
travers de témoignages écrits et oraux.
eclairage anthropologico-philosophique de l’« occulte » en
europe occidentale.
de 1882 à l’aube du troisième millénaire.
promoteur :
pol-pierre
gossiaux
lecteurs :
bernard
auriol
véronique
servais
mémoire de fin d’études
présenté par
michaël de bona,
en vue de l’obtention du grade de licencié en
information & communication
année académique 1998-1999.
dédicace
je tiens tout particulièrement à dédier ce
mémoire à mon jumeau, fabian, sans qui je n’aurais pu l’écrire aujourd’hui.
je le dédie ensuite à alice, pour tout ce
qu’elle a reçu, ce qu’elle perçoit, et ce qu’elle saura…
enfin, aux générations à venir…
remerciements
dans ce type d’acrobatie
qu’est la rédaction d’un mémoire de fin d’études, la tradition veut que l’on
passe en revue, à la manière des perles d’un chapelet, la liste, longue, des
personnes auxquelles nous sommes redevables. je m’attelle à cette tâche avec le
plus grand soin dont je sois capable.
tout d’abord, je
remercie mon promoteur, le professeur pol-pierre gossiaux, « accoucheur
d’hommes », pour son enseignement durant ces années passées à user nos
coutures de pantalons respectifs sur les bancs universitaires. qu’il trouve
dans ces remerciements et ce travail la manifestation de ma plus haute estime,
de ma sincère reconnaissance, et de mon attachement profond au partage dont il
a su faire preuve, que je ne voudrais pas avoir trahi. « votre humour, après tout, est aussi le mien… »
je remercie ensuite
ma professoresse, véronique servais, dont l’enseignement me fut d’un grand
apport, toujours dans la bonne humeur et le sourire. qu’elle soit ici gratifiée
pour la si complexe simplicité qui la caractérise, et la ferait reconnaître
entre mille.
un remerciement tout
particulier au docteur bernard auriol, qui a accepté de me recevoir en son cabinet
et de me suivre pour un temps avant cet « enfantement » quelque
peu douloureux. vos conseils et votre patience ne furent absolument pas vains…
a la koestler chair
of parapsychology et son équipe, évidemment, pour l’accueil chaleureux qu’elle
m’a manifesté.
aux multiples
personnes rencontrées au cours des entretiens, qui se reconnaîtront peut-être
au travers des phrases empruntées à leurs témoignages. j’espère ne jamais avoir
déformé la prégnance de leurs paroles.
je loue encore ma
famille, « l’arbre qui porte les fruits », pour le soutien,
logistique et moral, qu’elle a pu m’apporter. et pour avoir supporté si
longtemps mon orgueil dévastateur, sève empoisonnée qui donne à l’écorce un
goût amer.
l’occasion de
saluer ici paula, qui n’a peut-être pas compris le « comment » du
« pourquoi », ou le « pourquoi » du « comment »,
mais qui a certainement compris le « quoi ».
je
remercie spécialement stéphanie pour son éclairage « charnel ».
a mes amis et
connaissances, proches et lointains, qui m’ont également encouragé, émulsionné,
fait découvrir de nouveaux horizons et permis de voyager à travers eux. je
pense plus précisément à alain, alias barbu, cédric, christophe, claude, damien
et damien, gulëan et michaël, jean-michel et jean-michel, karim, kimwanga,
marc, pascal, pierre et pierre, rachel, samy, sandra, sylvia, steve, vincent,
xavier et j’en passe… que ceux que je ne reprends pas pardonnent mes omissions.
a vinciane despret,
pour ses conseils judicieux.
au docteur georges
hougardy. après le hérisson répulsif et le dragon imaginaire, je vous présente
le tigre.
un très grand merci
au réseau servas et à ses adhérents qui ont accepté de me recevoir, le temps
d’un séjour. je nomme daniela costa ; anne péchou ; ronald
berger ; jean-pierre et brigitte daniel ; jane, henry abraham et
leurs enfants ; anthea, barry coles et leur fils ; et enfin, alison
jones, paul toplis et leurs enfants. qu’ils trouvent ici toute ma gratitude
pour leur accueil.
une forte pensée va
à chris roe, du nene college, pour l’attention et les réponses accordées à ma demande
d’un texte de son cru. de même, au docteur bertrand, pour son prêt.
pour terminer,
toute ma considération va à la fondation lefranc, pour la bourse qu’elle m’a
octroyée par l’intermédiaire du recteur willy legros.
chapitre 1 : introduction
avant-propos
« bon nombre d’idées absolument
centrales pour la science
prennent racine au-delà des limites du
rationnel. »
(jeremy
narby)[1]
passé le temps de
l’intimidation devant les montagnes de matériaux récoltés et creusés, il nous
est à présent permis de dépoussiérer le diamant que nous avons taillé de notre
mieux pour rendre compte de sa translucidité, effet d’optique dû à sa structure
organique rare, sinon précieuse.
« télépathie :
kaléidoscope de la conscience ». ce titre appelle deux explications. la
première réclame d’abord que soit précisée notre conception de la conscience,
et de l’inconscient qui lui fait « face » :
« […], je crois qu’une bonne partie de
la théorie freudienne initiale se tenait la tête en bas. a cette époque,
nombreux étaient ceux qui concevaient la raison consciente comme normale et
s’expliquant d’elle-même, tandis que l’inconscient passait pour mystérieux,
exigeant preuves et explications. (…) aujourd’hui, ce qui est mystérieux
c’est la conscience, tandis que les méthodes combinatoires de l’inconscient,
notamment, le processus primaire, passent pour être continuellement actives,
nécessaires et universelles. »[2]
ceci dit, nous ne
nous interdirons pas un va-et-vient continuel entre ces deux entités
artificiellement modélisées et séparées que sont l’inconscient et la
conscience, tamponnant, selon les auteurs, un préconscient
/« subliminal »/subconscient. au quotidien d’abord, puisqu’en qualité
d’être humain, nous consacrons encore une bonne partie de nos journées à
dormir, de la même façon qu’un métronome, entre sommeil et veille. ce
va-et-vient sera également l’objet de notre sous-chapitre intitulé « la
conscience : une sphère d’états altérés ? »
la seconde
explication concerne l’usage du terme « kaléidoscope ». car si le
kaléidoscope est l’instrument qui permet de voir une même image (objet),
démultiplié(e) symétriquement, sous plusieurs angles différents, et parfois en
mouvement, à la manière des galaxies que l’on verrait plus nombreuses qu’elles
ne sont réellement, il désigne aussi des sensations variées et vives,
« éphémères », « fugaces », « colorées »,
(« fugitives » ?). nietzsche, ce « maître du soupçon »
au même titre que freud et marx, ne disait-il pas des philosophes, êtres cultivant
la conscience, qu’ils sont comme des étoiles filantes ? nous ne faisons
pour notre part que passer.
au-delà, la
soutenance d’un tel sujet de mémoire ne peut se comprendre sans les projets qui
l’animent. projets situés entre « gai savoir » et peut-être,
lorsqu’il nous arrive de redevenir « humain, trop humain », une forme
de « volonté de puissance ». c’est effectivement d’une confrontation
avec l’indicible, sorte de « pensée sauvage » qui nous habite et que
nous avons tenté de dompter, qu’en est née l’idée.
il s’agissait avant
tout de parvenir à une meilleure connaissance de soi[3]. avec, en point de mire, l’espoir de
démystifier un etrange maintenu en occident dans cette identité et sous cette
identification par ignorance, par dogmatisme, par intérêt, par crainte, par
suffisance… a celles et ceux qui s’attendent à trouver dans les pages qui vont
suivre l’explication ou la solution définitive à l’existence ou l’inexistence,
la véracité ou la fausseté de la télépathie, nous préférons leur annoncer
l’inutilité de cette lecture : « tout,
dans notre concept de savoir se construit pour que la télépathie soit
impossible, impensable, insue. s’il y en a, notre rapport à télépathie ne doit
pas être de la famille « savoir » ou « non-savoir » mais
d’un autre genre. »[4] en
revanche, demeurant ouverts et désireux de comprendre comment un phénomène tel
que celui de la télépathie suscite l’intérêt, surgit dans les discours, évolue,
se trouve « modélisé » et « construit », parallèlement aux
découvertes des fonctionnements de l’univers et de la psyché, vous pourriez
bien trouver du plaisir à le lire. a la suite de joseph delboeuf, nous pensons
aussi que : « si le commencement du
savoir, c’est de savoir que l’on ne sait rien, n’oublions jamais que l’on ne
sait jamais le tout de rien. la modestie, la défiance et le doute, voilà les marques
du vrai savoir. la suffisance n’est-elle pas la compagne ordinaire de
l’ignorance et de la sottise ? »[5]
le deuxième projet
est à comprendre comme une volonté de réhabilitation des sensibilités d’autres
sujets trop souvent ignorés, ou relégués au second plan suite au rationalisme,
cautionné en grande partie par le cartésianisme, dont la méthode a été mieux retenue que le traité des passions, et sur lesquels le temps, tel un miroir
déformant provoquant des effets (illusions) d’optique, aura eu des effets
ravageurs.
·
a savoir, une sensibilité facilement attribuée chez
nous aux femmes plus qu’aux hommes. sensibilité ayant donné naissance à une
expression telle que « l’intuition féminine » et qui, avec les visions
et perceptions du monde qu’elles semblent avoir (préservée), les auraient
rendues plus « réceptives » aux phénomènes qualifiés de paranormaux,
supranormaux, surnaturels[6]. ce qui leur valut notamment d’être, sinon
brûlées sur le bûcher, en tout cas victimes d’injustices sociales patentes les
plaçant par exemple au même rang que « l’enfant » ou « le
fou ». ou encore étiquetées d’hystériques.
·
en second lieu, à la sensibilité des animaux, et
particulièrement celle des mammifères, que ce même cartésianisme déclarait
ouvertement vouloir assujettir (aujourd’hui, l’on dirait
« réifier »), mais qui restent irréductibles à ces desseins, sauf à
faire de même de l’être humain qui, autant que la bête, est un être de
perceptions (ou passions), intégré au règne animal, et a fortiori soumis aux « contraintes naturelles » qui
gouvernent l’écosystème. dans le climat de crises alimentaires qui ont soufflé
sur la belgique et l’europe, souhaitons qu’un éveil de la conscience ne tarde
pas trop, pour que la « substantifique moelle » continue à
fonctionner.
un troisième projet
anime également ces pages. il vise à nous départir d’une pensée de plus en plus
dominante, presque unique, forgée à coups d’arguments technologiques,
consistant à présenter la communication comme une fonction instrumentale, rien
qu’instrumentale. que ce soit par le réseau internet, ou grâce aux gsm,
symboles d’une époque et d’une mode, emblèmes de nombreuses convoitises, mais
non sans quelques ratés. nous préférons, devant cette « bèguerie »
communicative, pour ne pas dire épidémique, réhabiliter, d’une certaine façon,
l’aspect plus phatique, voire poétique, de la communication humaine, dans ses
retranchements relationnels trop souvent négligés.
conscient d’être un
chaînon dans la réflexion qui nous occupera, nous avons entamé ce travail avec
l'état d'esprit d'un archéologue, ou plutôt un généalogiste, côtoyant les
vestiges du passé comme les avatars d'un phénomène laissé pour mort ou en
désuétude par certains, ravivant des passions chez d’autres. etat d’esprit
doublé d'un désir progressiste, voire futuriste, qui nous envahissait, sans
doute sous la pression des intérêts et "tourments" de notre âge,
et/ou de l’époque. pythagore déjà, de retour d’egypte, s'était risqué à parler
de métempsychose, ou migration des âmes.
présentation de la structure et de nos hypothèses de
bases
le sous-titre
« dissexplortation » l’indique de façon enchevêtrée, en mot-valise.
ce mémoire thématique est à la fois la dissertation, l’exploration et
l’exportation à propos d’un sujet choisi arbitrairement, pour lequel nous
sommes resté relativement libre : la télépathie. il est donc indispensable
de garder à l’esprit qu’il est le fruit d’une démarche exploratoire[7], où nous aborderons les points
suivants :
avant d’entrer dans
le vif du sujet, nous précisons, dans notre chapitre 2, quelles sont les
orientations théoriques qui ont motivé notre démarche, et quels furent nos
instruments méthodologiques.
au cours de notre
exploration, nous nous sommes demandé ce que le mot « télépathie »
pouvait évoquer à l’esprit de gens, et comment ils la vivaient et/ou la
percevaient. surtout, nous supposions qu’il pourrait y avoir un lien entre
l’étude de la télépathie et les religions du « vieux continent ». la
laïcité, l’athéisme, voire l’agnosticisme, réputés gouverner la raison
scientifique, se seraient accaparé le monopole des explications, et auraient
dénié tout intérêt à la télépathie, excroissance occulte d’une pensée
magico-religieuse ancestrale, « primitive », « enfantine ».
les convertis chrétiens, par contre, lui auraient accordé un crédit plus grand,
du fait de leurs croyances :
-
en la genèse
biblique, laissant poindre une faculté de communication entre hommes et animaux
avant la chute.
-
aux pouvoirs attribués à l’ange déchu, et à ses épigones.
-
au caractère miraculeux de certains
« signes » et « manifestations » divins.
-
en une part laissée à l’irrationnel, que l’on peut
assez aisément mettre en relation avec les études psychanalytiques, voire, mais
avec plus de réserve, les psychologie et psychiatrie cliniques.
nous entendions
également essayer de comprendre et expliquer en quoi l’étude du phénomène
télépathique est susceptible de nous éclairer sur les soubassements de la
société européenne occidentale de la fin du xixème siècle et durant le xxème
siècle. notamment sur le fonctionnement interne de certaines de ses
institutions (universités, laboratoires, publications, critères de
scientificité, convictions philosophiques ou métaphysiques, comportements
religieux et sociaux, etc.), au travers des croyances, pratiques et écrits qui
font mention à ce sujet. toutefois, la compréhension d’une culture ne peut
s’éclairer qu’au regard de celles qui la côtoient. aussi nous infiltrerons-nous
ci et là dans d’autres champs culturels que le « nôtre », ainsi
ensemencé par un vent vivifiant.
ce sont ici les
aspects définitionnels, historique ou touchant aux croyances et pratiques
autour de la télépathie, qui sont mis à contribution. nous en traiterons dans
notre chapitre 3.
en termes de
sphères de pouvoirs, quelles étaient les motivations du discours scientifique à
récuser, quelques fois avec violence, le phénomène télépathique, sachant que,
par cette attitude d’aveuglement, il passe à côté de nombreuses réalités, ou du
moins de pistes d’explications pour d’autres phénomènes demeurant incompris ou
inexpliqués ? mais le sujet traitant de l’irrationnel au sens large, nous
devions, immanquablement serions-nous tenté de dire, nous trouver nez à nez
avec des motivations irrationnelles.
techniquement, (technologiquement ?)
des instruments de mesure ou de détection peuvent-ils être conçus afin de
déceler son existence, et en existe-t-il déjà ? ce qui entraîne des questions
d’ordre épistémologique, telles que : une modification des paramètres et
paradigmes scientifiques acceptés et/ou exigés n’est-elle pas, pour cela,
nécessaire, et sur base de quel(s) postulat(s) ?
par ailleurs, de
nombreux malentendus dans notre vie quotidienne nous ont aussi forcé à admettre
l’idée que la compréhension mutuelle, par communication verbale autant que non
verbale (mais cette dichotomie est déjà elle-même empreinte de préjugés
profonds), n’était pas chose évidente, aussi sophistiqués et précis que
puissent être ces types de langages chez l’être humain. a l’inverse, il arrive
parfois que surviennent des impressions de « déjà vu », d’être
« sur la même longueur d’onde », d’entretenir une complicité
insoupçonnée avec certaines personnes, qui incitent à plus d’ouverture et de
confidentialité.
enfin, au fur et à
mesure de notre recherche, nous avons été sensibilisé à un fait, qui nous
portait à poser cette autre question : comment, pratiquement, concrétiser
un discours qui prétend faire droit à tous et valoir pour tous (le discours sur
la télépathie), un peu à la manière de notre déclaration universelle des droits
de l’homme ? notre réponse, toute provisoire, à cette question s’est
principalement déclinée sur un mode mytho-poétique ou proverbial, fortement
inspiré d’origines greco-latines ou de ladite « sagesse populaire ».
entre temps
évidemment, de nombreuses autres pistes nous ont, plus ou moins, appelé,
attiré, interpellé. si bien que notre mémoire, thématique dès le départ, s’est
étoffé sur tout son long de nombreuses autres incursions, thématiques
également, qui nous ont progressivement conduit à proposer des hypothèses plus
ou moins assurées, qui ne sont pas exemptes de critiques[8], fruits tant de nos expériences et
lectures, que des réflexions et interrogations qu’elles suscitèrent.
ce sont là quelques
questions que nous aborderons au cours de nos discussions épistémologiques, qui
aboutissent à nos hypothèses in/projectives. ces dernières débouchent
elles-mêmes sur un versant spéculatif de gregory bateson, dans le sillage
duquel nous frayons : l’apprentissage de type iii. elles font l’objet du
chapitre 4.
c’est au bout de ce
« périple » autour d’une thématique et de nous-même que nous
concluons, en appelant à l’interdisciplinarité, afin d’approfondir les
connaissances sur la télépathie, qui demeure non élucidée.
signalons dernièrement
qu’un second volet, composé d’annexes que nous serions tenté de nommer
connexes, complète ce volume.
précautions déontologiques et
avertissement
des précautions
déontologiques de base s’imposaient.
la première
concerne le traitement des données orales (nos entretiens). aussi vous
avertissons-nous d’emblée que vous trouverez, au fil des pages, des bribes
d’entretiens sélectionnées. ce choix s’explique avant tout par une question de
gestion de volume rédigé. pour des raisons évidentes de facilité de lectures et
de compréhension exemplifiées ensuite. a cette fin, et malgré l’élimination
partielle des « scories » de la parole (bégaiements, hésitations,
relances, répétitions, silences, etc.) pour ne garder que les éléments que nous
jugions pertinents et dignes d’intérêt dans le cadre de cette recherche, nous
avons toujours veillé à rendre les extraits choisis les plus fidèles possibles,
en laissant notamment transparaître nos interventions durant les entretiens,
puisqu’elles sont susceptibles de motiver partiellement les réponses. c’est
qu’effectivement, il peut être facile de manipuler le récit des personnes, non
seulement sur le moment même, mais à plus forte raison lorsqu’il est extrait de
son contexte et fait l’objet d’un montage. cette remarque valant aussi pour les
sources écrites. il n’est jamais inutile de la rappeler.
or, au cours de ces
entretiens, nous avons essayé de laisser nos interlocuteurs aussi libres que
possible dans le développement de leurs idées, évitant d’y imprimer un schéma
contraignant, de type questionnaire. libre à qui le veut d’en consulter
l’ensemble des transcriptions qui se trouve en annexes, tout en restant prévenu
que leur « décantage » n’incarne pas, loin s’en faut, l’intégralité
des cassettes audiophoniques que nous avons en notre possession, et encore
moins le vécu des entretiens.
il est encore à
noter que ce travail aborde des domaines vastes, touchant par conséquent à de
multiples disciplines. nous avons essayé, lorsque cela paraissait indispensable
et possible, d’expliquer le vocabulaire que nous empruntions à ces disciplines.
a défaut, nous renvoyons, pour des notions beaucoup plus pointues, aux
dictionnaires ou manuels attitrés.
nous regrettons de
n’avoir pu respecter la limite de volume exigée pour ce type de travail, qui a
été fixée, en vertu des décisions académiques, à 100 pages, hormis les annexes
et la bibliographie. mais considérant l’élaboration patiente et minutieuse d’un
tel travail comme s’il s’agissait d’un enfant, nous ne pouvions donner
naissance qu’à des jumeaux. par ailleurs, le sujet nous semblait suffisamment
important, et tellement foisonnant, que nous n’avons pu nous conformer aux
restrictions de circonstance, malgré un gros effort de réduction qui
s’accommode, il est vrai, d’un effet d’écriture[9]. cet « embonpoint » s’explique
aussi, en partie, par deux années consacrées à cette recherche passionnée et
passionnelle.
notre position dans
les pages qui vont suivre ne saurait être totalement objective. nous y reviendrons
dans la présentation de nos expériences personnelles. mais elle se veut
surtout, plus qu’une position de repli ou de défense, au moins un acte de
partage, aiguisé par un certain sens de la recherche qui, sans être
fondamentale, n’en a pas moins de valeur nous semble-t-il[10]. simplement.
précisions relatives au texte
outre les
conventions de l’ars citandi, que
nous appliquons autant que faire se peut dans nos annotations de bas de page,
mais surtout dans notre bibliographie, nous nous sommes permis quelques
libertés afin de faciliter autant la rédaction que la lecture des notes de bas
de page.
ainsi, lorsque nous
ferons référence à un article issu d’une revue, nous en indiquerons l’intitulé entre
guillemets, sans mentionner la revue dont il provient. nous renvoyons pour cela
au nom de l’auteur dans notre bibliographie pour les articles et revues.
lorsqu’il s’agit
d’un article issu d’un ouvrage collectif, nous faisons de même, en spécifiant toutefois
l’ouvrage auquel il se rattache, et en renvoyant au nom de l’auteur dans notre
bibliographie pour les monographies et ouvrages collectifs.
il arrive que ces
ouvrages collectifs soient le fait d’un organisme ou d’un centre. dans ce cas,
nous faisons référence à ceux-ci, dont nous inscrivons l’abréviation après une
première citation.
la
convention (n. s.) en fin de citations indique que « nous
soulignons. »
enfin, nous avons
tenu à mettre en évidence les extraits d’entretiens que nous faisons figurer
dans notre texte. les puces que nous avons utilisées dans ces entretiens, elles
sont à comprendre comme suit :
§
c’est la personne
principale de l’entretien qui parle. (la première à figurer parmi les noms
du titre).
·
c’est la personne
secondaire, accompagnatrice, qui parle. (la seconde à figurer parmi les
noms du titre).
-
c’est nous
qui parlons.
ils sont suivis, de
plus, du nom de(s) (la) personne(s) entrevue(s), et du numéro de page renvoyant
aux annexes où ils peuvent être retrouvés.
chapitre 2 : méthodologie
rampes épistémologiques et
embûches
nous nous
inscrivons résolument dans une perspective systémique, en vue de mieux cerner
une conscience qui, jusqu’il y à peu, nous semblait évidente. ainsi, l’épistémologie
cybernético-systémique qui inspire notre démarche est celle déjà
ébauchée par gregory bateson
et sa fille dans la peur des anges
notamment. bien (ou parce) qu’il y annonce sans détours : « je crois, par exemple, que la
réception de l’information, dans les organismes ou dans les machines, s’opère
toujours par le biais de canaux matériels et d’organes sensoriels qui sont, par
définition, identifiables. cette donnée exclut des variantes de la perception
extra-sensorielle telles que la télépathie, la perception à distance, la seconde
vue, etc. ; elle exclut aussi cette superstition particulière appelée
« transmission des caractères acquis » ; mais naturellement elle
n’exclut pas la possibilité que les hommes, les animaux ou les machines aient
des organes sensoriels dont nous ne sommes pas pour l’instant
conscients. »[11]
très
personnellement, et confiant en une nature qui nous a dotés de cinq organes des
sens, nous ne pensons pas nécessaire d’inventer de quelconque sixième ou
septième sens, supplémentaires[12]. il serait plus économique d’inventer, ou
plus certainement de redécouvrir « une autre façon de sentir ».
c’est pourquoi,
simultanément à cette épistémologie, nous pensons pouvoir, plus timidement,
nous rattacher à une autre veine de réflexion, du seul fait que notre
sujet/objet traite de la conscience. cette veine déclarait rien moins que
« toute conscience est conscience de quelque chose. » il s’agit de la phénoménologie.
plus exactement, nous pensons à l’ontologie du dernier merleau-ponty traitant de la chair,
qu’il a développée dans le visible et
l’invisible[13].
en effet : « la certitude à laquelle il lui
paraissait que toutes nos connaissances, même les plus élaborées, renvoient
comme à leur origine, maurice merleau-ponty la décrivait lui-même en termes de
perception et de simultanéité : (…). en bergson, le phénoménologue trouve
un allié. […] bergson aurait ainsi le mérite de réconcilier la théorie
scientifique avec ce que merleau-ponty appelle – dans une formule d’ailleurs
moins claire qu’il n’y paraît – « les hommes simplement hommes ».
c’est que, pour le phénoménologue, la tâche de la philosophie consiste à
rapprendre à voir le monde, à revenir aux choses mêmes. »[14]
dans cette
perspective, notre travail se veut un prolongement de l’épistémologie
batesonienne, notamment lorsque nous débouchons, dans notre chapitre 4 sur un
sujet de spéculation comme l’apprentissage de type iii, dont il traitait dès
son premier tome de vers une écologie de
l’esprit.
l’élaboration de ce
travail ne se fit pas sans mal évidemment. nous nous sommes donc initialement
laissé guider par la notion « intuitive » et étymologique de ce que
pouvait être la télépathie, afin d’aller à la rencontre des personnes et de nos
terrains. au fur et à mesure, des découvertes éparses se présentèrent, suivies
d’une classification progressive du phénomène au sein d’un ensemble plus vaste.
découvertes qui
s’accompagnèrent de difficultés de circonscription dans l’espace, d’abord,
puisque plus notre recherche évoluait, plus nous semblions recueillir des
témoignages de l’existence de tels phénomènes en provenance du monde entier.
difficultés de
circonscription dans le temps, ensuite, parce que ces témoignages étaient
parfois datés de la nuit des temps.
par ailleurs, nos
expériences personnelles risquaient à tout moment d’entacher la perspective
détachée de ce travail. il nous semble aussi que se rendre étranger à soi et à
la culture qui nous a été « tatouée » a pour prix de côtoyer ce que
l’on nomme « folie ». libre à qui le désire de ne pas repasser par
les paliers de décompression que nécessite la remontée d’une telle plongée
vertigineuse dans les profondeurs de l’âme, « à la découverte de son
âme » dirait jung.
nos
expériences personnelles
ainsi que nous l’avons signalé en
avant-propos, c’est au départ d’une expérience de l’indicible que l’envie et
l’idée de ce sujet de mémoire se sont faites jour. aussi nous sommes-nous
appuyé sur notre vécu personnel comme instrument méthodologique et information
de première main. nous joignons le récit de nos expériences en annexes[15].
nul, pensons-nous, ne peut se prévaloir
d’une objectivité sans faille. rené descartes
lui-même, à l’origine d’une tradition scientifique qui perdure, était parti de
son expérience du cogito, la « folie du cogito », pour en déduire une
série de principes élémentaires. dans son processus de déduction, il avait dû
opérer des choix, qui se sont avérés cruciaux dans le développement de
l’épistémologie et de la métaphysique cartésiennes. conséquence : corps
(ou matière) et esprit se sont trouvés irrémédiablement séparés[16].
aujourd’hui, nous pensons en termes dits
cartésiens, en abscisses et ordonnées, axes de l’étendue dont les cahiers
quadrillés de l’école primaire sont l’un des instruments de propagation. nous
avons investi les profondeurs des océans et l’étendue de l’espace sidéral, et
continuons à les sonder. de proche en proche, nous nous rendons perpétuellement
compte qu’il reste des choses à découvrir, à explorer, à dominer. il aurait pu
en être autrement, car l’évidence n’est pas si lumineuse qu’auraient pu le croire
descartes et ses épigones, et tend même à obscurcir davantage le peu que nous
connaissons par l’usage de la raison[17].
aurait-il mieux fait de demander « doutes-je, suis-je ? » ?
s’il est un rôle que peut jouer
l’anthropologue dans cette déconstruction des évidences, c’est d’aller de
l’avant, en explorateur (si possible pas solitaire) de contrées désertées
(parce que crues désertes ?), et qui, autant à la « réflexion »
qu’à la réflexivité, s’avèrent luxuriantes : a la rencontre de l’étrange,
autant que de l’étranger et de soi-même. de l’autre hors-de-soi et en-soi.
nous sommes en droit de nous demander quelle
peut être la contribution de ces expériences personnelles à la trame de ce
mémoire. expériences qui se pourraient être à l’origine d’une profonde restructuration
de nos schémas de pensée et de notre identité. « expérience
mystique » diraient certains. « démence » penseront d’autres.
« expérience de vie », serions-nous tenté de déclarer, songeant au lebenswelt (monde de la vie) dont
parlait edmund husserl[18].
au cours de ce travail, nous reviendrons
occasionnellement sur nos expériences pour illustrer les propos tenus, les
compléter, les nuancer. en outre, nous faisons remarquer que ces expériences,
au préalable « involontaires », ont progressivement été provoquées,
pour petit à petit, après que nous soyions passé au « crible » des
laboratoires, devenir l’objet d’une recherche accrue, d’une recherche de
maîtrise que la volonté n’aide pas toujours à faire « jaillir ».
restaient donc l’attention, l’intention et l’intentionnalité, que l’écriture
reste bien en mal de transcrire[19].
le projet agape et les
expérimentations de ganzfeld à
la lumière de l’anthropologie symétrique
désireux de mieux
connaître ce qui se fait actuellement en matière de recherche expérimentale sur
la télépathie à travers l’europe occidentale, nous avons eu l’opportunité de
visiter le laboratoire du docteur auriol ainsi que celui de l’université d’edimbourg[20].
c’est à la lecture
du livre d’yves lignon,
les phénomènes paranormaux, que nous
avons pris connaissance des travaux de bernard auriol, psychiatre et
psychanalyste toulousain[21]. dans le même chapitre que celui qui
faisait mention de son travail étaient évoqués divers laboratoires de
parapsychologie, dont celui, devenu célèbre, d’edimbourg. dès lors, informé de
leur existence, et envisageant d’y mener des observations participantes en
guise de stage de terrain, il nous suffisait de prendre les contacts
nécessaires[22].
la brièveté de nos
séjours, de même que la rareté des expériences que nous avons pu mener, sont à
regretter. nous nous consolons en en faisant des « événements ». nos
séjours nous ont en effet permis de participer aux trois expériences
mentionnées ci-dessous :
- un test agape à toulouse, le mardi 13/1/1998 en
soirée, alors qu’initialement nous avions prévu d’en faire deux au cours de la
semaine (le mardi et le jeudi), conformément à ce qu’indiquait, à l’époque, le
site internet du docteur[23]. ce test représente une seule séance dans
une série qui en compte déjà plus de 160, obéissant à différents protocoles
selon les cibles.
- deux
expérimentations de ganzfeld (non
programmées d’avance) à edimbourg, les mercredi 4 et jeudi 5/2/1998, en
journée[24].
cela, vous en conviendrez,
est plutôt léger pour une analyse approfondie. néanmoins, ces participations
occasionnelles nous ont permis d’en tirer quelques observations et généralités
sur leurs modes de fonctionnement qui nous semblent dignes d’intérêt. elles
font l’objet d’une partie volumineuse de nos annexes.
pour ces
observations participantes - aussi discutable que puisse être la méthode
précitée - nous avons choisi le modèle de bruno latour, ce sociologue, auteur avec steve woolgar de la vie de laboratoire. la production des faits scientifiques, et
théoricien d’une anthropologie symétrique[25]. un titre qui tombait à point pour l’étude
de deux laboratoires se penchant sur des faits dits « occultes ».
cette veine (on pourrait être tenté de parler de rhizome) des sciences sociales
et humaines ose investir, de la même façon que cela s’est fait et se fait
encore, beaucoup moins, pour des tribus dites exotiques, les « us et
coutumes » de la science en activité.
ce faisant,
l’anthropologue adopte, en toute légitimité, une position symétrique, d’égal à
égal, avec ses interlocuteurs, se réclamant aussi indépendant que possible.
dans les grandes lignes, il cultive une attitude méfiante, mais néanmoins
respectueuse, vis-à-vis de l’informateur (en l’occurrence, les membres du laboratoire).
cette attitude « défensive » ne peut cependant éviter la question
épineuse de la réflexivité du « chercheur » (plutôt un
explorateur) par rapport à « son » terrain, et l’influence qu’il peut
y exercer[26].
les entretiens
pour les besoins de
notre recherche, nous avons également eu recours, outre l’observation
participante, à la technique des entretiens. au nombre de 15, d’une durée
oscillant entre 20 minutes et trois heures, réalisés de décembre 1997 à décembre
1998, ces entretiens représentent une sorte de toile aux fils tendus
et interreliés. en effet, initialement muni d’un questionnaire semi-directif
qui s’avéra très vite inadapté, d’entretien en entretien, nous avons préparé,
lectures préalables à l’appui et en fonction des personnes auxquelles nous nous
adressions, les questionnaires qui ont suivi[27]. ce en vue d’obtenir, de la part de nos
informateurs, les renseignements qui nous semblaient les plus
« pertinents »[28]. ayant été aiguillé et formé vers/à la
technique de l’entretien, plutôt que du questionnaire, nous n’avons pas
envisagé d’autre moyen de procéder. par ailleurs, le choix de notre analyse
justifiait en partie une telle façon de faire. ce qui n’empêche absolument pas
qu’une étude plus « orthodoxe », de type sociologique, avec un large
échantillonnage, soit entreprise. nous ne pouvons qu’y adhérer, et y appeler,
bien que cela ait déjà été fait, notamment par haraldsson et houtkooper,
que nous rencontrerons au cours des pages qui vont suivre.
présentation des
personnes entrevues et des contextes
par souci de
clarté, nous introduirons nos interlocuteurs/-trices dans l’ordre chronologique
où nous les avons rencontré(e)s (numérotation précédant le pseudonyme), car
certains entretiens nous ont orienté, par réseaux connexes ou parallèles, vers
d’autres personnes susceptibles de mieux nous éclairer, voire même de nous
fournir de la documentation. si bien que certains des thèmes qui ont été
discutés antérieurement nous ont quelques fois servi de « rampe de
lancement » ou de « filet de sécurité » dans les exercices
périlleux qu’étaient parfois nos entrevues ultérieures. nous n’en avons
finalement conservé que celles effectuées sur le territoire belge, et en langue
française. la quinzième entrevue, qui complète ce lot, fut un fiasco : le
magnétophone, que nous avions mal enclenché, a laissé une bande sonore vide.
nous avons pallié cette défectuosité par un contact via le réseau de boîtes aux
lettres électroniques.
en outre, nous
avons regroupé nos hôtes, issus d’horizons divers, en quatre catégories. elles
et ils sont sensés représenter les sensibilités de notre société en matière
d’adhésion, des plus sceptiques aux plus convaincus, en passant par les
indifférents. nous faisons remarquer par ailleurs que nous avons essayé d’avoir
une représentativité des sexes équitable dans ce lot.
la part
d’affectivité, d’attachement, d’attraction/répulsion qui a pu s’instaurer au
cours de cette année de « palabres », jour pour jour et jour après
jour, est mal aisée à déterminer. au fur et à mesure de nos entretiens, nous
n’avons plus cherché à nous positionner en retrait, mais nous sommes
progressivement investi dans les ambiances, dans la mesure où les
interlocuteurs/-trices nous y autorisaient, évitant de notre mieux de forcer le
cours des choses, oscillant entre passivité et activité, par nos questions
essentiellement. questions qui d’ailleurs, nous le disions, étaient adaptables
en fonction du déroulement des entretiens, et dont les questionnaires par
conséquent ne peuvent totalement rendre compte. c’est dans cette optique-là que
nous avons commencé par des connaissances proches, layla et onur, qui étaient
fort à même de nous mettre en confiance. par la suite, il nous fallut nous
« confronter » à des personnes de nous moins connues, et qui en
éprouvaient certainement la même distance, selon un gradient personnel et
interpersonnel fluctuant en cours d’année entre adhésion et scepticisme envers
notre étude.
au-delà, la part
d’« intellection » et de construction mentale que nous avons reflétée
a été, il nous faut le reconnaître, quelque peu empreinte d’a priori, voire de jugement. en effet,
nous n’avons pas effectué de lectures préalables pour chacune des personnes
rencontrées, mais essentiellement par rapport à celles dont nous anticipions
qu’elles pourraient nous « poser problème ». ces a priori constituent un biais, sans aucun doute possible. nous en
sommes pleinement conscient. etait-ce pour autant un mal ? nous pensons
pouvoir faire valoir ce biais dans la mesure où il nous aura fortement incité à
nous extérioriser et à prendre en considération d’autres avis. ces précisions
faites, allons à présent à la rencontre de nos interlocuteurs/-trices.
cartomancien(ne)s,
médiums et/ou spirites.
notons pour cette
première catégorie que nous aurions aussi bien pu l’intituler
« voyant(e)s ». mais nos discussions avec les personnes désignées
ci-dessous nous ont fait comprendre leur chagrinement à être dénommées ainsi
car, disaient-elles, elles ne faisaient pas « que » voir. aussi, il
nous semblait plus juste pour les classer de faire appel au support qu’elles
utilisent dans leurs pratiques, bien que là encore, les supports puissent
varier, allant du marc de café au pendule, en passant par la photographie. les
cartes (ou lames) se présentaient comme un dénominateur commun. les autres
éléments de la catégorie se justifient quant à eux par le fait des autres
pratiques « accessoires » de ces mêmes personnes ; ou du type
d’entités avec lesquelles elles disent être en contact.
1) layla et onur : cette dame, une connaissance
issue d’une famille turque et rencontrée à l’université, pratique la
cartomancie, en plus de la lecture du marc de café. a notre demande, et
informée de notre sujet de mémoire, elle a accepté de nous recevoir pour nous
faire part de sa façon de faire et des impressions qu’elle éprouve lors de ses
séances. nous avons pu la voir à trois reprises, en présence ou non de son
mari, onur, et à chaque fois en leur domicile conjugal. onur, lorsqu’il était
présent, avait toute la liberté d’intervenir et de compléter les dires de son
épouse, étant donné qu’il fait aussi office de confident et de mémoire de
layla. notre premier entretien, le 5/12/1997, a débuté dans la salle à manger, après un repas
en leur compagnie, pour se terminer dans le salon. nous l’avons enregistré. les
deux autres entretiens étaient essentiellement destinés à nous tirer les
cartes, sur proposition de layla. nous y étions donc plus observateur
qu’interlocuteur. par la suite, avant de s’en aller à l’étranger, elle a été
assez aimable que pour nous prêter quelques-uns des jeux de lames qu’elle
utilise, dont celui qui lui fut offert par une dame rencontrée en rue, et que
nous lui avions demandé expressément. elle a insisté pour que nous ne laissions
personne utiliser ce dernier, nous autorisant cependant à en faire la
photocopie.
2) zazie et charlie : cette deuxième
dame, connaissance de layla, nous a été recommandée par cette dernière, qui
nous a introduit auprès d’elle en nous laissant ses coordonnées, après avis
favorable. cartomancienne également, elle ne pratique qu’en cercle très privé
avec ses intimes. mais elle a malgré tout accepté de nous recevoir le 3/1/1998 pour
répondre à nos questions. l’entretien eut lieu en son domicile et en présence
de son mari également, charlie, qui intervenait par moments dans la discussion,
puisqu’il avait déjà fait l’expérience de l’écriture automatique. leur bébé
était également présent dans la maison.
10) jimy : ancienne connaissance
d’amphithéâtres, jimy avait déjà participé à des séances de spiritisme et vécu
des épisodes de « lutte avec [contre] satan ». il était fort
intéressant pour nous de recueillir son témoignage, qui ressemblait à une
« possession ». par la suite, il s’est adonné à la cartomancie, dont
il nous a fait une démonstration, interrompue, après l’entretien. nous l’avons
questionné dans le salon de son domicile, le 28/4/1998. malgré, ou plutôt à
cause de sa relation avec « la fille de satan », il ne nous a pas
autorisé, à regret, à la rencontrer pour notre recherche.
thérapeutes
comme pour la
catégorie précédente, nous avons cherché un point commun qui unisse ces
personnes, car chacun de nous possède des identités multiples, fonction de nos
insertions dans divers réseaux ou de notre intégration des rôles sociaux. notre
choix s’est à nouveau porté sur les pratiques, professionnelles dans ce cas.
3) frédéric : le 8/1/1998, nous
rencontrions un médecin psychiatre, professeur de psychologie à la retraite,
ayant consacré une bonne part de son activité de recherche à la parapsychologie
et à l’étude des états modifiés de conscience. cet entretien, qui devait
initialement se dérouler à son domicile au mois de décembre 1997, eut
finalement lieu à l’université libre de bruxelles (u.l.b.), dans un local de
son choix. le temps nous était compté, car frédéric avait un autre rendez-vous
juste après nous.
4) eduard de vegan : médecin
homéopathe, eduard de vegan était l’invité de deux leçons au cours
d’« anthropologie médicale » (chris paulis), où il développait des
idées intéressantes, au sujet des messages transgénérationnels notamment. ayant
pu assister à la seconde leçon, nous avions pu obtenir ses coordonnées, et
fixer avec lui un rendez-vous en son domicile, le 13/2/1998, après
un premier rendez-vous échoué. il se montra fort favorable à notre sujet de
mémoire, mais réticent quant à l’exploitation faite de ses paroles. l’entretien
eut lieu autour d’un repas, dans sa salle à manger.
citoyens
ici, rien dans les pratiques ne semblait
unir nos informateurs, si ce n’est qu’ils avaient accepté de répondre à notre
demande pour un entretien. pourquoi dès lors avoir choisi de parler de
citoyens ? c’est que nous ne pensons pas nous tromper si nous disons que,
en tant qu’habitants et nationaux d’un pays, la belgique, nous sommes tous
repris sous un numéro dans le registre d’état civil. qui dit
« civil » dit « civisme ». et le civisme pourrait être
considéré comme une caractéristique morale du citoyen. ce choix a été aussi
facilité par l’inclusion des membres du centre d’action laïque (c.a.l.), sorte
de contrepoint à l’autorité religieuse catholique dans notre paysage politique,
et notamment scolaire.
5) françoise :
mère d’une amie, et vice-directrice d’une entreprise régionale, françoise
s’était portée volontaire dans le cas où nous aurions besoin de personnes pour
nos entretiens. elle avait, de fait, déjà noté des coïncidences dans sa vie
quotidienne, qu’elle attribuait à de la télépathie. notre entretien eu lieu
dans son salon, autour de la table à manger, le 1/3/1998.
6) serge
et chantal : connaissance de notre famille, nous avions pu parler une
première fois avec serge sur son impression au sujet de l’une des ses poules,
habituée à venir s’asseoir sur ses genoux lorsqu’il s’installait dans son
jardin, et dont il pensait qu’elle pouvait être la réincarnation de sa femme
décédée. nous l’avons rencontré en son domicile, dans le salon où il regardait
la télévision, le 15/3/1998, en
présence de sa compagne, chantal, et de la fille de celle-ci.
11) charlotte :
le 29/4/1998, nous
nous rendions au c.a.l. de liège, pour y rencontrer charlotte, représentante du
centre qui nous avait été renseignée en tant que « sceptique » par
une personne ressource. nous l’y avons questionnée en son bureau.
12) rémy :
second représentant du c.a.l., renseigné également comme « sceptique »
par la même personne ressource, rémy nous a reçu lui aussi en son bureau du
c.a.l. le lendemain 30/4/1998. il
nous a généreusement prêté, suite à notre entretien, deux livres de tendance
zététique de la bibliothèque du centre, pour les besoins de notre étude.
autres
ces
« autres » dont il va s’agir ne sont pas appelés comme tels par une
forme de mépris. que du contraire. sachant que « je suis un autre, et
l’autre est un je », cette catégorie est même plutôt flatteuse. car comme
nous le signalions préalablement, ce sont en partie ces personnes qui nous ont,
malgré elles ou non, incité à nous extirper d’une forme de torpeur sans quoi ce
travail n’aurait certainement pas abouti. c’est donc en reconnaissance de ce
rôle qu’elles ont su jouer auprès de nous, par leur présence, que nous leur
accolons cette « étiquette ».
7) yan : professeur de logique et
épistémologie à l’université de liège, nous avons rencontré yan en son bureau
de la place du xx août, le 20/3/1998, après un échange de courrier électronique où nous
lui présentions notre sujet de mémoire.
8) raphaël : père d’un ami, et
docteur en sciences appliquées de l’université de liège, raphaël se montrait
sceptique quant à notre sujet de mémoire. nous avons donc voulu mieux connaître
son point de vue. notre rencontre s’est faite en son domicile, attablés dans la
salle à manger, le lendemain 21/3/1998.
9) galilée : notre attention s’était
portée sur ce professeur d’astrophysique de l’université de liège, suite à un
article paru dans le magazine athéna.
il y parlait d’une « nouvelle physique », ce qui nous semblait
intéressant pour envisager le sujet dont nous traitions, et toute la
controverse qui l’accompagne. rendez-vous pris le 10/4/1998, nous
nous sommes vus en son bureau de l’institut d’astrophysique de l’observatoire
de cointe. depuis lors, nous avons appris son décès inopiné. c’est un hommage
que nous lui rendons indirectement, à lui qui fut selon nous un homme d’une
ouverture assez remarquable.
13)
dimitri : second professeur
d’astrophysique de l’université de liège, dimitri nous fut indiqué par galilée,
qui nous l’avait présenté comme beaucoup plus susceptible de nous renseigner,
du point de vue « sceptique ». nous l’avons rencontré le 2/7/1998, en son
bureau d’astrophysique de l’institut de cointe. il nous a fourni en
littérature, « sceptique » essentiellement. après notre entretien,
nous sommes allés boire un verre à la terrasse d’un café de liège, occasion de
faire plus ample connaissance.
14)
paul : au départ d’une démarche
de rencontre auprès de monseigneur l’evêque de liège, autorité ecclésiastique
de la province, nous avons été orienté vers l’un de ses porte-parole,
spécialisé en communication. cet entretien eu lieu au domicile de paul, dans
les « pays rédimés », le 1/12/1998. il ne fut malencontreusement pas enregistré. nous
avons pallié ce silence, comme nous l’avons déjà écrit, grâce au courrier
électronique.
15)
thomas : auteur de plusieurs
ouvrages traitant des pseudo-sciences et des dérives scientifiques, thomas nous
avait été renseigné par dimitri comme susceptible d’approfondir notre réflexion
dans notre domaine d’étude. après avis favorable de sa part, nous avons pu le
rencontrer dans le salon de son domicile, le 5/12/1998.
choix de l’analyse
pour l’analyse de
contenu du matériau que sont nos enregistrements, l’analyse thématique nous
apparaissait la plus appropriée afin de mettre en exergue les représentations
(à comprendre comme des croyances) et pratiques que nous recherchions[29]. elles étaient multiples et ont en partie
motivé la structure de notre mémoire. mais nous n’avons pu les aborder toutes.
cela aurait nécessité un travail et un volume d’une ampleur bien plus
considérable que ceux demandés pour un mémoire. nous avons rassemblé en annexe
l’ensemble des transcriptions de nos entretiens analysés thématiquement, à
l’exception du premier, qui nous a servi d’entretien prospectif, ce qui en
explique la longueur. ces transcriptions y sont données chronologiquement[30].
recherche des documents
concernant la méthodologie appliquée aux sources
bibliographiques, premier objet de notre recherche, elle visait la plus grande
représentativité possible des parutions en langues européennes, avec une nette
préférence pour les textes originaux français et anglais, cette dernière langue
constituant la langue véhiculaire par excellence, dans le milieu scientifique
en tout cas. après un dépouillement des dictionnaires et encyclopédies les plus
directement accessibles, nous avons ainsi procédé à un ratissage en règle, par
cercles concentriques, en encodant le mot « télépathie », dans ses
versions anglaise et française, sur les réseaux de recherche informatique que
nous avons pu consulter. la première conséquence de ce multilinguisme est que
notre travail est parsemé de citations en d’autres langues que le français, qui
demandent bien sûr que les lecteurs comprennent, même passivement, ces langues[31].
belgique : les universités de bruxelles
(brussels-u.l.b.), liège (luik-u.lg) et louvain (leuven-k.u.l.). la
bibliothèque provinciale des chiroux-croisiers (liège)
sur base de la banque de données du système
libermédia, nous avons recueilli les premiers titres susceptibles d’être
facilement accessibles au sein de notre université. en dehors de celle-ci, la
bibliothèque des chiroux-croisiers était un lieu d’approvisionnement non
négligeable. le cd-rom francis nous a permis d’élargir nos horizons sur la
belgique, et de nous donner un premier aperçu de ce qui se trouvait en europe.
de plus, nous avons aussi pu consulter le cd-rom psyclit, autre outil de
valeur. nous bénéficions enfin du réseau internet, à titre secondaire.
france : l’université de
toulouse-le-mirail
parvenu à toulouse, nos occupations ont grosso modo oscillé entre les rencontres
avec le docteur auriol et les recherches à l’université. de là, par le même
procédé qu’en belgique, nous avons tenté de nous procurer les titres et
articles que nous avions pu rassembler, et qui étaient disséminés dans la
ville. cela se fit en partie avec l’aide du docteur. ce dernier nous conseilla
également de consulter le cd-rom psi-explorer de mario varvoglis[32].
england : la society for psychical research et la national library (london)
dans la foulée de
nos déplacements, nous nous sommes arrangés pour demeurer une semaine dans la
capitale britannique, afin de visiter la fameuse société pour la recherche
psychique (s.p.r.), à l’origine des études systématiques sur la télépathie[33]. cette société, toujours active à l’heure
actuelle, publie plusieurs périodiques et soutient des rencontres, souvent
internationales, afin de discuter des sujets d’étude de la parapsychologie[34]. ce qui nous permis, en plus de sillonner
les rayons de la bibliothèque nationale (national library), de compulser et
rassembler une précieuse documentation dans la bibliothèque de la société, moyennant
affiliation comme membre dans l’une et l’autre bibliothèque. ce fut également
l’occasion d’observer un peu l’organisation de cette bibliothèque et sa
fréquentation par des étudiantes en psychologie d’une université londonienne,
ou des pensionnés.
scotland : la koestler chair of
parapsychology (edinburgh)
a edimbourg,
« centre névralgique » de la recherche en parapsychologie européenne,
le même scénario se répéta, non informatisé étonnamment. nous bénéficions
cependant à loisir de l’occupation du bureau commun des chercheurs du
département de parapsychologie, et de leur bibliothèque, pour peu que l’un
d’eux y soit présent. là, comme à la s.p.r., nous nous sommes plutôt laissé
guider par le « flair », et la nécessité de faire vite dans le délai
qui nous était imparti. des lectures rapides et diagonales de titres et résumés
nous ont aidé à faire le tri.
etant donné la
diversité même des langues qui se présentaient à nous, il nous a parfois fallu
nous appuyer sur des traductions, dont nous n’avons pas toujours - faute de
moyens en temps ou en connaissances des langues, et pour ne pas nous embarquer
dans une aventureuse expédition philologique - pris la peine de lire ni de
vérifier les versions originales, préférant nous en remettre à l’intégrité des personnes
qui en avaient diffusé la traduction. sans vouloir paraître tomber dans un
raisonnement de type « théorie du complot », nous tenons à signaler
que nous ne méconnaissons pas, pour en avoir rencontré dès notre deuxième
candidature, les « fraudes » ou « erreurs de traduction»
que peut véhiculer le monde de l’édition, aussi scientifique soit-il[35]. mais le statut des traducteurs, par
rapport au phénomène qui nous occupera, nous laissait penser que, si même des
erreurs de traduction (la forme) pouvaient s’immiscer dans les textes, leur
contenu « épistémologique » (le fond) ne pouvait aussi facilement en
être altéré[36].
chapitre 3 : analyse, pratique et théorie
la
télépathie en tant que faculté
définitions de la
télépathie
définition restreinte de la
télépathie
notre travail d’élaboration d’une définition nous a mis en
butte avec un complexe de phénomènes qui ne sont pas toujours bien définis ou
délimités, et par conséquent décriés, puisque les repères, dont la principale
vertu est de procurer de l’assurance et un sentiment de maîtrise sur les êtres
et les choses, manquent, contribuant à rendre flous et confus les phénomènes
rencontrés. en effet, par un processus qui semble faire prendre la partie pour
le tout, un grand nombre de personnes semble avoir tendance à comprendre dans
le seul terme de « télépathie » un éventail de phénomènes
« surnaturels », « supranormaux » ou
« paranormaux » défiant les lois de la physique, et dont cherche à
rendre compte le vaste domaine de la parapsychologie. aussi un éclaircissement
était-il plus que souhaitable, avant de s’engager plus loin dans l’étude de ce
thème.
etymologiquement, le terme « télépathie » -
compression des deux racines grecques : thle -
« loin, au loin » et paqeia -
« sensibilité, perception »[37]
- renvoie à l’idée de base d’une perception, ou sensibilité à distance. jusque
là, rien de très sorcier, étant donné que les principaux sens que nous
utilisons quotidiennement, à savoir la vue et l’ouïe, s’accommodent fort bien
de cette sensibilité à distance. mais la télépathie, à la différence, aurait la
particularité d’être d’une « forme inhabituelle
(…). »[38]
nous découvrons ainsi qu’elle s’effectuerait, selon toute vraisemblance, « (…), même à une grande distance, par d’autres moyens que les
sensations usuelles. »[39] ; « (…) en dehors des voies sensorielles connues. »[40]
plus de précisions nous apprennent qu’il s’agirait d’une « (…) communication directe (…) »[41].
chaque mot prend ici toute son importance.
car cette définition traduit d’emblée le postulat mécaniste et
shannonien de la communication dont elle s’inspire. la plupart des
expérimentations que nous avons rencontrées, dans nos lectures ou sur le
terrain, se calquent d’ailleurs sur ce même modèle mécanique, confinant les
participants dans les rôles d’agent/émetteur ou percipient/récepteur, reliés
par un axe de communication à sens unique.
par ailleurs, le caractère direct de la télépathie implique
qu’aucun relais n’intervienne dans son processus de transmission. dès lors,
nous sommes en droit d’exclure de son champ d’application le recours aux
médiums, au sens spirite, et par là même, toute possibilité de communication post-mortem grâce à leur intermédiaire.
en clair, télépathie et spiritisme semblent s’exclure mutuellement, et
logiquement[42].
il est encore écrit que la télépathie est « une communication directe de pensée entre deux esprits. »[43].
a nouveau, il convient d’être attentif aux termes employés.
le mot « pensée », tout d’abord, infère une
composante cognitive, à supposer que la pensée soit strictement cognitive, ce
qui nous paraît difficilement récusable, dans l’état actuel de nos
connaissances du moins. déjà là, nous nous écartons insensiblement du caractère
purement perceptif dont rend compte l’étymologie (« -pathos »), pour
investir le domaine cognitif, sensément rationnel. nous devinons aussi la
scission entre corps et esprit, vestige du cartésianisme.
le chiffre « deux », ensuite, semble faire de la
communication de type télépathique une communication exclusivement duale,
dyadique, télégraphique. ce faisant, elle confirme son attachement à la
conception mécanique de la communication, et refuse l’aspect collectif (au-delà
de deux individus), orchestral, de la télépathie. or, selon l’eglise
catholique, le rapport cognitif qui s’établit dans la télépathie « si svolge tra due o più esseri intelligenti (…). »[44]
la troisième remarque porte sur l’appel fait à
« l’esprit ». que peut-on entendre par esprit ? quel est son
rapport au corps, et plus concrètement, à la matière ? quelle différence
entretient-il avec l’âme ? est-il intelligent ? est-il le fait des
seuls êtres vivants ? autant de questions qui restent insolvables de notre
point de vue, dans les limites de ce travail. contentons-nous de la remarque de
louisa rhine : « parler
d’un contact esprit à esprit n’a donc aucun sens. jusqu’à ce que neurologues et
psychologues parviennent à combler cette lacune, l’énigme que pose la télépathie ne sera
vraisemblablement pas résolue. entre-temps, tout ce qu’on peut dire à son sujet
sans craindre de se tromper, quelles que soient les découvertes ultérieures,
c’est que la télépathie est un contact de personne à personne. mais cela ne
nous aide pas à mieux comprendre le processus. »[45]
il arrive que mention soit faite aux états mentaux,
indiquant un revirement vers le sens étymologique du mot. « (…) ; the ability to sense another
person’s thoughts and mental states, or to convey your own to other people,
without the use of speech, gesture or other physical signalling :
(…). »[46]
notons au passage que le recours à un quelconque langage non-verbal est évincé.
la psychologie, quant à elle, parle d’un « sentiment de communication à distance par la pensée. »[47]
comme bien souvent, cette discipline assimile les phénomènes étudiés (en
l’occurrence la télépathie) avec une subjectivité se déclinant sur le mode des
sentiments, des impressions, du ressenti. elle reste fidèle à l’étymologie en
ceci qu’elle demeure dans le domaine de la perception. néanmoins, le
« pathos » auquel il est fait mention dans le terme « télépathie »
semble ici renvoyé vers les pathologies, la psychologie faisant de ce sentiment
un sentiment qui « se rencontre fréquemment dans certains
délires chroniques. »[48] d’entrée de jeu, nous voici prévenus des
accointances de notre objet d’étude avec les maladies mentales, bien que rien
ne soit dit des « délires chroniques » en cause. une seconde
acception psychologique est retenue, qui accorde à la télépathie un soupçon de
réalité[49].
déjà se profile, sous cette dernière acception, le vocabulaire plus récent
d’origine anglo-saxonne, et plus exactement d’outre-atlantique. en effet,
l’extrasensorialité découle de l’acronyme p.e.s. (perception extrasensorielle),
traduction de e.s.p. (extrasensory perception)[50].
mais l’on objectera avec djohar si ahmed, que « ce choix terminologique préjugeant de la nature
« extra-sensorielle » du processus est assez contestable. en effet,
faire référence à une extranéité n’est pas conforme à la réalité du processus
en cause. il s’agit certes d’une perception d’informations en dehors des sens
habituels, mais dont le traitement se fera dans un mouvement d’introjection et
d’introspection où les trois processus de l’activité mentale sont
impliqués. »[51]
etonnamment, la psychanalyse ne se prononce pas sur une
possible définition de la télépathie[52].
nous verrons plus loin, dans l’historique sélectif, qu’elle a opté pour la relation transférentielle. carl gustav jung
quant à lui propose de parler de synchronicité,
laissant entendre que de nombreuses coïncidences répondrait en fait à une
« orchestration » ou à des lois que nous ne parvenons pas encore à
expliquer selon nos critères scientifiques, parmi lesquels figure la relation
de causalité[53].
en anthropologie, ce n’est qu’en croisant les termes que
l’on comprend les connivences qui peuvent exister entre la télépathie et la
magie, cette dernière étant presqu’indissociable de la sorcellerie autant que
de la religion et des nombreuses pratiques divinatoires ou incantatoires qui
les accompagnent. c’est ainsi que nous concevons une pensée magique « (…) attentive à tout ce qui est
anormal ou exceptionnel, telles certaines caractéristiques
individuelles innées (psychiques : télépathie, voyance ; physiques :
difformité, gémellité, épilepsie) ou sociales (chef, fossoyeur, berger,
matrone, veuve). tout comme la sorcellerie, la magie procède souvent par
inversion des normes de conduite ou de représentation, voire par transgression
d’interdits : on parle de magie transgressive. dans la pratique, cependant, il existe toute une gamme de conduites
de manipulation dans les rituels considérés comme religieux qui montrent les
compénétrations de la magie et de la religion. »[54]
la terminologie anglo-saxonne, riche en ce domaine, a encore
introduit une nuance supplémentaire avec le mot « télépathie pure »[55].
parmi les nombreux synonymes et expressions métaphoriques de
la télépathie, retenons les suivants : « influence à
distance » ; « lecture de pensée » ; « télégraphie
mentale » ; « télégraphie sans fil » ;
« télépsychie » ; « télésthésie » ;
« transmission de pensée » ; ou encore « scanning ».
au large, de nouvelles définitions : intrication de la
télépathie avec d’autres facultés
l’une des plus grandes difficultés, nous venons de le voir,
touche à l’indistinction plus ou moins importante qu’entretiennent télépathie
et clairvoyance. indistinction vainement résorbée par l’expression
« télépathie pure », qui essayait de trancher le nœud gordien. rené louis
se montre hésitant, et perspicace, sur ce point, écartant du même coup, comme
nous le faisions dans la définition restreinte, le lien entre télépathie et
spiritisme : « sous son
apparence anodine, la remarque d’eugène osty [“kahn s’est comporté comme
s’il repassait par les mouvements de ma pensée au moment d’écrire”] pose tout le problème de la clairvoyance, de
sa définition par rapport à la transmission de pensée. la métagnomie (ou la paragnosie, s’il l’on
tient à éviter le préfixe méta-,
suspect à plus d’un titre) ne relèverait-elle pas au bout du compte de la
télépathie, dont elle ne serait qu’une manifestation particulière ? mais
il est des cas, semble-t-il, où il convient d’écarter cette hypothèse … a moins
d’adhérer aux doctrines spirites, ou d’ajouter foi à la survivance de l’esprit
après la mort (ce qui du même coup supprime tout problème, pour autant que soit
supposée possible la communication intellectuelle[56] entre les deux “mondes”), on admettra qu’il
y a clairvoyance pure dès lors qu’aucun être humain actuellement vivant n’a pu être le
spectateur des faits “perçus” par le paragnoste, ou connus de lui, en dehors de
toute déduction et de la voie normale des sens. »[57].
en fait, la télépathie ne peut se comprendre que dans un
système plus vaste, dont certains délimitent les contours aux seules e.s.p.[58],
qu’ehrenwald
n’hésite d’ailleurs pas à rebaptiser p.c.s.[59] ainsi, une première distinction se dessine entre les
phénomènes appartenant d’une part au domaine psychologique, et d’autre part,
ceux appartenant au domaine physique, les effets p.k., qu’ehrenwald, à nouveau, rebaptise k.t.p.[60]
nous n’entrerons pas dans le détail de ce qu’est la psychokinésie. cela nous
entraînerait sur un terrain qui n’est plus tout à fait le nôtre, mais qui
mériterait que l’on s’y intéresse de plus près. retenons juste qu’elle
concerne, grosso modo, les actions à
distance, conscientes ou non, de la pensée, sans aucun support matériel
(connu), ni aucune action mécanique ou musculaire. caricaturalement, ce sont
les tables tournantes et les objets volant frénétiquement dans une pièce, qui
semblent avoir marqué l’imaginaire populaire. mais ce peut également être la
lévitation du moine bouddhiste (tibétain de préférence), facilitée par
l’ingestion d’un morceau de chocolat « côte d’or ». plus
poétiquement, ce sera la lévitation de la jeune gitane accouchant le long d’une
voie ferrée, provoquée par l’émotion de son mari, dans le temps des gitans d’emir kusturica. l’on aime à être bercé
d’images (dont le versant péjoratif est l’illusion), exotiques idéalement.
en théorie, tous ces phénomènes ressortent aux diverses
sciences reprises sous un vocable préfixé de « para- »[61].
les deux domaines, physique et psychologique, se recouvrent ainsi sous
l’appellation englobante de psi, phénomènes psi,
ou fonctions psi, selon les affinités. nous
vous les présentons de façon tabulaire :
phénomènes psi
÷
ø
paraphysique = étude des phénomènes
physiques
f
psychokinésie (p.k.) ou télékinésie
f ectoplasmes
f apparitions spectrales
f maisons hantées
f etc.
parapsychologie = étude des phénomènes de
p.e.s.
f télépathie
f
clairvoyance,
clairaudience,
etc.
f
précognition ou prémonition
f rétrocognition
f
etc.
« with esp, one is dealing with a transfer
of information rather than a physical effect but, with both esp and pk, it is
the automatic realization of an intention, be it conscious or unconscious, that
is the essential property of psi. »[62]
un autre sigle vient compléter le tableau, établissant le
rapport d’identité qu’entretiennent la télépathie et la clairvoyance. il s’agit
du sigle g.e.s.p.,
qui désigne la p.e.s. générale[63].
de là à en déduire l’inutilité du concept de télépathie, le pas n’est pas si
grand, que frank dilley a bien voulu franchir[64].
se défiant du préfixe « para - », les études
françaises dans ce domaine se sont démarquées, préférant l’emploi du préfixe
« méta - ». c’est ainsi que charles richet
actualisait le terme « métapsychique [65]»,
contrepartie continentale de l’époque à la même discipline, à peu de choses
près, qu’était la parapsychologie d’outre-manche. fidèle sans doute à la
tradition cartésienne, richet
scinda cette « nouvelle discipline » en une métapsychique
subjective[66],
et une métapsychique objective[67] ;
alors qu’à londres, les pionniers avaient opté pour la constitution de pas
moins de six « commissions »[68],
en vue de mieux comprendre les phénomènes prétendument surnaturels.
l’explication de ce « schisme » préfixal semble
provenir de l’ancrage culturel : la france, et éventuellement les pays
dits de l’est, avec l’apparition plus récente du mot « psychotronique », témoignant un plus grand attachement
aux sources helléniques[69],
tandis que le continent américain, et avec lui l’angleterre et le bassin
européo-méditerranéen, s’accommoderaient mieux des « soubassements »
coloniaux d’origine espagnole. en dernière analyse d’origine latine, et plus
précisément maritime[70].
toute la symbolique du « transit », du
« passage », si chère à l’anthropologie - notamment lorsqu’elle fait
(ou cherche à faire) correspondre des sites géographiques réels avec ceux, imaginaires,
leur correspondant ; et surtout lorsqu’il s’agit du passage d’un fleuve
mythique débouchant sur le monde des esprits ancestraux[71],
comme les enfers des grecs, au-delà du styx - pourrait être ici mise à
contribution, afin d’expliquer les linéaments de ces exploitations
psycho-socio-linguistiques.
elle verra certainement là l’occasion d’une analyse en
termes comportementaux, opposant le cabotage et la prudence des grecs antiques
d’un côté, à l’exploration téméraire et ambitieuse des grands navigateurs du
quatrocento de l’autre côté. mais tout marin qui se respecte est forcé, un jour
ou l’autre, de lever l’ancre pour aller la jeter ailleurs. s’il ne le fait pas
de lui-même, c’est que quelque chose de vraiment très fort le retient en
escale. souhaitons-lui, dans ses mouvements rythmés entre navigation et
escales, de ne se faire engloutir ni par un raz-de-marée, ni par un tremblement
de terre.
nous verrons plus loin l’intégration des phénomènes psi au
confluent des aires culturelles occidentale et arabo-musulmane, avec les
derviches de bosnie, lieu d’une cinglante actualité.
c’est de même l’ancrage culturel qui, trop souvent entaché
de préjugés, serait selon mario varvoglis source de blocage dans les
études parapsychologiques transcontinentales[72].
enfin, un nouveau sigle est encore apparu qui laisse
présager une vision européenne plus large des phénomènes que nous avons
mentionnés rapidement jusqu’alors. ce sigle, imaginé par r. g. stanford
en 1974[73],
se lit p.m.i.r.[74]
ce concept-ci serait peut-être un écho de ce qu’en extrême-orient l’on nomme exceptional human body function[75] (fonction exceptionnelle du
corps humain).
toutefois
ehrenwald, dans une démarche synthétique claire et limpide,
élargit davantage le système, en faisant un syndrome psi[76].
en définitive, la télépathie ne pourrait-elle pas être
entendue en termes d’empathie et de charisme ? c’est ainsi que james donovan
propose un nouveau modèle de compréhension et d’explication de la télépathie
s’inspirant des études en psychologie sociale, trop longtemps délaissées par la
recherche en parapsychologie, laquelle préférait les modèles physiques[77].
ce dernier modèle a le mérite d’extraire la télépathie hors
de la sphère occulte, pour en faire une manifestation normale : « the model proposed here integrates
telepathy into established social science constructs. were this to become
the standard, even lay perspective, telepathy would cease to be
anomalous. »[78]
une telle considération du phénomène télépathique nous a été
confirmée par layla lorsqu’elle nous expliquait son ressenti vis-à-vis des
personnes qui la consultent, ainsi que par yan, qui nous dit en
substance :
§
dans
ce que vous disiez tout à l’heure : un psychanalyste qui s’étonne que son
patient sache des choses sur lui (…) je ne vois pas bien comment la télépathie
pourrait servir à expliquer la chose. mais j’imagine très bien que l’empathie
puisse expliquer les choses. (…)
-
l’empathie
ne concerne-t-elle pas plus particulièrement (…) le partage de sentiments,
alors que là il s’agissait clairement de faits cognitifs ? !
§
je
ne sais pas bien comment tracer la ligne de démarcation …
-
entre
le cognitif et le …
§
…entre
le cognitif (…) et le reste de la vie. [yan, p. 73]
elle nous est encore indiquée par théodor reik,
qui considère l’attention flottante que recommande freud afin de
parvenir à établir un contre-transfert en cure psychanalytique - étape supposée
permettre la communication d’inconscient à inconscient - comme une empathie (einfühlung)[79].
mais ainsi que le souligne justement ehrenwald, « (…) la
notion d’« empathie » (qui implique une once d’intuition) a souvent
été appelée à l’aide pour camoufler des termes comme « télépathie »
ou « clairvoyance », lesquels soulevaient plus d’objections de la
part des scientifiques. la différence est que l’empathie, et son pendant
psychomoteur, l’enkinésie, sont des termes qui sont généralement
utilisés dans un sens métaphorique. ils parlent à l’esprit, alors que la p.e.s.
et la p.k. sont fondées sur des découvertes objectives statistiquement
contrôlables. »[80]
en résumé, comme nous l’avons déjà énoncé dès le chapitre
méthodologique, notre position personnelle s’inscrit dans la perspective de la
communication telle que théorisée par bateson. a notre avis, le modèle batesonnien est fort à même de
rendre compte de la télépathie, puisqu’il postule l’interaction, au sein de
leur environnement, et avec lui, des émetteurs et récepteurs inspirés des
modèles mécanistes antérieurs[81].
qui plus est, il autorise que ladite télépathie soit incluse dans une
appréhension du monde d’ordre phénoménal, où l’on assiste, grâce à
l’intentionnalité, au renvoi incessant, l’un à l’autre, du sujet observant et
de l’objet observé.
concernant maintenant le fait de communication, à
strictement parler, nous sommes enclin, fidèle à l’enseignement en
anthropologie de la communication qui nous fut prodigué par pol-pierre gossiaux,
à admettre l’aspect vital de toute communication. aussi, la télépathie définie
en termes communicationnels revêtirait-elle, à nos yeux, un caractère vital. ce
qui ne clôt certainement pas le débat sur la communication… la phénoménologie
husserlienne distingue à ce propos le signe signifiant de tout phénomène de
communication[82].
prévenu maintenant que la télépathie est difficilement
compréhensible indépendamment des autres phénomènes parapsychologiques, et face
aux multiples définitions et synonymes, sans vouloir accroître la confusion qui
règne déjà bien assez en cette matière, nous souhaiterions quand même proposer
une définition, afin de clarifier notre position sur cet objet d’étude,
laquelle s’inspire de ce que nous avons appris au terme de ce travail.
nous définirions donc bien plus volontiers la télépathie,
qui ne peut donc plus être strictement séparée des manifestations physiques[83],
comme : le partage (ou la communion) d’informations plus
ou moins vitales (perceptions, connaissances et/ou pensées) entre
mammifères ; dans la simultanéité et indépendamment de la distance ;
volontairement ou non, par un procédé traduisible en acte dont le siège serait
la conscience, mais auquel des fondements rationnels font encore défaut
actuellement.
historique
sélectif
historiquement, il est intéressant d’essayer de comprendre
comment la télépathie et les tentatives d’explications du phénomène ont été
engendrées, acceptées ou rejetées.
en dehors d’ouvrages spécifiques en matières de
parapsychologie, nous avons puisé dans la « chronologie universelle »
du petit larousse grand format,
laquelle donne une vue panoptique des découvertes, créations, publications et
autres événements majeurs de la culture occidentale au cours de ces deux
derniers siècles. cela autorise des parallélismes inattendus, qui passeraient
inaperçus sans cela. ce sont ces parallélismes que nous essayons de mettre en
relief, afin de mieux suivre le fil conducteur de notre recherche, tout en
sachant qu’ils ne sont absolument pas exhaustifs, et que chacun, selon ses
aptitudes et connaissances, sera en droit d’établir d’autres liens tout aussi
significatifs. nous sommes conscient que de nombreuses informations reprises
dans les pages qui vont suivre sous cet intitulé paraissent
« obscures », ou mal à propos. elles se montreront sous un autre jour
à la lecture attentive, par l’œil « éclairé et éclairant », sur le
mode de la stéréographie, de tout ce travail. une chronologie sélective
constitue un complément à cet historique sélectif[84].
issue de la vague de spiritisme qui déferla depuis les
etats-unis vers le « vieux continent » au milieu de xixème siècle, la
réflexion sur la télépathie s’est développée en puisant aux sources tant
anglo-saxonnes que latines, qu’il s’agisse du magnétisme animal de mesmer
ou de l’hypnose de charcot et janet, afin de faire
toute la lumière possible sur ses lois, et sa réalité.
la création, en février 1882, de la société pour
la recherche psychique (s.p.r.) marque un tournant dans l’attitude
adoptée face aux événements incompréhensibles manifestés par les
personnalité(s) et facultés humaines[85].
c’est dans ce contexte que fût imaginé le mot télépathie, la même année[86].
les américains ne tardèrent pas à créer leur société, l’a.s.p.r.[87],
en 1884, année où georges eastman découvrait la pellicule
photographique, qui donna lieu à certaines métaphores psychanalytiques. entre
temps, la conférence coloniale de berlin découpait le continent africain au
couteau, cause et conséquence de multiples dérèglages. une période de récolte
intensive de témoignages de cas divers engendra en 1886, suite aux
expérimentations balbutiantes en recherche psychique, le volumineux livre
initiateur, phantasms of the living, et les premières
hypothèses psychiques[88].
« l’apport de ce livre fut
exceptionnel pour la recherche en parapsychologie ; la télépathie,
notamment, y fut objectivée par l’observation et l’expérimentation. les
conceptions de ces auteurs sur les communications paranormales sont encore
parfaitement conformes à l’appréhension actuelle du psi. ces phénomènes,
souvent observés fortuitement, survenaient lorsque l’agent (ou émetteur)
était en état de crise, de maladie, de danger, en un mot lorsqu’il se trouvait
en état de détresse psychologique et/ou physique. tout se passait comme s’il “mandatait” une partie de
lui-même vers celui qui devenait le percipient, l’avertissant de l’imminence de
sa mort ou de sa situation de détresse. »[89]
en 1887, herman hertz découvrait les ondes
électromagnétiques. et l’année d’après, c’était le divorce entre les causes
spiritualiste et psychiste au sein de la s.p.r. edmund gurney, coauteur des phantasms
of the living, décédait dans des circonstances « suspectes » cette
même année. très vite, l’on assista à des « joutes » littéraires dans
lesquelles s’affrontèrent, d’une part (parish[90])
ceux qui, au nom de la science, dénigraient la télépathie sous couvert
d’hallucination, ou bien en prenant appui sur des arguments fallacieux, et
d’autre part (lang[91])
les tenants de l’existence et de la réalité du phénomène télépathique. par la
suite, une série d’explications à la télépathie en termes de vibrations fut
proposée[92].
en 1889, le mot parapsychologie
était avancé par max dessoir[93].
de plus, les étalons de mesure et de poids étaient établis, marquant une
scission entre la france et les anglo-saxons. l’année 1891 vit la sortie du
roman d’oscar wilde,
le portrait de dorian gray, réflexion sur les ravages du temps à l’encontre
de l’intégrité physique de l’être humain, et la manière de s’en prémunir, par
« transfert » sur un portrait. deux ans plus tard, aleksandr
stepanovitch popov découvrait l’antenne radioélectrique. en
1894, emile durkheim publiait ses règles
de la méthode sociologique. parmi ces règles : se départir du sens
commun. la sociologie scientifique française faisait ses premières griffes.
puis, le cinématographe fit son apparition, haut
lieu d’identifications projectives primaires et secondaires, avec tout un
univers fantas(ma)tique que saura admirablement exploiter l’image-magie de
georges méliès, alors que wilhelm conrad röntgen découvrait,
non pas les films x, mais les rayons x, en 1895. en 1896, henri becquerel
découvrait la radioactivité de l’uranium, tandis que guglielmo marconi
inventait la télégraphie/-phonie sans fil (t.s.f.), autre objet de métaphores
télépathiques.[94] p. frosch
découvrait l’existence des virus en 1898, et max planck proposait sa
théorie des quanta en 1900. ainsi, tout un champ de forces et particules
biochimicophysiques inconnues jusqu’alors entrait dans les préoccupations de
l’époque, au tournant du xxème siècle. quant à sigmund freud, il
initiait l’étude des forces oniriques en
présence dans le tiers de temps de sommeil que nous passons quotidiennement,
avec l’interprétation des rêves,
achevant le xixème siècle et son positivisme arrogant par des propos qui
laissaient songeur.
peu après, en 1905, une science déjà imaginée par aristote,
et recontextualisée par charles richet, était réhabilitée : la métapsychique[95].
l’accent y était mis sur la méthodologie, que l’on invitait à améliorer, par
l’usage des statistiques notamment, en plus des observations en présence de
personnalités à effets psi, et de la récolte de témoignages. au niveau
européen, plusieurs alliances se dessinaient. en 1907, après l’entente cordiale
de 1904 qui unissait l’angleterre et la france, cette dernière signait un
traité d’amitié avec la russie. au travers de la constitution de la triple
entente (angleterre, france et russie), c’est un nouvel équilibre européen qui
se profilait, avec tout l’impact que l’on peut attendre de telles unions sur
les découvertes et recherches. la presse à scandale anglaise, pour sa part,
visiblement dans le but de déforcer la s.p.r., s’emparait de révélations de
fraudes[96].
la même année (1913), le premier modèle quantique de l’atome
était donné par niels bohr, et charles richet était nommé prix nobel
de physiologie et médecine. en pleine première guerre mondiale, les mécanismes
de l’hérédité commençaient à se démarquer d’une interprétation en termes de
transmission des caractères acquis, grâce à l’américain thomas hunt morgan,
en 1915. puis vint en 1916 la théorie de la relativité générale d’albert einstein.
et comme le 27 avril 1917 l’eglise catholique condamnait le spiritisme[97],
l’union soviétique naissante, quant à elle, initiait ses propres recherches
dans le même domaine que crookes, james, richet et bien d’autres[98].
la france ne pouvait rester en lisse, et l’institut métapsychique international (i.m.i.)
fut créé peu après la « der des der », en 1919, sur l’initiative de
jean meyer, devant rayonner sur la recherche métapsychique.
dans les années 20, freud se pencha, de manière ambiguë, sur la
question de la télépathie, qu’il laissa ouverte. son premier article de 1921
traitant de la télépathie sera publié posthume, en 1941, sous le titre
« psychanalyse et télépathie. ». des raisons
« politiques », et les mises en gardes, répétées, d’ernest jones
et max eitingon notamment, l’auraient incité à n’en pas faire la
publication à l’époque où il fut rédigé[99].
néanmoins, toujours en 1921, il revenait à la charge, pour publier en 1922,
dans le premier numéro d’imago,
« traum und telepathie. » (« rêve et télépathie. »). il y
parlait de rêve télépathique pur[100],
pour cependant (ex-con)clure : « la
télépathie n’a rien à faire avec l’essence du rêve, elle ne peut pas non plus
approfondir notre compréhension analytique du rêve. au contraire, la psychanalyse
peut faire avancer l’étude de la télépathie en rendant plus accessible à notre
compréhension, à l’aide de ses interprétations, maintes choses insaisissables
des phénomènes télépathiques, ou en mettant d’abord en évidence que d’autres
phénomènes encore douteux sont de nature télépathique. »[101]
notons également qu’il rejetait sèchement toute éventualité
de travail conjointement avec les « occultistes », adoptant un
discours « alarmiste » à leur égard, et se démarquant vivement d’eux
au nom de la scientificité[102].
d’une certaine manière, un dogmatisme (le positivisme comtien) était mis à mal
par un dogmatisme d’une autre « nature ».
son silence va laisser la psychanalyse en dehors de tout le
champ d’investigation en ce domaine, où elle sera relayée, entre temps, par la physique électromagnétique, grâce aux découvertes
successives des ondes électromagnétiques, de la t.s.f., et de la mécanique ondulatoire de louis de broglie, en 1924,
avec toutes les métaphores qu’elles ont suscitées. silence apparent seulement,
puisque la psychanalyse poursuivra la recherche psychique sur un autre
terrain : celui du transfert de pensée[103].
charles richet se montra moins timide, qui publie en 1922 son énorme traité de métapsychique. il sera suivi dans son élan par le couple
de joseph banks & louisa e. rhine, lesquels appliqueront à l’étude
de la parapsychologie américaine, dès 1927, la méthode
statistique prônée par le prix nobel français[104].
entre 1922 et 1933, d’importantes découvertes se font tant dans le domaine microcosmique
que macrocosmique, avec la découverte des galaxies et de leur récession par
edwin powel hubble, le principe d’incertitude en mécanique quantique
énoncé par werner heisenberg en 1927, la théorie cosmologique de
l’atome primitif de monseigneur georges lemaître, en 1931,
et l’invention du microscope électronique en 1933.
certains artistes peintres, de leur point de vue, nous
représentaient les « limites » de la vision, avec la trahison des images de rené magritte
(1929), et l’objet invisible d’alberto
giacometti
(1934).
en pleine prohibition (1919-1933), dans les années trente,
un certain georges adamsky fondait une secte en californie,
l’ordre royal du tibet, comme paravent pour un traficant d’alcool avec lequel
il s’était ligué. il y donna un enseignement, et affirma dès le départ
l’existence de la télépathie[105].
l’année où adolf hitler accédait au pouvoir en allemagne
(1/1/1933), la recherche en parapsychologie prenait un tour engagé dans ce
pays, et chez son « petit frère », les pays-bas. en effet, tandis que
w.h.c. tenhaeff présentait sa thèse doctorale sur la clairvoyance et
l’empahie[106], hans bender
poursuivait la sienne[107].
par ailleurs, la conférence sur le thème « rêve et occultisme »
qu’avait donnée freud en 1931 était publiée « dans
le cadre des nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse. »[108]
psychanalyse freudienne (et juive) qui fera ensuite l’objet de l’anathème du
national-socialisme. peu après, en 1935, c’était au tour des etats-unis
d’innover. en créant, d’une part, le radar avec sir robert alexander watson-watt,
lequel sera utilisé pour les applications de la cybernétique, dont l’étymologie
renvoie au mot « gouvernail » ; et d’autre part, au profit du
couple rhine, le laboratoire de parapsychologie de duke[109].
la réaction de l’union soviétique sous joseph staline fut à cet
égard tranchée. les recherches extérieures en parapsychologie y furent bannies[110].
le plus « formidable » conflit humain s’annonçait. en pleine seconde
(?) guerre mondiale, le 26 mars 1942, la position de l’eglise catholique se
raffermissait officiellement contre la radiesthésie[111],
tandis que l’introduction du terme phénomènes psi
débouchait sur de nouvelles perspectives pour la recherche en parapsychologie[112].
l’issue de cette guerre annonçait une nouvelle dimension
selon deux perspectives :
1)
communicationnelle : norbert wiener
nous aidait à accéder à l’ère cybernétique,
avec pour trame de fond, malheureusement, des objectifs militaires[113].
un nouvel art de gouverner « à distance » ? la contrepartie à
cette politique de communication proviendra de l’ecole de francfort et son
« éthique de la communication », qui critique la communication pour
la communication, autant que le mensonge[114].
2)
géopolitique : le partage du
monde en deux sphères d’influence, les etats-unis d’amérique
(u.s.a.) et l’union des républiques socialistes soviétiques (s.s.s.r.),
l’application du plan marshall à nos contrées, ainsi que la création, appuyée
par les etats-unis, de l’etat d’israël, selon la déclaration balfour. l’europe
occidentale tombait dans le giron des etats-unis, tout en ébauchant ses
premiers projets d’une communauté européenne avec la c.e.c.a. (communauté
européenne du charbon et de l’acier).
dans le même temps, l’on entendait parler, pour la première
fois en 1947, de « soucoupes volantes ». adamsky s’empara de cette
nouveauté terminologique pour faire connaître ses vues et il rédigea,
successivement, un article qui eut un grand succès, puis, en 1952, un premier
bouquin où il affirmait avoir été en contact avec des vénusiens, des saturniens,
etc. formule qu’il n’aura de cesse d’améliorer jusqu’à sa mort, en 1965. et en
1948, année où wiener publiait sa cybernétique,
le physicien dennis gabor découvrait l’holographie, qui dû
attendre l’invention du laser (source de lumière cohérente) pour en faire une
application, et finalement obtenir le prix nobel de physique en 1971[115].
l’année 1950 vit l’accession de j.b. rhine au poste de
directeur du laboratoire de duke[116],
et dans le même temps, bender fondait son propre institut à
vocation d’« hygiène mentale »[117].
l’impulsion était belle et bien donnée à la parapsychologie, dont les lieux de
recherches se sont multipliés à cette date. la fondation
parapsychologique tout d’abord, en 1952, financée par eileen garrett,
une voyante fortunée[118].
puis en 1953 l’institut pour la parapsychologie d’utrecht sous l’impulsion de tenhaeff[119].
en 1954, bender inaugurait la chaire de parapsychologie
de freiburg[120],
et l’ingénieur français fernand clerc imaginait le mot psychotronique[121].
la parapsychological association (p.a.)
était fondée en 1957. mais surtout la thématique télépathique était utilisée à
des fins d’espionnage (que l’on pourrait renommer « epsionnage »).
ainsi léonid l. vasiliev (ou wassiliev) put-il
consacrer le premier laboratoire de parapsychologie en
(ex-) union soviétique, dans le contexte de guerre froide opposant
les deux superpuissances mondiales[122].
et tout cela en moins d’une décennie.
dans le champs psychiatrique,
alors que léo kanner s’était penché dès 1943 sur les cas d’autisme, gregory bateson et jurgen ruesch
conceptualisaient une nouvelle matrice[123]
pour la discipline en 1951, tandis que h. laborit découvrait
les premiers neuroleptiques en 1952, afin de
traiter les troubles psychotiques. la matière révélait encore plus d’elle-même
(et de son mystère) lorsqu’en 1953, francis harry compton crick,
james dewey watson et maurice hugh frederick wilkins découvrirent
la structure en double hélice de l’acide désoxyribonucléique (a.d.n.), pour laquelle ils furent récompensés du prix nobel en
1962. dans un autre registre, aserinsky et kleitman
découvraient en 1953 les mouvements oculaires rapides
(ou r.e.m. pour rapid eye movements),
signes de l’apparition des rêves[124].
le mouvement fut l’objet d’une
exposition d’art cinétique tenue à paris chez denise rené, en 1954.
au cours des années 60, la télécommunication
était en plein développement avec la première liaison transatlantique de
télévision par satellite et la mise en orbite des premiers satellites
géostationnaires. alors qu’une polémique autour de la mort d’edmund gurney se
formait en 1964, progressivement, la science occidentale commençait, apprentie
sorcière, à maîtriser médicalement sa procréation
avec la pilule contraceptive de gregory goodwin pincus, tout
d’abord, qui aboutit aujourd’hui à des clonages effectués grâce au génie
génétique, lequel souvent fait fi d’une « éthique pour la civilisation
technologique »[125],
en passant par la fécondation in vitro,
le transfert embryonnaire, les bébés-éprouvette, congelés ou non. et tandis
que, toujours dans ce mouvement d’expansion à la fois vers l’infiniment grand
et l’infiniment petit, t. h. maiman construisait le premier laser ; allan rex sandage découvrait
les quasars (quasi stellar [object]) ; françois jacob, andré lwoff
et jean monod élucidaient les mécanismes de la régulation génétique
au niveau cellulaire ; l’homme se mouvait en apesanteur dans l’espace
extraterrestre, avec le premier vol spatial du cosmonaute iouri alekseïevitch gagarine
en 1961, qui devait amener, par le contexte concurrentiel, l’astronaute neil armstrong
à « décrocher la lune » et prononcer, voici trente ans, cette phrase
pleine d’humilité et d’humanité : « c’est
un petit pas pour (un) homme, mais un grand pas pour l’humanité. »[126]
la piste des rem fut approfondie par le psychiatre montague ullman
en personne, grâce au soutient de la fondation de parapsychologie dans un
premier temps[127], et du maimonides hospital dans un second temps[128].
c’est dans cet élan que s’inscrit charles honorton[129],
concepteur de la procédure de ganzfeld, que
nous avons pu expérimenter, dans sa dernière version (?), à edimbourg[130].
les applications télépathiques passaient dorénavant dans le registre télévisuel, celui de l’image-mouvement et de l’image-temps
aurait dit gilles deleuze, dont découle probablement
l’expression « se faire un film », pour désigner « avoir une
illusion ou une hallucination »[131],
avant de devenir métaphore scanographique[132].
en europe, ce sont les groupes d’entraînement à la
télépathie (g.e.t.) qui se développèrent, « dont henri marcotte, à la suite de warcollier, fut, comme on l’a
vu, le promoteur. »[133]
c’est dans cette veine groupale là que se situe le projet
« agape » du docteur bernard auriol.
la fin de cette décennie avait de quoi réjouir les
parapsychologues puisque la parapsychological
association (p.a.) s’affiliait en 1969 à l’association
américaine pour le progrès de la science (american association for
advancement of science – a.a.a.s.) « à
la suite d’un discours vibrant de l’anthropologue margaret mead. »[134].
de quoi rassurer aussi les « vitalistes », ou les défenseurs de gaïa,
et des théories qui peuvent l’accompagner. en 1967, on s’apercevait que les
étoiles de l’univers émettent des pulsations, appelés pulsars,
découverts par a. hewish et j. bell, et qu’il
existe une force électrofaible, théorisée par steve weinberg
et a. salam, unifiant en physique l’interaction électromagnétique
et l’interaction faible. en mai 1968, une jeunesse vigoureuse se soulevait, et
les hippies interagissaient pour rêver de paix, d’amour et de pouvoir des
fleurs, cherchant quelques fois à capter les messages de l’ailleurs à l’aide de
casques stéréophoniques débranchés. epoque où, manifestement, la télépathie
était chose courante et communément admise[135].
f.-x. plichon et w. j. morgan révélaient l’activité et les
mouvements sous-marins de notre terre avec leur théorie des plaques
tectoniques. et l’eglise catholique, à laquelle maurice béjart
adressait peut-être sa messe pour le
temps présent de 1967, après les ajournements du concile de
vatican ii (11 octobre 1962 - 8 décembre 1965), était appelée à
revoir progressivement ses positions concernant les phénomènes paranormaux[136].
de quoi inquiéter aussi, puisque que le bras de fer faisait
(o)rage entre les deux « pôles communautaires » de la planète[137].
en europe occidentale, au milieu de cette ligne de forces, la
« réflexion » était en effervescence par le biais des conférences de
psychotronique[138].
la « ronde » terminologique continuait à tourner avec, en 1974, le
néologisme psilogie[139]
du canadien louis belanger, après l’énonciation, successivement,
des termes parapsychologie (1889), métapsychique (1905), phénomènes psi (1942)
et psychotronique (1954).
l’institut de tenheaff gagnait des galons et était
promu en 1974 au rang de chaire, sous la direction de martin johnson[140].
aux etats-unis, de nouveaux laboratoires de parapsychologie voyaient le jour[141].
et la jeune république populaire de chine se lançait dans l’aventure, laissant
entrevoir une future coopération et un partage des savoirs[142].
progressivement, la recherche européenne en ce domaine se redéployait vers le
nord, avec l’inauguration de la koestler chair of
parapsychology d’edimbourg[143].
ce qui n’empêche pas john beloff de donner son appréciation : « there has never been any lack of enthusiasts
in italy, france and spain but i think it would be fair to say that little
emerged from these countries during the past decades that one would call ‘state
of the art’ parapsychology. »[144]
et d’affirmer,
oubliant sans doute sur quels préceptes ses prédécesseurs, les époux rhine,
reposaient : « the strict
experimental approach, however, which sought to model itself on experimental
psychology, remained primarily an american enterprise even though it acquired
some keen followers in europe and elsewhere, most notably, perhaps, among the
british and dutch. the parapsychological association, (…), represented the
academic approach. »[145]
ces dernières années, la littérature
dans le domaine de la parapsychologie semble avoir proliféré, de même que les productions cinématographiques dont la thématique s’y
rapporte. la réédition dans la capitale européenne du traité de métapsychique, en 1994, après une longue absence d’un peu
plus de septante ans succédant à sa première mise sous presse suivie presque
immédiatement d’une seconde édition, indique peut-être un nouvel attrait des
publics pour les préoccupations de cet ordre[146].
la parution, en septembre 1997, du premier numéro d’un magazine flambant neuf,
intitulé facteur x, et qui traite de
nombreux phénomènes non élucidés sur un ton « pseudo-scientifique »
(absence de références aux sources et présentation « racoleuse »), ou
se défiant de la censure (l’absence de signature à chaque article est à ce titre
significative), se surimprime à cette tendance[147].
qui plus est, la création d’un besoin, ou la réponse à une demande par le biais
des festivals et salons de voyance auxquels
on a pu assister ces deux dernières années (à liège tout au moins) vont
également dans ce sens, sur fond d’exploitations commerciales[148].
exploitations que rémy dénonce en tant que pratiques de charlatanisme[149].
un rapide recensement des sites de recherches internet
traitant de la télépathie nous donne à voir l’ampleur de l’offre et de la
demande sous cette occurrence[150].
les craintes millénaristes y seraient-elles pour quelque chose ? l’avenir
nous le dira …
a l’issue de cet historique sélectif, quelques conclusions
provisoires semblent s’imposer :
1)
l’appel, récurrent dès les années 1880, fait par les
pionniers en ce domaine auprès de figures emblématiques, symboles d’une
autorité académique, ou d’une accréditation de la recherche, sans doute en vue
d’asseoir leur position dans la sphère de pouvoir que constitue la science. cet
appel concordant avec l’intérêt de plusieurs « grands hommes de
sciences » pour les sujets de ces recherches parapsychologiques et
psychiques (crookes, james, flammarion, richet, etc.), malgré des oppositions
parfois vives.
2)
l’assiduité du domaine de la parapsychologie dans le suivi
des dernières découvertes en matière de sciences « exactes », ou
« dures », et les références théoriques à celles-ci. assiduité que
l’on pourrait expliquer, à la suite de beverly rubik, par une
« envie de physique »[151].
une réorientation progressive vers le domaine du vivant, et notamment de la vie
animique.
3)
le retour progressif de la recherche psychique
« officielle » vers certaines thèses spiritualistes desquelles elle
s’était séparée au siècle dernier.
4)
une réflexion sans véritable interruption sur la télépathie,
objet d’investigation de première importance en terme de valeur, dans ses
débuts du moins. son élargissement progressif à d’autres sphères phénoménales.
si bien qu’aujourd’hui encore, la télépathie (et ses corollaires), loin d’être
tombés en désuétude, continuent à « fasciner » et émousser la
curiosité.
5)
l’inclusion de ce domaine de recherche dans des
préoccupations d’ordre militaire.
croyances
et pratiques représentatives attenantes à la télépathie
« contrairement
aux moralistes anciens qui prétendaient que le mal vient de la passion,
je crois que
la grandeur de l’homme se révèle dans sa faculté de ressentir des émotions.
l’homme
souffre de ne pas se passionner, de ne pas savoir jouer.
l’aspect
positif de la passion vient de sa sublimation. »
(eric
rohmer)
la réalité dans laquelle nous nous sommes immergé ne
permettait pas toujours de distinguer de façon évidente la part à accorder aux
croyances d’un côté, et aux pratiques de l’autre côté. nous prions les lecteurs
de rester attentifs au fait que, si nous les séparons ici, c’est
essentiellement en vue de rendre plus « lisible » cette réalité où
nous avons évolué.
mieux, nous tenons à expliciter notre choix du qualificatif
« représentatives », qui pourrait paraître constituer une tautologie
en regard des croyances, au cœur de cet intitulé-ci. en effet, au départ tenté
par le seul mot « croyances », nous avons opéré un revirement suite à
la lecture de l’article d’elisabeth claverie sur les apparitions de la
vierge. elle y discute de la pertinence de l’usage actuel du mot
« croyance » pour décrire des comportements inspirés par la religion
(catholique en l’occurrence), et pense « utile,
dans un premier temps, d’écarter le terme de « croyance » (et non
celui de croire qui est une figure générale de cognitivité sans lien d’affinité
particulier avec le religieux (wittgenstein 1971). ce choix permet d’effacer
une distinction tranchée entre diverses modalités de connaissance
(rationnelle/émotive, savante/populaire, etc.), qui présentent l’inconvénient de
ne plus assigner au croyant la
faculté de douter. »[152]
prévenu de la chose, nous maintenons malgré tout le terme
« croyances » en usage, afin qu’il résonne mieux à l’oreille des
lecteurs[153]. pour trois
raisons toutefois, nous décidons de l’agrémenter, de même que les
« pratiques », du qualificatif « représentatives ».
-
d’abord, parce que ce qualificatif illustre à merveille
leur caractère de « mise en scène » (de même que l’on évoque une
représentation théâtrale ou scénique), qui correspond dans une certaine mesure
à la réalité humaine.
-
ensuite, parce qu’il indique un choix de notre part
dans l’exposé de quelques-unes, seulement, des multiples croyances et pratiques
pouvant circuler autour de notre sujet de mémoire (de même que l’on parlerait
d’échantillon représentatif).
-
enfin, car ce qualificatif se présente comme une
redondance à l’emploi du mot « croyances », dont le but est de
diminuer le « bruit », et d’affirmer que nous nous trouvons bien ici dans
le champs de l’anthropologie (ou ethnologie), ce qui n’exclut en rien que nous
abordions d’autres champs d’études, avec leurs (r)apports propres au monde.
les croyances
avant de pousser plus loin notre recherche, peut-être
serait-il bon de s’accorder sur ce qu’est une croyance. james alcock
consacre dans son ouvrage sur la parapsychologie tout un chapitre à « la
psychologie de la croyance ». ainsi, il énonce que : « comme pour la plupart des autres
concepts psychologiques, les définitions de la croyance sont aussi nombreuses
que vagues. en général, on peut penser qu’une croyance est « une simple
attente concernant une propriété d’un
objet ou d’une série d’objets ou d’événements » (rotter, 1972, p. 336).
[…] en dernière analyse, il est futile de parler en termes de croyances
« réelles », comme si elles étaient indépendantes des actes,
indépendantes du temps et de la situation, car les croyances ne sont pas des
« choses » ; elles n’ont pas d’existence propre (scheibe, 1970). »[154]
ces précisions peuvent paraître datées. nous y adhérons
cependant, car elles sont à notre sens pertinentes. en partie aussi pour ne pas
entamer une recherche approfondie sur la croyance et sa définition, qui
risquerait de nous éloigner de notre sujet principal.
mais surtout, gérard lenclud nous apprend
que « (…) seule, notre culture
décèle une liaison dans la pluralité qu’elle reconnaît des modes de croire. il
est frappant de constater que l’examen par needham des divers critères utilisés
dans le discours occidental pour spécifier la croyance par rapport à d’autres
états de conscience (opinion, assentiment, savoir, foi, etc.) et la conclusion
qu’il en tire de leur caractère insatisfaisant est largement corroborée par les
observations de l’ethnologie ou de disciplines proches. »[155]
de la sorte, nous admettons avec lui que ce qui constitue
chez nous (dans notre culture occidentale) et pour nous (en tant qu’individu
appartenant à cette culture) une croyance n’est pas forcément perçu et/ou jugé
tel ailleurs. et vice-versa[156].
le fait que nous nous soyions penché sur le terrain culturel européen,
c’est-à-dire occidental, ne nous épargne pas. d’autant que nous avons de
sérieuses raisons de penser qu’une culture, quelle qu’elle soit, est
difficilement une et homogène, résultat d’un fragile équilibre, mais qu’elle se
subdivise plutôt en sous-cultures, complémentaires, antagonistes, minoritaires,
dominantes, « au gré des saisons ... » a fortiori lorsqu’elle exalte l’individualisme, ou qu’elle cultive
l’esprit d’ecole. c’est une des raisons qui nous ont fait mettre un point
d’honneur à ne pas adopter une position condescendante ou de surplomb envers
nos interlocuteurs, issus, pour rappel, de milieux très divers. une telle
attitude risquait d’abord de ne pas nous permettre l’accès aux informations que
nous glanions ; d’être une protubérance des deux partages effectués par
l’anthropologie traditionnelle dans l’attribution des croyances à autrui,
ensuite[157]. en ce
sens, nous avons veillé de façon vigilante à garder le respect envers
l’informateur que recommande l’anthropologie symétrique. car il s’agissait bien
d’un effort à fournir, trop entaché que nous sommes, pauvre humain, de nos
préjugés.
quelques aspects psycho-anthropologiques des croyances
humaines en occident
« une
croyance c’est la forme élémentaire de tout un dogmatisme
métaphysico-biologique. »[158]
la p.n.l.
la programmation
neurolinguistique (p.n.l.) fait
partie des voies d’accès aux croyances. qu’est-ce que cette p.n.l. ?
d’après philippe lambert, elle trouve son origine vers 1975, dans le chef du docteur
en mathématiques et en psychologie richard bandler, et du
psychologue et linguiste john grinder.
« se basant sur
divers apports de la psychologie (freud, pavlov), de l’hypnose (milton e.
erickson), de la linguistique (chomsky), de la mathématique, de l’informatique,
de la cybernétique et de la théorie des systèmes, bandler et grinder élaborent
finalement une approche opérationnelle entièrement fondée sur une analyse
sophistiquée de la réception, du traitement et de l’émission d’informations par
l’être humain. la programmation neurolinguistique aborde l’individu en tant que
détenteur d’une vision du monde déterminée, c’est-à-dire d’un modèle subjectif
qui sous-tend son comportement. selon elle, les informations véhiculées par nos
sens seraient traitées, pour la plupart, de façon inconsciente. comme si, de
manière à pouvoir réagir et s’adapter instantanément à l’environnement, le
comportement était systématiquement pris en charge par une sorte de pilote
automatique hautement sophistiqué. »[159]
de quoi donner raison aux considérations
« économiques » de samuel butler sous la plume de bateson[160].
et à en croire bandler : « les
croyances sont réellement phénoménales. (…) tant que vous pouvez faire
correspondre un comportement au système de croyances d’une personne, vous
pouvez lui faire faire n’importe quoi ou l’empêcher de faire quoi que ce
soit. »[161]
le neuropsychologue raymond bruyer, dans son entretien
avec philippe lambert, nous met toutefois en garde. il range en effet la
p.n.l., par une sorte d’amalgame, aux côtés de la morphopsychologie et de la
graphologie, sous une appellation cocasse : la patapsychologie.
dans le même genre de pratiques, il répertorie la psychanalyse, qui rencontre
cependant sa clémence sur un point : l’honnêteté qui ne la fait pas
prétendre à la scientificité[162]. « faute avouée est à moitié
pardonnée. »
c’est mal connaître les remous que connut la psychanalyse
pour se faire reconnaître que d’émettre si légèrement de tels arguments, même
si nous n’ignorons pas qu’elle ait changé depuis ses origines[163].
en effet, dans le débat sur la télépathie, par exemple, freud, bien qu’il ait pris le parti de
la télépathie, n’hésitait pas à affirmer ceci, pour mieux s’opposer aux
occultistes : « les analystes
par contre ne peuvent dénier qu’ils procèdent de l’esprit des sciences exactes
et qu’ils font partie de leurs représentants. méfiants à l’extrême envers la
puissance des humaines motions de souhait, envers les tentations du principe de
plaisir, ils sont prêts à tout sacrifier pour parvenir à une parcelle de
certitude objective. »[164] le résultat le plus tangible d’une
telle revendication, on le sait, fut la démultiplication des écoles se réclamant
de la psychanalyse. démultiplication qui aboutit à un véritable sectarisme,
rebutant sur plus d’un point.
dans son réquisitoire contre la patapsychologie, raymond
bruyer n’épargne pas les psychologues eux-mêmes lesquels, par leur
autosuffisance et leur complaisance, ont selon lui contribué à l’émergence de
telles activités[165].
mais il est facile de s’accaparer le rôle de juge. or, bien qu’elle soit
décriée, la p.n.l., dans une visée thérapeutique, cherche le changement des
croyances[166].
changement qui est au fondement des thérapies systémiques et en justifie le
succès. changement que gregory bateson met aussi en relation avec
l’apprentissage[167],
et qui peut être à l’origine de restructurations mentales, ontologiques, voire
organiques profondes décrites laconiquement par quelques mystiques. en réalité
nous serions plutôt enclin à considérer, tout comme alcock, que : « la crédulité, ou facilité
excessive à croire, est chose courante, et chacun en souffre à l’occasion. »[168]
cela suffira-t-il à convaincre raymond bruyer qui,
contradictoirement, tout en concédant à la p.n.l. une relative efficacité de
manipulation, lui refuse toute efficacité ou valeur scientifiquement établie[169] ?
autant dire que les travaux de freud, pavlov, erickson, chomsky, wiener et
d’autres n’ont aucune valeur. un sujet brûlant … aux relents de croisade contre
l’impie.
le performatif
nous n’omettrons pas non plus, toujours dans le domaine
linguistique, l’« effet performatif »,
qu’austin
a théorisé par rapport à l’acte d’énonciation[170].
cet effet se résume en une formule lapidaire : « quand dire c’est faire. » une formule presque magique,
qui donnerait justement à la magie la consistance qu’on lui récuse parfois[171].
l’enchantement du
monde
il est encore un motif de croyances dans le chef de l’être
humain. il s’agit de l’enchantement qu’il
voudrait insuffler au monde. charlotte nous en indique d’ailleurs l’une des
raisons :
-
et
qu’est-ce qui est à la source de ces fantasmes selon vous ?
§
(…)
on est dans une société peut-être un peu trop rationnelle, et qui a peut-être
un peu trop envie de tout expliquer, et que, il y a cette volonté de garder, et
d’amplifier une part de mystère. moi je me méfie trop de la transparence
rationnelle, et qui veut tout, tout expliquer (…) parce qu’en contre partie, il
y a place alors pour les fantasmes déraisonnés. (…) Ça ne m’ennuie pas
d’ignorer les choses. Ça ne m’ennuie pas, au contraire, de douter. simplement
de douter. je n’ai pas besoin de remplir mon ignorance. (…) je n’ai pas un avis
sur tout.
-
d’accord.
Ça ira. ce n’est pas possible …
§
voilà.
[…] bon, moi ça ne me gêne pas du tout de vous dire : “je suis pas
compétente dans ce domaine. j’ai pas d’avis là-dedans”. et, pour le dire
crûment : je m’en fous !
-
vous
vous en foutez.
§
voilà !
complètement ! [charlotte, p. 89]
un titre tel que le
désenchantement du monde de marcel gauchet nous
inciterait aussi à penser que l’enchantement du monde n’est plus tout à fait au
goût du jour dans nos contrées. a moins qu’il ne se soit hâté dans ses envolées
théoriques … « vendant la peau de l’ours avant de l’avoir tué ».
françois-andré isambert nous montre en effet, au cours des
pages de son ouvrage intitulé le sens du
sacré, comment le surnatuel, le magique et le merveilleux, en un mot, la
sacralité, demeurent bel et bien présents dans nos sociétés. il y rappelle par
exemple, concernant notre sujet, qu’en « (…)
france, on avait pu remarquer que des magies se parant de vêtements
scientifiques, comme l’astrologie ou la parapsychologie, loin de régresser, se
développaient dans les secteurs de la vie sociale non maîtrisés par la
technique. ailleurs, c’est au contraire l’emprise des techniques et des
organisations qu’elles sécrètent qui semblent provoquer le développement de
contre-techniques aux frontières de l’empirisme pur et de la magie, comme dans
le cas des médecines parallèles. certains pouvaient parler d’une
« offensive des sectes ». enfin, on s’apercevait que les faits de
religion coutumière, notamment les fêtes familiales, manifestaient une
« vitalité », comme aurait dit gabriel le bras, plus grande qu’on
n’aurait pu le croire et que la suppression, par un clergé éclairé, de
certaines cérémonies comme la communion solennelle, ou la réglementation de
l’accès au baptême, provoquaient d’amples mécontentements, voire des dissidences. »[172]
le placebo
autre sujet brûlant, dans le domaine plus
« palpable » qu’est l’organisme humain et son système
immunitaire : celui des placebo, proche
des médecines « parallèles ».
ce terme désigne négativement « toute substance ou procédé thérapeutique « qui est choisi
délibérément et en toute connaissance de cause pour ses effets psychologiques
ou physiologiques non spécifiques, ou qui est utilisé de façon erronée pour ses
effets spécifiques présumés sur le patient, le symptôme ou la maladie, mais
qui, à l’insu du thérapeute et du patient, n’a aucune activité spécifique dans
l’état en question. » (shapiro, 1958). »[173]
plus justement, le placebo, et/ou son effet, peuvent être
considérés comme un type de guérisons effectives obtenues par des mécanismes
dont la médecine « orthodoxe » ne parvient pas toujours à rendre
compte, notamment lorsqu’elle condamne trop rapidement certains patients.
l’inverse pouvant tout aussi bien se réaliser : une maladie ou un décès
subit, sans raison directe apparente. d’où la tentation de nier le fait, de
parler de psychosomatisation, d’en appeler au miracle - au sortilège, dans le
pire des cas - ou à quelque autre explication encore, selon les orientations.
l’avis du parapsychologue se pose différemment, pour qui « (…) pk is a reality, such examples of self-healing
inevitably raise the question as to wheter pk might be involved here, too. if
so, might it not be possible to direct it onto organisms other than one’s own
in order to cure an affliction ? once this question is posed, a mass of
suggestive historical and anthropological evidence calls for consideration.[174]
mais cédant la parole au praticien clinicien, nous concluons
avec ehrenwald en ces mots : « quel
est donc le secret pour qu’un placebo soit bénéfique ? celui-ci est
tributaire de nombreux facteurs psychodynamiques qui nous sont maintenant
familiers. il est tributaire des motivations thérapeutiques authentiques du
médecin, de ses espoirs positifs en ce qui concerne l’efficacité du
placebo, faisant en quelque sorte la moitié du chemin pour rencontrer les
espoirs et les désirs symétriques du patient envers les soins du
thérapeute. »[175]
la croyance au
paranormal
pour en revenir à notre sujet, signalons l’étude récente de
chris roe, qui adapte de gertrude schmeidler, avant
d’en approfondir la dernière, les quatre causes principales qui inciteraient
certaines personnes à croire au paranormal[176].
ces raisons sont :
1)
la réponse à un besoin psychologique ;
2)
l’influence d’une doctrine acceptée
ou d’une personne respectée, avec sa variante qui
découlerait d’une certaine tolérance
vis-à-vis de cette attitude dans le milieu culturel
où évolue la personne ;
3)
une analyse attentive
des découvertes de recherches telles que présentées dans des journaux ou des sources érudites ; et enfin
4)
des expériences impressionnantes
que la personne ne peut expliquer, a
posteriori, en termes de mécanismes non-psychiques.
parmi ces motivations, rémy en
relève la première :
§
moi
je crois qu’il y a certainement un besoin humain, de la part d’un certain
nombre d’entre nous, de se raccrocher à quelque chose à des moments qui sont
des moments de difficulté ou de faiblesse. je dirais que là c’est pas
rationnel, parce que il y a des gens qui sont d’une intelligence brillante, et
qui ont recours aussi à ce type de pratiques. [rémy, p. 91]
personnellement, nous ne pouvons exclure aucune de ces
quatre causes. en effet, partant d’expériences propres et parfois perturbantes
du phénomène que nous étudions, nous nous sommes intéressé de plus près aux
études qui en ont déjà été faites, pour répondre à un besoin psychologique (ou
intellectuel) puissant, favorablement accueilli, quand il ne fut pas encouragé,
dans quelques-uns des milieux principaux où nous transitons (famille,
orientation d’anthropologie de la communication à l’université, octroi d’une
bourse pour notre étude, personnes rencontrées nous demandant des suites de ce
travail perçu comme prometteur, etc.).
cette même préoccupation ayant aussi été dénigrée par
d’autres personnes, majoritairement issues du milieu universitaire. peut-être
l’effet exacerbé de la théorie, l’une des causes des croyances mentionnées par
alcock ? ce dernier distingue en effet quatre sources de la croyance qui
se superposent en partie avec celles de roe, mais inspirées de sarbin,
taft
et bailey
(1960)[177].
il les énumère comme suit :
1)
l’autorité, que
nous pourrions aujourd’hui, suite aux travaux de l’ecole de francfort sur la
personnalité autoritaire, rebaptiser « argument d’autorité » ;
2)
l’analogie ;
3)
l’induction ;
et
4)
la théorie.
par ailleurs, les expériences paranormales
évidentes, dans le chef des répondants au questionnaire de l’enquête
de roe, semblent avoir des effets moindres sur leurs
attitudes et comportements que ce qu’en laissaient penser les études
précédentes[178].
chris roe signale encore une plus grande proportion de femmes que d’hommes fréquentant les séances de
consultation de cet ordre[179].
de même, une différence entre les sexes, à
l’échelle européenne cette fois, se dessine quant à l’évocation d’expériences
psychiques, où une plus grande proportion de femmes les signalent[180].
« on constate qu’il y a plus de
femmes médiums que de médiums masculins. et les expériences qui ont été faites,
(…), ont montré que les performances des filles étaient supérieures à celles
des garçons. mais il est très difficile de dire s’il s’agit d’un facteur
biologique, d’une psychologie fondamentale féminine, ou s’il s’agit d’une
conséquence éducative. »[181] serait-ce un aspect de cette magie de
l’universel féminin que nous mentionnions en introduction à propos des femmes
aborigènes ? et comment savoir s’il s’agit d’une propriété naturelle ou
culturelle, pour peu que la question soit pertinente à poser ?
qui plus est, parmi les enfants de la chine des années
quatre-vingts, on a trouvé plusieurs cas possédant des facultés psi, se
distinguant également par une variante de sexe[182].
il nous semblait indispensable de reprendre l’avis d’une
femme sur ces questions. louisa rhine était toute choisie à cet effet. « (…), il est exact que nous possédons beaucoup plus de rapports
de femmes que d’hommes en ce qui concerne les expériences vécues d’e.s.p. dans
celles que nous citons ici comme dans nos archives, le rapport est au moins de
dix contre un. cette différence est due peut-être à des causes
superficielles : les femmes seraient plus communicatives, moins gênées par
ce sujet ; les hommes peuvent être plus lents à reconnaître que quelque
chose est extraordinaire, et une sorte d’inhibition peut les empêcher de
l’avouer, même à eux-mêmes. pour étrange que soit un événement, on peut
l’écarter et l’ignorer si une polarisation de l’esprit ne permet pas d’admettre
son caractère insolite. si l’une de ces inhibitions supposées touche plus
spécialement les hommes que les femmes, elle peut expliquer la différence que
nous avons relevée. de toute façon, l’e.s.p. n’est pas liée au sexe, car
nombreux sont les hommes chez qui elle se manifeste. »[183]
bernard auriol cite pour sa part la suggestion de madame helloin-douris, qui
parle d’un éprouvé psychique vécu sur le mode d’une polarisation mâle-femelle
indépendante des sexes anatomiques[184].
notons toutefois que nos expériences en laboratoire, tant à toulouse qu’à
edimbourg, se sont faites majoritairement avec des femmes. en proportions de
pratiquement deux femmes pour un homme lors du projet agape, si nous n’avions été accompagné du toulousain qui nous
hébergeait ; et comme émettrice ou réceptrice lors des tests de ganzfeld.
pour autant, faut-il pencher en faveur d’un « syndrome
de déficience », ou d’une plus grande crédulité féminine ? thomas
interprète, non sans quelques contradictions, la crédulité féminine en termes
d’éducation :
-
mais
c’est intéressant que vous parliez de cette cour de femmes, justement, parce
que, bon, il me semble qu’il y a ce parallélisme assez répété dans l’histoire
de l’europe, où les femmes sont aussi un peu les souffre-douleur de ce genre de
croyances dans ce genre de phénomènes.
§
ecoutez.
qui remplit le plus les églises ?
-
je
n’en sais rien, je n’ai pas des …
§
c’est
des femmes. allez vous poster à la sortie d’une église. (…) ce sont des
vieilles dames pour la plupart. (…)
-
ce
sont les survivantes aussi, puisqu’il est prouvé qu’elles survivent plus
longtemps que les hommes.
§
oui.
Ça c’est vrai aussi. d’un point de vue statistique c’est très intéressant de la
faire remarquer. je crois que, par nature, la femme est plus portée à une forme
de crédibilité et, ça changera je l’espère, mais c’est une question
d’éducation. […] donc, c’est là que je vous dis, on a fait en sorte que la
femme soit plus crédule. pour moi, biologiquement parlant, elle ne l’est pas,
mais on la rend ainsi. donc, je crois qu’il est normal que ce soit les femmes
qui soient plus portées à aller chez tous ces gourous, ces voyantes et autres,
que les hommes. et vous remarquez aussi que bien souvent, ceux qui ont fait ces
recherches, ou bien les gourous et autres, ce sont des hommes. vous avez
rarement une femme qui est chef de secte. [thomas, pp. 96-97]
or, l’impact du niveau d’éducation
semble nul dans l’exemple de haraldsson et houtkooper, bien qu’aucune étude
n’ait été faite afin de comparer le niveau universitaire et les autres niveaux
scolaires[185]. quand
bien même cette étude serait faite, il faut admettre que les universitaires
sont minoritaires sur terre. nous pensons que ce raisonnement procède plutôt
d’une forme d’élitisme sournois aux multiples implications, que rien ne
justifie à notre regard, quelques fois qualifié de naïf par d’autres.
non. le niveau d’éducation, pas plus que l’intelligence[186],
n’entrent en considération dans les différences de témoignages observées. ne
vaudrait-il pas mieux parler d’une autre perception du monde et d’autres
acceptions des critères scientifiques en vigueur ? une perception et des
acceptions holistiques plutôt que disjonctives, afin de comprendre ce et ceux
qui nous environnent, ainsi que nous-mêmes. une perspective holistique qui
signerait la fin de satan « l’opposant », annonçant l’avènement d’une
« ère de la femme » ?[187]
une telle position holiste est en grande partie celle défendue par la
perspective batesonnienne, que nous adoptons nous aussi. elle fut avancée sans
équivoque lors d’une conférence organisée par la fondation parapsychologique
tenue les 21 et 22 septembre 1991 sous l’intitulé « femmes et
parapsychologie ». les intervenantes y développaient des idées
innovatrices et critiques en matière de recherche parapsychologique. ainsi, beverly rubik déclarait-elle que « “(…), acknowledgement of a holistic ideology may be an
important step forward for psi research, both philosophically and
methodologically. (p. 56)” such a
holistic, systems approach need not be mystical and vague. for instance, rubik
argues that it would require a more completet description of the context in
which the experiment is taking place, including factors such as solar activity
and geomagnetic fields. this is something that parapsychologists are already
beginning to take on board, and we begin to see why reproducibility-on-demand
is such a challenge. »[188]
c’est ce même souci du contexte dans sa complexité et sa
pluralité qui animait ray birdwhistell lorsqu’il essayait de
comprendre les comportements humains[189].
ne pourrions-nous pas dès lors voir dans les résultats
précités qui soulignent des différences de sexes un « effet de
questionnaire » conçu par des membres de la gent masculine,
semblable à celui évoqué par eagly et carli concernant le
conformisme féminin ?[190]
en définitive, ne faudrait-il pas considérer la croyance
comme une réponse, parmi d’autres, trouvée par l’humanité afin de juguler son
angoisse existentielle et la pénible appréhension de ce qui peut advenir après
la mort, pensée en âme et conscience ? ce qui correspondrait au besoin
psychologique prégnant que schmeidler faisait figurer dans sa classification.
et comme l’indique jacques-michel robert : « le comportement théotropique est apparu avec le cerveau d’homo
sapiens. il n’existe nulle part ailleurs. ceux qui le nient l’ont nommé ici
croyances, là superstitions. ceux qui se sentent pénétrés et soutenus de son
existence et de sa puissance l’ont nommé foi. »[191]
observations portant sur la nature
« la
nature c'est ce qui relie, articule, fait communiquer en profondeur
l'anthropologique
au biologique et au physique.
il nous faut
donc retrouver la nature pour retrouver notre nature,
comme
l'avaient senti les romantiques,
authentiques
gardiens de la complexité durant le siècle de la grande simplification.
dès lors, nous
voyons que la nature de ce qui nous éloigne de la nature
constitue un
développement de la nature, et nous rapproche au plus intime de la nature de la
nature.
la nature de
la nature est dans notre nature.
notre déviance
même, par rapport à la nature, est animée par la nature de la nature. »
(edgard morin, la nature de la nature)
la coutume, ou la simplicité, veut que l’on
distingue, par opposition à la culture, une entité nommée nature, subdivisée en
trois règnes[192].
nous respecterons ce triptyque, sans pour autant être dupe de son artificialité
qui vaut avant tout, comme pour la plupart des catégorisations, pour la
compréhension « rationnelle » de nos propos. revenons-en donc à notre
sujet, la télépathie, avec keith harary, qui nous présente une nouvelle « matrice disciplinaire » pour l’étude
des phénomènes psi, où la nature est comprise comme le système organisé
contenant tout ce qui existe, et dans lequel se jouent des relations psi. a partir de là, « psi processes are viewed as principles of interaction that
permeate nature, rather than as autonomous energetic influences that outcome of
relationships, or as independent realities superimposed upon the universe that
observers are familiar with. from this perspective, if observers could perceive
nature objectively, they would see that psi exists as an inherent lawful aspect
of one reality that they usually only parlty perceive, not as a supernatural
force or a separate reality. »[193]
le règne (micro)organique
se
pose ici le problème de la psychométrie[194], qui « donnerait
à penser que les choses possèdent une sorte de mémoire cachée[195] »[196]. il est récusé par cet argument assez
sommaire : « il paraît
maintenant certain que, pas plus que n’existent, dans les objets confiés
à la sagacité des devins, d’éléments susceptibles de ressembler à des effluves
ou à des ondes, il n’y a, pour leur correspondre, de récepteurs sensoriels dans
le corps humain. les travaux, entre autres, de reichenbach, d’albert de rochas,
tendant à démontrer la réalité matérielle d’un fluide ou d’une vibration
quelconque (od, éther, etc.), sont tout bonnement irrecevables. »[197]
or,
les fameux « objets confiés à la
sagacité des devins » dont parle louis sont loins de se réduire aux
seuls corps ferromagnétiques (fer, cobalt et nickel), dans lesquels l’auteur
identifie la source d’erreur commise selon lui par les anciens magnétiseurs,
hypnologues et psychistes, qui auraient confondu rémanence[198] et mémoire des choses. nous n’en prendrons
pour preuve que le témoignage de layla, qui nous expliquait comment, à la vue
d’un tapis décoratif, elle avait ressenti les états d’âme de la maîtresse
d’œuvre, par une sorte de « sentiment esthétique »[199]. de même pour les livres, qui
contiendraient l’âme de leur auteur[200].
mais
la mémoire des choses n’est encore qu’un exemple parmi d’autres, dont celui de
l’eau, source de vie. ainsi, jacques benveniste soulevait-il une polémique
lorsqu’il s’aventura à parler, dans un article paru dans la revue nature de juin 1988, de « mémoire
de l’eau », qui expliquerait l’efficacité des traitements homéopathiques. « cependant, il en va de la “mémoire”
de l’eau, ou de la matière en général, comme de la rémanence. on ne voit pas
comment une “empreinte” purement physique, au niveau moléculaire, pourrait
donner lieu à des informations d’ordre intellectuel. »[201]
polémique
dans laquelle l’on peut voir apparaître des noms tels que ceux d’henri broch et jean dierkens. la réaction de raphaël à
cette théorie est sans appel, et « partagée » par ceux-là même à qui
l’expérience devait profiter :
-
et
pour les théories de la mémoire ? ce qui est, d’abord mémoire humaine,
mais il y a aussi, je pense à rupert sheldrake, (…). non, non, c’est
benveniste, qui parle de mémoire de l’eau …
§
Ça,
c’est une connerie, ça. (…) c’est une connerie sans nom. (…) le phénomène de la
mémoire de l’eau est dû, strictement, à une erreur d’expérimentation. (…) c’est
une erreur de manipulation en laboratoire. (…) je ne connais plus les détails,
mais, quand on a voulu reproduire les expériences, en fait, il n’y avait qu’une
personne qui parvenait à reproduire l’expérience de benveniste, c’était son
assistant. tous les autres qui ont essayé de le faire, en suivant son
protocole, etc., mais en pratiquent de manière scientifique, c’est-à-dire en
faisant des expériences que l’on appelle « en double aveugle », ça
n’a jamais rien donné. […] en fait, on a voulu contredire (…) les bases de la
physique, (…) par un phénomène biologique (…) extrêmement flou, très mal connu,
(…) et en plus mal étudié en laboratoire. (...) c’est de l’escroquerie, ça. (…)
c’est démontré d’ailleurs par les laboratoires homéopathiques. [raphaël, p. 78]
le règne végétal
john beloff nous l’annonçait déjà pour la facilité de l’observation ou de
l’expérimentation de guérisons à distance : « (…), if one wants to isolate a specific psi effect in
healing, one must resort either to the practice of distant healing, where
the patient does not know that any healing is taking place, or devise elaborate
control conditions that obviate the suggestibility factor. in the event, most
of the work that has so far been done to demonstrate pk on living systems has
used animals or plants as targets for healing. »[202]
nous
avons personnellement trouvé peu de choses quant au règne végétal. le nom le
plus connu à ce propos, qui nous fut déjà susurré à l’oreille par notre
professeur, monsieur gossiaux, au cours de
nos études, est celui de backster,
lequel, suite à des expériences s’appuyant sur l’enregistrement de l’activité
électrique de plantes, évoquait une « perception primaire » de
celles-ci comparable à de la télépathie. malheureusement « aucun laboratoire n’est parvenu à retrouver les résultats de
backster, malgré les tentatives sus-mentionnées. »[203] thomas rappelle quant à lui l’évolution
rapide de cette vogue de communication avec les plantes, qu’il attribue à une
pensée animiste et au concept de mana décrit par les anthropologues du xixème
siècle[204]. william giroldini n’est pas plus convainquant
que backster lorsque, de ses expériences inspirées de ce dernier en vue de
vérifier le présupposé des théories observationnelles (teorie osservazionali)
selon lesquelles seuls les êtres vivants pourvus d’une conscience peuvent
manifester des expériences de perception extrasensorielle, il conclut grosso modo par une interprétation en
termes de psi :
-
soit les plantes perçoivent par des voies psi ;
-
soit les résultats sont la conséquence d’un
« effet d’expérimentateur ».
et
d’en appeler à une automatisation des procédés d’expérimentation pour exclure
cette dernière interprétation et poursuivre la recherche dans ce sens[205].
nous
savons aussi que « d’autres
expériences ont été faites à partir des traditions des horticulteurs qui
disaient qu’une plante se développait d’autant mieux que l’on témoignait
vis-à-vis d’elle d’intérêt et d’encouragement, par exemple en lui
parlant. en utilisant des plantes semblables dans des conditions
similaires et en prenant garde à ne pas faire intervenir l’éventuel
« magnétisme » par imposition de mains, on peut tenter d’influencer
différentiellement ces deux échantillons (influence de la prière sur la
croissance des plantes : travaux de la sœur smith, j. paraphys., 1968, 3,
1, p. 196). »[206]
notre
professeur laissait entendre, pour sa part, que les réactions de repli des
feuillages, similaires et à distance, observées parmi des acacias par exemple -
réactions de défense contre des agresseurs ou des herbivores bien souvent -
pouvaient s’expliquer soit par des substances chimiques qui circuleraient par
les voies aériennes, ou par les voies souterraines, soit par des différences
électromagnétiques[207].
enfin,
eduard de vegan nous apprend l’usage d’une technique égyptienne sensée
accroître le rendement des plantes à partir de la photographie d’un champ
ensemencé, placée sous une pyramide : la radionique[208].
le règne animal
nous apprenions avec le dr leprince,
prolongeant la pensée du dr calligaris, que « la télépathie,(…), est une loi universelle et la faculté de
communiquer télépathiquement doit être considérée comme étant commune à tous
les êtres humains, on pourrait même dire à tous les êtres vivants, car elle
existe également chez les animaux. »[209]
or, quelques interprétations erronées ont tout de même été revues ou corrigées
quant aux pouvoirs mystérieux imputés aux animaux.
les insectes
ainsi par exemple, les questionnements et
tentatives d’explication de julien françon à propos du « langage des abeilles » sont discutables,
lorsqu’il se demande dans la revue des
deux mondes du 1er avril 1939 : « ne peut-on pas dès lors penser que la documentation qu’elles
reçoivent ainsi de leur compagne, leur est transmise sous forme d’images par
un phénomène de télépathie ? des
« communications » de cette nature correspondraient à la singulière
attitude des abeilles en présence de l’objectif qu’elles rencontrent pour la
première fois, et qu’elles identifient pourtant comme si elles en conservaient
le souvenir visuel. elles expliqueraient aussi l’ordonnance parfaite qui
préside aux actes principaux de la vie de la ruche au plus profond et qui
semble naître au plus profond d’un extraordinaire instinct collectif. »[210]
ces questionnements sont discutables en ce
que le zoologiste et éthologiste autrichien karl von
frisch a,
depuis, démontré l’existence d’une « danse »
des abeilles, sous forme de signaux à la fois conventionnels et
naturels[211]. ceci
n’interdit toutefois pas que l’on se penche à nouveau sur les découvertes de
l’équipe primée nobel de physiologie et médecine en 1973, à laquelle il
appartenait. et notamment sur ces signaux « naturels » dont il est
question. pour acquis de conscience au moins. cependant, rien jusqu’à présent
n’a véritablement pu être conclu à ce sujet[212].
si ce n’est, concernant les drosophiles, ces
mouches à vinaigre, sur lesquelles s’est penché ivan lepes.
de son étude
sur de possibles effets psi interspécifiques, il conclut des perspectives
prometteuses en ces termes : « an
attempt to use the drosophila melanogaster fly for its possible abilitiy in
non-sensorial communication with other members of its species was carried out
as described, and a statistical analysis of the efficicency of the selection
procedure was undertaken. the method applied seems promising in view of the
results obtained. at the same time we are considering the desirability of
extending the time during which the issuer flies remain in the light or in the
dark, when they have food available troughout the trial. »[213]
les mammifères, oiseaux et poissons.
« “- ce jaguar n’est
pas encombré par la raison. il saura exactement quoi faire pour nous attraper.
et, aussi vrai que je te parle, il lira nos pensées.
qu’entendez-vous en disant que le jaguar lit dans nos pensées ?
- ce n’est pas une
métaphore, dit-il. je pense ce que je dis. de grands animaux comme celui-ci
ont la capacité de lire dans les pensées. et je ne veux pas dire qu’ils
devinent. je veux dire qu’ils savent tout directement.
que pouvons-nous donc faire ? demandais-je, véritablement alarmé.
- nous devrions devenir
moins rationnels et essayer de gagner la bataille en empêchant absolument le
jaguar de lire en nous, répondit-il.” »[214]
fulgurante entrée en la matière, qui
rappellera vaguement notre propre expérience avec un félidé de taille moindre -
la chatte que nous avions hébergée pour un cours séjour à laquelle nous
attribuions une capacité de transmission de pensée - et dont on pourrait se
demander quel but elle vise, puisqu’elle laisserait facilement penser qu’il
s’agit là d’affabulation. ces paroles afin d’être bien conscients de l’écart
qui subsiste encore, malgré la naissance relativement récente de la discipline éthologique, entre théories et réalités in situ éprouvées sur un mode phénoménal.
ce comportement, aux dires de jean-louis victor,
ne serait pas propre à notre seule personne, puisque nombre d’êtres humains
attribuent assez facilement aux animaux des capacités psi plus prononcées que
les leurs, dues entre autres à une plus grande proximité avec la nature[215].
c’est ce que l’on a nommé sommairement l’anpsi[216].
ainsi, certains animaux, parmi lesquels sont souvent cités les chats, chiens, et chevaux, seraient doués de pressentiments quant aux
catastrophes en tous genres, qu’il s’agisse de séismes, d’éruptions
volcaniques, ou d’avalanches. l’éthologie expliquera ces pressentiments par
leur forte sensibilité aux changements (climatiques ou autres) et aux
vibrations imperceptibles pour la plupart des humains. ces animaux auraient
aussi une propension à anticiper leur mort, et pourraient avertir leur(s)
maître(s), au travers des rêves notamment, des situations périlleuses,
accidentelles, voire fatales, qu’ils éprouvent. de même, ils réagiraient très
fort aux états d’âmes de leur(s) maître(s), et seraient prévenus de la mort de
ceux-ci, indépendamment de la distance qui peut les en séparer[217].
raoul montandon nous cite encore plusieurs
exemples ayant eu lieu avec de tels animaux, domestiques pour la majeure partie[218].
« une
autre réflexion observe « la primitivité » de cette communication
télépathique. pour certains (tenheaff), le facteur psi avait sa raison d’être
au début de l’évolution humaine et il reste actuellement chez chacun de nous
comme vestige du passé. pour d’autres (hardy) ce psi a vraisemblablement évolué
comme tout autre facteur biologique et ce que l’on constate maintenant n’est
donc que peu en rapport avec ce qui était présent chez nos ancêtres ou chez les
animaux. »[219]
les ancêtres auxquels il est fait mention
ici sont assimilables aux primates qui,
dans la perspective darwinienne, sont nos « plus proches cousins ».
eduard de vegan nous rapporte à ce propos les résultats d’une étude menée sur
une île japonaise, où deux biologistes ont constaté un « saut
quantique » dans l’usage du pelage des patates douces, pelage qui avait
initialement été appris par quelques femelles, et s’était progressivement
répandu à toute la population de l’île, jusqu’à s’étendre aux îles avoisinantes,
apparemment sans contact direct avec l’île initiale :
-
l’homéopathie,
en quoi est-ce qu’elle pourrait contribuer à l’explication ou la compréhension
de la télépathie ?
§
alors,
il y a un gars qui est super contesté parce qu’il a parlé de la mémoire de
l’eau. (…) c’est benveniste. en france. (...) et benveniste, sa dernière
expérience c’est : il prend une cellule de myocarde. (...) il agit
électromagnétiquement sur cette cellule, et il constate que (...) les autres
cellules se mettent à contracter. alors qu’elles sont pas (…) connectées.
alors, il y a aussi les expériences de biologie qui ont été faites sur la
télépathie avec les animaux. (...) l’expérience des rats avec le labyrinthe.
(...) les singes, dans une île japonaise, avec les patates douces. (...) donc,
c’est deux chercheurs qui faisaient des recherches sur des singes, dans une île
du japon. et puis, ils montrent aux femelles comment elles peuvent peler des
patates. et que les patates pelées sont meilleures que des patates pleines de
sable. (...) et on constate, ça c’est les biologistes qui ont trouvé ça, que
quand un seuil de 13 % de la population adopte le nouveau comportement, tout
d’un coup, une espèce de saut quantique dans la population, le nouveau
comportement est accueilli par toute la population et tout le monde s’y met.
-
mais
ça s’explique en terme d’apprentissage ça ?
§
non,
non. (...) bon, on augmente, mais tout d’un coup, il y a (...) hop ! c’est
acquis. même par ceux qui n’ont pas appris. tout le monde se met à le faire. et
ce qui est intéressant, justement par rapport à la notion d’apprentissage (...)
c’est que, bon, non seulement, quand il y eut 13 % des singes de cette île qui
ont appris ce comportement, (...), tout le monde s’y est mis. mais tous les
singes de la même espèce dans les autres îles, qui n’avaient pas été en
contact, se sont mis à avoir le même comportement. (...) de là c’est
intéressant au niveau de la télépathie. Ça veut dire que l’information a été
transmise. [eduard de vegan, p. 80]
nous n’avons rien trouvé qui confirme ces
allégations dans notre littérature, mais pouvons toutefois, avec christophe
abegg et bernard thierry, avancer l’idée de traditions existantes chez les
primates, sorte de protoculture qui serait donc apprise, mais se distingue
toutefois de la culture de l’homo sapiens sapiens[220].
peut-être l’un des animaux les plus
fascinants dans ce cadre-ci, chez lequel ont également été observées des
variantes « culturelles », de langage notamment, est le dauphin, élevé au rang d’acteur dans des séries (flipper le dauphin) et des publicités (belgacom, société belge de
télécommunications), ou devenu emblème de la cause écologiste. cela ne manquera
pas de nous rappeler le projet auti-dolfijn
(auti-dauphin), auquel avait participé véronique servais,
et dont il ressortait que, dans la volonté de cerner certaines (tentatives de)
guérisons d’autistes mis en coprésence avec des dauphins domestiqués captifs
dans un zoo, la position dualiste cartésienne autant que la position
« crédule » (de tendance new age) étaient aussi intenables l’une que
l’autre[221].
pour parvenir à surmonter cette impasse, il fallait opérer un déplacement du
cadre conceptuel, qui comprenne à la fois l’observateur et les observés. ce
nouveau cadre conceptuel, la perspective cybernético-systémique de bateson nous
l’offrait sur un plateau. comme vous le savez, nous y avons puisé en grande
partie et l’avons transplantée dans notre propre décor conceptuel afin
d’étudier la télépathie.
dans son travail de thèse, notre
professoresse avait par ailleurs épinglé quelques-unes des représentations
anthropomorphiques assorties à l’image du fabuleux delphinidé. ainsi, nous
pouvions distinguer 1) le dauphin messager,
dont les deux figures antinomiques étaient le dauphin « ambassadeur »
et le dauphin « clochard » ; 2) le dauphin salvateur ; 3) le dauphin miraculeux ; et enfin 4) le dauphin télépathe. c’est ce dernier qui retient évidemment
le plus notre attention. une fois planté le décor, nous étions prévenu contre
toute tentative d’imputation d’un quelconque pouvoir de télépathie à ce
mammifère aquatique, dont on vante souvent les mérites, qualités, et facultés,
en partie expliqués par l’imposant volume cérébral et les nombreuses
circonvolutions qu’il possède[222].
au risque de quoi nous serions accusé de « délit » d’anthropomorphisme[223].
pourtant, des points d’interrogation
subsistent encore. quant aux aptitudes thérapeutiques supposées du dauphin
notamment, qui font depuis plusieurs années l’objet d’applications, appelée
aussi dolphinothérapie,
ailleurs que dans l’étroite belgique : « patricia
st john travaille depuis 1980 dans le connecticut (usa) avec des dauphins et
des enfants autistes. elle a créé l’association mid point (point intermédiaire)
en référence à l’idée de point de contact à partir duquel hommes et dauphins
peuvent communiquer. point infime pour lequel il faut laisser de côté les
règles de communication classiques, accepter la différence de l’autre. pour
elle, le dauphin “s’adresse directement au corps en court-circuitant le mental”
et c’est là un point essentiel qui va permettre une communication d’un autre
ordre. le dauphin ne demande rien, prend l’être qui est en face de lui dans sa
totalité, sans discrimination. c’est une communication d’être à être. »[224]
avant elle, le docteur john lilly et son épouse s’étaient également
passionnés pour l’étude des dauphins, sur les îles vierges, où ils furent
d’ailleurs rejoint quelques temps par gregory bateson[225].
pour véronique servais cependant, l’échec du
projet (de l’ordre de 50% en chiffre absolu) est à mettre sur le compte d’une
variation contextuelle entre la première phase et la seconde phase[226].
nous supposons pour notre part que cet échec pourrait s’expliquer aussi du seul
fait de la captivité des dauphins, que nous considérons comme doués de volonté,
de motivation et d’intentions. utilisés à des fins thérapeutiques, pour
lesquelles ils n’auraient pas reçu la récompense qu’ils escomptaient peut-être,
et devant l’incompréhension de ce qu’ils attendaient de la part des humains,
ils auraient refusé de continuer à coopérer.
les chiens
non plus, dont on pense qu’ils auraient un ancêtre commun avec les dauphins, ne
sont pas sans reste puisque « le
chien, animal familier, considéré comme l’ami de l’homme, était reconnu pour
accepter de recevoir, par transfert, différentes maladies de l’homme. »[227] nous-même avons pu, outre notre
première expérience « traumatisante » avec la chatte en transit chez
nous, recueillir de première main des témoignages dans ce sens. en cela,
peut-être devrait-on dire que ceux qui les formulent se comportent sans le
savoir en véritables biologistes[228].
c’est ainsi que zazie nous livre son ressenti avec les chiens, qui s’accompagne
apparemment d’une capacité d’ « endoscopie » ;
et son appréhension envers les chats.
§
c’est
comme si j’entendais qu’on me parlait dans ma tête.
-
oui.
et régulièrement ça ?
§
et
c’est surtout des animaux.
-
des
animaux ?
§
les
chiens, j’ai l’impression que ... je ne sais pas pourquoi, les chiens, toujours
moi, ils me regardent avec leurs yeux … et j’ai l’impression d’entendre qu’ils
me disent quelque chose dans la tête.
-
et
c’est menaçant, ça ?
§
non.
c’est gentil. c’est ... par exemple, j’avais un chien. et puis, j’étais chez ma
mère et il vient. la façon dont il me regarde. elle me montre ... elle avait un
kyste dans la bouche. donc j’étais pas sensée le savoir. et j’ai su de suite
qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. et j’ai dit à ma mère : “il a un
kyste dans la bouche.” j’ai ouvert, il avait un kyste dans la bouche. (...). je
ne sais pas, j’ai l’impression qu’ils parlent.
§
mais
les chats, par exemple, j’ai peur.
-
tiens,
tiens. (…) ils ont un magnétisme plus fort ?
§
c’est
sournois un chat. je ne sais pas. j’ai peur d’un chat. Ça pense un chat.
-
et
pas les chiens, peut-être ?
§
si,
mais gentiment.
§
j’ai
l’impression qu’ils parlent sans ... enfin, les chiens plutôt, j’ai
l’impression qu’ils parlent avec leurs yeux, mais j’entends leur voix dans ma
tête. (....)
-
et
une voix qui ...
§
c’est
pas la mienne.
-
c’est
pas votre voix ; c’est ...
§
c’est
pas la mienne. (…) c’est la voix du chien.
-
mais
cette voix est sexuée ? cette voix elle a une intonation particulière ?
§
oui,
c’est pas la ... suivant le chien, c’est pas la même voix. si c’est pas le même
chien, c’est pas la même voix.
-
oui.
et qu’est-ce qu’ils peuvent “raconter” ?
§
c’est
assez concis. c’est : “j’ai faim”, “une caresse”, c’est pas très ....
-
c’est
pas élaboré.
§
bein,
j’ai l’impression qu’un chien, c’est ... Ça ne réfléchit pas plus loin. Ça se
laisse vivre. Ça a bon.
-
une
vie de chien, quoi.
§
oui.
manger. se promener. [zazie et charlie, pp. 42-43]
c’est encore serge, dont une des poules présentait des comportements d’affection tels,
presque humains, qu’il pensa qu’elle était la réincarnation de son ex-femme
décédée, suggérant de la sorte un penchant spirite.
-
je
voulais savoir un peu plus ce qui t’avait fait penser ça, et …
§
je
ne sais pas, tu sais. bon. on ne sait quand même pas comparer la réincarnation
entre une poule et un humain, hein.
-
(…)
tu y as pensé quand même.
§
oui.
(…) c’est vrai que j’y ai pensé. (…) je me suis dit : “Ça y est, h. est
revenue !” (…) bon. je me suis dit : (…) “c’est certainement des
bêtises.”
-
mais
pourquoi ça ?
§
(…)
je ne sais pas.
-
tu
as de la pudeur par rapport à l’idée que ça pouvait être une
réincarnation ! ?
§
non,
non, non. mais c’est quand même gênant entre un humain et une poule. (…) si la
réincarnation existe réellement, bein, que tu redeviens poule à la place d’un
humain, bein c’est …
-
c’est
dégradant ! ?
§
c’est
plutôt dégradant. (…)
-
tu
vois un inconvénient à ce qu’il puisse y avoir une communication opposant une
poule et un être humain ! ?
§
non,
non, non. disons que, (…) je pense que (…) quand un être humain disparaît, il
peut revenir en n’importe quoi. (…) aussi bien en un chat, qu’un chien. (…)
-
et
tu penses que tu pourrais le devenir à la … à ta mort ! ?
§
oui,
hein.
-
mais,
tu ne sais pas très bien dire quoi.
§
non.
(…)
-
a
ton avis, c’est un jeu de hasard ? ou bien …
§
(…)
c’est un jeu de la nature plutôt. (…) de toute façon, on ne sait même pas si ça
existe, hein. (…) mais moi j’y crois. oui. personnellement, oui, c’est vrai que
j’y crois. (…) c’est toujours un être qui revient. quelque chose de vivant.
[serge et chantal, p. 78]
en 1936 déjà, richard perry
considérait, assistant à leurs vols serrés et rapides parfaitement
synchronisés, que l’on pouvait attribuer aux oiseaux de petite taille des facultés télépathiques. et d’en conclure, par un
parallélisme avec les humains : « with
the smaller birds, certainly, the conception of organised leaders can be ruled
out : their incredibly swift flight-movement are controlled by a
mass-sensitiveness of perception, drilled into a remarkable cohesion of
flight-order by ages of immediate obedience to flock laws, with some element of
telepathy. man at his best is essentially individualistic, at his dullest he
mooks to his neighbour and does as the mass does. at his worst, his reasoning
powers are greatly superior to those of reaver or goose. is it neccesary, or
even desirable, to ascribe human qualities to a bird in order to appreciate its
beauty, or to find pleasure in its company ? the bird, as a bird,
represents the final achievement of one branch of evolution ; man is but
half-way towards his goal of perception, perhaps not even thus far. the
advantages we have gained by the developement of reasoning powers have
frequently been nullified by the neccesity of having to think before we perform
some act that should be instinctive, and is so to the less intelligent but more
natural birds and beast. »[229]
la « sensibilité de masse
perceptive » (?) dont il est question dans cet article préfigure en fait
le système d’intégration
sensorielle (s.i.s.) que l’on explique aujourd’hui en tant que
stratégie défensive inhérente à tout groupe polarisé se déplaçant dans les
trois dimensions[230].
et notamment décrit par k. norris
pour les dauphins[231].
reste donc à expliquer, à la lumière de ces explications-ci, l’« élément
de télépathie » qui surviendrait chez les oiseaux selon perry.
mais au-delà des témoignages nombreux qui se
rencontrent, sinon dans les livres, tout au moins autour de nous, auprès de
connaissances qui « possèdent » un ou plusieurs animaux de compagnie,
ou « domestiqués » à l’image de la pensée de leurs maîtres[232],
que nous apprennent les expérimentations en laboratoire, seules références en
la matière, jusqu’à nouvel ordre ?
de prime abord, les études en laboratoire
nous enseignent la grande difficulté de faire admettre au corps académique de
nouvelles conceptions et/ou méthodes. mais cette résistance, ou réticence,
n’est pas neuve. copernic, bruno et galilée, pour ne reprendre qu’eux, en
ont déjà fait les frais. c’est aujourd’hui à rémy chauvin,
anciennement président de la ligue du droit des animaux, et victime du complexe
de galilée aux dires de thomas[233],
d’éponger l’ardoise, malgré le succès de certaines de ses démarches[234].
toutefois, il ressort d’études avec des lapins effectuées entre 1978 et 1982 par bernard thouvenin,
qui a côtoyé, tout comme bernard auriol, rémy chauvin, des conclusions pour le moins
intéressantes. après avoir retracé le bref historique des expériences en
parapsychologie sur divers animaux, il nous présente comme suit ses résultats à
l’aide de la photopléthysmographie : « ce
travail n’a la prétention que d’être un travail d’approche. les résultats
sont significatifs dans 2 séries sur 4, laissant à penser qu’un lien
“télépathique” peut exister entre 2 lapins de la même portée, ayant toujours
vécu ensemble, et se traduisant par une correspondance à moins de 5
secondes près de certaines réactions physiologiques caractéristiques du stress.
l’hypothèse que cette correspondance soit due à des perturbations extérieures
communes semble infirmée par le fait que les résultats sont aussi bons dans la
série avec cage d’isolation que dans la série où les lapins sont seulement à
distance, et surtout que les stress provoqués donnent des résultats encore
meilleurs que les stress spontanés. le fait que la force des stress
influe sur leur transmission va également à l’appui de cette démonstration et
n’est pas pour nous surprendre quand l’on sait que de nombreux travaux
parapsychologiques ont montré que les émotions les plus fortes sont celles qui
se transmettent le mieux. »[235]
tout aussi intéressantes sont les
expérimentations de micro-pk, ou bio-pk, réalisées
par braud et helmut schmidt
à la mind science foundation de san antonio (texas). ils obtiennent des résultats
probants, avec des poissons électriques, des petits rongeurs comme les gerbilles , ou encore des humains : « the task here was to try, mentally, either to increase or to
decrease the activity of the target animal during certain set periods according
to a prearranged schedule. he also, however, experimented extensively with
humans to see wether it was possible for one human being to influence the
physiological activity of another human being otherwise than through the known
mechanisms of sensorimotor communication. the particular physiological
activity he chose as target system was which physiologists call ‘electrodermal
activity’. (…) the fact has been exploited psychologically in the so-called
‘lie detector’, the idea being that one will respond to an emotive stimulus by
sweating, however minimally, thereby lowering the skin’s electrical resistance.
[…] results were impressive if somewhat surprising. for the 16 so-called
‘inactive’ target-persons, the effects was nil. for the 16 ‘active’
target-persons, on the other hand, there was a significant drop in their
electrodermal output amouting to a drop of about 10 per cent as compared with
the control periods. it certainly looked, therefor, as if bio-pk was
operating. »[236]
on l’oublie encore parfois, mais l’homme
aussi est un animal. et à ce titre, ses réactions peuvent être viscérales,
sinon épidermiques. un épiderme qui, ce que les inquisiteurs de toutes les
époques ont bien compris, le trahit à l’occasion. que ce soit par ses réactions
psychosomatiques, nerveuses, ou mesurables grâce au détecteur de mensonge.
savoir en définitive si les animaux
possèdent cet « oiseau bleu » que nous nommons télépathie semble
compromis, et ce d’autant plus que l’on s’éloigne des mammifères. john randall
propose que tous les phénomènes psi observés avec les animaux soient rapportés
à l’influence humaine[237].
ce contre quoi réagit titus rivas, au nom d’un néo-cartésianisme
qui envisage une influence de la pensée animale autant qu’humaine sur la
matière et la pensée d’autrui[238].
une chose est pratiquement certaine : c’est que les animaux, pas plus que
les plantes ou les micro-organismes, eux, n’en parlent pas. ce sujet de
convers(at)ion reste donc proprement humain. quoique ...
une brève histoire venue d’extrême-orient
nous détendra : « un bûcheron
travaillait activement à découper des arbres sur une montagne éloignée. un
animal, appelé satori, apparut. c’était une très étrange créature qu’on ne
trouve pas habituellement dans les villages. le bûcheron désirait l’attraper
vivant. l’animal lut sa pensée : « tu désires m’attraper vivant, n’est-ce
pas ? » complètement
renversé, le bûcheron ne sut que dire, sur quoi l’animal remarqua : « tu es évidemment
étonné de mes facultés de télépathie. » encore plus surpris, l’homme conçut l’idée de frapper l’animal d’un
coup de hache, quand satori s’écria « maintenant, tu veux me tuer. » le bûcheron fut tout à fait déconcerté et,
réalisant pleinement son impuissance à faire quoi que ce soit avec ce
mystérieux animal, il pensa reprendre son travail. satori n’était pas
charitablement disposé et le poursuivit disant : « ainsi, enfin tu m’abandonnes. » le bûcheron ne savait que faire, tant avec
l’animal qu’avec lui-même. […] tandis qu’il travaillait, la tête de la hache,
mal fixée, jaillit hors du manche et frappa l’animal à mort ; lequel avec
toute sa capacité de lecture de pensée ne sut pas lire le mouvement issu du
non-mental. »[239]
toutefois, restons prévenus que, comme bon
nombre d’histoires, le contenu de cette « fable » contient un sens
caché, crypté. car le satori qui vient d’être évoqué est plus à comprendre dans
le sens d’une disposition mentale particulière. sous la plume de bateson, voilà
comment le lire : « quand le
mot « stable » s’est détaché, ça a été pour moi l’ouverture d’un
grand champ de réflexion, le début du réexamen d’autres aspects de la vie,
d’autres façons d’en tisser les fils. je crois que ce sont ces moments-là qu’on
appelle satori, le satori sans pensées d’aucune sorte, le moment de
résolution d’un koan ou d’autres
choses du même genre. et je pense qu’il faut situer ces moments-là tout au
sommet de l’échelle des changements, comme une espèce de niveau final de notre
classification du changement, au sommet de toute la structure d’organisation
dans laquelle on range ses idées, ses données sensorielles et tout le reste -
les interactions avec les amis ou même le coucher de soleil dans les
arbres. »[240]
les relations sentimentales et affectivement
humaines[241]
après les phantasms of the living des pionniers de
la recherche psychique, ou les hallucinations
télépathiques de vaschide[242], dans lesquels la mort était présentée
comme sujet privilégié d’apparitions, de pressentiments et/ou d’hallucinations
télépathiques de la part de personnes à l’égard de leurs proches, freud faisait remarquer que : « les pressentiments télépathiques de loin les plus nombreux se
rapportent à la mort et à la possibilité de la mort ; aux patients
analytiques qui nous rendent compte de la fréquence et de l’infaillibilité de
leurs sombres pressentiments, nous pouvons mettre en évidence avec tout autant
de régularité qu’ils nourrissent dans l’inconscient des souhaits de mort
inconscients particulièrement forts contre leurs proches et, partant, les
répriment depuis longtemps. »[243]
ces mots ouvrent
une réflexion sur les liens, de consanguinité ou non, qui peuvent influencer notre
perception et les éventuels échanges télépathiques qui s’établiraient entre nos
proches « correspondants » et nous-mêmes. en nous rappelant
l’acception anthropologique de la magie, qui évoquait allusivement la
télépathie[244].
la symbiose
aux débuts de la vie d’un humain, la
relation mère-enfant semble privilégiée, comme l’indiquent zazie, ou encore
eduard de vegan[245] :
§
ce
que tu disais avec les jumeaux, là. et bien, moi, maintenant que j’ai mes
enfants, je comprends beaucoup de choses que je ne comprenais pas (...) de mes
parents. de ma mère. ma grand-mère, je la détestais, je la considérais comme la
mère de ma mère, point final. (...) et maintenant, je me dis que j’ai un
rapport avec cette femme-là. (...)
-
depuis
que tu as tes enfants ?
§
depuis
que j’ai eu le petit.
·
oui.
c’est vraiment le lien maternel.
§
parce
que, ici, le petit, j’ai l’impression ... combien de fois, quand je
l’allaitais, je me réveillais deux secondes avant qu’il ne commence à pleurer.
·
non.
Ça c’est l’instinct maternel.
§
et
pourtant ... et je crois que une mère sait quand son gosse ne va pas bien.
(...) ma mère sait bien quand je ne vais pas bien. (...)
·
mais
je suis sûr que ça va au-delà du physique. c’est ...
§
je
crois que on dit “cordon ombilical”, et tout ça ...
·
ah
oui !
§
je
crois que c’est ... on est toujours relié inconsciemment.
·
il
reste une trace.
-
ce
n’est pas qu’alimentaire, quoi ! ?
§
quand
j’ai accouché du petit, cinq jours avant, j’avais été pour une fausse alerte à
la maternité. ma mère m’a dit : “est-ce que ça va ? est-ce que tu es sûre que
ça va ?” ma mère, depuis le début, je devais accoucher le 2 mai, depuis le
début, elle s’est dit : “ce sera le 28 avril.” j’ai accouché le 28 avril. elle
me l’avait pas dit. elle me l’a dit après : “je savais bien que c’était aujourd’hui.
depuis le début je savais que c’était aujourd’hui” elle m’a dit. [zazie et
charlie, p. 51]
l’une des hypothèses les plus élaborées et
intéressante à notre connaissance dans ce champ-ci est celle de la symbiose parent-enfant, émise par le docteur jan
ehrenwald, et comprise comme la matrice de la perception extrasensorielle, à laquelle il
consacre un chapitre entier dans sa première section. voici comment il nous la
présente : « (…), les
témoignages convergents des cas recensés ici, conjugués avec un vaste corpus de
preuves expérimentales du même type, contribuent à montrer que la télépathie
constitue, selon toute vraisemblance, un trait important de la première
relation enfant-parent. (…) si cela était vrai, la télépathie, au stade
symbiotique, est réellement un médium d’une importance vitale, qui permet le
fonctionnement sans heurts de l’unité mère-enfant et, par là même, une survie
viable de cette entité. »[246]
le dr bernard auriol s’interroge également
sur l’archaïsme de la communication télépathique en termes de relation
d’enfant(s) à parent(s), et plus précisément avec la mère. communication envers
laquelle l’individuation, l’identification sexuelle et l’accès au langage
verbal constitueraient comme un obstacle croissant[247].
ces préoccupations sont aussi, aux dires de frédéric, celles d’un certain vadonck
(?) :
§
et
(…) vadonck (?) [qui] a été professeur de psychiatrie ici, à l’u.l.b. pendant
longtemps, (…) me disait : “pour moi,
le problème n’est pas que la télépathie existe, parce qu’elle est évidente
entre la mère et l’enfant”. la mère et le bébé. la mère et l’enfant. “mais
pourquoi est-ce qu’elle disparaîtrait ?” semble disparaître à un certain
moment. Ça, c’était son problème. donc, pas d’inconvénient, au contraire, à
dire que entre mère et petit enfant, mère et bébé, il y ait télépathie. même
mère et fœtus, il y a une télépathie. mais c’est évident. l’actonomie et le
contre-bien. (…) c’est une technique de préparation à la grossesse où il y a un
petit massage, massage d’une part, et il y a contact, conversation de la mère
avec le fœtus.
-
où
là encore, le verbe intervient.
§
c’est
plus la pensée. c’est plus la pensée. [frédéric, p. 57]
ces perspectives renforcent en tout cas
notre position initiale, dans la définition, qui consistait à percevoir dans la
communication télépathique une fonction vitale. elles soulignent par ailleurs
la très forte proximité qu’il peut exister entre une mère et son/ses enfant(s)
en (très) bas âge. au point que le droit d’auteur d’un livre, paru en français
au début de cette décennie, fut attribué à un embryon humain[248].
elle est par ailleurs profondément ancrée dans les traditions et mœurs de
naissances chez les aborigènes, et chez nous également[249].
evidemment, ces propositions restent à
l’état d’hypothèses, et l’on pourrait leur opposer les microanalyses
interactionnelles pour expliquer, en termes de langage pré-verbal, la
complicité de l’unité mère-enfant[250].
le lien familial
nous n’entrerons
pas ici dans une analyse détaillée des systèmes de parenté, bien que cela eut été
souhaitable. tout au plus tenterons-nous de dégager les indices d’anthropologie
structurale qui se présentent, dans le cadre de l’étude du phénomène de
télépathie, comme susceptibles d’être des clefs de compréhension de notre
propos. jung nous montrait la direction à suivre lorsque, au sujet des rêves
télépathiques, il nous disait : « dans
tous les cas il faut tenir compte de la possibilité d’associations
concordantes, de déroulements psychiques parallèles qui, comme on l’a montré,
jouent un grand rôle, particulièrement au sein d’une famille, où ils se
manifestent, entre autres, par une similitude ou une ressemblance étroite de
façons d’être. »[251]
il n’est pas
étonnant de constater, aux balbutiements du spiritisme-même, l’apparition d’un
nom de famille[252] inscrit en lettres de feu, annonçant, avec
l’effet d’amplification impulsé par un instituteur, hyppolite rivail, mieux connu sous le pseudonyme
d’allan kardec,
l’apparition d’une « nouvelle religion » : le spiritisme. de
même, aux débuts de la parapsychologie, c’est une famille, les creery, qui fera l’objet des premières
investigations, de la part du père de la famille tout d’abord, un révérend[253], et des émissaires de la s.p.r. ensuite,
dès le mois d’avril 1882[254].
nous attirons ici
l’attention des lecteurs sur un fait assez singulier : les cinq enfants de
la famille creery étaient des filles, et ceux de la famille fox sont restés
connus sous le nom des « sœurs fox ». ce qui renvoie à ce supposé
préjugé de différence de sexe que nous évoquions au titre sur les aspects
psycho-anthropologiques des croyances. qui plus est, ces « enfants »
étaient, au moment des faits, dans une période réputée pour son agitation et
ses « conflits », puisqu’il s’agit au moins de l’enfance, au plus de
l’adolescence. la littérature par ailleurs, clinique ou non, mentionne à de
multiples reprises des situations familiales « limites », ou de
crises, apparemment inextricables (mazza,
1995 ; si ahmed,
1990 ; ehrenwald,
1981). soulignons sur ce point la transmission transgénérationnelle de secrets
de famille, qui faisaient d’ailleurs l’objet partiel de l’exposé d’eduard de
vegan lors de sa venue au cours d’anthropologie
médicale[255].
la position dans la
famille a vraisemblablement un impact sur la prégnance des perceptions
extrasensorielles. « d’après
certains chercheurs, (…), dont green et eatman (dans un mémoire non publié), on
pourrait trouver une corrélation entre les scores esp et la place dans la
famille, les aînés donnant de meilleurs résultats. »[256]
de son côté, et
avec ses moyens d’expression, faulkner
nous dépeint dans sa nouvelle as i lay
dying une famille rurale, les bundren,
dans laquelle la communication semble s’être cristallisée sur un mode
télépathique palliant l’absence de communication et d’échanges verbaux[257].
et comme la perspective
magique telle que définie en anthropologie aurait pu le laisser envisager, par
le rapprochement entre caractéristiques psychiques ou physiques innées
auxquelles elle s’intéresse[258], la gémellité est présentée comme un couple
télépathique fréquent, notamment dans les cas d’associations verbales[259]. ceci renvoie à l’expérience avec notre
jumeau en sixième primaire, lorsqu’il s’agissait de proposer une image mentale
pour une dimension déterminée. associations verbales identiques que l’on
retrouve au sein d’une même famille, et que stefano beverin interprète en termes de
« dynamique télépathique »[260]. alors que guy playfair en appelle à une investigation
plus entreprenante de la télépathie entre jumeaux[261].
pour résumer la
situation dans le cercle familial, quelques chiffres tombent bien à propos,
fruit d’un recensement fait par ian stevenson
(1970) sur les cas d’impressions télépathiques spontanées.
« son étude montre qu’à l’intérieur
d’une famille, 33,8 % des cas concernaient des relations parents-enfants, 15 %
celles entre frères et sœurs et 13,7 % des relations entre mari et femme. les
membres plus éloignés de la famille étaient concernés avec une fréquence
décroissante. des découvertes de cet ordre, une fois encore, nous convainquent
de la pertinence de notre modèle symbiotique, bien que stevenson souligne à
juste titre que les liens émotionnels semblent plus importants, dans l’origine
des phénomènes, que les relations biologiques. voici comment nous en
arrivons au concept de gradient symbiotique s’étendant depuis la phase symbiotique précoce jusqu’à l’action des
fonctions psi dans la relation médecin-patient ou élève-professeur, et dans la
société en général. (…) pourtant nous devons nous rendre compte que le gradient
symbiotique tel qu’il est ici conçu est un terme purement descriptif. »[262]
l’affiliation à un groupe
dans une
perspective plus large que la famille (bien que certaines familles puissent
atteindre, dans certaines circonstances, une envergure qui dépasse
l’entendement), la tolérance du milieu d’une personne quelconque à l’égard de
telle ou telle croyance, qu’elle partagerait d’ailleurs avec ce milieu, suffit
à comprendre que les variations existantes - parfois entre familles, lorsque ce
n’est pas au sein d’une même famille, par le jeu des « alliances » -
quant à l’interprétation à faire de certains événements similaires a priori. c’est une des raisons que nous
donnait layla en ce qui concerne l’admission de son « don de
voyance » au sein de sa famille, issue d’une culture turque et immigrée en
belgique. et de fait, « tout groupe
social tend normalement, souvent sans le savoir, à uniformiser les croyances de
ses membres. ceux qui professent des opinions divergentes sont soumis à des
pressions considérables : on veut les aider à « voir clair » et à
revenir sur les sentiers battus. »[263]
les égrégores
viennent appuyer l’idée d’une communication/communion au sein d’un groupe,
sorte de somme de ses parties unissant leurs forces psychiques en un même centre
énergétique. une brève définition, qui ne se réclame pas exhaustive, ni
officielle, nous aidera peut-être à mieux comprendre de quoi il ressort. c’est
la seule que nous ayons pu trouver, notre dictionnaire ne relevant pas ce
terme. « un égrégore peut être perçu
comme la résonance vibratoire émise par la psyché d’un groupe de personnes
vibrant sur une note déterminée. les actes, les émotions, les pensées et les
idéaux de chaque entité constituant ce groupe, fusionnent pour édifier un tout
cohérent, une forme dont les composantes sont de nature énergétique. la
tradition ésotérique lui donne le nom de « forme pensée. » bien que
d’essence subtile et impalpable, une forme pensée est aussi pénétrante,
enveloppante et perceptible qu’une essence matérielle. […]. en se focalisant
sur un objectif et en agissant pour lui donner vie, une personne est en mesure
de créer un égrégore susceptible de se développer pendant un temps indéterminé.
suivant l’intensité de l’idée émise et du nombre de personnes qui y adhéreront,
ce temps peut durer de quelques jours à plusieurs millénaires. »[264]
ces considérations
soulèvent des questions qui tiennent à la légitimité d’un individu au sein d’un
groupe, ainsi qu’à la délégation de pouvoir dont cet individu peut être le
« réceptacle », auquel le rôle de délégué de classe nous a
sensibilisé par le passé[265].
la relation amoureuse
la lectrice ou le lecteur s’étonneront
peut-être de ne pas voir apparaître une rubrique traitant de la relation
d’amitié. notre expérience nous a appris qu’il n’est de relation amicale
qu’amoureuse. aussi considérons-nous celle-là comme une variante, à un moindre
degré certes, de celle-ci. et le nom du projet de bernard auriol, agape, devait nous mettre la puce à
l’oreille[266].
amour que rien d’ailleurs n’empêche de s’établir entre deux individus du même
sexe, puisqu’il ne peut être réduit à cette seule variable sociale, bien qu’il
transite facilement par elle. ecoutons plutôt cet extrait :
-
la
sexualité est-elle source de blocage ou de catalyse selon vous ? dans les
phénomènes de télépathie toujours. (…)
§
je
pense que c’est les deux. (…) la sexualité pour moi, la métaphore c’est le feu.
et donc, le feu, ça peut coaguler quelque chose, ça peut le transformer. (…)
-
réchauffer
ou brûler ! ?
§
Ça
peut mettre en mouvement, comme ça peut complètement détruire. (…) donc, ça
peut complètement calciner un être, comme ça peut très bien lui donner un
mouvement, une expansion, et donc une communication qui dépasse son corps
physique pur.
-
je
pensais notamment au tantra-yoga.
§
oui.
je crois que le tantra-yoga peut faciliter les processus de télépathie, mais en
même temps la sexualité fornicatrice (…), je suis pas sûr que ça favorise la
télépathie. [eduard de vegan, p. 63]
parmi les conséquences de l’affectivité (ou
de l’affection) sur la manière dont peut être éprouvée la télépathie, l’étude
effectuée par haraldsson et houtkooper est très instructive. visant à cerner
dans quelles proportions et selon quelles valeurs les populations de différents
pays d’europe occidentale et des etats-unis avaient le sentiment d’avoir déjà
vécu personnellement des expériences, respectivement, de télépathie, de
clairvoyance et de contact avec les morts (baptisées « expériences
psychiques »), ils en arrivèrent à des conclusions qui débouchèrent sur
une série de questions.
ainsi, concernant ce que nous nommerions
« statut civil », à savoir la vie en couple marié, en célibataire, en
concubinage ou en tant que veuf/-ve, « single
and married are less likely to report psychic experiences than those living in
what we termed “broken relationships” (those living as married, separated,
divorced, or widowed). are psychics more
likely than nonpsychics to have marital difficulties ? is an unstable or
broken relationship psi-conductive ? are people who are under emotional
strain that may accompany broken relationship more likely to have psychic
experiences ? or do people in such relationships have a greater need for
psychic experiences ? or – taking a more skeptical approach - do those
living as married, separatd, divorced, or widowed more often “feel as though”
or imagine that they have psychic experiences ? the data give no answers
to those questions. »[267]
ces données remettent en tout cas en cause
une idée communément admise voulant que ce soient les personnes supposées vivre
le plus souvent ensemble et se connaître le mieux, au sein d’une relation
matrimoniale harmonieuse et idéale renvoyant à une quelconque hiérogamie
mythique, qui peuvent expérimenter et user au mieux de la relation
télépathique. elles tendraient bien plutôt à faire de ce genre d’expérience
l’une des conséquences d’une relation intra- et/ou interpsychique, avec des
êtres en attente mutuelle
les uns des autres, ou dans le souvenir les uns des autres. nous renvoyons les lecteurs à
la définition de la croyance proposée par alcock. un élément performatif
s’insinuerait donc peut-être ici, qui expliquerait l’émergence de ce sentiment
de communication télépathique, ou (de) son effectivité. chose que nous
supposions, dans nos expériences personnelles, concernant notre échange avec
notre correspondante étrangère via une chatte.
la relation d’enseignement
« chaque maître étant l'élève d'un
autre. »
(chose pensée)
puisqu’il a été question
de relation élève-professeur, nous ne manquons pas de prévoir un titre s’y
rapportant. des expériences ont en effet pris cours depuis plusieurs décennies
déjà, entre autres avec des élèves de l’école primaire : « les chercheurs ont vu ainsi que si on
augmentait le temps de réflexion, encourageant les enfants à réfléchir, la
qualité des résultats diminuait. les meilleurs résultats dans les
communications télépathiques étaient obtenus au moment où le temps de réponse
était réduit, limité, les enfants étant forcés de donner la première réponse
qui se présentait à leur esprit, une fois passé l’effet du stress lié à
l’accélération du rythme de travail. si on réduisait plus encore le temps, un
tri apparaissait entre les excellents sujets qui répondent toujours bien ou
presque, et les sujets médiocrement bons dont les résultats baissaient. (…) d’une
manière générale, les enfants d’école primaire réussissent mieux que ceux des
écoles secondaires, et les tout-petits de l’école maternelle semblent les
meilleurs, comme si la forme d’acquisition d’informations apprises à l’école
(lecture, raisonnement, écriture, calcul, etc.) mettait en veilleuse ou
« atrophiait » les possibilités extra-sensorielles fondamentales. »[268]
voilà qui contrarie
le « droit d’aînesse » déjà signalé plus tôt au sein d’une famille.
giovanna mazza
permet de comprendre cela en rapport avec l’absence relative de contraintes
accordée aux âges extrêmes dans une société (enfants versus aïeux), auxquels le
professeur m. bosinelli
attribue, en plus des fous (pazzi),
des peuples primitifs et des sensitifs, les facultés de perception
extrasensorielles[269]. malheureusement, on n’échappe pas à une
classification arbitraire entre excellence et médiocrité, entre primitivité et
civilité, entre normalité et anormalité. d’autres observations tenant à
l’ambiance s’ajoutent à ces classements. « l’atmosphère
de la classe a de l’importance, le professeur doit être positif envers l’esp,
mais il ne paraît pas devoir exister de relations affectives positives entre
le professeur et les élèves pour que les scores soient bons. on constate
aussi une contamination des résultats des élèves par ceux obtenus par les
leaders sympathiques de la classe. »[270]
l’occasion s’est
offerte à nous de rencontrer un calligraphe irakien résidant à paris et de
passage à toulouse, ghani alani.
sa venue se justifiait par une conférence-débat sur la transmission de maître à
élève dans l’art de la belle ecriture. bien que la notion de télépathie lui
paraissait étrangère lorsque nous lui demandions s’il lui était déjà arrivé
d’en faire l’expérience au cours de son apprentissage avec son maître, il nous
a laissé ces paroles : « l’enseignement
en présence du maître se distingue d’une étude des sciences d’archives et de
livres. ceux-ci bien que nécessaires, dispensent des connaissances limitées et
placées toutes sur le même plan, tandis que la relation qui unit le maître et
le disciple façonne cet enseignement par la présence qui est déjà
acte de changement. le disciple voit le maître à l’œuvre ; il est
porteur des signes, dans le charisme de la proximité. en observant le
maître, l’enseignement est complet, inépuisable et met en évidence
l’insuffisance de la compréhension par la raison. c’est une création
personnelle ; ce n’est pas seulement la parole mais la parole retenue,
la parole qui engage le corps, la sensualité avec la rationalité, le silence,
la parole environnée d’ombre, le signe contenu dans le regard, les gestes, les
postures, les actions. l’émotion permet l’interprétation. dans la passation
du savoir, l’élève reçoit du maître la compréhension. »[271]
le couple transférentiel en psychothérapie
« mais si le phénomène télépathique
n’est qu’une opération de l’inconscient,
alors il n’y a pas de problème nouveau.
l’application des lois de la vie d’âme inconsciente
se comprendrait alors de soi pour la télépathie. »[272]
loin de vouloir
faire le point sur la question en matière de psychothérapie,
« épreuve » que nous n’avons d’ailleurs pas passée personnellement,
nous tentons dans ce sous-chapitre de mettre en exergue les indices de
compréhension, voire d’explication du rapport humain qui s’établit dans ce
contexte-ci, et qui pourraient avoir une quelconque affinité avec notre étude.
on s’en souviendra : freud, lorsqu’il se pencha sur le problème de la télépathie,
préféra pousser son investigation dans la voie du transfert de pensée[273].
or, il se trouve
que la relation de transfert en psychothérapie (et peut-être même dans toute
forme de thérapie), qui suppose de la part de l’analysé(e) à l’endroit de
l’analyste la projection d’affects remontant à la prime enfance et ayant trait
aux figures parentales, est présentée comme une étape cruciale, sous forme
d’obstacle à la guérison d’abord, puis nécessaire à son avènement chez le/la
patient(e). on dit le transfert « positif » ou « négatif »,
selon qu’il autorise ou non un apprentissage secondaire, à comprendre comme
accès à cette guérison, un dépassement de la maladie. c’est là, semble-t-il,
une caractéristique que le/la psychanalyste partage avec l’enseignant(e) entre
autres : être l’écran de projections en provenance de son vis-à-vis
(patient ; élève).
cependant, les
analystes, à commencer par freud, ont relevé une autre « étape » dans
la cure, simultanée au transfert pourrait-on dire, qui tient en la personne de l’analyste
envers l’analysé(e). c’est ce que l’on appelle le contre-transfert, qui
correspond grosso modo aux réactions
inconscientes de l’analyste au transfert de l’analysé(e), et qui implique de la
part du/de la psychothérapeute une auto-analyse, afin qu’il/elle ait une pleine
maîtrise de ses propres projections. daniel lagache, dans une appréhension moins
parcellaire du contexte analytique, voit plus large, en considérant que « transfert et contre-transfert ne coïncideraient
(…) pas avec des processus propres à l’analysé d’une part, à l’analyste d’autre
part. si l’on considérait l’ensemble du champ analytique, il conviendrait de
distinguer, en chacune des deux personnes en présence, ce qui est transfert de
ce qui est contre-transfert. »[274] ainsi, il est recommandé au thérapeute,
parmi d’autres conseils, d’être en état d’attention flottante, afin de
faciliter l’interprétation de ce contre-transfert, et l’échange d’inconscient à
inconscient, conçu comme « la seule
communication authentiquement psychanalytique. »[275]
mais ce
contre-transfert pourrait très bien, selon jules eisenbud, dépasser la seule relation dyadique
du patient avec son thérapeute, pour s’étendre aux autres patients de ce
dernier[276].
bateson nous guide
quant à lui vers une autre voie de compréhension de la télépathie en évoquant l’apprentissage de type iii
et ses « prémisses » d’apparition, autant que ses conséquences
« heureuses »[277].
nous verrons plus
loin, dans le sous-chapitre sur les pratiques autour de la télépathie, le cas
de guérisons par télépathie en laponie. l’auteur rapporte notamment, ce qui
pourrait confirmer les allégations d’eisenbud, que « la société tout entière est sensibilisée à ce genre de
phénomènes [les fegd] et, dans ces
conditions, il est facile de comprendre l’importance symbolique des
« bruits », des « visions », des « rêves » et le
crédit important dont bénéficient les guérisseurs. (…) la dichotomie spatiale
est corroborée par les croyances partagées par la collectivité tout entière ;
la puissance de ces croyances se manifeste le plus clairement dans des rêves où
les participants de « l’autre monde » expriment leur désir et donnent
le moyen de leur retour dans le monde des vivants. les guérisseurs, par
la relation très forte qui les unit aux membres de la communauté, jouent un
rôle de catalyseurs. ils permettent à l’imaginaire de s’exprimer en
chacun des membres de la société de façon à répondre à des besoins et des
tendances que le groupe social ne laisse pas parvenir à la vie consciente ;
en effet, certaines angoisses pourraient être facteurs de destruction de la
société. »[278]
au-delà de cette
relation de confiance quasi sans bornes s’instaurant entre un médecin et ses
malades, que d’aucuns disent vitale, ehrenwald préfère parler de complaisance doctrinale,
qu’il fait figurer parmi les quatre facettes du « psi » en
psychothérapie, complémentairement :
1)
aux apparitions d’éléments traceurs ;
2)
au schéma circulaire de renforcement mutuel ; et
3)
a l’« effet psi négatif ».
les « éléments
traceurs » sont ces résidus inconscients que l’analyste devrait idéalement
interpréter d’après le récit de son patient, qu’ils viennent de l’analyste
lui-même ou de quiconque d’autre. le « schéma circulaire de renforcement
mutuel » peut aisément être interprété en regard de l’épistémologie
batesonnienne, où chaque élément interagit avec les autres éléments d’un
système, aussi complexe soit-il. c’est là, cela dit en passant, une clé de
compréhension aux observations d’eisenbud et au rôle « central » du
médecin, véritable pilier dans une société. enfin, l’« effet psi
négatif » sera approfondi dans notre partie sur les expérimentations en
laboratoire. mais voici ce qu’ehrenwald dit de la complaisance doctrinale, dont
nous ferons remarquer qu’elle ressemble fortement au deuxième point mentionné
par roe sur les causes de la croyance au paranormal : « plus généralement, nous constaterons que les productions du
patient tendent à satisfaire les désirs et les attentes du thérapeute envers la
validité de sa doctrine ou de l’école de pensée à laquelle il fait allégeance.
c’est ce que j’ai dénommé dans psychothérapie : mythe et méthode (ehrenwald, 1966) la complaisance doctrinale
exercée par le patient envers les théories qui présentent pour son thérapeute
une forte charge émotionnelle. la complaisance doctrinale peut en effet
être à l’origine de quelques-uns des éléments traceurs télépathiques et du
groupe de rêves télépathiques ici discutés. en outre, la complaisance
doctrinale peut avoir joué un rôle dans quelques-unes des manifestations
érotiques incontrôlées du transfert positif, durant les débuts de la
psychanalyse. […] la complaisance doctrinale, qui met en œuvre à la fois
des indices sensoriels et extra-sensoriels, pourrait donc être légitimement
considérée comme le principe d’incertitude en psychiatrie et dans les sciences du comportement en général. »[279]
la relation expérimentale
le principe d’incertitude
cette dernière
remarque d’ehrenwald sur le principe d’incertitude nous incite à traiter des relations
qui peuvent se nouer dans les laboratoires et des expérimentations que l’on y
mène, lesquelles n’ont rien d’aussi évident que ce que l’on en croit parfois.
s’il est quelque chose qui s’y révèle en premier lieu, c’est la silhouette des
paradigmes et présupposés à une époque et en un lieu donné. dans nos contrées
occidentales, le laboratoire est presque devenu un passage obligé pour tout
chercheur qui se veut scientifique et respecté comme tel.
cependant, depuis eisenberg, un biais à été relevé en physique,
dénommé principe d’incertitude. il tient en la présence de
l’expérimentateur-même et à son influence sur les résultats de l’observation
d’un objet au cours d’une expérience. le principe d’incertitude est apparu dans
un contexte de recherche qui étudie des éléments supposés inertes, des
« particules élémentaires », pour s’appliquer aux autres échelles
d’observation de la nature [280]. sa prise en compte est, a fortiori, d’autant plus décisive avec
des êtres vivants, lesquels réagissent fortement, même si inconsciemment, à
leur environnement. elle l’est encore plus en parapsychologie, au point que
certains auteurs se soient interrogés sur son influence et la manière de
l’évaluer ou d’y parer dans une expérimentation donnée[281]. interrogations qui ne sont d’ailleurs pas
sans rapport avec l’effet chèvre-mouton, évalué à partir d’un questionnaire
schmeidlérien, sur lequel nous reviendrons avec les pratiques
d’expérimentations en laboratoires, et dans notre bestiaire parapsychologique.
le rôle de l’expérimentateur en
parapsychologie
dans notre pratique
de terrain à edimbourg, une chose nous a intrigué a posteriori au sujet de l’expérimentateur d’origine brésilienne.
il s’agissait de la sorte de fascination qu’il parvenait à imprimer sur notre
personne. nous présumons que cette fascination pourrait avoir été le fait de sa
voix douce et quelque peu enveloppante. maternante serions-nous tenté de dire.
« seconde nature » ou acte conscient, la manière qu’il avait de mettre en confiance
était-elle partiellement ou totalement responsable de la réussite qui
s’ensuivit[282] ? au point que, bien après notre
départ, nous sommes demeuré « subjugué » et dans un état
d’enchantement.
les recommandations
aux expérimentateurs du laboratoire d’edimbourg pour les sessions de ganzfeld nous
éclairent[283]. ce qui nous force par conséquent à y voir
une manœuvre consciente. de même, le docteur auriol déduit, selon la typologie
jungienne des personnalités, un tableau où la méfiance constituerait un
obstacle au succès de son projet agape[284].
gertrude schmeidler, après un bref rappel de
l’effet d’expérimentateur formulé par rosenthal en 1966, développe une
classification des types d’expérimentateurs susceptibles d’être rencontrés en
parapsychologie[285]. ces types sont :
1)
l’expérimentateur conducteur (psi-conductive experimenter), lequel agirait par sa faculté psi
personnelle sur les sujets soumis à l’expérience ou sur les résultats attendus,
et obtiendrait de ce fait des résultats très probants ;
2)
l’expérimentateur permissif ou non-inhibiteur (psi-permissive experimenter), qui par
l’établissement d’un climat chaleureux parviendrait à faciliter l’émergence des
facultés psi des sujets d’expérimentation ; et
3)
l’expérimentateur inhibiteur (psi-inhibitory experimenter), dont la froideur dans le rapport avec
ses sujets d’expérimentation serait telle qu’elle interférerait négativement
sur les résultats de ceux-ci aux tests.
ainsi, en
établissant un climat chaleureux et de confiance, l’expérimentateur se pourrait
être à l’origine de phénomènes inter- et/ou intrapsychiques indispensables à
l’émergence de certains phénomènes psi, parmi lesquels la télépathie. cela nous
rappelle la manière qu’avait don juan, selon le témoignage loin des
laboratoires que nous en a laissé castaneda,
pour le mettre en état de déplacer son point d’assemblage. il recourait pour
cela à des petites tapes ou caresses sur l’épaule ou dans le dos de l’auteur.
elles n’avaient visiblement aucun autre but que de le mettre en confiance. des
affinités interindividuelles ne sont pas exclues, et l’on a pu constater qu’un
expérimentateur perçu comme froid par les uns pouvait être perçu comme chaud
par d’autres. le contexte matériel aussi aurait une influence.
evidemment, de
telles considérations laissent ouvert tout un champ de questionnements,
notamment sur le type de personnalité ou les traits communs des
expérimentateurs conducteurs de psi, et sur les modalités d’action de cette
faculté dénommée psi. questions auxquelles schmeidler répond par des
hypothèses, en attendant que d’autres prennent le flambeau.
conclusion provisoire :
en résumé, nous
constatons au cœur des rapports humains de multiples occasions de surgissement
des phénomènes psi, et singulièrement de la télépathie. ces phénomènes semblent
avoir une base affective et émotive, voire organique, et s’échelonnent selon
ehrenwald sur un gradient symbiotique. ils auraient par ailleurs la
particularité, chez nous, d’être manifestes en début de vie, s’estompant
progressivement en cours de maturité, à l’exception des sujets
« sensitifs » ou considérés comme fous, pour réapparaître en fin de
vie. penchons-nous à présent sur d’autres thèmes qui traitent de la télépathie.
ils extrapolent nos connaissances scientifiques et reflètent en partie
l’imaginaire occidental sur ce sujet.
(science-)fiction et
télépathie
très
tôt, la science-fiction (s-f) et les considérations futuristes ont présenté des
liens étroits avec les spéculations qui touchaient aux facultés extraordinaires
de l’homme. mais peut-être serait-il bon, avant tout, de déterminer ce que l’on
entend généralement par « science-fiction ». nous référant à david ketterer, nous reprenons cette
définition qui tente de faire la lumière sur un genre hétérogène, lequel,
associé au fantastique, entraîne le lecteur dans des considérations
épistémologiques : « it seems
necessary at the outset to confront (yet again, it may be objected) the
question of definition : what is science fiction ? the term “scientification” was
coined by hugo gernsback in 1926 and, by way of explanation, applied
retrospectively to the work of verne, wells and, less convincingly, poe. […] by
and large (although this may be changing), science fiction restricts itself to
the physically unknown. another form of writing, often described as visionary,
concerns itself with unknown spiritual or metaphysical realities. […] the
intrusion of the fantastic into what appears to be science fiction text or
naturalistic text often simply alters the function of the fantastic material.
instead of being encouraged to think about questions of psychology and
morality, the reader is being encouraged to consider matters of
epistemology : how do we know what we think we know about the nature of
reality, and how do we know that what we think we know is accurate ? it is
the function of epistemology to relate any debate about the “real” and the
“unreal” to the relationship between the known and the unknown. »[286]
la littérature
si
ce n’est la seule s-f, du moins la littérature s’est-elle accommodée du terme
« télépathie », pour en étendre le vocable.
ainsi,
le trésor de la langue française nous
renseigne sur les premières apparitions, timides, du mot
« télépathie » dans la littérature française, remontant au journal (1891) d’edmond huot de goncourt. plus tard, ce sera jean giraudoux qui en fera usage dans suzanne (1921)[287].
a
la même époque que goncourt, l’auteur des aventures de tom sawyer et huckleberry
finn, mark twain,
rédigeait, dans la foulée de textes se rapportant à l’invention toute récente
du téléphone, d’autres essais sur la « télégraphie mentale »
(en 1891 et 1895). un peu plus tard, il imaginait pour ses nouvelles des
appareils appelés « phrénophone » ou « télélectroscope »[288].
en
belgique, un drame en un acte d’edgard tant publié en 1937 raconte l’histoire d’une
jeune fille percevant la mort de sa mère à très grande distance[289].
et
dans un registre moins fictionnel, nous lirions as i lay dying, du prix nobel de littérature william harrison
faulkner, où nous cotoyons les bundren et leur mode de communication télépathique.
télépathie mise en relation avec des symptômes compulsifs et obsessionnels, où
le geste se lie à la parole[290]. ce qui rappellera la fonction du
performatif et de son accompagnement par les gestes et l’intention consciente.
et l’on devine, au sein de cette famille, la confusion des rôles qui y règne,
source et produit de relations émotionnellement puissantes[291]. on y note également une prévalence
accordée au regard[292]. ceci ne va pas sans rappeler jeanne favret-saada dans le bocage : « pourtant, bien qu’ils le sachent
innocent et que l’étendue de son malheur atteste sa rébellion, les babin le
craignent autant que son père : parce qu’il appartient à une lignée de
« mauvais », il reste un conducteur involontaire de la sorcellerie de
ses ascendants qui se servent de son regard, de son toucher et de sa parole
pour atteindre leurs victimes. »[293]. ou encore carlos castaneda, lorsqu’il
décrit le regard perçant de don juan, dans voir.
finalement, un brin de folie (madness)
se déclare au cœur du « cercle infernal » des bundren, dont le rire
et l’incarcération du fils darl sont les révélateurs[294].
l’espionnage
les espions ont depuis longtemps été au
service des puissances politiques et militaires, auxquelles ils étaient chargés
de fournir les informations nécessaires à leurs assises géostratégiques et
diplomatiques. champ dans lequel un certain ian flemming, auteur de james bond, a eu partie prenante au
cours de la deuxième guerre mondiale[295].
cela fût d’autant plus vrai dans le théâtre
qu’était la guerre froide, où rivalisaient les etats-unis et l’u.r.s.s., les
deux superpuissances à l’issue de la seconde guerre mondiale, avec en
arrière-fond les sigles c.i.a. (central intelligence agency, agence centrale de
renseignements) et k.g.b. (komitet gossoudarstvennoï bezopasnosti, comité de
sécurité de l’etat). nous avons déjà mentionné l’épisode du nautilus dans notre historique. il se révéla être une
plaisanterie montée par le commandant jacques-yves cousteau
et ses amis. est-ce le hasard ? une telle rumeur émanait à l’intersection
des deux superpuissances précitées, et de la part d’une troisième puissance
détenant l’arme atomique : la france, farceuse. mais d’autres noms ont
retenti depuis, désignant des projets parfois tenus ultra-secrets tels que « scanate »,
« grillflame », « centerlane », « sunstreak »,
« landbroker » ou encore « stargate », avec pour mission
des visualisations à distance (« remote viewings »). dans ce contexte
de guerre froide, outre le synonyme « agent double », un qualificatif
d’espion pouvait être « psychique », et son corollaire « espion psi ».
« il
est utile de rappeler en passant que plusieurs millions de dollars ont déjà été
débloqués par le pentagone et la cia afin d’appliquer la vision à distance dans
ce qu’il est convenu d’appeler l’espionnage psychique. le taux de succès
rencontré dans de tels projets (scanate et grill flame) aurait été estimé à 70
% (anderson, 1984 ; hibbard & worring, 1982). au-delà des ouvrage de
vulgarisation sur le sujet, basés sur des informations de “seconde main” (meckelburg,
1986), il existe une littérature spécifiquement militaire s’interrogeant sur
l’éventuel potentiel militaire de l’esp (beaumont, 1982), la pk (gresse, 1981),
la psychotronique (alexander, 1980) et la parapsychologie (palmer,
1986). »[296]
dans un même registre, l’inquisition et la
gestapo pouvaient elles aussi contrôler les pensées[297].
tandis qu’enak, membre des services
de renseignements téléphoniques, sait faire taire les revendications
contestataires dans le pays du bloc de l’est duquel il ressort, par la terreur
qu’inspire son cri/souffle propagé grâce à la maîtrise de ses facultés psi.
mais des dépenses si considérables
réclamaient une note justificative, aux etats-unis tout au moins, où une loi
sur la liberté d’information a été votée, et des enquêtes ont conduit à la
fermeture officielle des centres d’investigation en cette matière[298].
et puisque à tout officiel répond un officieux « (…), les militaires s’intéressent toujours au
parapsychisme : après la fermeture « officielle » de fort meade,
un de ses élèves-vedettes, le commandant ed dames, a créé une entreprise privée
du nom de psi-tech, spécialisée dans la collecte de données par des moyens
psychiques. (…) psi-tech a fermé ses portes et ed dames enseigne désormais la
visualisation à distance en californie. (…) le financement public de tels
programmes parapsychiques est-il toujours en cours ? les points de vue se
contredisent.»[299]
une
autre réflexion tendrait à établir le caractère défensif qui existe de façon
prégnante dans l’univers de l’espionnage, et que l’on pourrait rapprocher de la
pathologie paranoïaque, que nous évoquerons dans notre sous-chapitre intitulé
« trois axes d’ordre psychosomaticopathologiques qui pourraient éclairer
la télépathie »
les mutants
aucun
doute ne peut plus être émis sur le rapport entre s-f et télépathie à la
lecture de ces deux extraits : « la
science-fiction ouvre un troisième œil au front de nos descendants. elle les
fait télépather ».
ou encore : « excellente
histoire sur le thème de l’apparition des mutants. après une guerre nucléaire
(…) une nouvelle espèce apparaît : des enfants mutants et télépathes. »[300]
de
même, dans le film scanners, c’est à
des mutants télépathes, parmi lesquels deux frères ennemis symboles d’un
manichéisme mythologique (pensez à abel et caïn, ou osiris et seth), que nous
avons affaire. ces deux frères, fils du professeur concepteur de la substance
responsable de leur mutation, puisqu’il l’avait expérimentée sur sa femme alors
qu’elle était enceinte, se livrent à la fin de film à un fratricide
impitoyable, où il s’agit de détruire l’âme et la personnalité de l’autre par
les pouvoirs que leurs confère leur mutation.
les
aborigènes ne seraient-ils pas si loin que cela de la vérité, lorsqu’ils nous
adressent un message des hommes vrais au
monde mutant ? bien qu’aux dires de l’auteur, ce soit eux qui font
usage de la télépathie[301].
les extraterrestres
au-delà
de notre planète et des mutations que l’on peut y observer dans les processus
d’évolution des espèces, l’inconnue que représente l’univers environnant, et
l’éventualité d’autres vies ou d’autres intelligences ouvrent la voie à
d’autres spéculations. comme si la télépathie était l’attribut d’intelligences
au moins égales à la nôtre, sinon supérieures, dont l’important volume cérébral
serait une clé d’explication. mais thomas, à propos d’adamsky, nous met en
garde :
-
et
alors, pour tout ce qui concernait les o.v.n.i., (…) adamsky parlait d’o.v.n.i.
quel lien est-ce qu’il pouvait faire entre télépathie et extraterrestre, ou
o.v.n.i. ?
§
oh !
Ça ! [il fait le geste de l’argent en riant, pouce et index se frottant.]
-
uniquement
monétaire ?
§
uniquement
l’argent. en réalité, adamsky, bon, il n’avait aucun diplôme, rien du tout. et,
il voulait gruger les gens par une pseudo-philosophie. il avait fondé une
secte, en californie. et ça, ça a marché dans les années 30.
-
qui
s’appelait comment ?
§
oh !
c’était (…) l’ordre royal du tibet. bon, c’était un truc pompeux. et en fait,
il s’était arrangé avec un autre magouilleur, qui faisait de l’alcool, c’était
pendant la prohibition. et en fait, la secte était un paravent pour l’autre qui
fabriquait de l’alcool. et du coup, dans sa secte, il vivait somptueusement
puisqu’il habitait une villa où on fabriquait l’alcool en question, et où, bon,
on avait grand train de vie. Ça arrangeait donc tout le monde. et lui, il avait
des élèves, il était adulé, il était très content. et puis il s’est disputé
avec le gars. la prohibition a cessé, et donc il s’est retrouvé sans rien. et
il est parti avec quelques élèves vers le mont palomar, parce que il était
passionné d’astronomie. il avait fait un petit récit de science-fiction, où il
disait qu’il avait voyagé d’une planète à une autre, par la pensée évidemment.
c’était du voyage astral, là. et puis alors, en 47, on entend parler pour la
première fois des soucoupes. et directement, il a sauté dans le train en
marche. et il a fait les premiers trucages de sa vie, pour montrer des
soucoupes dans le ciel. il a publié un premier article, et il a vu que ça marchait
très bien. et il s’est dit : “voilà une source de revenus.” et alors, il a
amélioré vraiment son discours, si je puis, jusqu’à ce premier contact. il a
vraiment roulé les gens. après c’était très habile. c’est un vrai comédien. il
a fait croire à un groupe de quatre, cinq personnes qui l’accompagnaient qu’une
soucoupe volante s’était posée un peu plus loin, dans le désert. qu’il avait
discuté pendant une heure avec le type qui en était sorti. et ces témoins
restant à distance. les témoins en ont tellement été convaincus qu’ils lui ont
signé un papier en disant : “nous avons été témoins.” et le bouquin a
connu un succès phénoménal. du coup il a voulu remettre le truc. et là il s’est
dit : “il faut quand même faire plus fort.” [thomas, p. 96]
a
la lecture du mot composé extra-terrestre, les initiales e.t., qui ont marqué l’enfance de nombre d’entre nous, resurgissent
comme du fond d’un lac. qui ne se souvient de cet être attendrissant, court sur
ses jambes, à la tête plate et au long cou, capable de communiquer avec ses
amis terriens, notamment par l’intermédiaire d’une fleur qui les renseignait de
son état de santé et de vitalité ? une autre superproduction
cinématographique, moins pacifique celle-là, independance day (plagiée et tournée en dérision dans mars attacks !), attribuait à ses
protagonistes extraterrestres la faculté de communiquer avec les êtres humains
sans utiliser la parole ni les gestes, et d’anticiper leurs intentions, sauf
lorsqu’elles étaient irréfléchies.
dans
ces films, c’était l’extraterrestre qui venait à nous. a peu près à la même
époque qu’e.t., un romancier,
navigateur de surcroît, nous conviait à une visite de la planète des immortels,
où vivent des individus possédant un moyen de communication s’apparentant fort
à de la télépathie. une page d’anthologie vient à point en attester. parmi les
traits cinglants de leur anatomie, remarquons que ces êtres immortels sont
asexués, comme s’il s’agissait-là d’une étape nécessaire à l’atteinte de ce
niveau d’évolution qui est le leur. « lorsque
l’aube vint, les deux cosmonautes eurent la surprise de voir sagement accroupis
autour de leur vaisseau, un aréopage d’êtres étranges d’une taille comparable à
la leur. ils étaient nus et entièrement chauves, non seulement dépourvus de
cheveux, mais aussi de barbe, de sourcils et bien sûr sans le moindre poil.
mise à par cette caractéristique et une légère hypertrophie de la boîte
crânienne, ils ressemblaient à s’y méprendre à des terriens, du moins de loin,
car si le manque total de pilosité sautait aux yeux, d’autres particularités
importantes les définissaient. ces hominiens asexués, n’avaient pas de
poitrine, et à la place de l’organe génital, seulement une sorte de long
clitoris qui devait servir de voie urinaire, ce n’était sûrement pas un membre
viril. mais le plus curieux était l’absence de nombril. […] devait-il [le
héros terrien masculin : peter brock]
sortir les mains ouvertes ou au contraire endormir ces êtres pour apprendre
leur langage. et dans ce cas quelle serait leur réaction au réveil ? le
procédé n’était pas très amical, du moins en apparence, et comment pourrait-il
à temps leur expliquer ses intentions profondes ? heureusement il n’eût
pas de décision à prendre, car ce furent les indigènes qui prirent
l’initiative. « bienvenue à vous, étrangers, la paix soit avec
vous. » le terrien recevait parfaitement le message et pourtant aucun des
personnages alignés devant lui n’avait ouvert la bouche. avant qu’il fût revenu
de son étonnement, il entendit à nouveau : « ne soyez pas surpris.
vous saisissez nos pensées sans que nous ayons besoin d’articuler les paroles,
comme nous comprenons vos intentions sans que vous soyez obligés de les
formuler. ici le langage n’existe pas. nous communiquons par simple
impulsion mentale. » et, après un silence : « les mots
cachent le mensonge. c’est pourquoi nous ne parlons plus. nous avons
détruit le mensonge sur notre planète. nous jouons au jeu de la vérité
depuis bien des siècles. abandonnez vos réticences et venez nous rejoindre
avec votre compagnon. » subjugués, peter
et oulla obtempérèrent. ils se trouvèrent bientôt parmi les curieux
habitants de ce monde. […] tout comme les bactéries destinées à se séparer en
deux lorsqu’elles ont atteint leur taille maximale, les êtres vivants de cette
planète se reproduisaient par scissiparité binaire ou multiple. (…) la
scissiparité de ces humanoïdes déjà très évolués n’était pas totalement
naturelle comme l’est par exemple celle des vers de terre, des planaires ou des
étoiles de mer, si habiles à se reproduire à partir de chacun de leurs
bras. »[302]
cette
idée d’une intelligence supérieure à la nôtre est encore soutenue par galilée,
lorsqu’il dit :
-
elle [la
science-fiction] attribue souvent la faculté de télépathie aux extraterrestres.
§
ah oui ! comme si c’était
une propriété de gens plus évolués ou quoi, qui ont dominé ou … peut-être que
nous autres nous la possédons, mais que nous ne pouvons pas la dominer. oui. Ça
c’est vrai. Ça existe souvent. c’est vrai.
-
Ça vous paraît
abracadabrant, ou bien c’est un amusement ?
§
oh ! ecoutez,
abracadabrant, non. parce que moi je ne suis pas de ceux qui considèrent que
tout est connu. vous savez, les gens … Ça c’est symptomatique de la situation
actuelle. les gens qui pensent que dans quelques années on aura cette théorie
du tout dit, c’est : la physique et la science est finie. dans quelques
années.
-
c’est le nouveau
scientisme, quoi ?
§
oui.
il n’y a plus rien à découvrir. on pourra tout expliquer à l’aide de ces
équations de base. je ne sais pas. tous ces phénomènes de pensée, tous ces
phénomènes psychologiques d’attirance de quelqu’un pour autrui, ou toutes
sortes de choses comme ça. je ne vois pas très bien comment on va réduire ça
là-dedans. donc, il y a quand même une tentation des physiciens qui est un peu
malsaine. c’est de croire que la physique qu’ils connaissent actuellement, et
qui n’est pas la totalité de la physique, va être suffisante pour expliquer
absolument tout dans l’univers. [galilée, p. 82]
n’oublions
pas de mentionner cependant la morosité et l’absence totale d’intimité qui
règnent d’une manière insupportable sur la planète des immortels, au point que
l’auteur en fasse fuir ses protagonistes. yan relève pour sa part l’exemple de dune.
-
et sur, justement, la
science-fiction, il y a une idée frappante. c’est l’évocation des
extraterrestres. est-ce que ça vous dit quelque chose peut-être ?
§
Ça doit être assez peu.
(…) Ça a été un domaine important. mais c’est pas un des thèmes les plus
fréquents de la science-fiction. mais c’est vraiment que c’est un thème qui
revient souvent.
-
vous le classeriez dans
les « naïfs » ?
§
c’est pas toujours naïf.
(…) quand on a un thème d’extraterrestres qui en même temps est lié avec la
télépathie, comme dans dune par
exemple, ce ver extraterrestre … (…) bon, cette vie extraterrestre qui a une
conscience, mais qui ne passe pas par les cinq sens humains. Ça me semble des
thèmes plus intéressants. […] la science-fiction suppose souvent une
technologie avancée. et ça, c’est un des thèmes qui me semblent
intéressants : le traitement de la télépathie dans la science-fiction.
c’est que le développement extrêmement perfectionné des moyens de communication
à distance n’empêche pas le thème de la télépathie. qui est autre chose en
réalité. (…) qui est vraiment de l’ordre du « pathos », de l’ordre
de : on sent l’autre, on est l’autre, etc. et c’est pas simplement :
on lui parle. [yan, p. 74]
plus
qu’une faculté attribuée à un ver seul, c’est le pouvoir d’une lignée
matriarcale accédant à un savoir crypté, grâce aux rêves provoqués par l’epice
et l’eau de vie. pouvoir qu’un homme « illégitime », qui s’avère être
celui annoncé par les prophéties, parvient à s’approprier, et dont il use au
moyen des sons notamment. anéantissant toute vie à la prononciation de son nom
d’emprunt.
plus
récemment, c’est l’histoire d’une autre lignée, patriarcale cette fois-ci, que
relate tykho moon, dans lequel le
maître, retiré sur la lune et atteint d’une maladie génétique dont il cherche à
se prémunir par une vie éternelle, ressent instantanément, par une douleur
violente, la mort de ses fils qui se trouvent loin de lui.
le cinquième élément nous fait découvrir
lui aussi un être télépathe dont on peut dire qu’il incarne la symphonie
cosmique (la mélodie secrète de trinh
xuan thuan ?), en la personne de la diva plavalaguna, cantatrice
intersidérale utilisant autant ses modulations vocales que la danse pour faire
jaillir son chant, et envers qui l’Être suprême (le cinquième élément, une
femme parfaite capable de sauver le monde contre le mal absolu) nourrit une confiance
totale, puisqu’elle possède en son corps les pierres représentant les quatre
éléments, compléments indispensables au cinquième élément.
progressivement,
l’interrogation sur l’autre s’est centrée sur nous-mêmes, et dernièrement, le
film contact nous vient à l’esprit[303]. dans ce film-ci, l’on se demande si le
plan de construction d’une « navette » apparu par bribes - en
réalité, un mécanisme de « téléportation » et une capsule
ressemblants au modèle d’un atome capable de contenir une personne - provient
d’êtres extraterrestres ou humains, et s’il s’agit d’aller à la rencontre de
l’autre, ou de soi-même. outre les sordides pantomimes dictatoriales (de
l’image comme instrument de pouvoir ?), le film aborde « toute une
région frontière » du voyage à travers l’espace et le temps, qui nous
transporte, comme par enchantement, à la rencontre d’un « ange »
(l’ancien compagnon de l’héroïne), dans un paysage onirique hyperchromatique,
ressemblant à s’y méprendre aux dessins ou toiles de peintures de la vague
new-age, mais aussi aux hallucinations décrites par certains
« rescapés » de l’ivresse psychotropique, et non troposphérique. ce
« rêve », enregistré par l’exploratrice solitaire de ce nouvel
espace-temps pour les besoins de l’équipe de recherche qui l’encadrait, avait
duré plusieurs heures, ne laissant malheureusement qu’une bande
d’enregistrement vierge à son « retour ». du point de vue de l’équipe
de recherche restée sur terre, ce périple n’avait duré que le temps pour la
« capsule » spatiale, soumise à l’attraction terrestre, de tomber
dans le filet de sécurité surplombant la mer qui se trouvait une dizaine de
mètres sous elle. quelques fractions de secondes en somme, d’après les
conventions de temps de notre culture, soi-disant universelle. un hiatus qui laissait
pantois toute l’équipe, à commencer par l’héroïne du trip.
la
liste est longue des productions cinématographiques faisant référence à de tels
thèmes, surtout dans les genres espionnage, fantastique, psychologique ou
science-fiction[304]. et si le septième art est tellement
prolifique en cette matière, c’est peut-être qu’avec les moyens technologiques
contemporains - au même titre que le théâtre et la danse accompagnée
musicalement, sans doute les plus anciens arts humains - il est capable de
confondre les sens, après les avoir séparés. en tout cas, comme nous l’avons
fait remarquer pour notre expérience de ganzfeld à edimbourg, il assemble vue,
ouïe et mouvement. mais le champ recouvert par la télépathie et la s-f en
occident a également imprégné d’autres grands modes d’expression humaine
privilégiés que la littérature et le cinéma. le moyen terme entre ces deux
pôles pourrait être la bande dessinée (b.d.)[305]. et il n’est pas anodin de constater que de
plus en plus de réalisations tendent vers les dessins animés en longs métrages.
au-delà, nous pouvons aussi beaucoup espérer de l’animation (virtuelle) par
l’informatique (ou télématique). tout dépend de l’usage que nous voudrons bien
en faire.
ceci
pourrait être considéré comme un pont d’or aux spéculations éclectiques de ce
psychothérapeute rencontré par marie-christine combourieu. médecin et psychiatre de
formation, il ne cache pas s’attendre à une « ère télépathique »
pouvant advenir après « l’ère informatique »[306].
conclusion provisoire :
ainsi,
au terme de cette section sur les rapports qu’entretiennent la
(science-)fiction et la télépathie, nous constatons que la télépathie, loin
d’être désinvestie par l’imaginaire occidental suite aux progrès de la science,
s’en accommode au contraire fort bien, et constitue un terreau fertile aux
interrogations et spéculations de l’homme mis face à l’etrange, ou plutôt la
menace de l’étrange. considérons à présent la thématique télépathique sous
l’angle de l’un des sentiments les plus élevés de l’humanité, puisqu’il lui
aurait inspiré ses sépultures et spéculations sur l’au-delà : le sentiment
religieux.
quelques traverses et
dérives s’originant dans le sentiment religieux
au nombre des déclencheurs d’une réflexion
sur la croyance en la télépathie en europe occidentale, nous ne pouvions
évincer la question religieuse, pilier de toute culture.
cette voie aurait pu être découragée à la
lecture des constatations faites par roe, qui souligne, à propos des personnes consultant
les différents « acteurs psychiques » : « interestingly, not a single respondent found decisions they made
regarding their religion to be affected by comments made by the reader. »[307] a
plus forte raison, notre investigation dans cette direction devait être
anéantie sachant que « a la suite du
traité implicite de partage entre la science et la théologie, contracté dans le
courant du processus de sécularisation (valadier 1988), l’eglise n’a plus
seulement cédé à d’autres le privilège de l’herméneutique, elle s’est retirée
du terrain d’actes et de pensée que sa description des relations entre nature
et surnature avait constituées (…), le lieu du miracle entre autres. »[308]
mais nous avons tenu malgré tout à aborder cet aspect-ci.
le
judaïsme
aux
confins de l’europe occidentale, du continent africain et du moyen-orient, le
prêtre albert gélin décrit une sorte d’éthologie avant la
lettre, où l’animal est aussi bien « porte-parole » de dieu et
professeur pour l’humain[309]. une telle considération de l’animal en
tant que témoin de la divinité, dans le cadre de la religion judaïque qui
sous-tend le catholicisme, s’inscrit en fait dans une longue tradition
mystique, laquelle se réfère à certains individus « en marge » de la
société (qu’il s’agisse des ours bruns, des femmes possédées, des cas de
« dybbuk », ou récemment, des enfants autistes et autres personnes
atteintes de troubles lourds) en qualité de vecteurs (ou médiums) de la parole
divine, parallèlement aux rabbins. le but d’une telle tradition est le maintien
d’une certaine cohésion sociale, suffisante que pour faire face aux
modifications et changements, dont les raisons sont multiples, survenants de
l’extérieur comme de l’intérieur de la communauté : « in light of these differences the coexistence of the two
mystical avenues in judaism (and in other religious systems) does not appear
surprising. peripheral divination has not been redundant
and dispensable even in the times when a rich mystical creation kept flowing
from center. (…) deviance has thus been effectively employed to objectify and
validate core religious principles. »[310]
nous
reviendrons, dans notre chapitre concernant la communication facilitée (fc,
pour désigner la facilitated communication), sur l’usage, fortement décrié, fait
des enfants autistes et autres cas atteints de retards mentaux graves dans le
cadre plus strict de l’ultraorthodoxie juive. l’« appel » fait à des
enfants autistes peut d’ailleurs s’expliquer par une tendance remarquée dès la
fin des années septante par le couple dierkens : « de nos jours, indépendamment du contexte scientifique de
laboratoires, les parapsychologues, ou même les chercheurs de type
« spirite », sont de plus en plus à l’écoute des enfants. »[311]
ainsi,
dernièrement, ce même judaïsme poussé dans ses extrêmes s’est-il placé en porte
à faux contre la science et ses limites, tout en l’utilisant, puisque « active attempts have been made by
ultraorthodox advocates to peruse popular and professional publications on
extraordinary and enigmatic phenomena that reside in the borderland of
scientific inquiry, to expose the ineptness of their rational-empirical
explanations, and to reframe them within an all-embracing metaphysical account.
salient among these occurrences were thoses involving altered
states of consciousness and parapsychology, such as near-death and
out-of-body experience, trance and possession, spirit mediumship, telepathy,
telekinesis, precognition, miraculous healing, reports on former
reincarnations, and hypnotically induced paranormal skills. in this context
fc holds a special fascination for religious advocates. »[312]
de
telles recherches de cautions par la science pour la dénigrer et la mettre face
à ses manques ont de quoi causer l’irritation de dimitri[313]. il convient toutefois de garder à l’esprit
le caractère extrémiste des actes et propos qui sont le fait des
ultraorthodoxes ici blâmés. indépendamment de ceux-ci, de nombreux aspects de
la religion de moïse mériteraient d’être approfondis. malheureusement, notre
manque d’érudition en cette matière nous incite à éviter de nous y investir
plus avant. freud lui-même n’a-t-il pas attendu la fin de sa vie avant
d’aborder cette question épineuse ? c’est pourquoi nous préférons faire un
retour vers nos contrées, et le catholicisme qui s’y est implanté.
le christianisme (catholique)
l’ancien et le nouveau testaments
au cœur même de notre culture, inspirée du
judaïsme, des croyances quant à la télépathie continuent de circuler, issues du
contexte biblique. elisée par exemple aurait usé de ses dons de prophétie afin
d’éviter une défaite de jérusalem[314]. « l’hypothèse la plus
« folle », mais qu’il ne faut peut-être pas négliger, consiste à dire
que la télépathie primordiale aurait cédé le pas au langage à l’époque de la
tour de babel. un cycle particulièrement confus dont le mythe biblique
occulterait et la disparition de la télépathie et la naissance de l’expression
verbale. kabbalistes et exégètes savent décrypter les textes traditionnels
comme celui de la bible. celle-ci contiendrait, entre autres textes codés, une signification
évidente de la télépathie
primordiale : toute la terre avait une seule langue et les mêmes mots. »[315] propos que l’on pourrait dire
corroborés par la perspective évolutionniste étant donné que « (…) les “pensées” du processus primaire,
ainsi que la façon de les communiquer à autrui sont, dans une perspective
évolutionniste, plus archaïques que les opérations conscientes du langage, etc.
et cela a des répercussions sur l’ensemble de l’économie et sur la structure
dynamique de l’esprit. »[316]
pour paul, l’ancien testament n’est pas seul
à contenir des éléments permettant une interprétation en termes de télépathie.
le nouveau testament comporte lui aussi de tels passages, auxquels la vie
exemplaire de jésus-christ offre un support[317]. « d’ailleurs, on peut trouver des
“traces” de télépathie dans certains textes bibliques, notamment dans le
nouveau testament où jésus “devine” à plusieurs reprises les pensées et les intentions de ses interlocuteurs (…).
jésus possédait-il certaines facultés que d’autres personnes, de nos jours,
possèdent également, ou bien ces facultés relèvent-elles de sa nature
divine ? si on opte pour la seconde explication, cela voudrait dire que la
télépathie telle que nous la trouvons dans la bible serait exclusivement
réservée à dieu et constituerait donc une exception aux “lois de la nature”.
jusqu’à présent, il me semble que l’eglise ne s’est jamais prononcée
explicitement en faveur de l’une ou l’autre explication. »[318]
parmi ces textes,
retenons un extrait du dialogue entre « jésus et la femme de
samarie » : « jésus lui
dit : “va appeler ton mari et reviens ici.” la femme lui répondit :
“je n’ai pas de mari.” et jésus lui dit : “tu as raison de dire que tu
n’as pas de mari ; car tu as eu cinq maris, et l’homme avec lequel tu vis
maintenant n’est pas ton mari. tu m’as dit la vérité.” alors la femme lui
dit : “je vois que tu es un prophète, maître. nos ancêtres samaritains ont
adoré dieu sur cette montagne, mais vous, les juifs, vous dites que l’endroit
où l’on doit adorer dieu est jérusalem.” jésus lui répondit : “crois-moi,
femme, le moment viendra où vous n’adorerez le père ni sur cette montagne, ni à
jérusalem. vous, les samaritains, vous ne connaissez pas ce que vous
adorez ; nous les juifs, nous connaissons ce que nous adorons, car le
salut vient des juifs. mais le moment vient, et il est déjà là, où les vrais
adorateurs adoreront le père en esprit et en vérité ; car le père veut des
adorateurs qui l’adorent de cette façon. dieu est esprit, et ceux qui l’adorent
doivent l’adorer en esprit et en vérité.” »[319]
cependant,
l’on peut raisonnablement supposer pour cet extrait, il est vrai, que jésus
aurait été informé des péripéties de la samaritaine à laquelle il s’adressait, de
la même manière que nombre de chamans, auxquels sont attribués des pouvoirs
extraordinaires, sont renseignés par des confrères « complices »[320].
aujourd’hui,
devant la désertion de nos églises et lieux saints traditionnels, au point que
le pape jean-paul
ii fasse ses adresses à la jeunesse dans un stade de football plutôt que
sur la place saint-pierre à rome, un constat s’impose aux yeux de certains
sociologues, qui voient dans le semblant de résurgence religieuse actuelle un « supermarché du religieux » où
ne manque pas le rayon « paranormal », avec ses produits étiquetés
« télépathie ».
« “l’eglise catholique a perdu la
situation de monopole écrasant qu’elle détenait autrefois, elle ne contrôle
plus grand-chose puisqu’il n’y a plus d’appareil ecclésiastique, souligne encore le sociologue jacques
maître. il fleurit du coup toutes sortes de phénomènes qu’on prend pour un
regain de religieux, mais ce n’est pas mon opinion. nous sommes plutôt dans un
supermarché du religieux, où chacun choisit ce qui lui plaît.” l’un sélectionnera ainsi la réincarnation,
le deuxième choisira de croire aux anges (valeur à la hausse), le troisième
rejettera l’enfer (notion presque totalement dévalorisée, remplacée par des
damnations estimées plus crédibles, telles que l’holocauste, une guerre
nucléaire ou encore un désastre écologique). la télépathie, les rêves
prémonitoires et l’astrologie trouvent également leur place dans ce bric-à-brac
du religieux, car les croyances parallèles se mêlent de plus en plus aux croyances chrétiennes, chez les jeunes
surtout – y compris parmi les pratiquants. peu importe que le surnaturel prenne
la place du divin, peu importe la cohérence et le dieu auquel on se
livre : ce que chacun recherche, c’est ce qui lui fait du bien. pour
jacques maître, même la prière n’échappe pas à cette tendance. »[321]
et
en effet, cette dernière considération nous est encore confirmée par le
porte-parole de l’evêché, qui s’interroge : « mais dans l’acte même d’entrer en relation avec dieu, autrement
dit la prière, peu importe de quelle religion il s’agit, n’y a-t-il aussi des
éléments qu’on pourrait rapprocher de la télépathie ? celui qui prie entre
dans une communion de pensée avec le divin et se met à son écoute. je n’ai
jamais entendu la voix de dieu, mais il me semble parfois que ses intentions
s’imprègnent dans mon esprit. dans ce sens, les découvertes futures liées à la
télépathie pourraient être mises au service d’une plus grande intimité entre
dieu et les hommes. une perspective à creuser … »[322]
a
un niveau plus collectif, l’on peut envisager l’esprit qui « plane »
sur un groupe en fonction des membres qui le composent et de leurs intentions.
c’est l’égrégore que nous avons déjà défini avec les affiliations. dans le cas
particulier de l’hypothèse du « champ psi », voici ce qu’il en est
dit : « peut-être que si un
grand nombre de personnes agissaient ensemble, le mouvement serait plus
intense, c’est ce que les anciens et les hermétistes considéraient comme l’égrégore, cette force agissante créée par la seule
pensée concomittante des personnes constituant un groupe animé au même moment
de la même intention. »[323]
a
ce sujet, frédéric regrette la dérive de l’eglise catholique quant aux chants,
que le souci de traduction à une époque aurait dénaturés de leur fonction principale
de communion. dans le même temps, il nous fait part de son avis judicieux sur
la métaphore de la tour de babel :
§
dans
tout vécu, la parole intervient, le discours intervient. dès que le discours
intervient, les choses sont foutues. les hindous disaient : “si tu regardes une
fleur et que tu lui donnes un nom, tu ne la regardes plus !” il faut donc être
dans la perception elle-même. ce qu’on appelle le retour à soi ou le contact
direct. perceptif. si vous vous réveillez après un rêve, et que vous vous le
racontez, c’est foutu. il faut être capable de retourner dans le rêve. d’être
dans la perception totale. si vous avez une relation amoureuse, si vous la
racontez à quelqu’un, (…) ça passe pas.
-
Ça
dénature tout.
§
Ça
dénature tout à fait. et donc, la parole, le discours, est toujours une erreur.
et c’est ce que les anciens voyaient très bien. et refusaient d’ailleurs dans
les prières, que ce soit des prières qui soient de l’ordre du discours et de la
compréhension. Ça doit être de l’ordre du chant et de la résonance. c’est pour
ça que les catholiques ont fait la plus grande connerie, ou l’une des plus
grandes conneries qu’ils ont fait, en transformant la messe qui doit se faire
en latin, en version française. croyant que ce qui était important, c’est que les
gens comprennent au moment où on dit. mais non. ils doivent comprendre avant,
et puis chanter. (…) c’est tellement évident. si vous faites l’amour avec votre
cœur, vous n’allez pas lui décrire vos sensations d’une manière analytique. (…)
vous allez les vivre, non ? eventuellement on en parlera avant et après, mais
pas au moment même.
-
mais,
à ce propos, je voulais vous demander : l’hypothèse selon laquelle il y aurait
eu, avec la tour de babel, la perte de la télépathie primitive, comme on dit.
est-ce que vous y adhéreriez ?
§
bon.
moi, je ne crois pas à la tour de babel. (…) maintenant, voyons que la tour de
babel serait symbolique.
-
du
logos ?
§
(…)
enfin, le logos, c’est difficile, parce que le logos … c’est quoi le logos ?
(…) enfin, c’est beaucoup de choses. mais disons que la tour de babel soit d’un
ordre symbolique qui vise à dire d’une certaine manière une loi fondamentale,
qui s’est passée, ou un discours fondamental qui … quelque chose qui s’est
passé dans l’humanité. alors là, ce serait qu’au départ, tous avaient la même
langue et puis, il y a eu une multiplicité. la tour de babel a été construite
avec des briques, pas avec des pierres. (…)
-
je
ne connaissais pas ce détail-là.
§
ce
qui a donc son importance parce que ça veut dire que c’est donc des créations
humaines, et pas des créations fondamentales. (…) et que l’idéal, c’est de se
trouver à un niveau qui était “antérieur” (…). les grecs vont parler de l’âge
d’or, mais l’âge d’or, ce n’est pas du tout un aspect historique. c’est une
attitude personnelle que vous avez vis-à-vis des dieux. l’âge d’or, c’est là où
vous êtes en communication directe avec les dieux, et où vous n’avez pas besoin
de cultiver pour avoir votre nourriture. c’est à dire que vous êtes dans
l’harmonisation avec les sons, les discours et les paroles, et cette
harmonisation avec les sons vous permet d’être en résonance avec les divinités.
alors ça, je pense en effet que la tour de babel c’était une chose qui était
intéressante. [frédéric, pp. 55-56]
satanisme, sectarisme, sorcellerie et
spiritisme
une anecdote veut que lors de notre
recherche, nous ayons été amené à fréquenter le rayon psy/666, fort dépouillé,
de la bibliothèque de psychologie de l’université de liège, au sart-tilman.
nous étonnant de cette classification, qui ne cadre pas avec la classification
décimale universelle (c.d.u.), nous avons demandé au bibliothécaire à quoi
correspondait cette numérotation-là. et de nous répondre, avec un brin
d’humour, qu’il avait créé lui-même ce rayon « paranormal », et que
le 666 en question renvoyait au chiffre de satan. cette anecdote témoigne au
moins de l’idée du paranormal que peuvent se faire les gens, sinon dans leur
majorité, du moins en partie, et en fonction de leurs convictions théologiques[324].
idée par ailleurs véhiculée dans notre culture.
car près de nous subsistent des témoignages
établissant la jonction entre satanisme et spiritisme, où des faits étranges
« dépassant l’entendement » surviennent. c’est ainsi qu’une affaire
de « possession démoniaque » dans le département de l’aude (france)
nous est relatée, vécue en 1988 par jean machon (pseudonyme) suite à une séance
de spiritisme en compagnie de proches[325].
jimy nous rapporte lui aussi son expérience, pour après coup expliquer ses
comportements et impressions par une crise de schizophrénie[326].
son témoignage est d’autant plus prenant que
ses péripéties lui ont offert de rencontrer, outre une dame âgée réputée être
une sorcière, la « fille de satan », qui lui fit assister, en
compagnie de son groupe, à des manifestations de psychokinésie, et lui affirma
plus personnellement ses aptitudes pour la télépathie. en cela, il reconnaît
avoir été, d’une certaine manière, « possédé » de satan, par
l’intermédiaire de sa « fille » :
-
donc,
ça c’est un des épisodes clé ?
§
c’est
ça. j’essaye de me souvenir s’il y en a eu d’autres. oui, après donc, on a
rencontré une autre personne …
-
une
inconnue toujours ?
§
on
l’a rencontrée par hasard. oui. c’est très bizarre, hein. quand t’es dans un
milieu comme ça, tu rencontre toujours des gens qui pratiquent … (…) soit du
spiritisme, soit de la magie, soit … parce que bon, les sujets de conversation
c’était ça, tout le temps, et automatiquement, les gens qu’on rencontrait ils
entendaient, et ils disaient : “oui. moi aussi.”
-
vous
étiez obnubilés, quoi ?
§
on
était complètement obnubilé. moi je te dis, je ne pensais qu’à ça. (…) et donc
on a rencontré cette personne, (…) c’était quelques mois plus tard, on faisait
partie d’une troupe. où on faisait des petits spectacles, tu vois ! ?
play-back, des choses comme ça. (…) et on répétait dans une brasserie. et,
cette fille était la filleule du patron de la brasserie, qui était plus âgée
que nous. (…) elle était danseuse, et elle est rentrée dans la troupe avec
nous. et quand elle a compris ce qu’on faisait, elle a dit : “moi aussi.
(…) je pratique ça.”
-
assidûment ?
§
assidûment.
(…) moi j’étais attiré par elle, et apparemment elle aussi. (…) je suis tombé
amoureux de cette fille. (…) j’ai eu plusieurs discussions avec elle, et elle
m’a carrément dit : “je suis la fille de satan.” (…) autre chose très
troublante : (…) on a fait une séance avec elle. dans la brasserie. a
l’étage. […] et on a commencé à faire la séance. on a invoqué satan.
-
oui.
comme à l’époque avec le nouveau venu ?
§
pas
avec les bougies. avec le verre.
-
avec
le verre toujours.
§
avec
le verre. et alors elle, elle restait de côté. elle regardait, elle observait,
et à un moment, elle dit : “vous voulez vraiment satan ?”-“oui.”
“vous le voulez vraiment ?” -“oui.” “d’accord.”. et elle a mis sa main sur
le verre, elle nous a bougé carrément les doigts, elle a pris le verre en main,
comme ça. et à ce moment-là, on a commencé à entendre, parce que c’était une
grande pièce vitrée, on a commencé à entendre les fenêtres craquer. des bruits,
partout autour de nous. on savait pas d’où ça venait. il y avait personne. tac,
tac, tac, tac, tac, tac, tac, tac, tac, tac, tac. et à un moment, on regarde
tous en même temps vers le couloir, et là, on a vu comme un voile noir, qui
passait d’une pièce à l’autre, dans les deux petites pièces. (…) alors, on a
été pris de panique, quoi. on a tout arrêté. j’ai bougé sa main sur le verre.
“qu’est-ce que c’est que ça ? ! qu’est-ce que tu nous
fais ? ! c’est des conneries !” enfin, moi j’ai réagi assez
vivement. et elle me dit : “bein, vous voulez jouer ? ! on va
jouer.”
-
et
elle continue ?
§
non.
et les autres sont descendus. et moi j’ai voulu les suivre, et elle m’a
dit : “non ! toi, reste !”
-
oh
putain … !
§
alors
moi, comme j’en étais amoureux, je suis resté. fallait pas que j’aie peur,
quoi, tu vois ? ! (…) et, je venais de finir une bouteille de coca
que j’avais déposée sur une table, à l’extrémité de la pièce. (…) et alors elle
me dit : “tu vois la bouteille ?” je dis : “oui.” et à un
moment, je regarde la bouteille, et paaaf : elle pète.
-
tu
as ramassé des lambeaux ?
§
j’ai
pas ramassé des lambeaux. j’étais loin. une grande pièce. la bouteille a pété.
et elle me dit : “c’est moi qui ait fait ça.” bon. et, bon, je discute
avec. et elle me dit qu’elle a aussi le pouvoir de lire dans les pensées, et de
communiquer par télépathie. [jimy, pp. 85-86]
remontant aux sources de l’anthropologie
occidentale à l’âge classique, nous découvrons un discours sur le démoniaque
qui a le mérite d’être clair : « sans
être infini, car il ne saurait altérer par exemple la substance de l’être ni
même ses formes fondamentales, le pouvoir de lucifer, au regard de l’homme
semble sans mesures. non que son intellect diffère par sa nature, de celui de
l’homme. tous deux en cela participent de l’essence de dieu. mais l’ange déchu
détient, tout comme dieu, la science absolue de l’être, immanente à sa propre
pensée, en dehors de toute temporalité. au contraire, l’esprit de l’homme est
asservi dans ses fonctions, à la logique de concepts régis fatalement par la
syntaxe du langage. »[327]
le diable, lucifer, satanaël, comme nous
venons de le lire, demeurent présents dans le discours contemporain, même s’ils
tendent à être démystifiés, et notamment lorsqu’il s’agit de rendre compte des
phénomènes intriguants de la parapsychologie. ainsi, parmi trois des signes
retenus comme caractéristiques de la possession, « la connaissance des choses distantes et cachées englobe actuellement les phénomènes de
voyance, de télépathie, de radiesthésie, voire de prémonition dont l’étude
scientifique constitue l’un des objets de la parapsychologie sous le vocable de
e.s.p. »[328]
ils sont toutefois rapportés, selon des critères psychiatriques, à l’hystérie, à
des états s’apparentant à la transe, ou à des troubles de personnalités
multiples.
certaines sectes avancent encore des
pouvoirs psychiques, réels ou prétendus, afin d’assouvir les besoins
d’explications de leurs membres et/ou asseoir sur eux leur autorité, justifiée
au nom de dieu ou du diable. le cas d’adamsky mentionné par thomas est la
parfaite illustration du danger sectaire vis-à-vis duquel le c.a.l. demeure
particulièrement attentif[329].
croyance d’ailleurs amplifiée par les productions cinématographiques[330].
au point que dans un film comme time
bandits de terry gilliam, cette faculté de télépathie
que nous étudions est imputée à l’incarnation du malin. il en va de même pour
le film dracula de francis ford coppola,
inspiré de bram stocker, qui fait du comte dracula un
être doué de pouvoirs tout aussi extraordinaires que ceux reconnus comme
témoignant de la puissance de satan. ou encore la grande menace que nous raconte brièvement charlotte, où il
s’agit dans ce cas de télékinésie plutôt que de télépathie[331].
cette présence diabolique est encore
attestée par rapport à la psychanalyse, qui nous renvoie au couple
transférentiel abordé dans le sous-chapitre sur les relations sentimentales et
affectivement humaines : « le
but de la thérapie psychanalytique est d’éliminer le refoulement et de
permettre au démoniaque-inconscient de devenir conscient. luise de uterbey
compare l’analyse à un pacte avec le diable : la conduite d’une
psychanalyse n’est pas chose naturelle, mais magie, œuvre d’une sorcière,
servante du diable[332]. »[333]
mais, ainsi que l’a écrit castaneda suite à
son apprentissage en amérique centrale auprès du « sorcier » yaqui
don juan, loin de considérer ces manifestations pour sataniques : « il me dit que l’homme ordinaire,
incapable de trouver l’énergie nécessaire pour percevoir au-delà de ses limites
quotidiennes, appelait le domaine de la perception extraordinaire la
sorcellerie, la magie ou l’œuvre du diable, et s’en écartait avec répugnance
sans l’examiner de plus près. (…) “ transforme toute chose en ce qu’elle
est réellement : l’abstrait, l’esprit, le nagual. il n’y a pas de
sorcellerie, pas de mal, pas de diable. il n’y a que la perception.” »[334]
les derviches
un crochet vers l’europe orientale, par la
bosnie, nous permet également de rencontrer des croyances attenantes aux
pratiques des derviches. un documentaire co-produit par la radio-télévision
belge de la communauté française (r.t.b.f.) sur les derviches halvetis, les amoureux de dieu[335],
nous a mis en présence de témoignages clairs et concis sur les aptitudes
télépathiques de ces maîtres spirituels. ils nous sont confirmés par jasna Šamic.
« la
firâsa (c’est-à-dire la télépathie dans le
vocabulaire de la parapsychologie moderne), capacité de communiquer avec
quelqu’un grâce aux rêves (rûya), se manifeste également chez les derviches de
bosnie. […] le père de hamica était également capable de sentir des signes
venant d’une personne éloignée. (…) hamica lui-même communique également avec
son père par les rêves. il affirme aussi que cela est plus difficile lorsqu’il
boit de l’alcool. »[336]
a cela, Šamic ajoute que l’aspect miraculeux
de telles manifestations est profondément ancré dans les croyances de cette
culture entre occident et moyen-orient. « les
miracles que l’on trouve dans la poésie populaire et épique, ainsi que chez les
derviches de bosnie actuels, sont identiques à ceux que des historiens et des
ethnologues yougoslaves ont notés et analysés dans leurs ouvrages, et
semblables à ceux rapportés par h.-j. kissling d’après les vilâyetnâme. il s’agit d’ailleurs, comme l’affirme
h.-j. kissling également, de mœurs et de phénomènes parapsychologiques vivaces
chez des peuples primitifs. on peut également observer les phénomènes de ce
genre dans les études sur le sacré de m. eliade, de même que celles sur le
chamanisme de f. köprülü, pour ne citer que ces deux auteurs. les derviches
de bosnie, surtout ceux de l’ordre nakchibendi, continuent à exercer les mêmes
pratiques de voyance, d’animisme et de spiritisme, connaissent la télékinésie,
la lévitation, la télépathie, la voyance, etc. le miracle reste de nos jours
presque un fait réel. ce n’est pas seulement un objet de littérature, mais
aussi parfois la base pour les études historiques. »[337]
plus loin encore vers le bosphore, en
turquie, la croyance veut que les personnes dotées des multiples phénomènes que
nous a décrits layla, parmi lesquels la capacité « d’entrer en résonance
avec autrui » ou de recevoir des messages au cours des rêves, sont le fait
d’êtres « purs » :
·
et
cette bonne femme-là [la propriétaire qui les hébergeait en turquie] t’avait
dit en discutant, quand tu avais ça, elle t’a dit : “les gens qui ont ça,
c’est les gens qui ont le cœur très pur. qui ont une grande foi, et à qui on a
donné ce cadeau de pouvoir percevoir les signes, vraiment les choses.”
§
oui.
c’est vrai. dans leur optique à eux [en turquie], c’est un cadeau qu’on a
donné, et qu’on ne donne pas à tout le monde. et c’est une question de pureté,
qu’elle disait, de cœur. (…)
·
(…) alors que tu vois, du côté arabe, on va
dire que tu es (…) mehjnoun [?],
quoi. (…)
§
elle
a dit : “c’est un don que dieu t’a offert. si tu augmentes dans la foi en
degrés, tu peux encore plus perfectionner.” (…) si tu as ça au départ, tu peux
le développer. mais il y en a qui le développeront en bien, et il y en a qui le
développeront en mal. c’est chacun sa route.
-
c’est
au choix, oui.
§
je
crois que c’est en fonction de chacun.
·
oui.
c’est une épreuve, aussi. [layla et onur, p. 41]
voilà peut-être de quoi nous convaincre, si besoin
était, qu’il n’y a dans la télépathie rien de si extraordinaire que se
l’imaginent parfois certaines personnes. surtout lorsqu’elles sont animées par
« l’obscurantisme scientifique matérialiste » dénoncé par frédéric[338].
de quoi surtout attester de l’étendue des faits « occultes », ou
parapsychologiques, de par le monde. nous n’aborderons pas le monde arabe, qui
représente essentiellement le pourtour méditerranéen pour s’étendre vers
d’autres latitudes, mais nous pensons qu’une acculturation parmi des communautés
humaines plus étrangères encore que celles survolées ici nous permettrait à
coup sûr d’y recueillir des témoignages de tels phénomènes, et éventuellement
des explications, se rapprochant peut-être des thèses caduques sur l’animisme
auxquelles thomas fait allusion[339].
le bouddhisme
aujourd’hui, venu d’extrême-orient, le
bouddhisme[340] se
présente peut-être comme une voie de conciliation entre les antagonistes qu’ont
trop longtemps été spiritualistes et matérialistes purs, produits d’une
épistémologie et d’une culture que nous aurions parfois tendance à qualifier de
moribonde[341].
cette idée est d’autant plus pertinente que,
selon les conclusions de leur étude multinationale, haraldsson et houtkooper
relèvent trois facteurs d’ordre religieux influençant les témoignages
d’expériences psychiques. tous trois se retrouvant à un degré plus ou moins fort dans le
bouddhisme : « (…) it is of
interest that regression analyses revealed three other variables from the
religious domain that affect the frequency of reporting psi experiences :
namely, belief in reincarnation, belief in some sort of spirit or life
force, and taking moment for prayer or meditation. this result is in line
with earlier findings (…) that show some religious variables to be midly but
significantly relate to belief in psychic phenomena. »[342]
conclusion
provisoire :
les humains ont donné des explications
multiples de leurs rapports au divin et à sa création, parmi lesquelles figure
la télépathie.
considérée tantôt comme un langage unifiant
tous les êtres vivants, tantôt comme le vecteur entre eux et les êtres
spirituels ; ici comme attribut du malin et symptôme de sa présence, là
comme attribut des êtres spirituellement accomplis ; la télépathie ne
semble pas s’embarrasser des contradictions, et se retrouve sur plusieurs,
sinon tous les fronts de la réflexion théologique et métaphysique. ne
serait-elle pas plutôt le reflet d’une facette du divin qui sommeille en
nous ? le sceau imprimé par la vie sur sa créature, lui rappelant combien
elle se situe sur un fil tendu entre élévation et chute ?
les
pratiques
autour de la télépathie
que faut-il
entendre par pratiques ? nous pourrions, nous inspirant partiellement de
la définition du grand larousse à
notre portée, les limiter aux seules actions humaines (mais ne sont-elles
qu’humaines ?) répondant à une procédure codifiée et/ou apprise fondée sur
une conviction, et ayant une portée concrète (« pratique » à
proprement parler). une sorte de ritualisation. ce qui pose évidemment cette
autre question de savoir si la parole (l’énonciation) n’est pas en elle-même
une action, renvoyant inévitablement, dans le cadre de notre étude, aux
performatifs et aux pratiques de magie et de sorcellerie. et au-delà, n’est-il
pas permis de se demander, comme nous le demandions à l’un de nos professeurs
de philosophie, si la pensée est agissante, action à part entière ? et
surtout quels besoins y aurait-il à vouloir rendre des pensées concrètes ?
toutes pratiques qui ont souvent pour but, sinon de faire voir, du moins de
faire croire.
nous avons déjà
signalé la difficulté de discerner les pratiques des croyances qui les
accompagnent, les motivent ou en découlent. les méthodes de l’entretien et de
l’ « observation participante » étaient supposées nous permettre
une meilleure compréhension, par le vécu, des rapports que ces deux pôles
(croyances et pratiques) entretiennent. nous n’avons malheureusement pas pu
éprouver toutes les pratiques que nous aborderons ci-après. tout au plus nous
était-il possible de les mentionner, et d’en tenter la description, voire la
critique et l’analyse. cependant, pierre bourdieu
nous prévient contre le risque qu’il y a à croire que l’on puisse à la fois
s’approcher (observer, participer) et discuter (analyser, critiquer, décrire)
de la pratique, alors que ce faisant c’est une théorie de la pratique que l’on
ébauche ou perpétue[343]. théorie qui, dans le champ social, se fait
selon trois modes de connaissance théorique : phénoménologique, objectiviste
ou praxéologique. notre préférence théorique s’est portée pour partie vers la
phénoménologie. bourdieu objectera peut-être que « (…), lorsqu’elle s’inspire d’une foi naïve en l’identité en
humanité et qu’elle ne dispose d’aucun autre instrument de connaissance que le
“transfert intentionnel en autrui”, comme dit husserl, l’interprétation la plus
“compréhensive” risque de n’être qu’une forme particulièrement irréprochable
d’ethnocentrisme. »[344]
loin de nous l’idée
d’ethnocentrisme. il nous faudrait pour cela un centre autour duquel graviter.
nous ne l’avons pas encore trouvé. a moins que nous ayons perdu de vue. c’est
donc peut-être naïvement que nous nous résignons à vous faire part ci-après de
nos recherches et collectes.
la communication facilitée
parmi les
utilisations de la télépathie, le procédé appelé communication facilitée fait
figure de proue, et relève presque de la mise en scène des joueurs de tours.
nous ne faisons qu’en donner ici la description, qui complète ce que nous
venons d’en dire sur l’utilisation détournée, très vivement critiquée, qu’elle
a subi dans la communauté juive ultraorthodoxe, aux etats-unis d’abord, en
israël ensuite. cette pratique met en effet en scène, soit dans des cercles
familiaux restreints, soit lors de séances à large audience, trois personnages
principaux. le premier est un enfant à la santé détériorée qui fait office
d’émetteur. le second est la plupart du temps une femme, laquelle joue le rôle
de facilitatrice. ces deux derniers personnages étant généralement issus
d’environnements de stricte observance religieuse. le troisième personnage,
enfin, est une figure d’autorité spirituelle (souvent un rabbin) qui pose des
questions d’ordre métaphysique et religieux à l’enfant. « “to get the words out (…),
the facilitator provides a continuous physical assistance to the handicapped
person, helping him or her in pointing to pictures or letters on a
communication board or in typing out messages on a computer keyboard (…).
sitting side by side, the facilitator usually starts by holding the aid user’s
hand, isolating a finger for pointing or typing. […] a critical aspect of the
technique is that the intention of the movement is suppose to originate in the
message sender. “the message receiver is making physical contact with the
sender only to overcome psychoemotional and/or neurophysiological problems
affecting success” (…).” »[345] etant donné les propos qui sont tenus au
cours de ces séances, il y a de sérieuses raisons pour y déceler une mise en
scène, essentiellement destinée à promouvoir l’ultraorthodoxie déjà mentionnée[346].
un prolongement de
ce thème est à venir dans notre section sur les « axes d’ordre
psychosomaticopathologiques », et plus précisément la partie concernant
l’autisme.
approximativement dans
le même registre que celui de la communication facilitée, relevons les
observations faites par ehrenwald. « elles
se caractérisent par une relation symbiotique anormalement prolongée existant
entre des enfants mentalement déficients, ou souffrant d’un autre handicap, et
leur mère. […] pour récapituler, les trois derniers cas illustrant notre propos
ont quatre choses en commun. d’abord, tous mettent en scène un enfant handicapé
ou un adolescent. d’autre part, les mères ont le désir très fort et parfois frénétique
d’aider leur progéniture à surmonter son incapacité. troisièmement, il saute
aux yeux qu’un facteur télépathique – présence évidente d’« indices »
télépathiques – intervient dans les performances des enfants. enfin, dans les
trois cas, l’hypothèse de la télépathie a été en tant que telle mise à
l’épreuve des tests par les observateurs. […]. ainsi, il apparaît que dans ces
exemples c’est l’existence d’une véritable urgence psychologique combinée à des
exigences sociales insatisfaites, qui est responsable de la perduration de
traits spécifiques de la phase symbiotique. »[347]
la prestidigitation
l’un de nos oncles,
anciennement prestidigitateur, que nous questionnions sur la télépathie,
semblait dire qu’elle était l’objet de techniques extrêmement bien codifiées et
« ficelées », qui devaient être travaillées quotidiennement, en
couple de préférence. il nous indiquait par ailleurs que l’on pouvait trouver
ces techniques dans des manuels de prestidigitation volumineux. les techniques
dont il est question sont en fait reprises sous le nom générique d’un jeu, le cumberlandisme,
du nom de cumberland,
magicien anglais fameux du siècle dernier, au sujet duquel il s’est avéré que
la « divination » de certains faits est la conséquence d’une
hypersensibilité perceptive des sujets de l’expérience aux changements
physiologiques de leurs guides[348].
c’est plus
difficilement compréhensible lorsqu’un sujet parvient à vous donner le numéro
de votre carte bancaire ou de votre carte d’identité, comme en témoigne galilée
concernant miroska, même si l’on peut encore imaginer une codification vocale
ou lexicale par exemple.
-
mais vous-même ne vous
rangeriez-vous pas parmi les sceptiques ?
§
je serai sceptique par
nature, tant qu’on ne m’aura pas prouvé. mais je ne serai pas opposé a priori. (…) je ne suis pas comme
certains qui croient que la science actuelle a déjà trouvé absolument tout,
qu’il n’y a plus place pour rien. seulement le problème, c’est d’arriver à
convaincre de l’existence du phénomène, quoi. et de faire la part de ce qui est
réellement quelque chose d’honnête, ou de ce qui est … ou des trucs, hein.
parce que, on sait bien que, transmission à distance, vous aviez miroska (…).
c’étaient des gens qui se produisaient dans des cabarets, music-hall, etc. et
c’était extraordinaire. (…) donc la femme était sur la scène, et son comparse
se promenait dans la salle, et alors il prenait des documents, ou il donnait
une lettre, carte d’identité. et il demandait à miroska de lire le document, et
elle lisait le document qu’elle n’avait jamais vu. il n’y avait pas de
complicité. textuellement. les numéros de cartes d’identité. absolument tout.
le numéro de compte en banque. n’importe quoi. et ça marchait tout le temps.
alors, comment est-ce que ça fonctionnait ? ils ne l’ont jamais révélé.
c’était un truc. c’était probablement dans le langage et dans l’intonation,
mais c’était extrêmement difficile à mettre au point. donc je veux dire que ça,
ça peut paraître aussi, peut-être à ranger dans la télépathie, comme vous
l’indiquez (…).
-
mais c’est plutôt à
ranger dans le cumberlandisme, ça. c’est à dire des langages non verbaux qui
sont élaborés entre deux complices. [galilée, pp. 79-80]
toutefois, notre
oncle reconnaissait que des concordances de réponses indépendamment de la
codification établie par des comparses pouvaient survenir, à l’occasion, sans
que l’on ne parvienne véritablement à l’expliquer.
la cartomancie
la cartomancie (divination à l’aide de
cartes, de tarot notamment), selon l’étude de chris a. roe, figure au sommet
des pratiques attenantes aux croyances en ce qu’il est convenu d’appeler le
paranormal.
nous avons pour notre part eu la chance de
rencontrer trois acteurs/-trices de la cartomancie. de leurs seuls témoignages,
il ressort une foule d’enseignements qui mériteraient d’être approfondis. nous
ne faisons qu’en citer succinctement quelques-uns. ainsi, jimy, qui s’est
« recyclé » dans la cartomancie après ses tentatives de spiritisme,
nous signale l’étrangeté des phénomènes surgissant au cours de la pratique de
la cartomancie :
§
(…)
donc, tu vois, dans les révélations qu’on a eues pendant les séances de
spiritisme, y’a rien de réellement troublant. (…) par contre, au niveau des
révélations, parce que, après ça, je me suis intéressé aux cartes. la
cartomancie (…) là, il y a eu des choses vraiment très, très, très troublantes,
quoi. [jimy, pp. 84-85]
au-delà, une multitude d’aptitudes diverses
semble accompagner la seule cartomancie, allant du spiritisme à la radiesthésie
(sourcier/-ière), en passant par la psychométrie, la « double vue »,
la remontée dans les vies antérieures, l’endoscopie, etc. toutes choses que
nous avons partiellement abordées au cours des pages précédentes[349].
or, parmi les conclusions qui ressortent de
l’étude de roe – laquelle, pour rappel, se penchait sur les expériences
personnelles comme source de croyance au paranormal et de visite chez des
« médiums » (diseur/-euses de bonne aventure, cartomancien(ne)s,
etc.) - pourraient se résumer en ces quelques points[350] :
une proportion étonnamment élevée (29.5 %) de l’échantillon étudié (des
personnes choisies au hasard dans le registre de la population du district
d’edimbourg) ayant déjà rendu visite à des « médiums », le plus
souvent dans un but d’amusement ou par curiosité.
ces personnes évaluent les renseignements
qui leurs sont fournis en ces occasions comme plutôt précis et exacts, ainsi
que spécifiques à elles-mêmes. les consultants
sont généralement satisfaits
du contenu de ces renseignements, sans pour autant valider les aptitudes
psychiques que revendiquent les médiums, leurs attribuant toutefois la capacité
de rendre d’autres services
indépendants de l’aspect paranormal de ces communications, tels que celui de conseillers, ou d’invités pour
animer une soirée.
freud, animé d’autres sentiments, se montrait
à ce propos moins tendre à l’égard des celles et ceux que l’on nommait
occultistes à son époque. il usait d’ailleurs des considérations de son
temps : scientistes contre le(s) sentiment(s) religieux, et
ethnocentriques envers les mentalités aujourd’hui dites, avec beaucoup de
précaution, primitives[351].
nous tenons malgré tout à rendre justice aux « occultistes » que nous
avons rencontrées et qui, en dépit des salons et festivals internationaux de
voyance organisés dans des buts manifestement lucratifs, se montrent hésitantes
à faire un usage intensif de leur « don » en échange de rétribution,
craignant par là de perdre leur aptitude. zazie en rend parfaitement
compte :
-
dans
votre désir d’être riche, par exemple, qu’est-ce qui vous empêche d’exploiter
ce don que vous semblez avoir et ... ?
§
j’ai
l’impression que si je le fais pour l’argent, et bien, il va s’en aller (...)
en fait, je suis pas sûre de moi.
-
manque
de certitude, quoi !
§
(...)
finalement, c’est vrai ce que vous me dites. j’ai pas l’impression que ça vient
de moi. j’ai l’impression qu’on ... on me donne le cinéma ou on ne me le donne
pas. c’est pas moi qui choisis d’acheter le ticket. j’en sais rien. je sais
pas. (…) je me demande si c’est pas une offre parce que je me dis qu’il y a
peut-être des gens qui ... qui, si on leur offre ça, ils vont s’en servir à
mauvais escient. il paraîtrait qu’il y aurait des grands voyant qui sont
engagés par des entreprises pour savoir ce que l’autre entreprise a découvert.
je sais pas si c’est vrai.
-
et
là ce serait une question de pouvoir aussi ?
§
bein
là, moi, je crois que ce serait à mauvais escient.
-
mais
l’offre, cette offre, elle vient d’où ? de qui ? si on peut dire. de quoi ?
sous quelle forme ? […]
§
je
ne sais pas ... les gens que je vois, les morts qui viennent et qui me parlent
et tout ça. je me dis : “est-ce que c’est moi qui veux les voir ou est-ce que
c’est ... ?” [zazie et charlie, p. 47]
ces dernières allégations font d’ailleurs
retour sur le spiritisme, que nous avions préalablement séparé de la télépathie.
diverses études ultérieures cautionnent, selon roe, l’absence de facultés
spécifiquement psychiques chez les professionnels de la divination, et
expliquent leurs succès apparents par l’exploitation des divers canaux banals,
bien que subtils, de la communication, appelée « lecture froide » (cold
reading), à laquelle est associée une prolifique littérature
pseudopsychique. or, d’après le docteur auriol, « l’accès au paranormal est favorisé par l’utilisation de l’image
et suppose un détachement du médium vis-à-vis de soi-même au profit du message
qu’il s’essaye à capter et qui est propriété d’un autre : d’où
l’usage d’un support reel de signification indéfinie (taches d’encre,
disposition aléatoire de coquillages, etc.) qui permet à l’image de naître et
dont la fixation méditative crée une certaine vacuité chez l’opérateur (etat de
veille paradoxale). »[352]
a titre d’illustration, nous vous renvoyons
aux photocopies du jeu de carte qu’a bien voulu nous prêter layla[353].
une exploitation de type structurale, ayant recours à l’anthropologie des
systèmes symboliques, serait ici fort instructive pour expliquer les
combinaisons des cartes. elle mettrait en relation les plantes et les
sentiments associés, voire même les couleurs utilisées, et pourquoi pas, pour les
botanistes avertis, les propriétés connues pour chacune de ces plantes. c’est
ce qu’ébauche déjà le guide.
les sceptiques ont quant à eux un avis
tranché, lorsqu’ils imputent les « pouvoirs » des médiums à des
tricheries et tromperies. « sceptics could always allege
that they were the victims of the deceits and trickeries that made up the
medium’s repertoire and enabled the medium to gain the upper hand. on the other
hand, those who, in the absence of any convincing specific counter-explanation,
are satisfied that some, at least, of the phenomena are genuine, have put
forward possible psychological explanations for the medium’s special demands. paranormal
phenomena, they suggest, can never be elicited routinely or automatically
under arbitrary conditions, they arise only within the constraint of a
particular belief-system. »[354]
les expérimentations en laboratoires
nous aurions aimé
intégrer ici le compte-rendu critique de nos expériences faites à toulouse,
puis edimbourg, au cours des mois de janvier et février 1998, et rédigé au
départ à la demande du docteur auriol. faute de place suffisante dans la
gestion du volume de ce mémoire, il nous a semblé préférable de le reléguer en
annexes, auxquelles nous renvoyons les lecteurs désireux d’une information plus
détaillée[355]. dès lors, nous nous pencherons
principalement ici sur deux procédés expérimentaux développés au cours de
l’histoire des sciences psychiques, lesquels préfigurent les méthodes que nous
avons expérimentées par nous-même. nous aborderons aussi quelques-unes des
« constantes » en rapport direct avec nos expérimentations qui ont pu
être dégagées au cours de cette histoire.
les choix proposés aux acteurs des expérimentations
une distinction
majeure doit être faite à ce stade-ci, entre les deux grands types
d’expérimentations qui ont circonscrit la recherche en laboratoire sur la
télépathie, et d’une façon générale sur les autres facultés déjà mentionnées.
ce sont, d’une part, les expériences à réponse forcée,
apparues dès les premiers tests en recherche psychique à la fin du siècle
dernier ; et d’autre part, les expériences à réponse libre, fruits de la psychologie
humaniste et de la contre-culture[356]. « another feature of this approach [ celle des réponses libres, et particulièrement de la vision à distance] is that the target is, normally, an actual
real-life scene or object, not a mere representation or symbol, making it
closer, therefore, to real life psi as reported in spontaneous cases. the idea,
of course, was not new : it had its roots in the ‘travelling clairvoyance’
of the early nineteenth-century mesmerists or in the ‘psychometry’ of
clairvoyants who, on the basis of some token-object, purport to describe some
distant location with which it is connected. however, in a remote-viewing experiment,
the subject is given no props but is merely asked to describe what impressions
he or she gets and, whenever possible, to make rough sketches of his or her
mental images. interestingly, it was a gifted subject who provided the idea for
what then became the standard remote-viewing test. »[357]
ce dernier modèle
d’expériences se présentant d’ailleurs comme fort favorable aux personnalités
extraverties, en raison du climat chaleureux et de spontanéité qu’il installe[358]. dans les laboratoires que nous avons visités,
ces deux types d’approches existent, le laboratoire de toulouse forçant plus le
choix que celui d’edimbourg par l’usage d’images fixes, et un panel limité à
deux réponses possibles pour chaque évaluation.
supports et constantes
les cartes de zener
dès ses débuts, la
recherche psychique centrée sur la télépathie s’est vue agrémentées d’outils
tels que les jeux de cartes, qui ouvraient une percée visuelle[359]. cette « instrumentation » a fait
son chemin, et dans les années 1930, joseph b. rhine brevetait un modèle de cartes de son
cru, les cartes dites de zener. ce jeu, « épuré », est composé de 25
cartes représentant 5 sortes de figures géométriques relativement
simples : un carré, un cercle, une croix, une étoile à cinq branches, et
trois « vagues »[360].
leur utilisation,
probante quelques temps, n’a cependant pas résisté à la critique. ainsi,
l’hypnotiseur milton erickson,
invité par j. b. rhine à les tester, en fit-il une mise en cause fondée[361]. henri broch de son côté les fustige[362].
les images
des cartes
figuratives aux dessins, figuratifs ou abstraits[363], il n’y a qu’un petit saut vers la
complexité qu’ont franchi les chercheurs en parapsychologie, complémentairement
aux recherches sur base de supports chiffrés, chromatiques, nominaux, etc.[364] en france, les noms de rené warcollier et henri marcotte retentissent dans ce type
d’approche. ce dernier « caressait,
comme warcollier et bon nombre de chercheurs et d’auteurs de l’époque, le
fantasme d’une radio mentale épurée de tous parasites et de toutes déformations.
une des grandes idées de marcotte fut d’introduire une donnée absente chez
warcollier : le temps aussi bien dans l’envoi que dans la réception pour
obtenir un effet de restructuration du message. […] mais (…) un temps traité
par la psyché, dans une sorte d’équivalence avec les dimensions de l’espace.
l’importance de l’éprouvé corporel télépathique l’amena, par ailleurs, à
proposer une méthode d’entraînement, la télesthésie[365]. »[366]
c’est dans cette
veine de recherche que s’inscrit djohar si ahmed elle-même, à la suite de qui
bernard auriol est venu se situer, effectuant un syncrétisme entre leurs
groupes d’entraînement à la télépathie (g.e.t.) et les travaux de charles tart, et utilisant comme support dans
son projet agape des images fixes
actualisées sur écran d’ordinateur, sous l’aspect de photographies provenant
d’un programme informatique.
cette utilisation
d’images comme support semble justifiée par l’une des propriétés de
l’hémisphère droit du cerveau humain, lieu supposé des traitements de l’information
« extrasensorielle » selon ehrenwald, lequel procéderait par
analogies, et de façon beaucoup plus « imaginative » que l’hémisphère
gauche. plus précisément, il le place dans un premier temps dans la chaîne
réticulée du système nerveux, appelant, pour défendre sa théorie, les
découvertes récentes de l’époque en ce domaine. dans un second temps, suite à
la constatation de similitudes dans les dessins déstructurés effectués, d’une
part, par un patient cérébro-lésé de l’hémisphère gauche, d’autre part, par un
patient télépathe « normal », il en arrive à situer aussi les centres
neurologiques de traitement des phénomènes psi dans l’hémisphère droit de notre
cerveau qui, dans le premier cas, « compenserait » les lésions de
l’hémisphère gauche défectueux, alors que dans le second cas, il serait à la
source même des productions graphiques suite aux réceptions télépathiques[367]. il argumente sur base de nombreuses études
expérimentales recensées depuis henri bergson
(1913) jusqu’à bakan
(1976), lesquelles appuient son hypothèse. voilà justement que nous revient en
tête une métaphore biblique : « dieu
créa l’homme à son image. »
se pourrait-il que notre hémisphère droit
soit le siège de nos envolées mystiques et divines, l’entité nous permettant de
considérer le divin en l’homme ?
les effets observés
le principal effet
attendu d’une expérience, c’est qu’elle révèle des choses neuves ou qu’elle
confirme des constantes, des lois permettant l’approfondissement de la
recherche en cours, sa suspension momentanée, ou, à défaut, son abandon.
d’autres effets sont plus inattendus, qui ont permis dans le cas de la
parapsychologie de « faire avancer le chmilblik ». dans une version
plus personnelle, de se « maintenir en mouvement », fut-il chaotique,
afin d’éviter l’entropie, au sens physique, laquelle énonce l’évanouissement
des énergies.
1)
le premier, sans doute, des effets signalés tient
justement à cette entropie-là, en ce sens qu’il déplore la routine, le trop de
déterminisme, la mécanique bien rodée, obstacles multiples à la créativité, la
spontanéité et la vitalité. c’est l’effet de déclin[368], dont l’extrait rapporté comme suit par guthrie, dès 1885, dans
les proceedings of the s.p.r, plus
qu’éloquent, est tout à fait instructif de par la description des modifications
psychophysiologiques qui y est donnée : « (…) : ‘personally, i find i am not equal to my former self in my
power to give off impressions, and if i exert myself to do so i experience
unpleasant effects in the head and nervous system. (…) then we have lost one of our
percipients ; and as the novelty and vivacity of our seances has departed
there is not the same geniality and freshness as at the outset. the thing has
become monotonous, whereas it was formerly a succession of surprises. we have
nothing new to try. i do not know if there is a loss of power on the part of
the percipient ; it is just as likely that the agents are at fault.’ »[369]
2)
un second type d’effets qui mérite d’être souligné se
rapporte moins aux sentiments humains qu’aux processus cognitifs d’élaborations
d’images mentales. ce sont les effets de distorsion.[370] distorsions que nous-même avons pu éprouver
au cours de nos deux types d’expérimentations en france et en ecosse. elles se
présentaient essentiellement par des déplacements des stimuli sensoriels vers
d’autres sens que la vue, des surimpressions ou des associations d’idées et
images mentales personnelles tenant à la « cible » à percevoir, une
mise en mouvement des percepts par progression vers les détails (ou indices),
ainsi qu’une accentuation de ceux-ci, ou des couleurs. nous en traitons dans
notre annexe 14. pourquoi dès lors chacun de nous ne percevrait-il pas les
stimuli visuels « objectivement » semblables de la même manière ?
la sémiologie visuelle, qui étudie les signes iconiques, vient ici argumenter.
en effet, « en dépit d’une position
parfois défendue par une sémiotique angélique, le problème de la réception et
du décodage des signes iconiques ne peut être coupé de celui de la perception
et de la cognition. il faut en effet se rappeler qu’il y a des styles de
perception, […]. (…), le style d’un énoncé iconique peut être défini
comme la combinatoire de certaines transformations impliquant l’interaction
entre code d’une part, instances productrices et réceptrices de l’autre,
transformations présentes dans l’énoncé en certaines proportions. c’est donc
un produit de transformations. […] dès lors, qu’il soit collectif ou
individuel, le style ne se borne pas à être la signature de « l’homme même »
comme le prétendait buffon, mais caractérise aussi ces choses que le
naturaliste déclarait résider « hors de l’homme », comme « les
connaissances, les faits, les découvertes ». car, derrière chaque type
de stylisation, il y a un modèle de l’univers. ce modèle est caractérisé
par des traits précis, et une démarche adéquate de sélection/rejet, menée au
cours de la transformation, peut imposer ces traits à tout référent. »[371]
3)
enfin, nous achevons ce bref survol des effets observés
en laboratoire par l’évocation de « l’effet psi négatif »[372]. ce dernier se manifeste par un échec
systématique, au-delà de toute statistique, lors des tests aux aptitudes psi.
dès lors, il est expliqué en partie par le refoulement, qu’il soit conscient ou
inconscient[373]. effet qui n’est pas sans rapport avec les
deux catégories établies en 1966 par gertrude schmeidler sous le nom de sheep (mouton) et goat (chèvre). elle « (…)
souligna (…) la corrélation entre la réussite aux tests e.s.p. et l’attitude favorable
ou défavorable des sujets à l’égard de la parapsychologie. elle distingua en
effet deux catégories de sujets : les moutons, sujets ayant une attitude positive, obtenaient des résultats plus
élevés que les chèvres, c’est-à-dire
les sceptiques. »[374]
l’absorption de substances hallucinogènes ou autres
en marge des
laboratoires, notre idée d’organiser une soirée crêpes spéciales, qui
constituait l’expérience « sauvage » décrite dans nos expériences
personnelles, avait été motivée par les commentaires que nous en avait faits un
ami d’enfance, devenu artiste-photographe passablement contestataire. echos
quant aux effets du haschich qui nous furent d’ailleurs confirmés préalablement
à cette soirée par d’autres connaissances. bien qu’un étudiant de notre section,
ayant décliné l’invitation à la soirée, nous ait découragé de la faire sur
recommandation d’une de ses connaissances, qui semblait dire que ce genre
d’ingestion était moins profitable que l’inhalation par la cigarette. cette
expérience « sauvage » fut assez pénible du fait des
« conclusions » que nous en retirions au sujet de personnes proches.
bateson aurait pu nous prémunir si nous l’avions lu à cette époque[375]. et le docteur auriol lui-même nous mit en
garde, mais un peu tard, lors de notre séjour en sa compagnie. quoi qu’il en
soit, nous n’avons jamais renouvelé l’expérience, mais profitons de celle de
jimy sous « champignons » :
§
c’est
vrai que lorsqu’on est sous certaines substances, comme ça, on est beaucoup
plus sensible. a tout. a tout ce qui t’entoure. aussi bien les ambiances que
les gens. il y a une particularité, sous champignons par exemple, c’est que les
traits, les traits caractéristiques …
-
physionomiques ?
§
…
physionomiques des gens, sont exacerbés. exacerbés.
-
caricature ?
§
c’est
ça. c’est-à-dire que tu perçois, en observant la personne qui est en face de
toi, tu perçois le moindre de ses états d’âme, le moindre … tous ses passages.
tu vois ? tac, tac, tac, tac. Ça se fait comme ça. et tu les perçois,
quoi. (…) par ses expressions. et tu les ressens hyper-amplifiés.
-
oui.
et tu fais “tac, tac, tac”. Ça veut dire que c’est continu … ?
§
Ça
va très vite.
-
…
ou bien c’est en … ?
§
c’est
continu (…) en fait, c’est … généralement, quand je prends des champis, je le
prends pas tout seul, et la personne qui est en face de moi elle en a pris
aussi.
-
oui.
§
(…)
l’espace-temps n’existe plus.
-
ah,
bon.
§
(…)
je veux dire, si je te parle, si maintenant j’étais sous champignons, je te
parle en te regardant : je suis dans une ambiance. je n’ai qu’à tourner
les yeux à côté de toi, et je suis dans une autre, je passe dans un autre
monde, dans une autre ambiance, dans une autre odeur, dans une autre … et c’est
toujours comme ça. et donc, les gens qui sont en face de toi, tu perçois tous
ces passages-là. et très amplifiés. et tu les reçois. tu les ressens. (…)
disons que c’est comme si y’avait plus besoin de parler.
-
oui.
§
et
que on communiquait par sentiments. donc, on se communique comme ça les
ambiances. […]
-
donc,
tu penses que les hallucinogènes seraient une façon, enfin, une facilité pour
la communication d’ambiances et de sentiments ?
§
(…)
oui, oui. a condition qu’elles ne soient pas transformées.
-
modifiées
chimiquement ?
§
c’est
ça. (…) en tout cas, au niveau des ressentis, c’est très présent. [jimy, pp.
86-87][376]
cette communication
d’ambiance ressemble à s’y méprendre avec celle que nous énonce p.-p. gossiaux
en ces termes, dans une sous-section intitulée « les deux modes d’être au
monde : sentir et percevoir. » : « dans le monde du sentir, nous nous soustrayons à tout processus
spatio-temporellement limité pour nous mouvoir dans une relation de totalité
avec le monde. l’ambiance est animée d’un mouvement cyclique orienté de manière
semblable à l’humeur : les individus d’un groupe y évoluent et y éprouvent
autant l’union dans la fête, les rituels (mariages, décès …), que la séparation
au gré des événements et des échanges. (…). les valeurs fondamentales de la
culture d’un groupe expriment au niveau de son ambiance non un contenu (une
idéologie) mais une tension vers l’union ou la séparation. »[377]
cela dit, une
littérature plus spécifique aux substances (alcools, psychotropes et autres)
considérées, avec plus ou moins de crédibilité, comme déclencheuses ou
facilitatrices de perceptions extrasensorielles, nous a permit un bref inventaire.
parmi celles-ci, relevons, l’amytal, la bière, la caféine, une boisson mexicaine à base d’« heimia salicifolia » ;
le l.s.d.
(lyserg säure diäthylamid) ; la marihuana ; la mescaline ; le peyotl ; la psilocybine ; la scopolamine, le triphosphate d’adénosine ; les vitamines b1 et b6 ; le
whisky ;
ou encore le yagé, qui contiendrait d’ailleurs de la
« télépathine », ou yagéine. enfin, il semblerait que le jeûne, qui
suppose qu’un individu diminue drastiquement sa quantité de nourriture, soit
également favorable aux p.e.s., alors que l’aspirine (acide acétylsalicylique)
les contrecarrent, sans que l’on ne sache véritablement comment ni pourquoi[378].
nous ne pouvons
évidemment pas éviter ici le terrain pharmacologique, qui a relayé le terrain
psychologique dans la recherche d’une corrélation entre psi et personnalité.
ainsi, carl sargent,
sur base de la « théorie de l’excitation corticale de
l’extraversion » (cortical-arousal theory of extraversion) d’eysenck, selon laquelle « low arousal-states are psi-optimal
and that, therefore, extraverts should be superior to introverts on psi
tests. »[379], a-t-il tenté, se prenant pour sujet, des
expérimentations de divination de chiffres avec ou sans absorption de drogue (métamphétamines
ou dizepam),
encadré pour cela de toute une équipe. en effet, la théorie d’eysenck suppose
que toutes les drogues stimulant le cortex (amphétamines) diminuent les
phénomènes psi, alors que celles qui en abaissent le niveau d’excitation
(barbituriques) seraient facilitatrices. « this is, of course, exactly the reverse of what these drugs do to
‘orthodox’ perceptual processes, and suggests some antithesis between psi and
other sensory modalities. »[380] les
conclusions de cette expérimentation confirmaient les prédictions prévues par
la théorie d’eysenck, bien qu’un effet d’expérimentateur puisse être
partiellement invoqué, mais sous réserve, car cette hypothèse semble
irréfutable. selon cette théorie et cette étude donc, les substances abaissant
le niveau d’excitation du cortex auraient la propriété de faciliter les
phénomènes psi. nous verrons plus loin en quoi les rythmes alpha (rythmes
cérébraux lents) sont susceptibles d’apporter des éléments de réponse à cette
observation, et cela d’une manière moins intoxicante.
une exploration
d’un autre type, aux confins de la perception et de la connaissance, nous a
déporté sur des terrains novateurs. en effet, jeremy narby, anthropologue ayant étudié des
indiens d’amazonie, les ashaninca, nous rapporte les résultats et les
questionnements de sa propre enquête, passionnante à plus d’un titre. se
demandant comment ils étaient parvenus à une connaissance de leur environnement
et du monde (en matière de botanique notamment) aussi poussée que la leur, mais
sans les moyens de notre technologie occidentale, il fut progressivement amené
à se pencher sur les effets d’une substance psychotrope qui leur faisait
accéder à des « états de conscience
défocalisée et “non-rationnelle” »[381] : la diméthyltryptamine. substance
portée par la classification médicale occidentale sur la liste rouge des
psychotropes, au même titre que l’héroïne et le l.s.d. or, il se trouve que la
diméthyltryptamine est produite, en quantités infimes, par le cerveau humain.
un détour par les recherches les plus récentes en matière de biophotonique (?)
le conduisit à un emportement de joie : « c’était trop beau : l’émission hautement cohérente de
photons en provenance de l’adn expliquait l’aspect luminescent des images
hallucinatoires, ainsi que leur apparence tridimensionnelle ou holographique.
cette connexion me permettait désormais de concevoir un mécanisme neurologique
pour mon hypothèse : les molécules de nicotine ou de
diméthyltryptamine, contenues dans le tabac ou l’ayahuasca, activent leurs récepteurs
respectifs qui déclenchent une cascade de réactions électrochimiques à
l’intérieur des neurones, aboutissant à l’excitation de l’adn et stimulant,
entre autres, son émission d’ondes visibles, que les chamanes perçoivent sous
forme d’“hallucinations”. voilà la source du savoir : l’adn qui vit
dans l’eau et émet des photons, comme le dragon aquatique qui crache le
feu ! »[382]
finalement, il ajoute : « (…), j’aimerais encore développer mon
hypothèse en proposant l’idée suivante : et si l’adn, stimulé par la
nicotine ou la diméthyltryptamine, activait non seulement son émission de
photons (qui inondent notre conscience sous forme d’hallucinations), mais aussi
sa capacité de capter des photons en provenance du réseau mondial formé par
l’ensemble des êtres vivants à base d’adn ? et cette entité, qui peut
être considérées comme “une unité plus ou moins pleinement interconnectée”, serait donc la source des images. »[383]
demeurant dans la perspective
anthropologique, nous pouvons encore affirmer, avec claude lévi-strauss,
et à la suite des époux wasson, l’existence en europe de
peuples mycophiles,
essentiellement slaves et méditerranéens, et d’autres mycophobes, de souche plutôt germanique et celtique. d’une
manière plus générale, « un peu
partout dans le monde, ces fructifications [de croyances populaires
et usages étymologiques concernant les champignons hallucinogènes] sont associées soit au tonnerre et à la
foudre, soit au diable ou à la folie. nos attitudes envers les champignons
refléteraient ainsi de très vieilles traditions, remontant sans doute aux temps
néolithiques sinon même paléolithiques, refoulés par les invasions celtiques et
germaniques d’abord là où celles-ci se sont produites ou ont exercé leur
influence, puis dans toute l’europe mais avec un succès inégal, par le
christianisme. outre les croyances diffuses et les coutumes, les cultures mieux
organisées des paléo-asiatiques de la sibérie orientale et ceux des indiens du
mexique subsisteraient comme des témoins isolés, sans qu’il y ait nécessairement
un rapport entre eux pense m. wasson ; (…). les indications ne manquent
pas pour suggérer que, jusqu’à une époque relativement récente, le culte des
champignons a pu avoir en europe une extension beaucoup plus vaste. »[384] ce
qui justifierait les observations de wallace dans
le cadre de l’anthropologie psychologique américaine, quant aux réactions
physiologiques suite à l’absorption de peyotl, par des indiens d’une part, et
par des blancs (white anglo-saxon protestant ?) d’autre part. réactions
expliquées par le conditionnement de l’environnement culturel, et la
signification, personnelle ou sociale, accordée aux phénomènes engendrés par
cette absorption[385].
ceci nous est encore suggéré par ehrenwald,
selon qui « les exploits réels des
sujets sous emprise de la drogue ne sont pas concluants, et restent difficiles
à dissocier de facteurs purement psychologiques, tels que les attentes du sujet
et de l’expérimentateur, la complaisance doctrinale et les effets
placebo. »[386]
les guérisons
d’une guérison à l’autre, nous aboutissons
tout au nord de l’europe, en laponie, d’où vilgard
nous rapporte des pratiques de guérison par des voies télépathiques : « le charisme des guérisseurs, d’une
part, et la puissance de l’imaginaire dans le subconscient, d’autre part,
expliquent l’extension des traitements par télépathie. outre les cas
« classiques » (où la patient écrit ou téléphone au guérisseur, suit
les éventuels avis de celui-ci – (…) – et guérit quelques jours plus tard,
lorsqu’il sait ou sent que le guérisseur a « lu » sur lui à
distance), il se trouve des cas plus intéressants encore, où le patient n’entre
en contact avec le guérisseur que mentalement. […] mais la télépathie n’est pas
limitée à la relation guérisseur-malade. certains signes sont perçus comme
manifestations d’un contact mental entre deux individus physiquement éloignés.
dans cette catégorie de phénomènes entrent d’emblée les fegd, mais aussi
d’autres signes qui ne sont vérifiés qu’après l’événement ou la rencontre des
deux parties. (…) les exemples de fegd sont très nombreux, que ce soit de la
part de gens âgés ou jeunes. »[387]
en asie, la médecine traditionnelle semble
elle aussi admettre de tels traitements, basés sur un concept d’énergie vitale,
le qi[388].
concept que l’on retrouve par ailleurs aux fondements d’un art martial tel que l’aïkido, signifiant la voie[389].
les nombreux manga, dessins
animés japonais décriés chez nous pour leur violence, mais objets d’un appétit
friand chez les japonais, sont également un vecteur de ces philosophie et
tradition asiatiques lorsque, par exemple, ils font en sorte qu’un superhéros
tel que san goku soit renseigné à distance par un « maître » habitant
une petite planète géostationnaire, lequel utilise l’imposition des mains sur
un corps transférentiel pour y parvenir. ou encore lorsque ce même héros
réceptionne les énergies humaines, suppliant les terriens, par télépathie, de
lever les bras vers le ciel, afin de les concentrer en une boule énergétique
gigantesque qui lui permettra de terrasser son ennemi juré, incarnation du mal.
il n’est toutefois pas indispensable de se
déporter si loin sur le globe. le même type de traitements existe également
près de chez nous, dans le chef des ostéopathes notamment, qui parviendraient
ainsi à guérir à distance des enfants atteints de trisomie 18, un cas très rare de malformation :
§
[?],
qui est docteur en psychologie et ostéopathe depuis 20 ans - qui travaille à
paris - réunissait, il y a 10 ans, ses élèves, ici à bruxelles, (...) ils se
réunissaient à bruxelles une fois par mois, pour travailler sur des cas
cliniques extrêmement difficiles, délicats. notamment, un enfant avec une
trisomie 18, ce qui est une trisomie très, très rare et rarement viable. et cet
enfant était intouchable. (...)
-
il
crisait à chaque fois ? a chaque contact ?
§
oui.
l’enfant réagissait très mal dès qu’on l’approchait, où qu’on le touchait.
donc, ce qu’il a proposé de faire, c’est que l’enfant reste dans les bras de sa
maman, et il nous a tous amenés dans la pièce d’à côté. il a demandé à quelqu’un de servir d’émetteur. cette personne s’est
couchée sur la table et une dizaine d’ostéopathes disons, ont travaillé sur le
corps de la personne, couchée dans la pièce à côté.
-
ah
oui. comme intermédiaire ? !
§
...
pour l’enfant. et, d’abord l’enfant s’est instantanément apaisé. et puis, bon,
moi je n’ai pas pu le vérifier en tant qu’homéopathe débutant à l’époque, mais
les ostéopathes ont pu constater après, en sentant l’enfant, que les tissus
avaient été remis en place. alors que l’enfant n’a pas été touché. et donc, en
ostéopathie, c’est quelque chose qui se fait très, très fréquemment, hein. les
ostéopathes travaillent à distance. donc, donnent une information avec leurs
mains, à distance, qui fait que le corps met des mouvements de rotation spontanés
en place. (…) mais sans aucune manipulation physique. (…)
-
une
injonction mentale, oui.
§
c’est
une télépathie par les mains. [eduard
de vegan, p. 59]
le même médecin mentionne encore la kinésiologie comme moyen de communication à distance[390].
carl gustave jung déjà, ancien disciple de
freud devenu dissident, s’interrogeait sur les rapports entretenus par le corps
et l’âme, au travers du rêve notamment, ainsi que dans les maladies et leurs
guérisons. du phénomène télépathique, qu’il mettait de façon moins ambiguë que
son maître en relation avec le rêve, il nous a laissé ces témoignages de
première main : « j’ai eu
l’occasion de constater que les phénomènes télépathiques exercent également une
influence sur les rêves ; depuis les temps les plus reculés nos ancêtres
l’affirmaient. certaines personnes sont à ce point de vue particulièrement
réceptives et ont fréquemment des rêves d’un caractère télépathique marqué.
reconnaître, de fait, le phénomène télépathique ne signifie point que l’on
reconnaît sans condition les conceptions théoriques courantes sur la nature de
l’action à distance. le phénomène
existe sans aucun doute possible, mais sa théorie me paraît devoir être
exceptionnellement compliquée. (…) il faut de même tenir compte des
cryptomnésies, facteur que flournoy a, pour sa part, mis en relief, et qui est
susceptible d’occasionner, le cas échéant, les phénomènes les plus étonnants et
les plus baroques. […] la littérature des rêves télépathiques ne cite en
général que ceux au cours desquels un événement particulièrement affectif se
trouve anticipé de façon « télépathique » dans le temps ou
l’espace ; donc seulement ceux dont l’événement possède, en quelque
sorte, un retentissement humain (par exemple un décès) qui en explique ou
au moins en aide à comprendre le préssentiment, ou la perception à distance.
les rêves télépathiques qu’il me fut donné d’observer correspondaient en
majorité à ce type. un petit nombre, par contre, se singularisaient par un
contenu manifeste du rêve où la
constatation télépathique avait trait à des choses totalement dénuées
d’intérêt, (…). »[391]
conclusion provisoire :
parvenu au terme de ce chapitre 3, nous
pouvons à présent réaliser un survol des matières qui y ont été abordées.
nous avons initialement suivi le phénomène
« télépathie » dans ses métamorphoses terminologiques et
contextuelles (historiques), objet de nos premiers questionnements, aboutissant
à l’élargissement du champ de notre investigation vers les « phénomènes
psi ».
cela fait, nous sommes parti dans un premier
temps des croyances en tant que témoignages d’une activité psychologique en
partie façonnée culturellement, nous avons tenté de les délimiter comme telles,
par rapport aux pratiques notamment, sur lesquelles nous reviendrons. ensuite,
nous avons retenu quelques motifs susceptibles d’expliquer et justifier la
croyance au paranormal, et plus particulièrement en la télépathie, dans
l’occident contemporain, pour nous apercevoir que, de façon avouée ou non, une
forme de « pensée magique » y persiste. ces constatations ont
également été l’occasion d’une réflexion sur la raison d’être des croyances,
essentiellement en tant que réponses à un besoin, puisqu’il est rare que les
humains fassent des choses sans raison. ces réponses pourraient être au
fondement de l’appréhension de l’inconnu, source de déstabilisation, de
craintes, et d’angoisses chez l’homo sapiens sapiens, dont il est cependant
possible de se départir.
dans un deuxième temps, nous avons pris en
compte la nature, traditionnellement opposée à la culture, tous deux
constituant l’environnement de l’homme qui nous intéresse et auquel nous nous
adressons. dans cette nature, nous cherchions à déceler les manifestations de
la télépathie telles qu’elles peuvent être observées de façon brute, ou sous
conditions expérimentales. ainsi, au détour des différents niveaux de l’échelle
phylogénétique, il ressortait que l’influence et la conscience humaines
pourraient être à la source des phénomènes psi rencontrés dans cette même
nature. une vision plus globale de cette dernière instance incite toutefois à
lui attribuer une sorte de volition, ou d’âme.
arrivé à ce point, il semblait opportun,
dans un troisième temps, de considérer plus en détail, dans une perspective
cybernético-systémique, ces mêmes phénomènes psi au cœur des rapports que les
humains établissent entre eux. il s’en dégageait une « constante » en
faveur de l’affectivité et de l’émotivité, qui nous amenait progressivement à
les considérer comme déclencheuses ou catalyseuses de la survenue des phénomènes
en question. après une tentative de mise en perspective de quelques
représentations de la télépathie véhiculées par l’imaginaire occidental, nous
avons achevé la réflexion, de la même manière qu’il y a quatre saisons dans un
cycle annuel, par les aspects sans doute les plus complexes et les plus humains
des croyances humaines, envisageant, avec leurs dérives éventuelles, les
principales religions de l’europe et de ses contours plus ou moins flous.
les pratiques autour de la télépathie
complétaient la réflexion sur les croyances humaines. une sélection de
quelques-unes d’entre elles nous a permis d’en déconstruire certains
« mécanismes », ou d’en dégager les lignes de forces, qui venaient
souvent confirmer les premières constatations que nous avions faites
initialement, notamment sur la portée de l’émotivité et de l’affectivité dans
les rapports humains, à l’origine, pour rappel, de l’étymologie du mot
« télépathie ». surtout, nous apercevions la portée pratique des plus
anciennes d’entre elles (thérapies, soutien moral, etc.), et l’inscription
progressive du sceau expérimental sur les phénomènes qu’elles convoient.
ceci clôture le chapitre 3, que le quatrième
chapitre relaye pour un marathon de nature plus « idéologique » et
prospective sur le thème de la télépathie.
chapitre 4 : redéploiements
discussions
épistémologiques sur la télépathie
« peu
importe la discipline, lorsque nous envisageons un savoir donné,
nous devons le
considérer comme étant à un moment de son histoire ;
donc comme
étant en mouvance, en évolution …
en aucun cas,
ne prenons le risque de le figer dans cet instant. »[392]
le bestiaire parapsychologique : des chèvres et
des moutons
tout au long de notre recherche, nous avons pu constater une
scission plus ou moins nette, sur fond de croyances et d’idéologies, entre ceux
qui tenaient mordicus l’existence des
phénomènes télépathiques pour acquise ; et ceux qui ne voulaient, sous
aucun prétexte, en entendre parler. ces deux « espèces » ont été dénommées
respectivement « sheep » (mouton) et « goat » (chèvre) par
gertrude schmeidler, et depuis lors, cette donnée est prise en compte dans la
plupart des tests expérimentaux qui invoquent l’étude de la télépathie ou
d’autres phénomènes psi[393].
ce qui ne va pas sans poser question. nous pensons en effet que ce partage
maintient et entretient un état qui « force » le choix. or, ne
peut-on pas être tantôt l’un, et tantôt l’autre ? ou un succédané des
deux ? procédé peut-être peu élégant. procédé humain tout de même. quant à
nous, nous n’irons pas crier sur tous les toits à quel « camp » nous
appartenons. essayons plutôt de maintenir une attitude prudente, de phronesis, et évertuons-nous à rester
« sage comme une image », ou « doux comme un agneau », dans
cette bataille opposant sceptiques et convaincus.
sans doute ne peut-on pas blâmer des esprits rodés à
« l’esprit scientifique » de se montrer retissants et sceptiques
devant des phénomènes qui ne remplissent pas des principes considérés comme
élémentaires dans toute expérimentation scientifique (la réplicabilité, le
respect de la relation de cause à effet, la falsifiabilité, entre autres).
c’est trop vite oublier que le monde du vivant (lebenswelt) est loin d’être réductible à l’univers du laboratoire[394].
qui plus est, il est assez amusant de constater que cette science dite
« orthodoxe », dont le but est quand même de pouvoir prévoir des
événements à venir sur base de lois établies, n’admet pas nécessairement des
prévisions (prémonitions ou précognitions) qu’elle ne s’explique pas. c’est là
adopter une attitude bien peu scientifique que de récuser des faits lorsqu’on
ne peut les expliquer. si nous raisonnions ainsi en toutes circonstances et de
façon radicale, cette science que nous connaissons aujourd’hui n’aurait
peut-être jamais vu le jour. rappelons qu’elle s’origine pour une bonne part
dans la nuit des temps, avec les alchimistes, mages et « magiciens »,
observateurs et interrogateurs des « atomes » comme des astres.
admettons, avec ces mêmes sceptiques, qu’il y ait des
fraudes : leurs résultats n’en ont pas nécessairement été retenus comme
des preuves, et ce dès les premières recherches[395].
mais l’accusation de fraude, présentée par collins
et pinch
comme une hypothèse au côté d’autres stratégies faisant partie d’un minutieux
travail de désaveu scientifique, devenu une profession, vise surtout à exclure
la parapsychologie en quête de reconnaissance hors du forum
constituant qui se trouve dans le c(h)amp des sciences dites
orthodoxes, avec des publications telles que science ou nature pour la
recherche anglaise. c(h)amps qui s’étend sur d’autres plans d’ailleurs. ainsi
avons-nous pu apprendre l’existence, en belgique, d’une a.s.b.l. (association
sans but lucratif) nommée comité para.
ou encore des publications intitulées nouvelles
brèves, publiées par le comité belge pour l’investigation scientifique des
phénomènes réputés paranormaux ;
afis-science … et pseudo-sciences, cahiers bimestriels de l’association
française pour l’information scientifique. toutes publications dont le ton est
souvent sarcastique, alarmiste, voire agressif[396].
n’est-il pas regrettable de s’apercevoir que des sceptiques,
sensés observer, douter et regarder en biais, en arrivent à affirmer envers et
contre tout, se dispersant dans des diatribes mesquines ? tel henri broch
qui, comme par hasard, fait partie des membres correspondants des nouvelles brèves, est directeur d’une
collection « zététique » soutenue par le c.a.l., et fut primé « distinguished skeptic award du
prestigieux csicop »[397].
auteur qui en arrive, par des arguments ad
hominem, à discréditer une personne à partir de contradictions ou erreurs
occasionnelles. csicop aux relents de cop,
« flic » en anglais. des flics qui, « sous la torture » de
l’indéterminé et de l’irrationnel, pourraient être soupçonnés de meurtre,
malgré eux (?), lorsque l’on se penche par exemple sur une polémique comme
celle de la mort de gurney[398]. on se croirait
parfois dans l’affaire sokal et bricmont, « attachés à la tradition rationaliste des lumières. »[399]
a ceux-là, jean dierkens, « objet » de leurs
multiples attaques, répondrait qu’ils présentent des blocages d’ordre
névrotique. claude voillaume rétorque pour sa part que « quand un scientifique entreprend de
critiquer une thèse que sa conviction personnelle le porte à refuser, il
devrait, plus que quiconque, être attentif à demeurer rationnel, objectif et
impartial. il y a pour cela quelques règles à observer, entre autres :
-
rassembler
l’information la plus large possible, tant chez les partisans que chez les
adversaires
de la thèse mise en question ;
-
autant que cela
est possible, rechercher l’information la plus proche de la source : (…)
-
ne pas présenter
comme une vérité établie ce qui n’est qu’une opinion personnelle et, pour
éviter toute confusion de ce genre, donner toutes références à l’appui de ce
que l’on avance.
les
adversaires de la parapsychologie sont-ils impeccablement respectueux de ces
règles ? (…) mais il est une autre règle qui ne concerne plus le respect
de la vérité, mais le respect de la personne qui ne pense pas comme
soi-même. »[400]
pourquoi dès lors ces fraudes qui détournent les buts de la
recherche ? ces tricheries semblent répondre à un « besoin » ou
une « nécessité » psychologiques, auxquels si ahmed donne quelques
explications en termes de narcissisme et de reconnaissance[401].
comportements moralement discutables peut-être : l’orgueil est un péché.
mais nous pensons que ni morale(s), ni sciences dites « exactes », ne
sont appelées à gouverner le monde de façon indépendante. cependant, ces
« blocages névrotiques » ne sont pas sans répercussions sur la
vigilance des parapsychologues eux-mêmes, dont la paranoïa est immanquablement
aiguisée. le jeu « classique » de la schismogenèse … et sans doute le
meilleur service que les critiques acerbes aient pu leur rendre. paranoïa qui,
comme nous l’a suggéré véronique servais, est peut-être due à un
surinvestissement des apprentissages de type ii dont parle bateson, répondant à
un besoin de maintenir une identité personnelle « stable », un « moi »
constitué comme siège de la vie psychique intime et sociale. si bien
qu’aujourd’hui, probablement, « (…)
le meilleur aspect de la parapsychologie moderne contient quelques-uns des
travaux les plus rigoureusement contrôlés et les plus sophistiqués de la
science actuelle sur le plan méthodologique. »[402]
nous sommes aussi passé par des raisonnements paranoïaques
lors de nos expériences personnelles et en laboratoires, qui n’ont eu pour
effet, nous semble-t-il, que d’accentuer une tension à la fois interne et
externe, avec nous-même, avec nos proches, et avec notre correspondant
toulousain, juge et partie dans notre travail, le docteur auriol.
« le propos de
cette discussion sur l’hypothèse de la fraude n’est pas de ridiculiser les adversaires
de la parapsychologie - (…) - mais de montrer que cette hypothèse est
universellement applicable, ce qui pose la question de savoir pourquoi elle
n’est pas plus souvent utilisée dans les autres domaines scientifiques. »[403]
car en effet, des hommes de science tels que ptolémée,
newton, ou encore marconi, ont également fraudé[404].
d’autre part, combien de convaincus ne gobent-ils pas tout
et n’importe quoi sans discernement, certainement stimulés par un appétit
vorace de choses « neuves », ou qui dérangent, à la manière de ces
requins éventrés dans l’estomac desquels on a retrouvé des pneus et des plaques
de voiture, ou à la manière de ces chèvres (tiens, tiens) qui ingèrent
jusqu’aux sachets de plastique traînant sur leur chemin ? au risque d’une
indigestion, ou d’être la proie d’autres requins, assoiffés de pouvoir et/ou
d’argent ?[405]
la science, cette idéation portée parfois aux nues, est
l’œuvre, telle qu’elle se fait, des femmes et des hommes de science. ayons
l’honnêteté de le reconnaître. il est dommage et dommageable que trop souvent
elle soit la pomme de discorde de ces mêmes hommes et femmes.
une spontanéité provoquante
une deuxième scission à laquelle l’on peut assister lorsque
l’on se penche sur la problématique télépathique, c’est celle, assez
unanimement reconnue dans notre société, qui départage les cas de télépathie
spontanée d’une part, et les cas de télépathie provoquée d’autre part. ces
scissions (chèvre/mouton ; spontané/provoqué) rappellent
« secrètement », ou par sécrétion, la dichotomie esprit/corps de
descartes, et le ton disjonctif qui a caractérisé l’évolution de
l’épistémologie occidentale à sa suite, jusqu’à richet lui-même, qui scindait
métapsychies subjective et objective, ou encore lévi-strauss, dont le structuralisme,
lame fort bien aiguisée pour la compréhension et l’explication de nombreux
faits de la vie humaine, repose sur la mise en perspective de couples
d’oppositions.
§
alors,
maintenant, est-ce que le cartésianisme proprement dit, aurait quelque chose à
dire ? (…) Ça c’est une bonne question. difficile.
-
parce
qu’il y a quand même une grande séparation corps-âme chez descartes, même si
(…) elle n’est parfois qu’apparente.
§
dans
le traité des passions, (…) c’est
justement essayer de comprendre où, malgré la séparation, ils sont en contact.
et comment se fait-il qu’il y a des passions ? comment se fait-il que,
malgré que l’esprit et la conscience soient séparés du corps, le corps vit des
passions ? et que l’esprit vive certaines passions hors du corps, et le corps
vive certaines passions hors de l’esprit ? (…) Ça c’est la question que
descartes pose, dans son traité, (…)
qui n’est pas comme les traités des passions scolastiques, sa classification.
donc là il y a une question intéressante, une question neuve. (…) je ne pense
pas que (…) le cartésianisme, comme descartes le pratiquait, choisisse a priori
qu’il y ait des phénomènes de type télépathique ou non.
-
il
n’en parle pas ! ?
§
(…)
il n’en parle pas. non, il n’en parle pas. mais qu’est-ce qu’on pourrait
penser, dans les méditations, du
« malin génie » qui viendrait s’introduire dans ses rêves ? (…)
là, c’est pas très clair.
-
il
avançait toujours masqué, en fait. [yan, pp. 70-71]
un éclairage philosophique vient expliquer ces propos
allusifs : « avec l’hypothèse du
malin génie, la possibilité d’une folie totale fait, selon derrida, irruption
au cœur même de la pensée pure. non que descartes fasse encore de la folie son
thème. c’est d’une opération qu’il s’agit dorénavant, de la mise en œuvre
effective d’un affolement généralisé, auquel ne peut en droit échapper aucune
connaissance déterminée. l’hyperbole du doute conduirait de la sorte à
l’hyperbole du cogito. descartes a pu mimer d’abord l’exclusion du fou, parce
qu’il en restait au moment encore non-hyperbolique du doute. mais le
renversement sera complet dans le cogito. quand même ma pensée serait
totalement folle, il demeure que je pense. qu’importe l’incertitude des cogitata : au pôle noétique, la pensée
conserve ce qu’elle a mis entre parenthèse au pôle noématique. elle n’est donc
pas seulement entendement et jugement, mais aussi, elle imagine et elle sent.
l’inclusion est totale de la folie à l’intérieur de la pensée pure, dont elle
constitue une espèce. »[406]
ce « malin génie » peut donc, grosso modo, être assimilé à la folie et à l’imagination débridée
qui la caractérise souvent. et si ahmed nous fait remarquer, à juste titre, que
descartes lui-même, considérant les particules élémentaires dans ses principes de la philosophie, quatrième
partie, article 187, n’excluait pas des explications appartenant au registre du
merveilleux : « il peut se
faire que des circonstances très remarquables les déterminent quelquefois (…),
à passer en fort peu de temps jusqu’à des lieux fort éloignés, sans qu’aucun
corps qu’elles rencontrent en leur chemin les puisse arrêter ou détourner et
que, rencontrant là une matière disposée à recevoir leur action, elles y
produisent des effets entièrement rares et merveilleux : comme (…) de
faire saigner les plaies du mort lorsque le meurtrier s’en approche, d’émouvoir
l’imagination de ceux qui dorment ou aussi de ceux qui sont éveillés et leur
donner des pensées qui les avertissent des choses qui arrivent loin d’eux, en
leur faisant ressentir les joies ou les afflictions d’un ami, les mauvais desseins
d’un assassin, etc. »[407]
a ce titre, l’hypothèse des « émetteurs
pirates », reformulée par le dr
auriol, nous semble intéressante et plus réaliste que la dernière scission
susmentionnée, en ce qu’elle suppose l’impossibilité de contrôle absolu sur le
processus en cours, expliquant peut-être mieux, de ce fait, les nombreux cas
spontanés relevés dans la littérature[408].
elle permet d’autre part de mieux comprendre la difficulté que rencontrent les
chercheurs en laboratoire pour cerner les éventuelles lois sous-jacentes qui se
pourraient être aux fondements du phénomène télépathique, ainsi que des autres
phénomènes connexes. nous avons trouvé cette hypothèse déjà émise chez le dr
leprince, qui l’exprime en ces mots : « nous
sommes en rapport constant télépathiquement avec les autres habitants de la
terre. l’irradiation télépathique ne se produit pas seulement entre des
individus qui se connaissent et qui sont en communication spirituelle intime,
mais aussi dans d’autres directions ; (…). qu’une telle répercussion ne
soit pas prévue par moi, qu’elle reste sans effet dans le monde, et qu’elle
soit alors perdue, cela est possible, mais cette perte ne détruit pas la pensée
primitive. tous, à notre insu, nous subissons d’innombrables projections
psychiques, c’est-à-dire d’infinies irradiations télépathiques qui nous
parviennent de toutes parts. »[409]
le principe de lavoisier « rien ne se perd. rien ne se gagne. tout se transforme. » ne
pourrait-il pas se conformer à cette hypothèse ?
spiritualisme et matérialisme, idéalisme et
empirisme : les doubles tranchants de l’arme scientifique
l’on décèle, à l’aube même de la création de la s.p.r. des
préoccupations spiritualistes, en réaction au matérialisme trop radical que
préfigurait, à l’époque, le darwinisme[410].
d’autres hypothèses philosophiques ont encore été émises
afin de déterminer la nature du phénomène psi. ainsi en est-il des mentalistes, qui « tiennent
que la perception “psi” se passe de tout soubassement matériel (du genre
“radiations”), et qu’il est vain de vouloir mettre au jour, chez les sujets
paranormaux, un substrat physiologique ayant quelque valeur explicative,
puisque cette perception, extrasensorielle (…), n’est pas soumise aux lois du
monde physique et du vivant étudiés par les sciences positives. (…) sans nier
la prééminence de l’esprit sur la matière (car, pour la plupart, ils restent
spiritualistes), les autres estiment que les phénomènes paranormaux ont sans
doute une genèse physique et/ou physiologique, qu’il s’agit de découvrir en
suivant les protocoles scientifiques en vigueur dans les autres
disciplines. »[411]
un tel antagonisme est très probablement à mettre sur le
compte du cartésianisme disjonctif que nous avons déjà rencontré plusieurs fois
au cours de l'exposé, l’un des piliers de toute l’épistémologie dite moderne. avant l’opposition entre
spiritualistes et matérialistes, on peut encore trouver une autre dyade
philosophique dans les termes de l’idéalisme et de l’empirisme : « idealist philosophy, emanating from
germany, had supplanted traditional british empiricism at the old universities
and had succeeded in turning materialism on its head, arguing that mind alone
was real and that even the so-called material world was itself no more than a
product of some ubiquitous mind or absolute. however, those imbued with that
down-to-earth empirical disposition, for which the british are renowed, wanted
to defeat materialistic science at its own game. »[412]
ayant eu à fréquenter l’ecosse, qui s’est récemment rendue
indépendante politiquement de la grande-bretagne, nous nous sommes quelque peu
documenté sur certains schémas de pensée que l’on y peut rencontrer. ainsi,
nous avons appris qu’il y existe une tradition du sens commun,
où il est notamment question de « suggestion »[413].
et des penseurs/philosophes, mais surtout humains parmi les humains que
semblaient être reid et stewart, arrivèrent
à des conceptions aussi généreuses que celles-ci : « (…) tous les hommes sont doués du sens commun et doivent
nécessairement voir les choses de la même manière, lorsque les préjugés, les
idoles de bacon, ont été écartés. ceux qui s’écartent de la « vision du
sens commun » ne font pas œuvre de philosophe critique, mais plutôt preuve
de dérangement mental ou peut-être tout simplement de snobisme. si on ne
peut les ramener à la raison, c’est-à-dire à la vision commune, il faut les
abandonner à leur folie. mais l’œuvre des philosophes du sens commun ne vise
pas ces brebis égarées. elle prétend s’adresser aux hommes raisonnables et les
raffermir dans une confiance que la mode sceptique aurait pu, si peu que ce
soit, ébranler. (…) c’est pourquoi c.s. peirce notamment y reste attaché, mais
les croyances de sens commun sont à ses yeux essentiellement affaire
d’instinct, non de raison. en outre, elles sont vagues, indéterminées. (…) c’est
donc l’idée de certitude immuable et universelle qui est ici mise en question
en faveur d’une évolution qui résulte de la mise à l’épreuve et de
l’élimination de ce qui s’avère dépassé. »[414]
« le bon sens est
la chose du monde la mieux partagée » aurait dit descartes. mais de
telles conceptions, encore une fois, semblent être restées en marge. peut-être
du fait qu’elles émanaient de la « périphérie », des highlands brumeux où l’on croit aux
monstres des lacs. heureusement,
« as physics moved on, the view on
reality that it disclosed became ever stranger and further removed from
commonsense notions [celles du dualisme].
the possibility, therefor, that paranormal phenomena, even if they could not be
explained by ‘any generally recognized hypothesis’ might yet turn out to be
reconciliable with the new physics was one that many physicists themselves
found attractive. the invention of wireless communication provided an
almost irresistible (albeit misleading) analogy with telepathy.»[415]
et tandis que nous nous amusions avec nos téléphones sans
fil, les russes et leurs « pays satellites », mus par le
matérialisme, cherchaient une nouvelle énergie telle que le bio-plasma[416].
des particules atomiques à l’organisme humain
la physique des quanta
nous n’avons nullement l’intention, sous cet intitulé-ci, de
prétendre une quelconque érudition en matière de physique quantique, qui aux
dires des physiciens eux-mêmes est une matière très pointue et extrêmement
ardue. néanmoins, lors de nos recherches, nous avons été subrepticement amené à
nous y intéresser. il nous semblait par conséquent inévitable d’en traiter, et
ce paragraphe ne prétend à rien d’autre qu’une tentative de vulgarisation de ce
savoir. pour information ou rappel, c’est max planck qui, en 1900,
fut à l’origine de la théorie des quanta, socle de notre physique
contemporaine, laquelle stipule une identité entre énergie et matière, toutes
deux discontinues dans leur rayonnement. a ce stade-ci de nos connaissances,
l’on admet l’existence de quatre forces constituant une sorte de rose des
vents, que nos vues linéaires décrivent de façon décroissante dans l’échelle
des grandeurs comme suit : la force de gravitation mise en évidence par
newton, l’électromagnétisme théorisé par herman hertz, l’interaction
faible et l’interaction forte[417].
ces deux dernières se manifestent à l’échelle des particules dites
élémentaires, qui se mesurent en nanomètres[418].
ceci étant établi, revenons-en à notre débat sur la
télépathie, qui a cherché, et qui continue à creuser en direction des
phénomènes observables à cette échelle-ci[419].
c’est un article de william giroldini
qui nous a mis sur la piste. dans cet article, il est question d’une propriété
atomique observée lors d’une expérience ayant fait date et retenue sous le nom
de paradoxe d’einstein-podolsky-rosen
(paradoxe e.-p.-r.). cette propriété des atomes est mieux connue en tant que non-localité ou non-séparabilité.
elle met en évidence une autre particularité des particules élémentaires, qui
seraient composées de couples bosoniques
dont les « comportements », prévisibles, seraient identiques, bien
qu’inversés, à des distances pour lesquelles la vitesse de la lumière, au-delà
de laquelle « en vertu d’une loi
relativiste tout aussi vérifiée que les lois quantiques, aucune information ne
peut se propager »[420] ne pourrait constituer un vecteur entre
ces deux « membres » du couple bosonique.
dès lors, ce fait étrange étant acquis et replicable, des
spéculations de toutes sortes sont nées qui cherchaient à rendre compte des
phénomènes paranormaux[421].
c’est ainsi qu’eu lieu, dans
les années 70, un colloque de cordoue, et qu’aujourd’hui encore « the peculiar properties of
nonlocality that is the interaction at a distance without any attenuation, the
instantaneity and the specificity of the bond between the two correlated
particles may constitue, in our opinion, the original physical basis of
phenomena which we call ‘telepathy’ and ‘psychokinesis’. »[422]
après développement de ses présupposés et des théories
émises dans le même champ de réflexion que le sien (à savoir l’hypothèse d’une
possible théorie en physique quantique qui permette d’expliquer les phénomènes
paranormaux), giroldini conclut en ces termes par des indications qui mènent au
cerveau : « in short, telepathy
could be seen as a partial reproduction in a brain of the excitation patterns
of another brain. such a mechanism could also explain
psychokinesis of small entities and, in general, the direct influence of mind
upon matter, living or non-living. some testable predictions are deducted from
the proposed model. »[423]
le plus récent débat, à notre connaissance, se trouve dans
la revue française de psychotronique
de 1988, où les auteurs insistent :
1)
sur le fait que la parapsychologie relève avant tout de
disciplines telles que la psychologie, la médecine, ou la biologie, auxquelles
peuvent s’adjoindre l’ethnologie, l’éthologie, la neurobiologie, la
psychiatrie, ou encore la sociologie ;
2)
sur les risques de récupérations abusives de la
mécanique quantique dans le domaine de la parapsychologie ;
3)
sur la nécessité d’une méthodologie simple et adaptée,
sur base de la métrologie, afin de mieux comprendre les phénomènes de
psychocinèse[424].
au problème de la méthodologie, andré andré malacan
répond toutefois que : « si le “facteur
psi” n’émerge, en fait, qu’au travers de systèmes ou de situations complexes
pourquoi ne pas – dans un premier temps – les accepter et les étudier comme ils
nous sont donnés. (…) appliqué au domaine de la p.p. [parapsychologie] le problème méthodologique soulevé par les
auteurs est sans doute moins simple qu’il n’y paraît … »[425]
dimitri tendrait cependant à récuser l’hypothèse quantique
de la télépathie, car elle viole les lois du monde macroscopique, au niveau
duquel les paradoxes de l’échelle quantique ont pu être résolus :
§
alors,
il y a des problèmes dans le domaine de la mécanique quantique (…). il y a des
problèmes qui se posent. des contradictions apparentes, mais ça tient au
langage extrêmement compliqué de la mécanique quantique, et là il y a des
progrès qui ont été faits, si j’ai bien compris, récemment, pour passer du
domaine quantique, où apparemment il y a des choses très contradictoires avec
nos principes habituels. quand on repasse à l’échelle macroscopique, à notre
échelle à nous, il y a un principe de correspondance qui est beaucoup mieux
compris qu’avant. (…) mais on arrive à ce que les contradictions au niveau
microscopique, quantique, se résolvent d’elles-mêmes quand on arrive au niveau
d’une expérience macroscopique, de laboratoire. donc, qu’il y ait à la limite
deux électrons qui ont l’air de se connaître l’un l’autre, à distance, et des
choses pareilles, ça peut être correct dans le schéma quantique, mais dès qu’on
arrivera à une expérience réelle, au niveau du laboratoire, la contradiction va
disparaître. [dimitri, p. 93]
l’électromagnétisme
remontons dans l’échelle des grandeurs, vers les forces
électromagnétiques. nous rappelons que les années 1920 ont vu fleurir des
théories électromagnétiques à l’appui de l’existence des phénomènes
parapsychologiques, surtout en provenance des pays de l’est, fervents
défenseurs d’une philosophie matérialiste. or, si l’on en croit la polémique
sur les fondements de la télépathie défendus par cazzammeli, et
récusés par vasiliev, qui y était préalablement favorable, aucune valeur
ne peut plus être accordée aux thèses électromagnétiques de la télépathie[426].
dans quelle mesure les oppositions idéologiques entre l’union soviétique
d’alors et une italie défenderesse d’un eurocommunisme n’expliqueraient-elles
pas ces dissensions ? nous laissons le droit de réponse à d’autres
personnes plus qualifiées que nous.
quoi qu’il en soit, l’histoire n’aura retenu que les
conclusions de vasiliev dans cette voie-là, comme nous le signale le couple dierkens :
« la recherche d’écrans qui
empêcheraient la communication télépathique a évidemment orienté les
expérimentateurs à utiliser une cage de faraday. (…) vasiliev a constaté que
cette cage n’entravait pas la télépathie, - ni une telle cage entourée de
plaque de plomb. il nous avait semblé dans certaines expériences où le sujet
était placé dans ces conditions que la communication était parfois rendue
impossible, mais nous pensons que c’est sans doute autant par la perception
(par voie extrasensorielle) de l’existence de cette cage par l’émetteur (qui
était persuadé que cela allait entraver son action) que par la réalité
physique. ces expériences qui prouvent que la communication est possible au
travers d’un écran devraient éliminer une fois pour toutes l’hypothèse d’ondes
électromagnétiques comme vectrices de l’information extrasensorielle. »[427]
ce sont pourtant ces forces électromagnétiques que le film enak, dont l’intrigue initiale se situe
dans un « pays de l’est », projette. dans ce film, nous sommes un
instant les témoins accidentels d’une expérience où le personnage principal,
enak - un télépathe recruté par le gouvernement pour ses pouvoirs
psychotroniques - est assis dans un siège, le corps entouré de tiges
métalliques pointées dans sa direction, faisant vraisemblablement office
d’antennes de détection. ces tiges évoquent vaguement la cage de faraday qui,
inversement à ces « antennes », vise à isoler de toute onde
électromagnétique en provenance de l’extérieur.
ce sont encore les propos de jimy, rôdé au spiritisme, qui
expriment de façon métaphorique qu’il y ait dans un groupe des personnes
faisant office d’« antennes ». ainsi, à un niveau plus sociologique,
un indice de persistance s’insinue, sorte de persistance rétinienne de
l’ « imaginaire populaire » qui garderait vivaces des métaphores
et des théories n’ayant aux yeux de la science plus aucun sens. ce qui marque
un autre fait aux répercussions plus profondes : un retard et un écart,
qui se calcule en décennies, entre le savoir des « clercs » et celui
des « hommes simplement hommes », pour reprendre l’expression de
merleau-ponty. fossé que la complexité des phénomènes étudiés autant que les
incertitudes concernant leurs interprétations ne comblent absolument pas,
renforçant apparemment ceux-ci dans leurs fantasmes ou leur imagination, tandis
que ceux-là s’enfermeraient dans leur tour d’ivoire, chacun trouvant sans doute
dans ces attitudes un palliatif au trouble de l’absence d’explication[428].
a moins qu’il ne s’agisse de l’aveuglement des mêmes « clercs »
devant les faits, et ce pour de multiples raisons, comme par exemple celles que
nous évoquions lors du paragraphe sur le « bestiaire
parapsychologique ». « on
situait généralement les « ondes psi » à l’extrémité du spectre
correspondant aux radiations à basse fréquence. on n’a cependant jamais prouvé
l’existence des ondes psi, et ce modèle n’explique pas les vitesses
ultraluminiques et le fait que la télépathie et la précognition ne semblent pas
affectées par la distance. »[429]
platement formulé, le modèle électromagnétique de la télépathie est considéré
comme naïf par galilée, qui problématise cette question :
-
et il est des fois
question d’ondes, d’ondes de la pensée quand on parle de télépathie.
§
oui, bein ça. voilà, ça c’est
le problème. (…) a mon avis, c’est une modélisation du phénomène sur la base
des théories physiques. (…) et c’est probablement ça les modèles les plus
naïfs, donc (…). alors, à ce moment-là vous êtes obligé d’aller chercher une
autre, une autre interaction parce que ce n’est pas le champ électromagnétique,
ce n’est pas le … […] donc. peut-être que si la télépathie existe, si vous
voulez lui donner une explication comme ça, c’est pas évident non plus. il faut
probablement chercher autre part. [galilée, p. 81]
toutes ces considérations qui viennent de précéder sont en
substance des redites de ce que gurney, qui avait « commis » l’erreur
de s’adresser au commun des mortels pour en recueillir les témoignages, et
surtout d’endosser la responsabilité de la publication des phantasms of the living, affirmait déjà, voici plus d’un
siècle : « il me semble tout à
fait improbable que la télépathie puisse recevoir une explication purement
physique, bien que cette explication soit logiquement concevable. »[430]
il reste qu’aux yeux d’un sceptique comme raphaël, les
radiations électromagnétiques seraient le seul support plausible, en termes
physiques, pour un phénomène tel que la télépathie :
-
et
sinon, pour ce qui est des théories physiques, comme par exemple l’appel à la
théorie quantique, et aux couples bosoniques notamment ? moi je connais
peu la théorie quantique, parce que je ne voudrais pas m’avancer sur un terrain
qui me reste quand même …
§
l’appel
à la théorie quantique … on n’a jamais montré que les interactions quantiques
allaient au-delà de quelques nanomètres. alors, pour faire de la transmission à
distance, ça ne me semble pas adéquat comme support. le seul support éventuel,
connu, et utilisable, c’est l’électromagnétisme. enfin, donc, c’est …
-
l’idée
d’onde ?
§
c’est
la propagation des ondes électromagnétiques. qui elles, c’est bien connu, se
propagent (…) à des distances incomparables. bon. donc, le support physique
éventuel d’un tel phénomène, pour moi, jusqu’à présent, je ne vois rien d’autre
que …
-
que
la force électromagnétique ?
§
que
les radiations électromagnétiques.
-
et
vous ne songeriez pas à une autre force qu’on ne connaîtrait pas encore, et qui
… ?
§
non.
très franchement, non. (…) on cherche beaucoup. c’est pas une blague. on n’a
encore rien trouvé. et on cherche avec des moyens qui sont incomparables à ce
qu’il y avait, il y a ne fut-ce que 100 ans d’ici. [raphaël, pp. 76-77]
enfin, dans le domaine de la physique toujours, richard danier
propose, afin d’expliquer la p.k. et la télépathie à l’échelle électromagnétique,
que l’on s’inspire du modèle chaotique,
dont le tychoscope conçu en 1975 par pierre janin pour permettre
l’étude de la p.k. présentait déjà quelques propriétés. « l’amélioration des prévisions passera par la maîtrise du modèle.
enfin remarquons que le modèle chaotique, s’il s’avère pertinent, remet la
parapsychologie dans le cadre du déterminisme. il s’agit en effet d’un modèle
déterministe, à conditions initiales connues, mais dont l’interaction entraîne
très rapidement une modification considérable de l’état, d’où le nom de
chaotique. »[431]
de la physiologie à la neurophysiologie
au vu de toutes les extrapolations « vaines » dans
les différentes voies de notre physique actuelle et de ses lois, un domaine
restait à investir, qui est peut-être le mieux à même de rendre compte de la
complexité des interactions se produisant dans le siège supposé de la
télépathie : le monde biologique, et a
fortiori le corps humain et son encéphale[432].
ce n’est peut-être pas un hasard si le chercheur à l’origine
de la métapsychique contemporaine fût nommé prix nobel de médecine et
physiologie. sans doute était-il prédisposé, dans son travail quotidien, à
côtoyer des propos dont la teneur laissait entendre un faible écho des nombreux
phénomènes que la matière organique connaît, à son échelle.
le dr leprince, par exemple, chantre du dr giuseppe
calligaris, a présenté et commenté l’exploitation physiologique des idées de ce
dernier dans le domaine de la télépathie et des phénomènes liés[433].
idées qui attribuent aux « ondes de la pensée » des propriétés de
résonance et de consonance, dont provient certainement, en réverbération,
l’idée d’être ou non « sur la même longueur d’onde » avec autrui.
l’analogie avec la t.s.f. (télégraphie/téléphonie sans fil) est ici arborée,
mais erronée, si l’on en croit la discussion sur l’électromagnétisme[434].
nous y apprenons également l’approximation supposée de la vitesse de la pensée[435],
amplement supérieure à celle de la lumière[436].
surtout, nous y apprenons que la télépathie est une faculté à la portée de tout
un chacun, et qu’elle est contrôlable[437].
de nombreuses autres hypothèses ne demandent qu’à être confirmées, ou
infirmées.
paul meehl, du
centre pour la philosophie des sciences du minnesota, se penchait en 1978,
après un premier article faisant la distinction entre psychokinésie et
télépathie précognitive, sur les aspects neurophysiologiques et métaphysiques
des expériences de précognition, avec pour base les résultats obtenus par shackelton lors de ce type
d’expériences. il y inférait les trois cas possibles d’« appel »
molaire au sein du système cérébral (« phi-determinate » ;
« phi-violative » ; et « phi-indeterminate »), dont le
troisième pourrait faire penser aux ondes alpha. nous reprenons ce qu’il en dit pour mieux nous
faire comprendre : « taking the
“total cerebral event” as a reductive complex (…) of its part events, and
taking the unit of analysis as the synapse (…), it seems clear that the
configuration of local outcomes, and , i repeat, the cerebral event that is
explicitly definable as a reductible complex of these, can, on the occasion of
any given cerebral event generating a molar “call”, whether a hit or a miss, be one of the three kinds : 1.
phi-determinate. (…). 2. phi-violative. (…) 3. phi-indeterminate. this means
that some (conceivably all) of the local events are known to be
quantum-uncertain, again without reference to any telepathic influence, and the configuration of those which are
quantum-uncertain is such that for some proper subset of calls we may speak of
the total cerebral event, which determines the cognitive characters of the
molar call, as quantum-uncertain. »[438]
mais qu’en est-il de ce rythme alpha ? la réponse nous
vient des conciliabules du centre royaumont pour une science de l’homme :
« henri atlan : peut-on considérer les rythmes
alpha comme une sorte de coordination dans le fonctionnement électrique d’un
très grand nombre de neurones, sinon la totalité des neurones corticaux ?
une sorte de fonctionnement à résonance d’un très grand nombre de neurones qui,
lorsque ces rythmes alpha ne sont pas présents, interfèrent les uns avec les
autres de façon telle que l’on peut alors observer ces rythmes lents et
relativement réguliers ? si c’était le cas, je crois que cela pourrait
avoir une certaine importance sur le plan des théories de l’apprentissage.
h.[enri]
gastaut : l’hypothèse qu’atlan vient
de soulever est celle qui est généralement admise. en fait, la genèse exacte du
rythme alpha est encore inconnue. le rythme alpha n’est d’ailleurs pas une
activité simple. on parle d’un rythme alpha à 10 cycles/secondes ; mais si
l’on fait une analyse automatique de fréquence, il apparaît qu’il y a de
nombreuses composantes harmoniques et sous-harmoniques, et qu’il s’agit
d’une activité complexe. il faudrait dire qu’un individu a un rythme alpha
composé de plusieurs rythmes alpha. mais, enfin, il est admis effectivement
que c’est la pulsation synchrone d’une grande masse de neurones qui est
responsable de ce rythme. et, justement, cela explique peut-être en grande
partie l’impossibilité, jusqu’à
présent, d’établir des corrélations significatives entre certains types de
rythmes alpha, leur richesse harmonique par exemple, et les particularités
comportementales ou psychologiques du sujet. on est toujours arrivé à la
conclusion que le rythme alpha est une donnée globale, peu précise, et on ne
peut y chercher beaucoup de signification : ce n’est qu’un signal. »[439]
son parallélisme avec l’incertitude de la physique quantique
étant fait, meehl aboutissait à une conclusion peu surprenante, qui souligne
entre autres l’insuffisance de notre physique actuelle pour appréhender le
phénomène de précognition télépathique, conçu ici comme acquis[440].
quand le mésocosme et le microcosme se
rencontrent
puisqu’il a bien été convenu maintenant que la physique
seule est inadaptée pour expliquer les phénomènes télépathiques qui nous
occupent, voyons à présent ce que la parapsychologie peut retirer de
l’interdisciplinarité. des tentatives de conciliations de la physique quantique
et de la neurophysiologie sont déjà ébauchées, comme en témoigne ce long
aperçu : « s’appuyant sur la
neurophysiologie, il [walker] montre que les conditions de passage de l’information dans les
synapses produisent des phénomènes quantiques. ces phénomènes quantiques du
cerveau constituent ainsi un système de fonctions d’ondes qui se développent et
interagissent continuellement, créant des mélanges de tous les états possibles
du cerveau. cependant, du fait que ces phénomènes sont en interconnexion non
locale, ils donnent naissance à une qualité unitaire, non mesurable : la
conscience. a son tour, une petite portion de cette conscience – la volonté –
agit sur ces fonctions d’ondes du cerveau, sélectionnant des états spécifiques
en dirigeant leurs « effondrements ». ainsi le cerveau joue le
rôle d’un processus dynamique de physique quantique, dans lequel la conscience
est associée au facteur « expansif » d’interconnexion entre ces
fonctions d’onde, et la volonté au facteur « restrictif » provoquant
l’effondrement des fonctions d’onde. […] en d’autres termes, comme chez wigner, c’est cette interaction
entre la volonté et les fonctions d’onde qui force la matérialisation des
choses et des événements dans le monde concret. nous voyons donc que,
lorsque le scientifique « mesure » un résultat, sa volonté est
passive et neutre, tandis que dans la pk la volonté, poursuivant un but
spécifique, exerce une influence sur les événements probabilitaires. (…)
malheureusement, la théorie de walker ne rend pas compte des phénomènes psi non
intentionnels, qui, par exemple, pourraient être expliqués par le concept de l’ordre
impliqué, ni d’ailleurs de
la pk au niveau macroscopique. sa théorie est cependant très ambitieuse et très
intéressante. son intégration du problème de la mesure reste strictement dans
l’interprétation classique de l’observateur donnée par l’école de copenhague,
et l’a amené à développer de plus une représentation mathématique de la
volonté et de la conscience. c’est là une avancée très radicale. de plus,
sa théorie est ouverte à des tests expérimentaux concrets. or, jusqu’à présent,
il ne semble pas que ses résultats soient en désaccord avec les données des
recherches psi, ni d’ailleurs avec les données de la neurophysiologie.
certaines de ses prévisions sur le psi ont même été confirmées. comme on le
voit, l’interaction entre la physique quantique et la recherche psi pourrait
amener de grandes découvertes à propos de la relation entre l’esprit et la
matière. »[441]
ces dernières années toujours, des essais pour créer une
nouvelle physique, qui concilierait les niveaux « classique »
(permettant d’expliquer les phénomènes à grande échelle) et quantique
(permettant d’expliquer les phénomènes à l’échelle des particules élémentaires),
ont été avancés, afin de rendre compte d’un phénomène comme celui de la
conscience humaine notamment, laquelle ne répond visiblement pas qu’à des
objectifs calculables (rationnels) : « c’est
en s’intéressant à la biologie du cerveau, en scrutant les neurones que penrose, physicien averti, releva
d’étranges correspondances entre certaines structures biologiques et les
mécanismes quantiques. son regard s’arrêta sur les microtubules, petits tubes
contenant de l’eau qui sillonnent les cellules (donc les neurones). les
microtubules ont un diamètre d’environ 20 nanomètres (…) et une longueur de
quelques millimètres. c’est à l’intérieur de ces petits tubes que, d’après
penrose, s’opère la magie de l’esprit, grâce à une sorte d’“effet laser”. voilà le secret dévoilé ! car le
laser est, dans notre monde, l’ambassadeur, du “micromonde” quantique. il est
l’exemple même d’un effet de cohérence quantique à grande échelle – la nôtre.
la cohérence quantique est un phénomène qui s’explique aisément si l’on admet
certains “axiomes” de la physique quantique. notamment, en physique quantique,
la lumière et la matière peuvent être considérées indifféremment comme des
ondes ou comme des particules. au photon, particule de lumière, est associée
une onde électromagnétique. a l’électron, au proton, au neutron aussi. (…)
l’effet laser correspond à la superposition d’une multitude d’ondes associées à
des photons identiques (de même couleur), contrairement aux photons projetés
par une simple lampe électrique, (…). »[442]
seulement voilà : les quatre forces connues de la
physique contemporaine ne valent que pour un certain type de matière/énergie.
or, il s’avère que l’univers, dans son étendue connue, est constitué de 90 à 99
% de matière noire, à laquelle ne s’appliquent pas nécessairement ces quatre
forces[443]. pour
compléter l’impulsion de ces recherches, d’autres voies se présentent tout
aussi favorablement : « l’anthropologie,
l’économie ou l’éthologie, longtemps séparées de la neurobiologie, commencent à
s’en rapprocher. dans le même temps émergent de nouvelles voies de
recherche : la notion ambiguë d’intelligence se précise grâce à l’étude
des comportements adaptatifs et des stratégies de communication des espèces
animales ; le stress, les émotions peuvent désormais être interprétés à la
lumière de la neuroendocrinologie. régulés par un cerveau
« hormonal » autant que « neuronal », les processus
affectifs entrent peu à peu dans la sphère des sciences cognitives, avec la
participation active des psychologues. les sciences de la cognition se
cherchent, s’interpellent. »[444]
il ne fait en tout cas aucun doute pour le dr ehrenwald que
la localisation physiologique des phénomènes psi se situe dans le système
nerveux. elle est donc neurophysiologique[445].
trois
axes d’ordre psychosomaticopathologique qui pourraient éclairer la télépathie
« en fait, la folie et la transe sont accessibles
à tous.
il y suffit d’utiliser la technique appropriée. »
(bernard auriol)[446]
sans être d’une
quelconque expertise en matière de diagnostics pathologiques, force était
d’admettre que notre sujet fleurtait avec les pathologies. la définition du vocabulaire de la psychologie nous
l’avait déjà laissé entendre par rapport aux maladies mentales (chroniques),
qui paraissent revenir invariablement comme une interprétation et l’une des
explications possibles du phénomène télépathique. nos expériences autant que
nos entretiens nous ont confronté à des situations où l’explication par le
trouble mental était tentante, impliquant évidemment une remise en cause de
notre propre intégrité mentale, ainsi que des questions touchant à la raison
d’être de ces perturbations. les témoignages de messages télépathiques reçus
durant des périodes de « crises » se surajoutaient à ces constats.
sans doute beaucoup de questions restent à être élucidées en matière de
psychologie clinique et de psychiatrie, et dans leur (r)apport au paranormal[447]. mais nous remarquons aussi que ce sont les
pathologies les plus déconcertantes, et auxquelles des modèles explicatifs
certains font défaut, qui suscitent le plus de spéculations, pour ne pas dire
de fantasmes. nous avons pour notre part essayé de nous familiariser avec le
vocabulaire des disciplines qui traitent de l’homme et de ses troubles,
organiques et mentaux, lorsque l’on perdure à les séparer.
nous inspirant d’un
ouvrage de gérard morin,
nous pouvons distinguer, grosso modo,
deux types de comportements pathologiques susceptibles d’affecter la
perception, en fonction de la réactivité du paléo-cortex. un premier type, où
l’on assiste à une « hyper-réactivité
simple ». un second type, où la réactivité est inversée. c’est ici « l’émotivité qui va s’investir sur un
événement par un mouvement antidromique. »
ce second type se
subdivise encore en trois degrés :
1)
tout d’abord, « l’interprétation où le cortex est « réveillé »
par le paléo-cortex dans le domaine des idées prévalantes. (…) la réalité
est perçue ici sans déformation notable mais c’est l’événement qui est
« recruté » en fonction de l’idée directive. (…) nous avons ainsi une
première irruption du délire dans sa forme d’interprétation pathologique et qui
semble conditionné par un relâchement de la « vigilance ». ».
2) ensuite,
il y a l’illusion :
« (…), la perception est perturbée
en fonction non plus d’idées prévalantes mais par des images mémorisées qui
interfèrent avec celles de la réalité. ce n’est plus l’image sensorielle
qui recrute une image gnosique mais le contraire. la réalité est alors déformée
et transformée : (…). ce délire illusionnel est par exemple au
centre de l’activité schizoïde en ses moments « féconds ». il est
particulièrement marqué sur les zones temporales auditives (…) et sur les zones
pariétales somesthésiques avec les illusions de transformation
corporelle ».
3) enfin,
à un troisième degré, nous trouvons l’hallucination, « (…) il y a bien ici une
« perception sans objet » (…) et ce qui est perçu c’est le reflux
des images gnosiques, des images mémorisées et sans doute celles qui sont
directement à la périphérie des aires sensorielles. nous le constatons
nettement au niveau des zones visuelles et l’hallucination optique est
fréquente dans le délire onirique. ces images sont donc reprojetées sur
l’aire sensorielle, ce qui leur confère un caractère de vividité et de
crédibilité. » [448]
le vocabulaire technique et critique de la philosophie
nous porterait à concéder aux dites hallucinations une dose de réalité, si l’on
se fie à l’usage du mot qui y est fait : « hallucination
télépathique, hallucination (ou quelque fois seulement représentation imaginative
particulièrement nette ou intense) correspondant à un événement réel que le
sujet ne peut percevoir par les voies ordinaires : par exemple la mort,
dans un pays lointain, d’un parent ou d’un ami. »[449] ce qui n’ira pas sans rappeler l’expérience
de jeanne favret-saada dans le bocage, lorsqu’elle nous évoque son trouble[450].
qui plus est, au su
de l’« instabilité » émotionnelle à l’origine du second type de
comportement pathologique altérant la perception décrit par morin, nous ne
pouvons manquer de rapporter l’une des conclusions de haraldsson et houtkooper
dans leur étude, sur base de la bradburn affect scale, laquelle suggère la facilitation des
expériences psychiques dans les états de grandes « joies » autant que
de grandes « peines ». « are the psychics more emotionally unstable ? apparently
people are more likely to report psi experiences when experiencing either very
difficult or very pleasant times. are the psychics more sensitive to their
environment and hence experience more negative as well as positive
feelings ? we can surmise that they are more sensitive, and they probably
have richer emotional lives and react emotionally more strongly to events
around them than the nonpsychics. »[451]
la schizophrénie
nous avons déjà lu
le témoignage de jimy quant à son épisode de possession, qu’il attribua par la
suite à une crise de schizophrénie. ce témoignage à lui seul pourrait justifier
notre sous titre, bien que l’on puisse émettre un doute sur les compétences de
jimy pour ce genre de diagnostic, périlleux à plus d’un titre. nous-même, dans
notre deuxième expérience décrite, avons attribué cet épisode à une
maniaco-dépression, avatar de la schizophrénie. plus certainement, l’on vient
de lire que le délire illusionnel se manifeste particulièrement dans les
activités schizoïdes « fécondes ». ceci laissant penser que la
schizophrénie, présentant des symptômes apparentés aux pathologies schizoïdes[452], serait favorable à des épisodes où un
dysfonctionnement, ou orage cérébral, sèmerait la confusion dans la perception
d’une réalité que l’on nous dit objective[453], incitant à croire, pour celui/celle qui
vit cette confusion, et/ou ceux qui les entourent, que les hallucinations qui
se présentent sont des messages télépathiques[454]. dès lors, tout ce qui serait perçu dans cet
état pourrait être pris pour argent comptant, sans discernement, et l’argument
télépathique renforcerait, en quelque sorte, la conviction qu’il s’agit d’une
réalité tangible. a ce sujet, le constructivisme à bien démontré en quoi et
comment nous construisons notre réalité[455].
eduard de vegan
frôle également le spiritisme et les possessions, lorsqu’il nous donne son
explication aux hallucinations connues pour hanter l’univers du
schizophrène :
-
alors,
le diagnostique de schizophrénie et les hallucinations qui l’accompagnent
contribueraient-ils à comprendre le phénomène de télépathie ? (…)
§
je
peux pas répondre comme ça. de nouveau, bon, pour moi, un schizophrène, c’est
quelqu’un qui est éclaté.
-
eclaté.
oui.
§
donc,
qui n’a pas de connexions entre les différentes parties de lui-même. donc,
quelque part, c’est (…) un royaume (…) où le roi n’est pas là. (…) et ce que
j’ai pu observer chez les gens qui sont pas dans leur corps, c’est
qu’effectivement, le risque chez ces gens-là d’être en contact avec des âmes de
défunts ou des choses comme ça est plus grand. ou en tout cas, que ça ait un
impact sur eux. donc, les voix, pour moi, ça pourrait être, non pas des
hallucinations, mais des contacts avec des entités, ou des âmes de défunts qui
ont un impact sur la personne.
-
facilités
par (…) l’éclatement des barrières ! ?
§
par
l’absence. par l’absence. (…) de l’esprit de la personne. (…) on ne peut être
possédé que si on n’est pas là. (…) donc, je pense que les voix, les visions du
schizophrène, (…) sont une conséquence du fait qu’il n’est pas là. (…)
d’ailleurs, beaucoup de religieux disent que, si on faisait des exorcismes en
psychiatrie, on ressortirait à peu près 50 % des gens qui sont en psychiatrie.
(…) qu’il est très difficile de ramener quelqu’un dans son corps, quand il y a
quelqu’un d’autre qui a pris sa place. (…) l’exorcisme (…) c’est vraiment les
flics qui viennent prendre le mec qui squatte la maison, qui les met dehors, et
il dit : “bon maintenant, vous pouvez rentrer chez vous”, quoi. (…) [eduard de vegan, p. 62]
remarquons qu’une
autre explication vient à l’appel des hallucinations auditives, dont rend
compte le dr auriol au sujet de l’un de ses patients anxio-phobique : « des recherches récentes ont montré que
les hallucinations auditives s’interrompaient pour autant que le malade
acceptait d’ouvrir largement sa bouche. d’où l’on déduit que l’hallucination
auditive passe par une parole sub-liminaire,
une sorte de micro-mutacisme dont
baïravi était conscient et qu’il gérait partiellement, à la différence du
psychotique halluciné qui s’en prétend la victime passive. »[456] plus récemment, david et lucas donnaient une explication aux seules
hallucinations auditives chez les schizophrènes en faisant référence à la boucle phonologique
du mécanisme mémoriel[457].
pour terminer ce premier volet psychiatrique, signalons ce
que bateson pensait, dès 1956, de la double contrainte,
souvent présentée comme cause de la schizophrénie dans bien des cas. « la seule différence que bateson verra
entre un schizophrène et un artiste est la relative prise de conscience de son
acte par le second. mais tous deux font preuve de créativité dans leur
adaptation à une situation particulière. bateson opère ainsi un renversement
complet de la perspective : ce n’est plus la double contrainte au sein
du système familial mais le système familial au sein de la double contrainte. celle-ci ne désigne plus une relation
pathogène mais un principe générateur de multiples comportements créatifs. »[458]
et avec ehrenwald, réaffirmons le lieu
d’origine du trouble schizophrénique, qu’il situait à la fin des années 70 dans
la matrice symbiotique[459].
l’autisme
aux dires des
médecins que nous avons rencontrés, les autistes seraient des individus
particulièrement réceptifs aux traitements thérapeutiques et informations
transmis à distance[460]. la schizophrénie pouvant, par ailleurs,
mettre en évidence des comportements de repli sur soi ou autistiques, la
tentation est forte de déceler entre ces deux pathologies des affinités.
cependant, gardons-nous de parallélismes abusifs : « le terme « autisme » continue à semer le trouble. en
effet, en dépit des publications récentes et de toutes les recherches
scientifiques menées, les gens persistent à croire que l’autisme est un syndrome
qui est associé au symptôme de l’introversion. néanmoins, celui qui prend le
peine de bien lire la définition de l’autisme constatera que l’introversion est
une caractéristique possible, mais nullement indispensable, pour établir un
diagnostic d’autisme. »[461]. mais qu’en est-il exactement de l’autisme
au sens clinique où il est entendu actuellement ?
« les descriptions codifiées admises
dans le monde médical considèrent comme autistes les sujets qui manifestent
très jeunes (en général avant l’âge de 3 ans) :
-
des attitudes de
retrait ou d’isolement (aloneness),
allant de l’indifférence prolongée à l’évitement actif des contacts et
regards ;
-
un refus très net
des changements dans l’environnement habituel (sameness ou immuabilité) qui s’exprime par des crises d’agitation ainsi que par
un attachement particulier aux routines et aux objets géométriques d’une
consistance dure, leur conférant une forme fixe ;
-
des troubles
importants du langage : mutisme, écholalie (reprise en écho de sons, mots
ou phrases prononcés devant eux), leitmotiv, ritournelles … ;
-
des
gesticulations désordonnées, allant de la répétition inlassable d’un geste
bizarre et stéréotypé à des comportements agressifs ou automutilants.
tous ces symptômes, particulièrement ceux de
retrait et d’immuabilité, les plus caractéristiques, paraissent bien impliquer
à la fois des processus cognitifs et des processus affectifs ou
relationnels. imbrication complexe où l’on ne sait pas faire la part du
biologique et du psychologique (…). »[462]
bernadette rogé insiste quant à elle sur les
dysfonctionnements d’ordre organique, et plus précisément cérébraux, qui
permettraient de comprendre l’autisme. « c’est
plus probablement au niveau de systèmes complexes d’interactions entre
structures corticales et sous-corticales que l’on peut espérer déceler les
mécanismes sous-tendant les perturbations observées. »[463]
l’on a déjà vu
l’usage contesté fait des enfants autistes par les communautés juives
ultraorthodoxes au moyen de la communication facilitée. pourquoi le choix d’enfants
autistes ? ce choix n’est pas exclusif, mais s’inscrit dans un
raisonnement mystico-religieux selon lequel plus un handicap est affligeant,
plus le contact de la personne qui en est atteinte avec la source divine
demeure intacte.[464] et malgré des conclusions négatives, ce
traitement continue à véhiculer d’énormes espoirs auprès de l’entourage de ces
enfants autistes, afin de donner un support à la « sagesse
silencieuse » réputée être la leur, dont les messages reflètent une vie
interne riche[465].
les mêmes
conclusions négatives avaient été tirées du projet autidolfijn déjà mentionné,
et de l’usage de dauphins qui y était fait dans un but thérapeutique, mais qui
ne s’était pas avéré probant. plus prometteuses sont les tentatives de
remédiation adoptées par vidal
à paris, et dans d’autres hôpitaux (rennes, montréal). elles utilisent
l’analyse informatisée afin de mieux comprendre les interactions de et avec ce
type de patients. il en ressort des progrès encourageants, et surtout une
meilleure compréhension de l’autisme : « (…)
ils peuvent réagir assez aisément avec quelqu’un mais difficilement supporter
l’intrusion d’un tiers, rompant alors brutalement tout échange. ce refus des
situations triadiques – très rarement évoqué dans la littérature consacrée aux
autistes – semble pourtant très important. on peut l’interpréter comme le
dénominateur commun des principaux symptômes autistiques :
-
la difficulté à
échanger, communiquer et se représenter les pensées d’autrui, c’est-à-dire à
partager avec lui un intérêt pour un objet tiers ;
-
la focalisation
sur des objets non figuratifs et l’évitement d’objets symbolisant des
personnages (poupées, peluches …) susceptibles de « faire tiers »
avec un interlocuteur ;
-
la difficulté à
manier les mots ou les objets dans un sens figuré ou métaphorique et dans des
jeux symboliques qui sont, de fait, des activités triadiques exigeant de rompre
les relations dyadiques univoques entre mots et choses pour les relier à
d’autres mots ou d’autres choses ;
-
la manière de se
regarder dans un miroir sans apparemment tenir compte du regard de leur
entourage.
sans doute les conduites normales
requièrent-elles un cerveau capable de les élaborer et des aptitudes
cognitives. mais elles requièrent aussi une capacité de l’enfant à assumer les
situations triadiques ; autrement dit, qu’il accepte de perdre quelque
chose de son monde « égo centré » décrit par piaget, ou de ses pensées, croyances et désirs d’« omnipotence » décrits par freud. (…) on sait par ailleurs
que les aptitudes cognitives commencent à se manifester dans le cadre des
relations familiales et sociales avant de s’étendre au maniement des objets
et des mots, a fortiori des symboles.
(…), on comprend dès lors pourquoi les tentatives d’enseigner aux enfants une
quelconque « théorie de l’esprit » venant a posteriori n’ont qu’une portée très limitée. »[466]
après lecture de
ces constats, il est difficilement concevable que les autistes soient des
sujets particulièrement doués pour la télépathie dont on les
« afflige ». d’autant qu’ils semblent, aux dires de vidal lui-même,
ne pas pouvoir partager les pensées d’autrui. a moins peut-être de considérer,
avec djohar si ahmed, que l’information télépathique passe par le processus
originaire de la psyché, avant d’être élaborée suite au « décantage »
des processus primaire, puis secondaire[467].
elle propose en
effet, pour expliquer la télépathie, un schéma dans lequel interviennent trois
processus du fonctionnement mental : les deux processus primaire et secondaire
décrits par freud, et le processus originaire, dans lequel « la notion d’altérité n’existe plus. piéra
castoriadis-aulagnier (1975) a décrit ce processus originaire qui s’étaye sur
le « modèle somatique du prendre-en-soi et du rejeter-hors-soi ». […]
en résumé, le processus originaire se caractérise par :
-
une indifférenciation
des espaces psychiques, corporels, extérieurs (englobant le corps et la
psyché d’autrui),
-
une activité
psychique qui se mire elle-même dans son propre fonctionnement,
-
une indifférenciation
radicale de l’affect et de la représentation. représentation/affect qui
serait, selon moi, assimilable à l’énergie psychique pure,
une représentation/affect appelée
pictogramme, correspondant à un mouvement psychique fondamental
d’auto-engendrement ou d’auto-destruction. »[468]
la difficulté des
autistes à comprendre et se faire comprendre pourrait donc résider dans la
verbalisation de l’élément perçu, qu’ils auraient du mal à exprimer autrement
qu’en gestes. nous renvoyons ici nos lecteurs aux comportements compulsifs des
bundren dans la section intitulée « (science-)fiction et
télépathie ». a ce titre, les tentatives de décodage des gestes
produits/émis par les autistes ont abouti à une étrange, pour ne pas dire
déconcertante découverte : « kanner
(…) avait tenté de décrypter leurs expressions gestuelles et verbales à
l’occasion de ses rencontres avec eux. mais cette approche – qui consiste à
établir des monographies – a été délaissée par les scientifiques. elle n’a été
abordée qu’à travers les essais de la psychanalyse qui débouchent sur des
récits souvent qualifiés de « fictions » par leurs auteurs mêmes,
récits dont la pertinence serait due à leurs qualités narratives. »[469] qualités narratives également soulignées
par rosema crossley[470]. selon cette perspective, nous pourrions
légitimement nous demander si les autistes ne constitueraient pas une forme
mutante, enfermée dans son mutisme, de l’espèce humaine. cette mutation
réussira-t-elle dans cette voie ? c’est là une autre question.
la difficulté (?)
de s’exprimer autrement qu’en actes serait aussi le fait des psychotiques,
dont si ahmed nous livre le modèle de mise en acte d’une information reçue
télépathiquement et « mal » décodée. c’est encore giovanna mazza qui
nous fait part de sa réflexion de thérapeute analyste infantile selon laquelle
les cas (extrêmement rares) d’enfants border-line présenteraient des traits
communs avec les psychotiques et les autistes[471] : « infatti
gli esempi esp sopra citati (poiché di percepzione extra-sensoriale probabilamente
si tratta) ci rimandano alla considerazione che questo tipo di bambini, non
aiutati ad entrare nei nostri canali di comunicazione, ne conservino e ne
sviluppino altri. »[472]
par ailleurs,
interrogeons-nous sur cet autre comportement que présentent les autistes à
l’égard du regard d’autrui, qu’ils ont du mal à soutenir, et dont ils semblent
se défendre. crainte du « mauvais œil » ? paranoïa ? des
études répétées sur base du test de mécanisme de défense révèlent une propension
manifeste des personnalités « défensives » aux aptitudes
extrasensorielles[473]. et c’est encore ehrenwald qui pointa une
relation unissant les psychoses paranoïdes et paranoïaques avec les perceptions
paranormales, dont l’autisme serait l’une des formes précoces[474]. précocité qui fait dire à françoise dolto que « ce sont les êtres les plus fins, les plus humanisables qui
remplissent nos imp d’enfants, dits arriérés, ou dits psychotiques. ce sont des
enfants précocissimes, par rapport à d’autres, sur le plan de l’affectivité et
de la sensibilité à la relation et qui – à cause d’un décodage de langage entre
eux et les parents, qui ne comprennent pas du tout que cet enfant est
intelligent, ou à cause de paroles qu’ils ont entendues trop tôt, et qui
dévalorisent leurs relations filiales, ou leur sexe par exemple :
(…). »[475] il
importe toutefois de mentionner qu’aujourd’hui, l’autisme n’est plus
officiellement considéré comme une psychose[476].
la névrose hystérique
c’est à charcot que l’on doit d’avoir
abusivement qualifié d’hystériques nombres de femmes de son époque atteintes de
maladies nerveuses, actualisant une nosologie datée d’hippocrate. lorsqu’il ne convenait pas,
malhonnêtement, avec certaines d’entre elles, d’une « mise en scène »
pour que leurs « manifestations » hystériques cadrent avec sa théorie[477].
en conséquence
pourrions-nous dire, freud lui-même nous rapporte, dans le matériau analytique
de l’une de ses patientes souffrant d’un rêve chronique et déclarant avoir eu
des visions (clairaudience et clairvoyance) : « notre correspondante est devenue virtuellement – et par moments
certes aussi factuellement – une névrosée hystérique. »[478]
plus
tard, à propos de sa patiente sujette à un rêve prophétique, il nous indique
encore ceci : « elle sombre
dans une grave névrose. pendant un certain temps, elle se défend contre
diverses tentations à l’aide d’une hystérie d’angoisse, mais elle bascule
ensuite dans des actions de contraintes graves. »[479]
il
serait donc possible d’inférer en l’état de névrosée hystérique des patientes
un terreau favorable aux messages clairvoyants et prophétiques. remarquons
toutefois que ces états ne sont attribués qu’à des membres appartenant à la
gent féminine, et de surcroît, ces « diagnostiques » ne sont émis que
par des agents masculins. et pour cause, puisque le nom même d’hystérie se
réfère au sexe de la femme. avec pour corollaire la relégation de cette maladie
mentale et des phénomènes paranormaux y afférent en dehors de la société, dans
l’asile[480]. se cacherait-il là-dessous une sorte de
chasse aux « sorcières de salem », qu’à si bien su (d)écrire arthur miller ? chasse que l’on peut se
figurer, dans le langage anthropologique, comme la mise en acte d’une
disposition mentale (maladive ?) proprement occidentale :
l’exorcisme, qui s’oppose classiquement à l’endorcisme. la mise en quarantaine,
la réclusion forcée, l’excommunication pour atteinte à la « salubrité
publique », aux « bonnes mœurs ». et comment s’étonner que les
comportements de telles victimes soient envisagés sous l’angle de la magie, qui
se réclame souvent transgressive ?
toutes précautions
maintenues quant à l’étiquetage plutôt caduc de l’hystérie, nous tenions à
signaler le point de vue de claude lévi-strauss sur la question : parlant
du totémisme pour le dénoncer en tant qu’invention d’anthropologues, il le
rapportait à la comparaison suivante, soulignant ainsi l’aspect professionnel
et contextuel de cette maladie : « il
en est du totémisme comme de l'hystérie ».[481]
en dehors de nos
contrées, et s’appuyant sur le modèle bio-culturel élaboré par anthony f.c.
wallace durant les années 1960, alberico lolli
suggère quant à lui une interprétation des « états modifiés de
conscience » rencontrés par quelques ethnologues (dans ce cas-ci, le
syndrome de pibloktoq chez les
peuples du grand nord) et apparentés à l’hystérie, conçue comme
psychopathologie « universelle », en des termes qui feraient la part
de l’organique et du culturel dans ce type de maladies[482].
ceci n’empêche
évidemment pas que l’on s’intéressât aux manifestations, pour peu qu’elles
soient authentiques - ce qui soulève un large débat sur l’authenticité, la
véracité, voire la vérité, déclinée au singulier et avec une majuscule par
certains - que sont susceptibles de présenter les personnes atteintes du genre
de maladies nerveuses ou mentales dont nous venons de traiter. de fait, comme
carl gustave jung, nous pensons que « le
dogme : « les maladies mentales sont des maladies du
cerveau » est une survivance du
matérialisme qui fleurissait vers 1870. il s’est transformé en un préjugé
absolument injustifiable qui enraie tout progrès. même s’il était vrai que
toutes les maladies fussent des maladies du cerveau, il n’y aurait encore là
aucune contre-indication à l’étude scientifique de leur aspect
psychique. »[483]
conclusion
provisoire :
notre discussion épistémologique
nous a permis de mieux discerner quelques-uns des enjeux idéologiques au cœur
de la réflexion sur la télépathie. ceux-ci tendaient succinctement à établir
des scissions, causes de discordes, et parfois d’intolérance. ce qui a
longtemps empêché la progression de la recherche. pour remédier à ces schismes,
nous avons déjà évoquer à de multiples reprises les avantages de
l’épistémologie batesonienne, plus globalisante. position qu’ont d’ailleurs
défendue les femmes parapsychologues lors de la conférence de 1991 organisée
par la fondation parapsychologique.
dans le même
mouvement « ascendant » que celui que nous adoptions pour les
observations sur la nature, nous avons ensuite tenu compte du débat plus
particulièrement physique de la réflexion sur la télépathie, pour aboutir au
constat suivant : c’est un faux problème que de vouloir à tout prix
prouver ou démontrer la télépathie en termes uniquement physiques, car la
complexité des phénomènes parapsychologiques est d’une toute autre nature que celle
avec laquelle traitent les physiciens. ce qui justifiait que nous nous
penchions sur la neurophysiologie,
siège éventuel des phénomènes paranormaux. a ce titre, nous avons retenu les
tentatives d’explications de l’apparition de la conscience chez l’humain qui
soulignent l’analogie des processus cognitifs avec l’effet du rayon laser.
et puisque les
pathologies révèlent souvent, par leurs dysfonctionnements, le fonctionnement
sensément correct, un bref survol de trois pathologies du système neurophysiologique
nous a semblé intéressant. il devait nous permettre de mieux comprendre en quoi
ces pathologies pouvaient fournir des éléments d’explication ou de confirmation
des théories admises sur la télépathie.
abordons à présent
les hypothèses nées de notre réflexion et élaborées tout au long de ce travail.
hypothèses in/pro-jectives[484]
la conscience : une sphère d’états altérés[485] ?
« a la
contiguïté de la folie et du rêve selon foucault, derrida substitue pour sa
part une division en régions, dont la connotation
phénoménologique devra se préciser plus tard.
l’exemplarité de la folie demeurerait simplement régionale – donc
partielle – à l’intérieur
de la sphère
de la perception sensible en général.
au
surgissement du rêve correspond une épreuve d’extension accrue,
puisque
rendant suspectes en totalité les idées qui s’originent dans l’expérience
sensible.
comme toutes
les images sensibles sont illusoires dans le songe,
triompher de
l’erreur du rêve, c’est, a fortiori, triompher de
l’illusion perceptuelle.
l’hypothèse du
songe est supérieure à l’hypothèse de la folie : l’erreur y est partout,
alors qu’il
advient parfois – (…) – que le fou ne se trompe pas. »[486]
le sommeil
dès 1921, sigmund freud supposa la facilitation des
transmissions de messages télépathiques lors du sommeil, après en avoir appelé
à une distinction entre rêve et sommeil[487].
« ce qui reste de
l’apparence d’une relation intime entre télépathie et rêve, c’est le fait
incontestable que la télépathie est favorisée par l’état de sommeil. celui-ci,
certes, n’est pas une condition incontournable pour la survenue de processus
télépathiques, qu’ils reposent sur des messages ou sur une opération
inconsciente. (…) mais, il nous faut tout de même le dire, on n’a pas le droit
de contester des observations télépathiques du fait qu’événement et
pressentiment (ou message) ne se sont pas produits au même moment astronomique.
quant au message télépathique, il est fort pensable qu’il parvient en même
temps que l’événement et que ce n’est que pendant l’état de sommeil de la nuit
suivante – ou bien même dans la vie de la veille seulement, après un certain
temps, pendant une pause de fonctionnement d’esprit actif – qu’il est perçu par
la conscience. nous sommes d’ailleurs aussi d’avis que la formation du rêve
n’attend pas nécessairement l’instauration de l’état de sommeil pour
commencer. »[488]
progressivement, on en est arrivé, comme nous l’avons vu
lors de l’historique, à scinder le sommeil en deux phases principales[489].
c’est ainsi que l’on envisage désormais un sommeil paradoxal, caractérisé essentiellement par
l’apparition de rêves, ainsi que nombre de modifications physiologiques.
retenons juste pour notre propos que « michel
jouvet lui attribue un
rôle de résistance à la “culture”, il “contiendrait en lui la possibilité de
réinjecter 100 minutes par nuit le patrimoine héréditaire qui fait de chacun
d’entre nous un individu différent des autres”. il rejoint en cela freud pour
qui le rêve nous permet d’exprimer un certain nombre de désirs interdits ou
freinés. il pourrait aussi, comme l’histoire de l’ouroboros de kékulé nous le
suggère, inclure de grandes possibilités de création et d’invention. »[490]
mais lisons plutôt ce que bateson, toujours dans une
perspective écologique, nous dit du rêve, et de l’épistémologie anglo-saxonne
qui en sous-tend le discours : « en
fait, l’objet du rêve et de tout autre matériel relevant du processus
primaire est la relation, au sens le plus étroit du rapport entre “soi” et les
autres ou entre “soi” et l’environnement. les anglo-saxons, qui ne sont pas
à l’aise devant l’idée que sentiments et émotions sont des signes extérieurs
d’algorithmes précis et complexes, préfèrent habituellement s’entendre dire que
ces matières – la relation entre “soi” et les autres, entre “soi” et
environnement – sont en fait ce qu’on appelle “sentiments” : amour, haine,
peur, confiance, anxiété, hostilité, etc. il est regrettable que ces
abstractions relatives à des modèles de relation aient reçu des noms dont
l’utilisation porte à croire que les “sentiments” sont caractérisés avant tout
par la quantité et non par un modèle précis. telle est l’une des contributions
absurdes que la psychologie a apporté à notre épistémologie tordue !
quoi qu’il en soit, pour mon propos ici, il est important de noter que les
caractéristiques du processus primaire, telles que nous les avons décrites,
sont les caractéristiques inévitables de tout système de communication entre
organismes qui ne se servent que d’une communication iconique. c’est bien
cette même restriction qui s’applique à la fois à l’artiste et au rêveur, au
mammifère préhumain et à l’oiseau. (peut-être, chez les insectes, la
communication est-elle encore une autre affaire.) dans la communication
iconique, il n’y a ni temps ni négation simple ni marqueur de mode. »[491]
ne nous y trompons pas cependant, car la frontière entre
culture et nature est souvent plus mince qu’on ne le pense. en effet, « (…) reprenant le cas particulier de
l’eeg [électroencéphalogramme] du
sommeil, dont toutes les phases sont identiques chez tous les primates tandis
que la durée et l’arrangement de ces phases diffèrent tellement d’une espèce à
l’autre, on est bien obligé d’admettre que c’est sous l’effet de la sélection
naturelle que se sont développées ces différences qui représentent les modalités
adaptatives les plus économiques pour un cerveau donné confronté à un milieu
donné. en considérant plus particulièrement l’eeg du sommeil de l’homme,
tellement régulier, tellement profond, tellement riche en rêve, on arrive à la
conclusion qu’il dépend de la protection que l’homme a construite autour de son
repos nocturne. mais il est difficile d’échapper à l’autre conclusion, que ce
sommeil réparateur et riche en rêve a constitué à un moment donné de
l’évolution humaine un facteur sélectif favorable. ainsi, il n’apparaît
pas possible d’isoler artificiellement l’homme des autres espèces de primates.
il partage avec tous les primates une organisation commune de l’activité
électrique cérébrale comme il partage également avec eux de très nombreux
comportements fondamentaux sur lesquels nous ne voulons pas insister. »[492]
et de fait, « il
est permis de penser que la stabilisation des traditions chez les premiers
hominiens, en modifiant leurs conditions de vie, a joué un rôle clé dans leur
évolution biologique et culturelle. »[493]
il faudra attendre l’apparition de la psychologie humaniste,
dans les années 1960, pour entendre parler d’« états altérés de
conscience »[494].
c’est à cette même époque que fut créé le procédé de ganzfeld, inspiré des recherches de
montague ullmann. il vise ouvertement à provoquer ces états modifiés
de conscience semblable à l’état de rêve, afin que les observateurs[495]
des phénomènes qui y surviennent puissent discriminer entre la nature psi ou
non-psi des phénomènes qui les entourent. mais ces expériences ne sont pas les
seules à même de faire survenir de tels états. « experiments by
warcollier (1948), puthoff and targ (1976), and others (e.g. dunne and bisaha,
1978, 1979 ; jahn et al, 1980) suggest that altered states are not
neccessary precursors to observer psi dicrimination. some of these studies have
focused upon having observers recognize associative and analytical
interpretations in their responses. »[496]
dans le prolongement des recherches en psychologie
humaniste, et avec le concours d’autres champs de disciplines, l’on en vint à
modéliser les phases du sommeil, ce qui répondait partiellement au vœu formulé
plus tôt par freud[497].
un « cadran » conscienciel
« si l’on coupe la conscience, ce
qui apparaît à la surface, ce sont des arcs des circuits,
non pas des circuits complets, ni des
circuits des circuits, encore plus vastes.
ce que la conscience non assistée (par
l’art, les rêves, etc.) ne peut jamais apprécier,
c’est la nature systématique de
l’esprit. »[498]
dans les tentatives d’énumération des degrés que la
conscience humaine serait capable de franchir comme autant d’étapes d’un trajet
initiatique, davis et husband en ont
compté pas moins de trente[499].
plus fort dans la surenchère, arnold (ou alfred ?) m. ludwig,
à la suite d’études expérimentales en anthropologie psychologique, en vint à
établir une typologie des états modifiés de conscience sous cinq classes
fondamentales, se subdivisant chacune en douze sous-types. mais une telle
classification demeure discutable en ce qu’elle néglige les aspects
psychologiques et culturels qui conditionnent les états modifiés de conscience[500].
et c’est encore jean dierkens qui, d’après roger mary,
avance l’idée d’une conscience perceptive,
considérant que « (…) les perceptions
extra-sensorielles intenses peuvent se manifester dans un état de conscience
habituel chez des êtres qui ont une conscience perceptive. la multiplicité des états de conscience
fait que chaque état est limité en soi. par exemple, l’état de télépathie n’implique
que la transmission de pensée, mais un phénomène de voyance peut alors
intervenir : une étape a été franchie. on peut dire que les différents
états de conscience sont à la fois limités dans chacune de leur fonction mais
font aussi office de vases communicants. une fonction peut en créer une autre,
et ainsi de suite. (…) l’hypnose et la télépathie procèdent, dans une certaine
mesure, de cet état modifié de conscience. on le sait, mais personne ne peut
l’expliquer. tout hypnologue honnête l’avoue humblement. »[501]
mieux, l’évolution des psychothérapies incite à penser « qu’il n’y a pas un inconscient mais des inconscients, et que les sciences de
l’homme n’ont pas fini de les découvrir, d’élucider leur place et leurs
fonctions dans l’existence humaine. »[502]
nous nous en rendons progressivement compte : la
conscience révèle, au fur et à mesure que l’on en lève le voile, une complexité
défiant l’entendement. « tout se
passe comme si notre conscience était un système fort complexe, avec des
niveaux différents coexistant simultanément. hormis les rares occasions d’une
expérience critique dont on se souviendra toujours, l’accès aux contenus
subliminaires du conscient n’est bien souvent que maigrement ouvert, mais cette
ouverture limitée est peut-être permanente s’accentuant seulement lors des
“intuitions” de la personne … et ceci est peut-être de nécessité
biologique ! »[503]
en fait, le piège, voire l’impossibilité d’établir une
typologie des états altérés de conscience vont croissants si l’on s’acharne à
vouloir les compartimenter. en effet, il vaudrait mieux, à l’exemple de caycedo,
parler de niveaux de conscience, conjointement aux états de conscience, s’échelonnant sur deux continuums[504].
suivant les enseignements de bernard auriol, nous pouvons
finalement mieux distinguer entre quatre états de conscience, comme sur une
rose des vents. c’est ainsi qu’il établit « une
fenêtre à quatre ouvertures » qui représente « une caricature, au sens où sont négligés les états mixtes et
intermédiaires. plutôt que quatre états, il vaudrait mieux parler de quatre
pôles dynamiques constitutifs des attracteurs de puissance variable selon le
moment du cycle nycthéméral et selon la personnalité individuelle
considérés. »[505]
ces quatre pôles sont :
1)
l’état de veille trivial ;
2)
l’état de sommeil trivial ;
3)
l’état de sommeil paradoxal ; et enfin,
4)
l’état de veille paradoxal.
ce dernier pôle « n’est
autre qu’un état d’éveil au repos dont la manifestation la plus générale – mais
aussi la moins accentuée – est l’état de veille au repos (etevenon) ou éveil
calme, yeux fermés. l’eeg est alors modulé en amplitude alors que dans l’éveil
actif il est modulé en fréquence. l’alpha (ou des rythmes plus lents) domine et
revêt une grande stabilité : le zéniste
qui médite pourtant les yeux ouverts peut produire un large
alpha. »[506]
quel rapport établir dès lors entre le rythme alpha et la
télépathie qui nous occupe ? la corrélation est là, dissimulée. une fois
de plus, ehrenwald nous éclaire par le rapprochement qu’il établit entre
l’augmentation des rythmes alpha lors des méditations ou exercices de
relaxation, et des scores probants aux tests statistiques qui visent à
augmenter les résultats expérimentaux en perception extrasensorielle[507].
peut-être qu’à l’intersection du sommeil paradoxal et de la
veille paradoxale se trouvent quelques réponses. cédons plutôt la parole à
bernard auriol, dont l’expérience diffusée nous enseigne qu’au cours de
pratiques au moins biquotidiennes de techniques produisant l’état de veille
paradoxal, « on observe également la
diminution de la plupart des échelles de pathologie mentale (par exemple
lorsqu’on les mesure à l’aide du mmpi [minnesota multiphasic personality
inventory]) ; plus : une
intégration de la personnalité, d’un ordre plus élevé, peut se produire, comme
l’accroissement de créativité et l’aptitude à des relations humaines
plus épanouies. (…) un usage modéré, limité quant à la durée quotidienne de
la pratique, est (…) positif, y compris chez des patients psychosomatiques,
psychopathes, névrosés ou même psychotiques … il pourrait avoir un rôle de
pacification, de synthèse entre les données internes et externes : sorte
de refroidissement de la vie émotionnelle, du chaos pulsionnel. dans ce sens,
il est assez strictement symétrique du sommeil paradoxal qui fait monter la
pression, active les données de la nature contre celles de la culture,
introduit du “bruit” dans le système … »[508]
qu’en est-il, dès lors, de l’état de mort, considéré
rationnellement comme l’aboutissement de l’existence et la fin de l’activité
électrique de l’encéphale ? alors qu’à bien y réfléchir, ex-ister, c’est
s’extraire de soi. et aux dires de socrate, sous la plume de platon, vivre
consisterait à apprendre à mourir. en effet, si c’est à la mort, personnifiée
sous les traits d’une faucheuse, qu’il faut attribuer l’architecture dogmatique
et crédule des humains, obstacle à leur évolution, ne pourrions-nous pas
supposer que l’atténuation de son ombre, perçue comme une fatalité, aurait pour
corollaire simultané un épanouissement sans pareil de l’humanité, parvenue non
pas à son terme, mais à une étape supplémentaire faisant peut-être partie du
cycle exprimé dans le « mythe de l’éternel retour », ou dans la
« ruse de la raison » développée par hegel ?
« l’emploi du mot
« être » est en relation plus ou moins forte avec ces nombreux états
de conscience qui vont de l’intuition, en passant par le « rêve
éveillé », jusqu’à ce qu’on appelle l’« illumination ». nombre
de scientifiques en sont même arrivés à émettre l’hypothèse que l’état post
mortem est un autre niveau de
conscience. »[509]
au regard de ces considérations, le titre phantasms of the living prend toute sa
signification…
un codage holographique
de la télépathie au sens restreint ?
« ainsi
fonctionnellement différenciées en vue des besoins et égalisée dans le sommeil,
l’écorce
cérébrale nous apparaît comme un tout,
où il est
impossible de déceler une affectation spéciale à chaque neurone,
rêve des
anciens physiologistes.
on ne localise
ni une fonction, ni l’esprit, dit avec raison lhermitte. »[510]
une première explication simple du phénomène
télépathique, inférant les lois du hasard, affirme que ce que l’on croit trop
souvent être de la télépathie n’est en fin de compte que pure coïncidence[511].
cette idée de coïncidence a déjà affleuré à l’esprit de plusieurs des personnes
rencontrées, dont cet extrait rend admirablement compte :
§
je
suppose que dans certains cas, c’est simplement de la coïncidence. je suppose.
mais je trouve que ça arrive quand même trop souvent pour que ça soit
simplement de la coïncidence.
-
trop
souvent. et ça équivaudrait à quoi pour vous ?
§
et pas toujours avec la
même personne. je pourrais par exemple imaginer que, à force de vivre avec quelqu’un
comme mari et femme, on finit par bien connaître le raisonnement de pensée de
l’autre, et qu’il y ait une certaine logique. que l’on finisse par peut-être
penser la même chose en même temps, dans les mêmes circonstances, etc. ou qu’il
y ait des éléments extérieurs, parce que le cours de notre pensée est peut-être
influencé par des éléments extérieurs, tout à fait subconscients. [françoise,
p. 64]
ce qui nous conduit lentement vers une
seconde explication - laquelle épouse cette fois la perspective systémique du
« feed-back » - tenant en ceci que la fréquentation régulière de
personnes nous renseigne progressivement sur leurs habitudes, gestes et canevas
de pensées, de manière telle que les inconnues à leur sujet sont
progressivement réduites, tandis que l’anticipation de faits (de geste autant
que de parole ou pensée) caractéristiques de ces personnes, par contre, s’en
trouve accrue, en vertu d’un « code,
secret et compliqué, écrit nulle part, connu de personne, entendu par
tous »[512], élaboré
au cours des multiples interactions survenues entre ces personnes. c’est ce que
vaschide nomme le parallélisme psychique[513].
ces explications très basiques, propres à
l’ecole de palo alto, ne permettent toutefois pas de faire toute la lumière sur
les phénomènes plus intriguants en rapport avec notre objet d’étude, dont on
peut trouver maints exemples dans la littérature spécifique, et qui, comme nous
l’avons vu au cours des chapitres précédents, ne sont pas sans rapport avec
certaines pathologies. rappelons par ailleurs qu’aucune « grammaire
kinésique » n’a pu, à ce jour, être élaborée par les tenants de la
kinésie. « je postule quant à
moi, l’existence de trois types de communication :
-
le discours et
les sens latents qu’il véhicule.
-
la métacommnication,
telle qu’elle a été définie par l’école de palo alto.
-
et la
communication télépathique.
cependant,
et c’est la difficulté majeure, si la télépathie a pu faire l’objet d’écrits et
d’études psychanalytiques il n’en est plus de même lorsqu’il s’agit de considérer
les phénomènes psychokinétiques comme un matériel non toujours hallucinatoire.
Être psychanalyste implique l’adoption d’une position bien confortable, au
terme de laquelle point n’est besoin de se soucier du caractère objectif du
matériel allégué. »[514]
une inconnue au moins subsiste, portant sur
le support de l’information
qui permettrait aux messages télépathiques de transiter. l’explication par le
support électromagnétique, comme nous l’avons vu avec vasiliev, ne semble pas
satisfaire cette exigence.
l’idée d’une cinquième dimension, la dimension psi, a déjà été avancée
par des chercheurs aventureux, sans cependant être retenue comme telle puisque
manquant de fondements[515].
djohar si ahmed, sur base psychanalytique,
proposait un schéma qui faisait intervenir le pictogramme. c’est précisément dans ce pictogramme qu’elle
concevait le support de l’information télépathique, sujette ensuite, dans son
transit, à plusieurs trans/déformations. « l’information
contenue dans le discours ou le fantasme peut s’inscrire en partie ou en
totalité dans le pictogramme, négatif ou positif, lequel est susceptible de
passer d’une psyché à l’autre, avec parfois des décalages temporels
variables. l’engrammation (chez l’agent) et le redéploiement (chez le
percipient) de l’information télépathique, restent assujettis à toutes les
déformations inhérentes à la vie imaginaire des sujets et leurs mécanismes de
défense, tout comme dans le travail du rêve … il apparaît que la verbalisation
ou l’expression de l’information télépathique, prémonitoire, comme l’expression
psychokinétique d’un affect, correspond à trois niveaux de traitement que j’ai
appelés to, t1, t2, c’est-à-dire traitement selon les processus originaire,
primaire et secondaire. »[516]
une remarque peut toutefois être faite à
l’encontre de ce schéma : c’est qu’il maintient la perspective théorique
d’une communication mécanique d’émetteur à récepteur, sans retour (feed-back).
le codage
holographique offre peut-être une direction d’investigation plus
satisfaisante et plus convaincante. cette piste semble d’autant plus
convaincante que, dans une volonté d’établissement d’un contact entre humains,
tous les êtres humains, « only
information which is coded symbolically and shared socially is necessary for
the development of culture. of course, it does not mean that
culture is something ‘independent’ of the material world, and, correspondingly,
is closely related to it. »[517]
zazie, pour qui la photographie est un
hobby, rapporte d’ailleurs que lors de sa « voyance », elle perçoit
des « appels » qui se présentent à elle à la façon caractéristique de
l’holographie[518].
nous ferons encore remarquer, en renforcement supplémentaire à cette hypothèse,
que les expériences de laboratoire auxquelles nous avons pu participer avaient
toutes pour support « concret » des images, qu’elles soient fixes ou
en mouvement.
ne serions-nous pas en train de rétablir une
forme de colonisation culturelle en défendant un tel argument ? nous
pensons que son explication pourrait effectivement être considérée comme telle,
mais dès lors que l’on s’aperçoit que l’holographie est une fonction cérébrale
partagée par les mammifères au moins (et donc tous les êtres humains), la
question de la prévalence de l’explication sur l’effectivité du processus ne se
pose plus. processus que l’on peut d’ailleurs estimer en mouvance et en
évolution permanente.
mais précisons d’abord ce qu’est
l’holographie, au sens physique du terme, et d’une certaine manière dans un
sens restreint. elle se définit comme « une
méthode d’enregistrement des images qui permet la restitution en relief
d’un sujet, en utilisant les interférences produites par deux faisceaux de
lumière cohérente, l’un venant directement du laser, appelé faisceau de
référence ou “onde porteuse”, l’autre provenant du même laser, mais réfléchi
par l’objet. »[519]
ainsi donc, nous voyons là le jeu d’une
interrelation avec interférences (« noise »), que nous n’irons pas
jusqu’à qualifier d’intersubjective, mais qui fait intervenir deux sources simultanément.
nous renvoyons évidemment à la circularité des modèles cybernético-systémiques,
ainsi qu’aux noèse et noème de l’intentionnalité phénoménologique. qui plus
est, les interférences sont produites par faisceau laser, ce qui renvoie à
l’hypothèse de roger penrose pour expliquer la conscience humaine. une autre
particularité des hologrammes est que, lorsqu’ils se brisent, chacun des bris
contient la même image enregistrée, mais vue sous un angle différent de celui
des autres bris. comme une prolifération.
nous sommes toutefois forcé de nous départir
de quelques analogies et raccourcis abusifs. en effet, nous savons maintenant
que l’image holographique naît de l’interférence de deux faisceaux issus d’un
seul et même rayon laser diffracté. et non pas de deux lasers
« indépendants ». ceci semble donc exclure la possibilité d’un
échange de type émetteur/récepteur, externe/interne qui avaliserait la
transmission télépathique entre humains, et peut-être même d’un humain avec
toute matière, expliquant la psychométrie.
mais certaines théories d’explication de la
formation des souvenirs s’appuient sur cette même holographie[520].
et voici ce que bateson disait du codage holographique il y a bientôt un quart
de siècle, l’inscrivant dans une perspective neurobiologique, où elle
interviendrait dans les processus de la remémoration : « in principle, all resonating
systems have hologramic characteristics. the simplest case is that of the interaction between sounds of different
frequencies which generates beats. more complex examples arise in so-called moiré patterns. (…) evidence is accumulating that in the mammalian brain
such resonating systems exist in neural networks and play an important part in
information retrieval (i.e., recall). wether such models, involving resonances,
are relevant in evolution, morphogenesis, and ecology is not known – but
probable. »[521]
qui plus est, en considérant les deux
éléments de la transmission (émetteur vs récepteur) comme appartenant au même
système, on s’aperçoit qu’ils ont une source commune, le « psi comme
nature » dirait harary, correspondant à l’acception physique de
l’holographie.
la question de la mémoire ne peut pas ne pas
affleurer. d’autant que parmi les articles que nous avons pu rassembler, le
plus ancien, publié dans la revue mind
par le professeur josiah royce et daté de 1888, mentionnait
déjà, en réponse à la publication des phantasms
of the living, et s’appuyant sur des matériaux cliniques de krafft-ebing
et kraepelin, les hallucinations de la
mémoire en rapport avec la télépathie, qui pourraient s’expliquer par
l’hypothèse des illusions de la double mémoire (l’impression de « déjà
vu »). a cette hypothèse, gurney répondit par un correctif, faisant
allusion à la précision des périodes de faits relatées dans les cas d’expériences
télépathiques, qui se distingue nettement de la relative indétermination des
souvenirs ordinaires de double mémoire, et en soulignant l’omission, par le
professeur royce, des cas d’hallucinations sensorielles repris dans son ouvrage[522].
de plus, dès 1921, le professeur abramowski, de l’institut psychologique
polonais de varsovie, établissait les similarités et différences de
l’information remémorée et des messages télépathiques, excluant du même coup la
stimulation de quelconques voies sensorielles[523].
dans l’élan, il proposait un « mécanisme de transmission
télépathique ». rejetant l’idée admise à l’époque d’un « rayonnement
de l’énergie cérébrale », il suggérait plutôt une explication,
simultanément, en termes de coenesthésie pour
les états des récepteurs et émetteurs, et de phénomènes physico-chimiques provoquant un changement
organique sous forme de « rayonnement » « dans un milieu encore inconnu » , ou dans la matière
connue, lors des transmissions télépathiques[524].
néanmoins, après avoir passé en revue
différentes théories sur la perception extrasensorielle en tant que processus
mémoriel, susan blackmore, beaucoup plus récemment,
nous indique les corrélations erronées entre la mémoire et l’e.s.p. telles
qu’elles étaient conçues en 1980[525].
aujourd’hui, presque vingt ans plus tard, les modèles proposés pour rendre
compte du fonctionnement de la mémoire sont loin d’être monolithiques, et
encore moins de type « musculaire »[526].
laisseraient-ils un entrebâillement pour des explications éventuelles aux phénomènes
de type parapsychologique ?
l’année qui suivit l’article de bateson, en
1976, un modèle holographique des phénomènes psi était déjà proposé dans la
revue psychoenergetic systems[527].
nous n’avons pas encore pu nous procurer l’article qui en traite.
mais nous rappelons à ce stade-ci, pour
appuyer notre hypothèse, les découvertes de narby sur la diméthyltryptamine et
les hallucinations d’apparence holographique qu’elle engendre, déjà citées dans
la section sur « l’absorption de substances hallucinogènes et
autres ». de même, les vues lumineuses de raphaël resurgissent, lorsqu’il
nous rétorque, sur fond de matérialisme et d’évolutionnisme :
-
et
sinon, dans les différentes croyances … parce que, bon, moi, j’ai envie de
dire : les conséquences des croyances en une théologie sont quand même
patentes. (…) comment mettre ça en relation avec des conséquences toutes
parallèles, qui sont celles de la physique ? (…)
§
c’est
un fait que les croyances humaines ont des conséquences sur la vie de l’homme.
Ça, c’est incontestable. (…) elles n’ont aucune conséquence sur l’explication
de la matière. absolument aucune.
-
donc,
on reste là dans une séparation esprit/matière ?
§
ah
oui ! c’est autre chose. bein, esprit et matière, oui. oui. bon, oui. (…)
mon idée, c’est que, au début est la matière. enfin : matière, énergie,
tout ce que tu veux. l’esprit, au début, il n’y a pas. l’idée des religions,
quelles qu’elles soient, c’est : au début, il y a l’esprit, et puis …
-
au
commencement était le verbe. (…) et pour vous, donc, c’est la matière qui …
§
au
commencement est la lumière. (…)
-
et
qu’est ce qui aurait engendré alors la pensée conceptuelle que l’on
connaît ?
§
probablement
la complexification des phénomènes matériels. déjà la vie, c’est déjà une
complexification importante. et … ça peut continuer. (…) Ça c’est quelque chose
qu’on ne connaît pas beaucoup évidemment (…) parce que c’est très complexe. (…)
mais disons, l’explication par un phénomène surnaturel, c’est pas une
explication. c’est trop simple comme explication. (…) par rapport à la
complexité que l’on constate, c’est beaucoup trop simple. [raphaël, p. 78]
ces vues étaient déjà annoncées par albert
leprince à la veille de le seconde guerre mondiale, dans son avant-propos à
l’exposé des théories du docteur calligaris[528].
de même, à esalen, big sur (californie), ces
chercheurs peu orthodoxes que sont abraham, mckenna
et sheldrake s’interrogent et spéculent,
dans un trialogue, sur les rapports qu’entretiennent les connaissances que nous
avons de la lumière et de l’appréhension visuelle. interrogations qui cherchent
à rendre compte des phénomènes dits paranormaux, et de la télépathie notamment.
« rupert : (…)
s’il existe une âme du monde filtrant à travers la totalité du cosmos, son
niveau corporel peut être exprimé principalement par le biais du champ
gravitationnel alors que son niveau mental peut être exprimé par une sorte
d’interface avec le champ électromagnétique. cela serait un canal parfait pour
l’omniscience de l’âme du monde et pour l’omniscience divine à travers l’âme du
monde. tout ce qui arrive a un effet sur le champ électromagnétique ; à
chaque instant, sa réalité holographique est en parfaite correspondance avec
tout ce qui a lieu. ce champ électromagnétique universel est l’interface de
l’âme du monde avec les plans physiques de la réalité.
ralph : j’aime cette
idée du champ électromagnétique en tant qu’intermédiaire idéal localisé dans
une hiérarchie de champs, tout comme la place de notre conscience individuelle
positionnée dans la hiérarchie de la conscience de l’âme du monde. nous avons,
dans notre conscience individuelle, une affinité particulière avec le champ
électromagnétique : la perception électromagnétique, la réception,
ainsi de suite … sont épitomées par la vision. le domaine de la matière le plus
facilement accessible par le phénomène de l’esprit devrait être le champ
électromagnétique. »[529]
nous avons bien essayé, nous aussi,
d’extrapoler les interrogations au-delà de la seule force électromagnétique,
dans les contrées lointaines de la gravitation et des trous noirs, mais ces
ardeurs furent vite refroidies[530].
ceci tient peut-être au caractère subversif d’un intérêt pour le phénomène
télépathique qui voudrait troubler l’institution, tel que yan nous en indique
les enjeux, en termes de carrière[531].
plus « classiques », et moins
spéculatives, sont les tentatives d’explication de l’émergence d’une conscience
réfléchie chez l’être humain, obtenue grâce aux modifications structurelles de
la capacité cérébrale et des cycles du sommeil, qui permettent d’accéder à un
ordre symbolique, et nous acheminent lentement sur le terrain didactique :
« grâce à son système nerveux
central apte à mémoriser et à concevoir de manière particulière, massive et
efficace, grâce à ses mains libérées capables d’exécuter les programmes les
plus délicats, l’homme peut accumuler ses expériences et, donc, perfectionner
progressivement son activité. de plus le développement du psychisme permet la
communication logique entre individus par la parole qui, grâce à la liberté de
la main, sera un jour fixée dans l’écriture. désormais, d’individuelle,
l’expérience devient collective ; celle de chaque sujet sera mise à profit
par tout le groupe. (…) ainsi la conscience individuelle est assez vite
remplacée au palier humain par la conscience collective, faite de la mise en
commun au sein du groupe, par la tradition orale d’abord, par l’écriture
ensuite, de toutes les expériences individuelles présentes et passées.
désormais, tout homme venant au monde disposera, a priori, de l’expérience de
ceux qui l’ont précédé. cette expérience n’est pas innée (elle échappe presque
entièrement aux instincts) mais acquise. c’est l’aptitude à acquérir qui est
innée. elle suppose donc, pour le jeune, une éducation et un apprentissage. […]
on admet maintenant que l’accroissement de l’expérience de l’apprentissage, de
l’instruction, entraîne l’augmentation et l’enrichissement des connexions
interneuronales. on peut affirmer que l’intelligence appelle l’intelligence. »[532]
le siège d’un savoir si titanesque se
trouverait-il, comme semble le suggérer jeremy narby, au cœur de l’a.d.n. qui
constitue toute matière vivante, et est considéré indestructible ? et ne
peut-on pas imaginer que l’holographie dont nous venons de discuter se
réverbérerait également sur/par d’autres organes des sens que ceux de la
vue ? qu’il y aurait une « holophonie », ou une
« hololfactie », une « holotactie », une
« hologustie », ou enfin une « holocoenesthésie » faisant
fonctionner de concert nos cinq sens grâce à notre conscience ?
la psychologie phénoménologique récuserait
certainement une telle recherche de support d’information au nom de la
description[533].
mais nous en sommes arrivé à penser que ce n’est, permettons-nous de le redire,
qu’en joignant les forces vives de disciplines multiples, guidées par la
psychologie cognitive, que les solutions semblent pouvoir émerger[534].
pour être plus précis, le connexionnisme
s’offre comme un modèle à suivre[535].
la télépathie : rencontre du troisième type ou
apprentissage de type iii ?
« nous
pouvons affirmer a priori que toute perception et toute réponse, tout
comportement et toute classe de comportements, tout apprentissage et toute
génétique, toute neurophysiologie et endocrinologie, toute organisation et
toute évolution (qui en fait constituent un seul et même objet) sont
communicationnels de par leur nature et, par conséquent, soumis aux grandes
généralisations
ou “lois” des phénomènes de la
communication ;
nous devons
dès lors nous attendre à trouver dans nos données les principes de mise en
ordre que proposerait une théorie fondamentale de la communication :
la théorie des
types logiques, la théorie de l’information nous serviront alors de
guides. »[536]
ce que jan ehrenwald nous suggère dans son ouvrage le lien télépathique, ce n’est rien moins
qu’une véritable révolution des mentalités s’apparentant aux révolutions
copernicienne ou galiléenne. une révolution qui nous ferait accéder à une
nouvelle perception de l’homme et avec lui, invariablement, de l’univers.
vision qui nous déchausserait des lunettes multifocales trop
« étroites » d’un modèle classique aristotélicien, euclidien,
léonardien, darwinien et freudien de la personnalité humaine et de son
environnement. pour parvenir à cette transformation « optique », il note
néanmoins la nécessité de vaincre les « sept dragons de la science ».
ce qui n’est pas rien …
l’on imagine assez aisément la provenance des réticences qui font que la télépathie et son
« univers » ne sont pas
toujours sujets aisés à traiter chez nous, bien qu’ils fascinent
parfois. ces réticences sont essentiellement culturelles.
nous avons déjà vu le rôle de résistance à la culture que michel jouvet
attribue au sommeil paradoxal, dans lequel interviennent les rêves, siège avéré
des procédés irrationnels, inconscients, des processus primaires, et état
décrit comme favorable à la transmission et à la réception télépathiques.
inversement, nous pouvons penser que la culture aurait un rôle de résistance au
sommeil paradoxal engendré par la nature.
c’est cette même culture qu’ehrenwald dénonce comme
responsable du stigmate pesant sur la télépathie[537].
harary voit dans les grilles de lecture du monde reconnues
dans une culture donnée le ferment ou non à l’appréhension des phénomènes psi
dans la nature environnante[538].
et ce sont enfin les dierkens qui nous dressent un portrait
substantiel des attitudes culturelles de par le monde à l’égard des facultés
psi[539].
par ailleurs, paul chauchard
nous rappelle fort à propos ce qui semble une évidence : « ce qui différencie les hommes, c’est la
façon dont ils ont appris grâce aux influences culturelles à se servir de leur
cerveau. d’ailleurs se servir du cerveau c’est en même temps le développer et
le non-usage précoce aboutit à des régressions irréparables, notamment dans le
domaine du langage, comme le montre l’exemple des enfants séquestrés ou des
enfants élevés par des louves. »[540]
existerait-il un lien entre langage humain
articulé et télépathie ? nous ne sommes pas en mesure de
développer ce point dans cet exposé. mais outre le frein que ce type de langage
semble, au terme de notre exploration, constituer envers la faculté de
télépathie, nous serions tenté de répondre que s’il est un lien, il serait à
chercher du côté d’un « langage-image-mouvement
intrinsèque », sorte de rêve éveillé ou éveil paradoxal, que
les péripatéticiens cherchaient peut-être à provoquer lors de leurs
pérégrinations, source de certains « enthousiasmes socratiques ».
mais layla et onur affirment que les messages perçus, brusquement ou au cours
de la cartomancie, sont au-delà du champ du langage, pour tendre vers les
sphères conceptuelles[541].
chose flagrante, d’autre part, est de constater dans les
récits et certaines croyances qu’une même faculté, la télépathie, soit
rapportée, en plus de l’imagerie diabolique, à la fois comme un attribut des
êtres les moins « civilisés » (animaux, débiles mentaux, etc.) autant
que des personnes les plus doctes ou sages (saints, mystiques, moines zen,
etc.), laissant penser que l’on pourrait déceler là un point de jonction, sorte
de point de capiton, qui transpercerait les planches trop sèches d’une porte,
ou muraille, que l’on aurait voulu ériger entre culture et nature, génie et
folie, etc. …[542] et comme le dit la sagesse
populaire : « il faut de tout
pour faire un monde » …
en poussant le raisonnement dans ses ultimes retranchements,
la compréhension la plus fine d’une culture quelle qu’elle soit ne
reviendrait-elle pas à s’y mouvoir, libre comme l’air, à la manière du
psychopompe hermès, ou de ses avatars orphée et saint
michel, à défaut de nier complètement la valeur objectivée de cette
culture que l’on cherche trop souvent à circonscrire sans toujours y apercevoir
le souffle vital qui l’anime ? son « esprit du peuple » (volkgeist) en quelque sorte.
mais, plus fondamentalement encore, quelles sont les raisons
qui s’opposeraient à ce que nous considérons ici, hypothétiquement, comme un
apprentissage ? nous pensons pouvoir dire qu’elles sont
« viscérales ». a savoir qu’elles s’originent dans les peurs qui,
chez l’homme, se métamorphosent en angoisses, lesquelles se muent en angoisses existentielles, mettant en péril la vie de ceux
qui s’y abandonneraient[543].
c’est peut-être cette même peur qui faisait dire à gregory bateson
dans la peur des anges : « exprimé négativement, le but de ce livre
est de congédier certaines des illusions épistémologiques les plus dangereuses
et les plus risibles, qui sont à la mode aujourd’hui dans notre
civilisation ; mais là n’est pas mon seul dessein, ni même mon
principal ; je pense que, lorsqu’on a dégagé l’horizon d’une partie de ces
inepties, il devient possible d’approcher bien des questions considérées
jusqu’ici comme confuses (et tenues par conséquent pour extérieures au domaine
de la science), comme celle de l’« esprit », par exemple. ainsi,
l’esthétique pourra devenir accessible à une pensée sérieuse. le beau et le
laid, le métaphorique et le littéral, le sensé et l’insensé, le sérieux et
l’humoristique … et même l’amour et la haine : autant de questions que la
science, présentement, évite. oui, mais, dans quelques années, lorsque la
coupure actuelle entre les problèmes de l’esprit et ceux de la matière aura
cessé d’être le déterminant central de ce qu’il est impossible de penser, elles
pourront faire l’objet d’une réflexion formelle. aujourd’hui, la plupart de ces
domaines sont tout simplement hors de portée, et les scientifiques, même
psychiatres ou anthropologues, les fuient – non sans raison, d’ailleurs :
mes collègues et moi-même sommes encore incapables d’explorer des sujets aussi
délicats. nous croulons sous le poids des illusions que j’ai évoquées, et,
tels les anges susmentionnés, avons peur de nous engager dans ces régions, mais
cette crainte ne sera pas éternelle. »[544] n’est-il pas dit que « la peur est mauvaise
conseillère » ?
peur, compréhensible aussi, de l’« explosion » de
nos barrières psychiques et physiques insinuant une transparence, fantomatique
peut-être, exprimée par charlotte en ces mots qui introduisent une notion
originale, voire paradoxale :
-
ce serait providentiel
pour vous qu’on découvre cette faculté de pouvoir communiquer à distance
autrement que par des moyens purement matériels, à savoir : un téléphone,
ou un gsm, ou un télescope … ?
§
ah non ! moi ça, je
crois que ça m’angoisserait un peu, là.
-
oui ?
§
oui.
oui. (…) j’ai l’impression que ça relève un peu du mythe, encore une fois, de
cette transparence. (…) on est dans une société ultra-communiquante et
finalement assez faiblement rencontrante. (…) on peut imaginer un mec qui
serait connecté au monde entier, tout seul dans son salon, quoi. via tous les
réseaux informatiques, internet et compagnie. donc, il communique super. mais
il ne rencontre personne. c’est l’autisme social. et moi, je me demande si ça
ne participe pas un peu de ce fantasme-là. d’étendre la communication à travers
la télépathie, je pourrais … non, non. pour moi, c’est pas mon truc. je me
méfie énormément de ce genre de … bon. pour moi, c’est un fantasme, hein. et on
revient à ce que je disais tout à l’heure, dont je me méfie très fort.
[charlotte, p. 90]
peur, enfin, d’un retour à l’archê de la phénoménologie, au Ça
du “wo es war, soll ich werden”[545]
de la psychanalyse freudienne. peur de l’irrationnel, tout simplement, qui
pousse à chercher la maîtrise, notamment sur notre propre progéniture, cette
« loterie génétique », lorsque nous ne sacrifions pas carrément
celle-ci, par un mouvement naturel où notre « culture »
(technologique) tente de dompter la vie, préférant au hasard la nécessité[546].
or, une perception positive de l’irrationnel n’est pas
exclue. lisons à ce sujet vanandruel : « nous sommes responsables de notre inconscient dans la mesure
où nous ne faisons pas l’effort
nécessaire pour parvenir à un degré supérieur de conscience et de lucidité,
alors que nous avons en général le pouvoir de le faire. autant qu’une question
d’ordre scientifique, l’approfondissement des ressources psychiques est une
question d’ordre moral. c’est dans notre inconscient, bien plus que dans le
monde qui nous entoure, que se trouve le centre du nœud qui parfois nous
enserre. »[547]
plus timoré qu’ehrenwald, mais encouragé par les révélations
de jeremy narby, nous envisageons, pour notre part, un développement en termes
batesonniens, comme le résultat d’un apprentissage de type iii, à partir de la
théorie des types logiques de bertrand russell[548].
en effet, gregory bateson décrit successivement trois types d’apprentissage, le
niveau i correspondant aux apprentissages les plus élémentaires, les réflexes,
que connaissent tous les êtres vivants. le deuxième niveau de l’apprentissage
est celui atteint par la plupart des êtres humains, et même animaux, qui
peuvent apprendre sur leurs apprentissages, dans un mouvement d’économie des
mécanismes cognitifs. le courant connexionniste, haut lieu de la
multidisciplinarité, cherche d’ailleurs à appliquer ce niveau ii aux machines
les plus perfectionnées[549].
« avant d’aborder
le problème de l’apprentisage iii à proprement parler, il nous faut donc
distinguer entre un simple remplacement de prémisses sans apprentissage iii et
cette facilité de remplacement qui serait véritablement l’apprentissage
iii. »[550]
après avoir énuméré les différentes possibilités auxquelles
un être humain accéderait par l’apprentissage iii[551],
il livre à christian beels les paroles suivantes :
« beels : mais
comment l’apprentissage iii est-il relié à la révélation intérieure ou à
l’illumination ?
bateson : il est
certainement lié à ce qu’on appelle illumination dans la mesure où nous
comprenons qu’apprendre la dépendance, l’allaitement, l’exhibitionnisme, ou
tout autre chose de ce genre, c’est avoir appris notre dissection de l’univers. et, bien entendu, il y a d’infinies manières
de disséquer l’univers. nous avons ainsi découvert quelque chose comme le samsara, comme la maya, l’illusion dans laquelle nous vivons tous. mais nous ne savons pas
grand-chose à ce sujet. en fait, nous arrivons là à des niveaux de
spéculation pure. »[552]
et d’ajouter :
« la question
relative à tout comportement n’est évidemment pas : “est-il appris ou
inné ?”, mais plutôt : “jusqu’à quel niveau logique supérieur
l’apprentissage agit-il ?, et, en sens inverse, jusqu’à quel niveau
génétique peut-il jouer un rôle déterminant ou partiellement efficace ?”
dans cette perspective, l’histoire générale de l’évolution de
l’apprentissage paraît avoir lentement repoussé le déterminisme génétique vers
des niveaux de type logique supérieur. »[553]
en relation avec les découvertes sur l’émission
biophotonique de l’a.d.n. telles qu’en rend compte narby, ainsi que les rythmes
alpha produits lors de l’état de veille paradoxal, nous sommes en droit de voir
là une rampe de lancement pour la recherche sur le phénomène télépathique. la
photosynthèse, dont les procédés biochimiques sont fort complexes, pourrait
également faire l’objet d’une attention toute particulière.
un regret entache cependant notre appréciation des
considérations de bateson. il touche à la (relative) difficulté à atteindre ce
type d’apprentissage. nous lisons en effet dans ses mots, et à notre plus grand
étonnement, des propos presque élitistes qui vont à contre-courant de quelques
croyances admises ou des constatations établies, attribuant la télépathie à
tout un chacun[554].
la résolution de cette tension passerait selon nous par l’intégration de ce
type d’apprentissage dans un programme d’éducation profitable au monde entier,
par-delà les barrières et frontières linguistiques, nationales, ou toute autre
entrave[555]. mais
peut-on imaginer un tel projet, qui rappelle sourdement le mythe de la tour de
babel et de son échec ? rupert sheldrake se montre rassurant, puisqu’il
énonce que ce type d’expériences mystiques est bien moins rare qu’on ne le
pense[556].
chapitre 5 : conclusion
« a
l’échelle du temps, la course du cerveau humain, splendide, commence à peine.
elle ne
s’achèvera qu’avec celle du soleil.
l’homme, bien
moins fragile qu’icare et, quoiqu’on en dise, bien moins imprudent que phaéton,
ne peut pas ne
pas rencontrer un jour la vérité,
et par elle
accéder à la liberté. »[557]
en 1936, un certain joad, face aux travaux de joseph banks
rhine, et dans une perspective évolutionniste, tirait sans ambages la
conclusion d’un inexorable appel de la vie vers le développement de capacités
télépathiques qui dépasseraient les frontières nationales, au détriment des
facultés sensorielles[558].
demeurant dans le « royaume sensori-perceptif »,
dont on semble encore loin d’avoir parcouru la vaste étendue, nous pensons
pouvoir conclure, sans pour autant prophétiser, que la recherche sur la
télépathie, ou plus exactement en parapsychologie (quel que soit le nom sous
lequel on la désigne), a encore de beaux jours devant elle. les multiples
interrogations qu’elle continue à soulever - depuis les plus anciennes qui, en
dehors des supercheries « anecdotiques » décelées et néanmoins
instructives, dévoilent timidement leurs secrets - constituent un réservoir
aussi inextinguible et vaste que la conscience humaine elle-même. avec le
potentiel créateur qui est le sien.
cent dix ans, à peu de choses près, après la publication des
phantasms of the living, et au départ
d’expériences parfois traumatisantes, nous concevions à notre tour d’étudier la
télépathie en europe occidentale, phénomène qui a eu ses lettres de noblesse
aux commencements de la recherche psychique. dans notre travail, nous avons
abordé les différents points suivants, tels qu’annoncés en introduction :
dans notre premier chapitre d’abord, nous vous mettions en
appétit, et vous présentions les divers projets qui ont et motivé et animent ce
travail sur un phénomène nommé « télépathie ». a ceux-ci s’ajoutaient
nos hypothèses de base, sur un versant culturel.
ensuite, au cours du deuxième chapitre, nous vous avons
soumis nos « procédés de fabrication ». ainsi, l’épistémologie
cybernético-systémique, couplée à la phénoménologie française, s’avéraient
d’excellents « garants » pour appréhender notre sujet de mémoire, et
éviter les embûches que nous risquions de trouver sur notre chemin. elles
devaient surtout « enrichir » nos attitude personnelle et réflexion,
facilitant notre mobilité entre les multiples « niveaux » par lesquels
nous avons transité. l’idée de système cybernétique tout d’abord, nous
permettait de concevoir un être percevant en interaction avec ses
environnements tant interne qu’externe. système dans lequel chaque élément est
dépendant des autres éléments. la notion de chair ensuite, telle que pensée par
merleau-ponty, renforçait celle de système, mettant l’accent sur une perception
rendue aussi consciente que possible, mais avant tout, vécue et éprouvée.
a ces « outils » s’ajoutaient les méthodes plus
classiques utilisées en anthropologie, telles que le récit d’expériences
personnelles, l’observation dite participante, les entretiens avec des tiers,
ou encore la recherche bibliographique.
au troisième chapitre, nous avons tout d’abord entrepris le
décorticage de notre thématique, et nous sommes aperçu que la télépathie ne
pouvait être comprise isolément d’autres phénomènes dits parapsychologiques. un
survol historique nous a fait entrevoir quelques-uns des enjeux idéologiques (à
comprendre aussi comme épistémologiques) autour de ce sujet, et les
métamorphoses de ce dernier au gré des découvertes successives et de
l’évolution géopolitique en occident. nous entr’apercevions déjà les contours
d’un imaginaire collectif qui sourd à la moindre focalisation. ceci a fait
l’objet d’une extension très partielle dans nos discussions épistémologiques du
quatrième chapitre, concernant les soubassements philosophiques, depuis la fin
du 19ème siècle jusqu’à notre époque contemporaine.
nous y abordons aussi, en anthropologue qui se respecte, le
domaine des croyances et pratiques qui se peuvent trouver lorsque l’on traite
de la télépathie, parmi lesquelles nous n’en avons « épinglé » qu’un
nombre très limité. ce fut l’occasion de questionnements sur ce qu’il convient
de nommer croyances, et sur les précautions à prendre lorsqu’on les attribue à
autrui. procédant selon une méthode « évolutive », nous avons d’abord
envisagé de pister les traces du phénomène télépathique au pôle inverse de ce
que nous nommons la culture, à savoir la nature environnante, foisonnante,
« menaçante » pour nombre d’entre nous. notre « traque »
nous a fait déboucher sur le règne animal, et au sein de ce règne, sur
l’embranchement des mammifères, au sommet duquel l’on place, (« présomptueusement » ?),
l’être humain.
a partir de là, nous avons tenté de démêler les multiples
occasions de surgissement de la télépathie au sein des relations enchevêtrées
que tissent les humains entre eux. une première manière déjà de démystifier le
halo paranormal et surnaturel qui entoure trop souvent cette faculté. en suite
de quoi nous nous sommes efforcé de déceler quelques thèmes qui vont de pair
avec la télépathie dans ce qu’il est convenu d’appeler la (science-)fiction,
selon divers modes d’expression qu’elle compte à son registre. dans le
prolongement de ces élaborations humaines dites fictives (ne dit-on pas que la
réalité dépasse souvent la fiction ?), nous nous sommes rabattu sur le
comportement religieux humain, source importante de croyances, afin de
discerner quelques « visages » de la télépathie en europe occidentale
et sur le pourtour nord-méditérranéen.
le sous-chapitre sur les pratiques autour de la télépathie
nous a permis de démystifier quelques fausses idées, tout en devant reconnaître
qu’il reste des inconnues au regard de faits indéniables. l’investissement du
phénomène télépathique par l’artillerie laborantine de la parapsychologie a
fait l’objet de notre attention particulière, car nous avons eu la chance de
visiter deux laboratoires en europe. elle fait l’objet d’une description en
annexe.
au quatrième chapitre, nous procédions à un redéploiement.
après un survol à très haute altitude des oppositions épistémologiques qui
minent ou ont miné la réflexion sur le « paranormal » en occident au
sens large, nous avons parcouru le débat sur la télépathie du point de vue de
la physique contemporaine et des forces qu’elle prend en considération, pour
nous apercevoir que la volonté de rendre compte de ce phénomène en termes
uniquement physiques menait à une impasse. c’est pourquoi notre redéploiement
s’est déporté vers le corps humain, et plus précisément son encéphale. de là,
nous avons traité de trois pathologies dont les « mécanismes » sont
supposés, d’après les postulats matérialistes, s’originer dans l’encéphale. cette
bifurcation visait à mieux cerner le phénomène télépathique sur base des
dysfonctionnements humains qui le mettent en évidence, un peu à la manière d’un
grossissement à la loupe, ou au microscope.
pour clore ce quatrième chapitre, nous avons émis nos trois
hypothèses dites in/projectives, achevant, dans la lignée de gregory bateson,
sur un sujet de spéculation pour lui : l’apprentissage de type iii.
de plus, en appelant, à la suite de mario varvoglis, cet
« explorateur du psi », à une coopération étroite dans ce domaine de
recherche, nous espérons un coup de fouet d’autant plus prometteur qu’il
intégrerait, comme cela se fait de plus en plus, les savoirs issus d’horizons
scientifiques et culturels très divers, faisant montre, de ce fait, d’une
interdisciplinarité dans l’air du temps[559].
un pas de plus « vers une écologie de l’esprit », en somme. songeons
simplement à ce que nous réservent, pour le prochain millénaire, les
découvertes du système cérébral, un cerveau qui se penserait lui-même ;
celles sur l’intelligence artificielle ; les préoccupations complexes de
l’écologie, trop teintées parfois d’idéologie new age, il est vrai ; le
souci, persistant et d’actualité, du multiculturalisme et du métissage, ou de
la créativité, qu’ils engendrent.
comme nous le mentionnions en introduction, notre souci
s’est penché sur la possibilité de transposer pratiquement, au profit du plus
grand nombre, les résultats de notre recherche. souci dont la résolution ne
peut, selon nous, se donner à lire autrement qu’en langage métaphorique, de
transport, de trance-port. car ce mémoire se voulait avant tout une étape
supplémentaire qui jalonne le chemin menant à une meilleure connaissance de
soi. connaissance qui, selon l’aphorisme aporétique de socrate
inspiré de l’oracle apollonien, autorise celles du monde et de l’univers. cette
connaissance est-elle vraiment souhaitable ?
« le système de
clichés des anglo-saxons contient ce postulat général : il serait
préférable que l’inconscient soit rendu conscient. (…) une telle idée est le
produit d’une épistémologie entièrement tordue et d’une vision dénaturée de ce
qu’est l’homme ou tout autre organisme. »[560]
des considérations fictionnistes pourraient nous faire entrevoir
les risques qu’entraînerait une telle connaissance. imaginons en effet que nous
ayions une pleine maîtrise et compréhension des phénomènes rencontrés au cours
des pages qui ont précédé. que pourrait-il advenir ? l’aléas s’en
trouverait du même coup annihilé. le jeu disparaîtrait. et avec lui, le
« je » et la société toute entière, dont la raison d’être ne serait
plus qu’inanité[561].
la société n’est-elle pas au fond une gigantesque comédie faisant évoluer
différents personnages (« characters » dans la bouche des
shakespeariens ; « maschere » dans le théâtre italien),
qu’honoré de balzac qualifia d’humaine, et dante alighieri de divine ? une tragédie dirait friedrich nietzsche[562].
l’homme aurait ainsi atteint la plénitude d’une
« conscience divine », mais s’y résorberait. la marche, ou l’envol
inexorables de l’humanité vers ce « niveau de conscience »
annoncent-ils une seconde mort de l’homme, après que, tel le phœnix, il ait
connu la renaissance des cendres d’une première mort déjà clamée[563] ?
et cela signifierait-il qu’il serait un simple trait d’union ? une ligne
discontinue, interrompue, ondulatoire ? qu’il serait une parenthèse ?
oiseau en migration perpétuelle ? liane en extension, s’enroulant sur
elle-même, à la recherche de ses racines ? « roseau sentant … et
pensant », sur le bord d’un étang, entre terre et ciel ?
ou serait-il plutôt l’électroencéphalogramme d’un eta(n)t
régulier, synchronisé, songeant entre éveil et sommeil, dont il aurait gardé le
souvenir au plus profond de son Âme, pour nous livrer l’art, les cosmologies,
et les livres sacrés, créations ultimes de ses gènes, autant que de ses
gênes ?
« je vais tout
relire en essayant les clés l’une après l’autre, mais j’ai peur de ne pas
trouver (ou de trouver) tout seul, de ne plus avoir le temps. tu me donneras la
main ? plus de temps à perdre, ò gar kairòs egguv,,
télépathie vient sur nous, tempus enim prope est »[564]
…
mais sans doute serait-il préférable de conclure, à l’instar
de jean monod dans sa postface au livre de carlos castaneda, en ces quelques
jets : « l’écriture, ce pou,
veut enclore le monde ; elle ne peut que s’y briser. pour la mémoire qui
s’explore et se recouvre, pour maint « indien », le monde-là est
archive vivante : organisme qui se développe en pouvoirs. la forme est affaire
d’expérience. on ne lit pas des forces, on les vit immédiatement. encore
faut-il les voir : l’enjeu de cette croissance singulière est la conscience,
son libre épanouissement. »[565]
table des matières
dédicace........................................................................................................................................................... 2
remerciements................................................................................................................................................. 2
chapitre 1 :
introduction.......................................................................................................................... 5
avant-propos................................................................................................................................................... 5
présentation de la
structure et de nos hypothèses de bases................................................................... 6
précautions déontologiques
et avertissement.......................................................................................... 7
précisions relatives au
texte......................................................................................................................... 8
chapitre 2 :
méthodologie......................................................................................................................... 9
rampes épistémologiques
et embûches...................................................................................................... 9
nos expériences
personnelles.................................................................................................................... 10
le projet agape et les expérimentations de ganzfeld à la lumière de l’anthropologie
symétrique 10
les entretiens................................................................................................................................................ 11
présentation des
personnes entrevues et des contextes.............................................................................. 11
cartomancien(ne)s,
médiums et/ou spirites........................................................................................... 12
thérapeutes........................................................................................................................................... 12
citoyens................................................................................................................................................. 13
autres.................................................................................................................................................... 13
choix de l’analyse....................................................................................................................................... 14
recherche des documents........................................................................................................................... 14
belgique : les
universités de bruxelles (brussels-u.l.b.), liège (luik-u.lg) et louvain
(leuven-k.u.l.). la bibliothèque provinciale des chiroux-croisiers (liège)...................................................................................................................................... 14
france :
l’université de toulouse-le-mirail................................................................................................ 14
england : la society for psychical
research et la national library (london)........................................... 14
scotland : la koestler chair of
parapsychology (edinburgh).................................................................... 14
chapitre 3 : analyse,
pratique et théorie..................................................................................... 16
la télépathie en tant que faculté................................................................................................ 16
définitions de la
télépathie........................................................................................................................ 16
définition restreinte
de la télépathie........................................................................................................... 16
au large, de nouvelles
définitions : intrication de la télépathie avec d’autres facultés................................ 18
historique sélectif........................................................................................................................................ 20
croyances et pratiques représentatives
attenantes à la télépathie................. 26
les croyances................................................................................................................................................ 27
quelques aspects
psycho-anthropologiques des croyances humaines en occident................................... 27
la p.n.l................................................................................................................................................. 27
le performatif........................................................................................................................................ 28
l’enchantement du monde..................................................................................................................... 28
le placebo.............................................................................................................................................. 29
la croyance au
paranormal.................................................................................................................... 29
observations portant
sur la nature............................................................................................................. 32
le règne
(micro)organique...................................................................................................................... 32
le règne végétal...................................................................................................................................... 33
le règne animal....................................................................................................................................... 33
les insectes....................................................................................................................................... 33
les mammifères, oiseaux
et poissons............................................................................................... 34
les relations sentimentales
et affectivement humaines............................................................................... 38
la symbiose........................................................................................................................................... 38
le lien familial........................................................................................................................................ 39
l’affiliation à un
groupe......................................................................................................................... 40
la relation amoureuse............................................................................................................................ 41
la relation
d’enseignement..................................................................................................................... 41
le couple
transférentiel en psychothérapie........................................................................................... 42
la relation
expérimentale....................................................................................................................... 43
le principe
d’incertitude.................................................................................................................. 44
le rôle de
l’expérimentateur en parapsychologie............................................................................. 44
conclusion
provisoire :............................................................................................................................... 45
(science-)fiction et
télépathie..................................................................................................................... 46
la littérature........................................................................................................................................... 46
l’espionnage.......................................................................................................................................... 46
les mutants............................................................................................................................................ 47
les extraterrestres.................................................................................................................................. 47
conclusion
provisoire :............................................................................................................................... 50
quelques traverses et dérives
s’originant dans le sentiment religieux......................................................... 51
le judaïsme............................................................................................................................................ 51
le christianisme
(catholique)................................................................................................................. 51
l’ancien et le nouveau
testaments................................................................................................ 51
satanisme, sectarisme,
sorcellerie et spiritisme................................................................................ 53
les derviches.......................................................................................................................................... 55
le bouddhisme....................................................................................................................................... 56
conclusion
provisoire :............................................................................................................................... 56
les pratiques autour de
la télépathie...................................................................................................... 57
la communication
facilitée.......................................................................................................................... 57
la prestidigitation....................................................................................................................................... 58
la cartomancie............................................................................................................................................. 58
les expérimentations en
laboratoires.......................................................................................................... 59
les choix proposés aux
acteurs des expérimentations........................................................................... 59
supports et constantes.......................................................................................................................... 60
les cartes de zener........................................................................................................................... 60
les images......................................................................................................................................... 60
les effets observés........................................................................................................................... 61
l’absorption de
substances hallucinogènes ou autres................................................................................. 62
les guérisons............................................................................................................................................... 63
conclusion provisoire :.......................................................................................................................... 64
chapitre 4 : redéploiements................................................................................................................... 67
discussions épistémologiques sur la télépathie.................................................................. 67
le bestiaire
parapsychologique : des chèvres et des moutons............................................................ 67
une spontanéité
provoquante................................................................................................................... 68
spiritualisme et
matérialisme, idéalisme et empirisme : les doubles tranchants de l’arme
scientifique 69
des particules
atomiques à l’organisme humain................................................................................... 70
la physique des quanta............................................................................................................................... 70
l’électromagnétisme.................................................................................................................................... 71
de la physiologie à la
neurophysiologie...................................................................................................... 74
quand le mésocosme et
le microcosme se rencontrent.......................................................................... 74
trois axes d’ordre
psychosomaticopathologique qui pourraient éclairer la télépathie............... 77
la schizophrénie......................................................................................................................................... 78
l’autisme..................................................................................................................................................... 78
la névrose hystérique................................................................................................................................. 80
conclusion
provisoire :.............................................................................................................................. 82
hypothèses in/pro-jectives................................................................................................................... 83
la conscience :
une sphère d’états altérés ?........................................................................................... 83
le sommeil.................................................................................................................................................. 83
un « cadran »
conscienciel.......................................................................................................................... 84
un codage holographique
de la télépathie au sens restreint ?.......................................................... 87
la télépathie :
rencontre du troisième type ou apprentissage de type iii ?...................................... 90
chapitre 5 : conclusion............................................................................................................................ 93
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stress,
yoga et psychosonique
est sur
saut
précédent | précédent
| suivant
| saut
suivant
5
sites avant | 5
sites après | hasard
| liste
| moteur | sites
[1] narby, j., le serpent cosmique. l’adn et les origines
du savoir, p.152.
[2] bateson,g., vers une écologie de l’esprit, t. i,
p.147. (n. s.)
[3] « car c’est sur une anthropologie que
débouche normalement la connaissance de soi. », in courcelle, pierre,
« avant-propos », connais-toi
toi-même, p. 7.
[4] derrida,
jacques, « télépathie », psyché.
inventions de l’autre, pp. 254-255.
[5] delboeuf,
joseph, le sommeil et les rêves, p.
105.
[6] « tout ce qui est subtil, ambigu, mêlé,
intangible et au-dessus de toute raison ou logique émerge des royaumes de l’universel
féminin et constitue la base de ce qui a été appelé “la magie” ou “l’occulte”.
cette dimension de l’existence, dont le rôle actif et formateur a été si
longtemps banni de notre façon de voir le monde, est révélée dans ces légendes
comme étant fondamentale et sacrée pour la structure de la plus ancienne
culture de l’humanité, celle des aborigènes d’australie. », in femmes de la nuit des temps, p. 111.
[7] « la question de la pensée, de
l’apprentissage, se met à ressembler fortement à la question de l’évolution dès
que vous vous rendez compte que le processus est toujours partiellement
expérimental – ressentir, saisir, explorer (« explorer » est
peut-être le mot juste). », in bateson, g., « intelligence,
expérience et évolution. », adaptation d’après enregistrement d’une
conférence donnée le 24 mars 1975 à l’institut naropa de boulder, colorado, et
initialement publié in re-vision, 1,
n° 2, 1978. extrait ici de une unité
sacrée, p. 371.
[8] a en croire
karl popper, il est préférable qu’elles soient falsifiables si elles se veulent
scientifiques.
[9] cf.
balandier, georges, « l’effet d’écriture en anthropologie. », texte
du portefeuille de lectures ex-cursus paulis, chris, relations interculturelles et processus d’acculturation, année
académique 1996-1997.
[10] « si le progrès de la connaissance doit
démontrer un jour que les sciences sociales et humaines méritent d’être
appelées des sciences, la preuve viendra par l’expérience : en vérifiant
que la terre de la connaissance scientifique est ronde, et que, croyant
s’éloigner les unes des autres pour atteindre le statut de science positive
bien que par des voies opposées, sans même s’en rendre compte les sciences
sociales et les sciences humaines iront se confondre avec les sciences exactes
et naturelles, dont elles cesseront de se distinguer. », in
levi-strauss, claude, « critères scientifiques dans les disciplines
sociales et humaines. », anthropologie
structurale deux, p. 364.
[11] bateson,
gregory & mary catherine, la peur des
anges, p. 81.
[12] « les parapsychologues ont, jusqu’ici,
échoué à faire de la télépathie un sixième sens à part entière : on n’a
pas trouvé de stimulus spatio-temporel, pas d’organe émetteur connu, ni
d’organe récepteur particulier. », in auriol, bernard, « quand
les esprits s’en-mêlent : le fait télépathique et la pratique
psychanalytique. », p. 11.
[13] « qu’est-ce que la chair chez
merleau-ponty ? (…) elle est la généralité, un lien entre mes deux mains
comme un seul organe d’expérience ; un lien entre l’œil et une
vision ; un lien entre une vision et une autre de telle sorte que, par une
possibilité de réversion, d’empiètement, d’enjambement, la chair soit l’expérience d’un seul corps face à un seul monde. la
chair est le point d’insertion du voir, du toucher, de l’écoute, du parler et du
penser dans le monde du silence. la chair est la réversibilité. », in
franck, stéphanie, le corps chez maurice
merleau-ponty, p. 93. cette première précision se comprend mieux au lu des
phrases suivantes, où le corps est pour merleau-ponty le corollaire de la
conscience : « le corps nous
place aussi bien en nous et dans les
choses aussi bien qu’en nous et en
autrui. nous avons réellement l’impression de communiquer avec le monde
d’autrui parce que c’est l’évidence de la chose même qui nous ouvre l’accès.
l’homme « naturel » se tient donc « au point où, par une
sorte de chiasma, nous devenons les
autres et nous devenons monde ».
cette pensée sauvage a été dégagée
par la phénoménologie de la perception.
mais en l’érigeant en thèse, merleau-ponty compromet son mystère. dans le
visible et l’invisible, l’attaque contre
les premières œuvres est sur ce point assez claire : (…). »,
franck, s., op.cit., p. 86.
[14]
giovannangeli, daniel, la fiction de
l’être. lectures de la philosophie
moderne, pp. 130-131.
[15] cf. annexe
1.
[16] « le sens et l’imaginaire tournés par
essence vers l’extérieur ne peuvent donc être a priori que sources d’erreur.
l’existence ainsi éclatée entre l’esprit et le corps est le lieu d’un drame
permanent où l’Être et le néant se jouent tour à tour de l’homme. l’ascèse seul
de la méthode, l’épistémologie de l’évidence, la défiance incessante à l’égard
des données des sens en dissipent le pathétique. l’on conçoit pourquoi le
discours cartésien se mue fatalement en un perpétuel discours de la méthode qui se répète sans se renouveler, de
disciple à disciple. […] le savoir cartésien s’investit lui d’une fonction que
l’on peut qualifier de disjonctive : il vise à séparer ce qui dans l’homme
appartient à l’étendue, à exorciser ainsi la matière. sans doute pour mieux
affirmer la supériorité de l’esprit sur elle et asseoir ainsi le droit de
l’homme à la domination absolue de l’univers. », in gossiaux,
pol-pierre, l’homme et la nature, pp.
219-221.
[17]
« l’existence de facultés
paranormales place en effet la science occidentale face à une contradiction
insurmontable. ou bien cette science se trouve contrainte de nier
dogmatiquement leur possibilité, ou alors de renier le postulat d’une nature
éternelle, régie par les lois physiques immuables, sur lequel elle est fondée.
pour sortir de cette impasse, selon de martino, il existe néanmoins une issue,
qui ne conduit pas nécessairement à exclure la possibilité de faits
paranormaux, mais qui ne renonce pas pour autant à expliquer les raisons de
leur existence. pour pouvoir emprunter cette voie, il convient d’historiciser,
c’est-à-dire de relativiser à notre monde historique, les concepts de
« sujet », de « nature » et de « réalité ».
cessant de nous apparaître comme des donnés absolus, comme des hypostases
métaphysiques, ces concepts – par rapport auxquels les pouvoirs magiques
seraient « irréels » - se révèlent alors comme des produits
contingents, le point d’aboutissement d’un processus fait de choix et
d’exclusions accomplis dans le cours de l’histoire culturelle de l’occident. »,
in mancini, silvia, « perception extrasensorielle, psychopathologie et
magisme dans l’œuvre de ernesto de martino. », le défi magique, vol. 2, p. 151.
[18] « une précision s’impose :
contrairement à l’enseignement de certaines doctrines religieuses, le fait
d’être n’est pas un sentiment mystique se traduisant par un rapprochement vers
l’Être suprême, mais un état particulier dans lequel l’intelligence humaine se
dilue dans l’essence dont elle procède. en d’autres termes, le but n’est pas à
atteindre mais à pénétrer. ou encore, ce que l’on nomme « dieu »
n’est pas un mystère à résoudre mais à vivre. », mary, roger luc, hypnose
et télépathie, p. 23.
[19] « la situation du scripteur et du
souscripteur est, quant à l’écrit, foncièrement la même que celle du lecteur.
cette dérive essentielle tenant à l’écriture comme structure itérative, coupée
de toute responsabilité absolue, de la conscience comme autorité de dernière instance, orpheline et séparée dès sa
naissance de l’assistance de son père, c’est bien ce que platon condamnait dans
le phèdre. si le geste de platon est,
comme je le crois, le mouvement philosopique par excellence, on mesure ici
l’enjeu qui nous occupe. avant de préciser les conséquences inévitables de ces
traits nucléaires de toute écriture (…) je voudrais démontrer que les traits
qu’on peut reconnaître dans le concept classique étroitement défini d’écriture
sont généralisables. ils vaudraient non seulement pour tous les ordres de
« signes » et pour tous les langages en général mais même, au-delà de
la communication sémio-linguistique, pour tout le champ de ce que la
philosophie appellerait l’expérience de l’être : ladite
« présence ». », in derrida, j., « signature événement
contexte. », marges de la
philosophie, pp. 376-377.
[20] dont voici
les adresses :
auriol bernard
impasse blanchard, 5
31400 toulouse (france)
00-33/(0)561.25.26.27.
auriol@aol.com
department
of psychology. koestler chair of parapsychology
the
university of edinburgh
7,
george square
edinburgh
eh8 9jz (scotland)
031
650 1000 - 031 650 3348
rlmorris@ed.ac.uk
[21] lignon, y.,
les phénomènes paranormaux, p. 53.
[22] depuis,
nous avons pris connaissance de l’existence de laboratoires similaires aux universités
de gand (belgique) et toulouse-le mirail (france). nous n’avons malheureusement
pu retrouver l’adresse du laboratoire de gand, et concernant toulouse, la
prudence nous force cependant à préciser que : « on trouve dans de nombreux articles ou ouvrages sur les
phénomènes paranormaux l’information selon laquelle il existerait un
“laboratoire de parapsychologie de l’université de toulouse”, dirigé par un
mathématicien, “le professeur yves lignon”. je ne reviendrai pas sur ces
allégations (…) auxquelles j’ai déjà répondu clairement, preuves à l’appui bien
sûr : il n’existe pas de laboratoire de parapsychologie à l’université de
toulouse et m. lignon n’est pas professeur de mathématiques ! »,
in broch, henri, au cœur de
l’extra-ordinaire, p. 192. sans oublier les nombreux centres disséminés aux
etats-unis. cf. à ce sujet delanoy, deborah, « important psi-conductive
practices and issues : impressions from six parapsychological
laboratories. ». en belgique toujours, les études sur les états modifiés
de conscience menées à l’université de mons-hainaut font l’objet d’une
attention particulière, menées d’abord par le professeur jean dierkens, relayé
ensuite par henri boon : « signalons
que lors de nos fonctions à la faculté des sciences psychologiques et
pédagogiques de l’université de mons, nous avons pu créer un diplôme d’études
post-graduées en « psychologie des états de conscience », mais je ne
pense pas me tromper en affirmant qu’il est encore le seul en europe. »,
note infra paginale n° 3, in dierkens, jean, « etats de conscience et
communications médiumniques. », le
défi magique, vol. 1, p. 232.
[23] http://members.aol.com/agapsi/agape.htm
[24] « un secteur particulièrement
intéressant de la recherche psi a trait au ganzfeld (« champ total », en allemand). conçu en 1971 par le
parapsychologue charles honorton, le ganzfeld est en quelque sorte l’analogue de l’état de rêve profond, dans lequel
certains pouvoirs psi sont sensés se manifester. », in les pouvoirs de l’esprit, p. 68.
[25] « la sociologie, l’anthropologie et
l’économie ont vécu si longtemps à l’abri des techniques, qu’elles ne peuvent
être utilisées telles quelles pour
rendre compte des objets durs. il faut aussi les retravailler. le travail de
terrain que nous présentons ici est donc deux fois symétrique : il s’applique
au vrai comme au faux, il s’efforce de retravailler et la construction de la
nature et celle de la société. », in latour, bruno & woolgar,
steve, la vie de laboratoire, p. 22.
[26] « l’accusation de relativisme ou
d’autocontradiction n’est forte que pour ceux qui croient que c’est affaiblir
la vérité que d’en faire une construction ou un récit. pour nous qui ne
recherchons que les matériaux de cette construction et la nature de ces récits,
nous nous considérons à égalité avec ceux que nous étudions. ils racontent,
nous racontons ; ils éprouvent, nous éprouvons ; ils construisent,
nous construisons. les différences viendront plus tard. nous serons donc aussi
attentifs à l’élaboration de nos propres récits que nous le sommes à celle des
savants. c’est de la réflexivité que nous attendons pour partie notre salut. »,
in latour, b. & woolgar, s., op. cit.,
p. 28. (n.s.)
[27] cf. annexe
2. ce questionnaire ne prétend nullement faire autorité en la matière, tant il
est lacunaire. tout au plus peut-il donner au lecteur un vague aperçu des
interrogations et voies exploratoires qui étaient les nôtres avant de nous
rendre à la rencontre des quelques personnes désignées.
[28] des
questionnaires particularisés sont rassemblés en annexe 3. ils font montre,
pour leur part, d’une préparation plus « assidue », incapable
toutefois de rendre compte des multiples sous-questions qui se sont posées au
gré des circonstances. nous n’ignorons pas le biais que représente le manque d’uniformité
des questionnaires, ni l’accusation de subjectivisme dont nous pourrions être
la cible au su du choix des questions en fonction de renseignements qui nous
semblaient les plus « pertinents ».
[29] « la manipulation thématique consiste
ainsi à jeter l’ensemble des éléments signifiants dans une sorte de sac à
thèmes qui détruit définitivement l’architecture cognitive et affective des
personnes singulières (bardin, 1991, p. 93). l’analyse thématique est donc
cohérente avec la mise en œuvre de modèles explicatifs de pratiques ou de
représentations, et non pas de l’action. », in blanchet, a. &
gotman, a., l’enquête et ses
méthodes : l’entretien, p. 98.
[30] cf. annexe
4.
[31] nous
espérons que les lecteurs excuseront notre lacune de traduction, mais une telle
tâche aurait alourdi de façon démesurée notre travail.
[32] cf. annexe 5.
[33] the incorporated society for
psychical research, 49, marloes road, kensington
london w8 6la (england), 171 937 8984
cf. notre historique sélectif.
[34] cf. annexe
6.
[35] ainsi
avons-nous pu relever, par une lecture attentive, quelques erreurs de
traduction dans le chef de xavier demahon, par exemple, traducteur de
ehrenwald, jan, le lien télépathique.
[36] si
d’aventure il se trouvait tout de même sur ce point-ci des erreurs dont nous
aurions été le colporteur, nous prions d’emblée les lecteurs de faire preuve
d’indulgence à cet égard. il nous semble que l’on ne peut plus aujourd’hui,
objectivement, se prévaloir d’être à l’abri de telles « embûches ».
ce qui ne signifie évidemment pas qu’il ne faille pas le souhaiter.
[37] article
« télépathie », in trésor de la
langue française. dictionnaire de la langue du 19ème et du 20ème
siècle, p. 17.
[38] article
« télépathie », in t.l.f.,
p.17.
[39] article
« télépathie », in lalande, andré, vocabulaire technique et critique de la philosophie.
[40] article
« télépathie », in foulquie, paul, dictionnaire de la langue philosophique.
[41] article
« télépathie », in grand
larousse encyclopédique en 10 volumes, p. 219.
[42] cette exclusion
nous est confirmée par la recherche de dierkens, j., « art. cit. », le défi magique, vol. 1, p. 241. elle
peut s’expliquer à la lumière du divorce entre recherche psychique et
spiritisme qui se fit en 1888 au sein de la s.p.r., que nous évoquons dans
notre historique sélectif.
[43] article
« télépathie », in t.l.f.,
p.17.
[44] « (…) se déploie entre deux êtres ou
plus, intelligents. », in article « telepatia », enciclopedia cattolica, p. 1870.
(traduction personnelle.)
[45] rhine, l., les voies secrètes de l’esprit, p. 255.
[46] article « telepathy », in
encyclopedia of the unexplained, p.
248.
[47] article
« télépathie », in pieron, henri, vocabulaire
de la psychologie, p. 435.
[48] article
« télépathie », in pieron, h., op.
cit., p. 435.
[49] « communication effective extra-sensorielle, dont la
réalité, toujours discutée, est un des plus anciens objets de la
métapsychique. », in article « télépathie »,
pieron, h., op. cit., p. 435.
[50] « the term esp was introduced by j.b. rhine to cover all such cases
as were previously known by term such as ‘telepathy’, ‘clairvoyance’,
‘precognition’ etc., that is cases of apparent communication of information
from the environment to the individual otherwise than via the known
senses. », in beloff, j., article « esp
(extrasensory perception) », spr
facts sheet, n° 7.
[51] si ahmed,
djohar, parapsychologie et psychanalyse,
p. 51.
[52] comme en
témoigne l’absence d’article « télépathie » dans le vocabulaire de la psychanalyse de
laplanche et pontalis édité sous la direction de daniel lagache dès 1967
(première édition) et jusqu’en 1994 au moins (date de la douzième édition).
[53] si ahmed,
d., op. cit., pp. 64-65.
[54] devisch,
renaat, article « magie », in dictionnaire
de l’ethnologie et de l’anthropologie, p. 432.
[55] « term
that distinguishes telepathy from clairvoyance. […] clairvoyance of the target itself by the
percipient was not considered possible. as this possibility became more
appreciated, j.b. rhine and his staff at the parapsychology laboratory tried to
conceive of some experiment that would eliminate any objective target and even
any written record of target that could be “read” clairvoyantly. rhine and
elizabeth mcmahan, one of his research assistants, developed an experiment in
which the symbols on esp cards were converted into a personal code of numbers
that was not written or spoken. […] even so, the situation remains
unclear : if the agent’s thoughts of the symbol were physical brain
processes at work, the subject might have been “reading” these processes by
clairvoyance. if this is the case, the difficulty of finding an experiment for
“pure telepathy” is greatly compounded. », in article
« telepathy, pure », the
encyclopedia of parapsychology and psychical research, pp. 430-431.
[56] « les notions de “grâce” et de “communion
des saints”, centrales dans les religions chrétiennes, impliquent un échange
entre les vivants et les morts. toutefois cet échange est purement
spirituel ; il ne saurait d’être de l’ordre de la connaissance
intellectuelle ou pragmatique. de là, outre les différences dogmatiques et les
concurrences d’influence, la position de l’eglise catholique à l’égard de la
médiumnité spirite. », in note infra paginale n°15, louis, rené, l’ère des médiums, p.187.
[57] louis, r., op. cit., pp. 185-186.
[58] beloff, john, parapsychology. a concise history, p. 73.
[59] « vue sous cet angle [celui du
mystère entourant encore aujourd’hui, d’une part, la compréhension du saut
qualitatif entre corps et esprit, dans un sens comme dans l’autre, lors des
phénomènes « extraordinaires » ; d’autre part, la compréhension
des perceptions les plus ordinaires], la
p.e.s. est en fait la conscience, partagée par le patient, des impressions
sensorielles de l’agent. il s’agit de p.c.s., pour
« consensorielle », plutôt que de p.e.s., pour « perception
extra-sensorielle » , in ehrenwald, jan, le lien télépathique, p. 245. (n.s.)
[60] « de façon analogue, on peut dire
de la p.k. qu’elle est en fait une k.t.p., pour kinésie transpersonnelle, et qui dépasse parfois le
domaine interpersonnel pour s’étendre au monde des objets. mutatis mutandis, il
en est de même pour la clairvoyance. » , in ehrenwald, j., op. cit., pp. 245-246.
[61] nommant la
« paranormologie », andreas resch nous apprend qu’il s’agit de : « (…), un concetto libero da ogni
ipotesi e adatto per coprire tutto il panorama dell’occultismo come tutti
tentativi della ricerca empirica su questo campo parafisica, parabiologia,
parapsicologia, parapneumatologia, in collaborazione soprattutto con la fisica,
la biologia, la psicologia, la filosofia e la teologia. », in resch,
a., p., « paranormologia e chiesa cattolica : storie e
prospettive. », p. 13.
[62] beloff, j., op. cit., p. 171.
[63] severi, bruno, « telepatia e
chiaroveggenza », pp. 80-81.
[64] « the philosopher frank dilley, for example, has argued that
telepathy, understood as mind-to-mind communication, is an unnecessary
concept : all we need to postulate is (a) clairvoyance and (b) pk. », note n° 50 de fin de chapitre, in beloff, j., op. cit., p. 288.
[65] « la métapsychique peut donc se
définir : une science qui a pour
objet des phénomènes, mécaniques et psychologiques, dus à des forces qui
semblent intelligentes ou à des puissances inconnues latentes dans
l’intelligence humaine. c’est donc une science profondément mystérieuse encore.
son mystère même fait qu’il faut en aborder l’étude avec une prudence
scientifique extême. », in richet, charles, traité de métapsychique, p. 41.
[66] « la métapsychique subjective étudie
des phénomènes qui sont exclusivement intellectuels. ils se caractérisent par
la notion de certaines réalités que nos sensations n’ont pu nous révéler. tout
se passe comme si nous avions une faculté mystérieuse de connaissance, une lucidité que notre classique physiologie des
sensations ne peut encore expliquer. je propose d’appeler cryptesthésie, c’est-à-dire sensibilité dont la nature
nous échappe, cette faculté nouvelle. », in richet, ch., op. cit., p. 40.
[67] « la métapsychique objective mentionne,
classe, analyse certains phénomènes extérieurs, perceptibles à nos sens, mécaniques,
physiques ou chimiques, qui ne relèvent
pas des forces actuellement connues, et qui paraissent avoir un caractère
intelligent. », in richet, ch., op.
cit., p. 40.
[68] les comités
sur 1) le transfert de pensée ; 2) le mesmérisme ; 3) le phénomène de
reichenbach et autres phénomènes similaires ; 4) les phénomènes
physiques ; 5) les maisons hantées ; 6) les témoignages écrits,
littérature de cas personnels spontanés. cf. beloff, j., op. cit., pp.
72-76.
[69] bien que
myers ait été, vraisemblablement, un hélléniste érudit, comme le mot
« télépathie » même, proposé par lui, le démontre.
nous nous souviendrons par ailleurs, concernant les
pays dits de l’est, qu’ils sont pour la plupart de confession chrétienne
orthodoxe, et ressortissent de l’ancien empire romain d’orient, qui s’opposa à
l’empire romain d’occident, pour lui survivre.
[70] cette
affinité élective entre « latins » et « américains » semble
corroborée par les pourcentages-records de témoignages d’expériences
télépathiques, aux etats-unis (54%) et en italie (41%), observés dans l’étude
de haraldsson et houtkooper, où l’on apprend qu’ils sont les deux plus
importants. « nationality is evidently an important
and significant factor in the reporting of telepathic experiences. », in haraldsson, erlendur &
houtkooper, joop, m., « psychics experiences in the multinational human
value study : who reports them ? », p. 149.
[71] allusion à
un exemple vu durant nos études, ex-cursus petit, pierre, questions approfondies d’anthropologie culturelle, année académique
1997-1998.
[72] cf. varvoglis,
mario p., « ‘anglo-saxon’ vs ‘latin’ parapsychology : behind the
communication barrrier. », à qui nous réservons une place plus prégnante
dans notre compte-rendu des deux laboratoires de parapsychologie visités.
[73] harary, k., « psi as
nature. », p. 379.
[74] « negli utimi anni ci si è domando se l’esp, anziché un
fenomeno eccezionale, non debba piuttosto essere considerata un’attività
mentale che se manifesta normalmente nel corso della vita quotidiana, a nostra
insaputa. (…) da queste e da altreconsiderazioni è stato postulato il concetto
di “riposta utile mediata dalla psi” (pmir), con la quale ogni individuo
scruterebbe per via paranormale la propria situazione, ottenendo informazioni
che lo guidano, in maniera del tutto inconscia, a selezionare, tra le varie
possibilità, quelle a lui più vantaggiose. e chi più, e chi meno, ognuno
usufruirebbe di questa capacità nella vita di tutti giorni. », in severi, bruno, « art. cit. », p. 81.
[75] « the chinese, however, repudiated western terminology with its
pointed distinction between normal and paranormal and designated all such
abilities by the phrase ‘exceptional human body function (ehfb)’. », in beloff, j., op. cit, p.
160.
[76] « il s’agit pour nous de comprendre que
la distinction théorique entre trois ou quatre types différents de phénomènes
psi est artificielle. (…) en bref, il se pourrait bien qu’en dépit de
tentatives occasionellement réussies pour isoler la télépathie, la
clairvoyance, la prémonition, ou la p.k. dans des éprouvettes bien distinctes,
ce soient les chercheurs en parapsychologie qui s’appliquent à séparer ce que
la nature a originellement unifié. », in ehrenwald, j., op. cit., pp. 261-262.
[77] donovan, james, m., « charisma,
empathy, and the experience of telepathy. », pp. 21-22.
[78] donovan, j., m., « art.
cit. », p. 24.
[79] article
« attention flottante », in laplanche, j. et pontalis, j.-b., vocabulaire de la psychanalyse, p. 40.
voir plus loin notre section « le couple transférentiel en
psychothérapie ».
[80] ehrenwald, j., op. cit., p. 234.
[81] « alors que dans les travaux
mathématiques et psychosociologiques, la communication reposait sur l’émetteur
et son intention d’envoyer un message (à un autre individu), ruesch et bateson
partent du récepteur et sa perception
d’“impressions” en provenance non seulement d’autres individus mais de lui-même, d’événements, de “l’environnement”. ils se
rendent compte que cette position entraîne tout de suite la question :
“qu’est-ce qui n’est pas de la communication ?” (1951/1988 : 18).
leur réponse est double. elle est d’une part méthodologique : l’extension
de la communication dépend du point de vue adopté sur les choses par l’observateur. (…) si
l’observateur conçoit les choses de façon relationnelle, organisée (structurale
ou systémique, auraient-ils pu ajouter selon l’air du temps), la communication
devient (…) un problème central de toute investigation scientifique. la seconde
partie de la réponse est substantielle et renvoie à la “nature” d’animal social
de l’homme : les êtres humains sont “biologiquement contraints” de
communiquer. (…) ruesch et bateson vont ainsi distinguer quatre niveaux de
communication suivant le champ de relation pris en compte par l’observateur
“extérieur” : intrapersonnel
(…), interpersonnel (…), groupal (…), culturel (…). », in winkin, y., anthropologie
de la communication, p. 54.
[82] « avant de m’y arrêter, je note, comme
un point qui touche à notre débat sur la communication, que le premier intérêt
de l’analyse husserlienne, à laquelle je me réfère ici (…), c’est de prétendre
et, me semble-t-il, de parvenir, d’une certaine manière, à dissocier
rigoureusement l’analyse du signe ou de l’expression (ausdruck) comme signe signifiant, voulant dire (bedeutsame
zeichen), de tout phénomène de
communication. », in derrida, j., « signature événement
contexte. », marges de la
philosophie, p. 380.
[83] « la prise en compte de la télépathie
et de la précognition contraint l’esprit à recevoir l’idée d’un degré
quelconque – aussi minime soit-il – de psychokinèse : (…). », in
auriol, b., « quand les esprits s’en-mêlent : (…) », p. 21.
[84] cf. annexe
7.
[85] « […] fut créée, en 1882, à
l’initiative de frédéric myers, henri sidgwick philosophe, et stainton mosses
pasteur, la society for psychical research (s.p.r.), dont le but était (et
reste encore) “d’examiner sans préjugé ou influence et dans un esprit
scientifique, ces facultés de l’homme, réelles ou supposées, qui apparaissent
comme inexplicables par quelque hypothèse générale reconnue” (journal de la
s.p.r.). la s.p.r. se donnait donc pour tâche de recenser les phénomènes psi
spontanés, de chercher à en établir l’authenticité en écartant les fraudes ou
les hallucinations. on collecte un nombre gigantesque de témoignages et
d’observations relevant non seulement de la télépathie, mais aussi de la
suggestion, de l’hypnose, de la clairvoyance, des transes, de l’écriture
automatique, etc. », in si ahmed, d., op. cit., p. 26.
[86] « deux des membres fondateurs de la
s.p.r., à savoir frederic myers et edmond gurney, proposèrent le terme
“télépathique” pour qualifier la transmission de pensée ou though
transference (s.p.r. 1882-1884). »,
in si ahmed, d., op. cit., p. 26. cf.
aussi beloff, j., op. cit., p. 65.
[87] « le père du pragmatisme, william james,
contribue à fonder la filiale américaine de la spr. », in louis, r., op. cit., p. 14.
[88] traduit et
abrégé dès 1892 en français par marillier, et préfacé par charles richet, sous
le titre les hallucinations télépathiques.
lire aussi beloff, j., op. cit., p.
77.
[89] si ahmed, d., op. cit., p. 27. (n. s.)
[90] « this work by parish [ Über die
trugwahrnehmung et zur kritik des
telepatischen beweismaterials parus
respectivement en 1894 et 1897 ] is considered one of the ablest negative criticisms
of telepathy, especially as bringing out the psychological factors
involved. », article « telepathy », in baldwin, j.-m., dictionary of philosophy and psychology,
p. 671.
[91] cf. lang, andrew, « appendix
a », the making of religion, pp.
307-323.
[92] « the possibility that telepathic transmission is effected by
vibration in the ether has been more than one suggested, and notably by sir
williams crookes in his presidential address to the british association for the
advancement of science in 1898 ; and in support of this hypothesis may be
urged the fact that in experiments, distance seems to increase the difficulty
of transmission. but, on the other hand, the effect of distance has not been
observed to vary according to any law ; and - (…) – it is quite possible
that the difficulty introduced by distance may not be physical at all, but
purely psychological. », in baldwin, j.-m.,
« art. cit. » in dictionary of
philosophy and psychology, p. 671.
[93] « (…) fut proposé par max dessoir pour
désigner “toute une région frontière encore inconnue qui sépare les
états psychologiques habituels des états pathologiques”. cette zone frontière englobant la
télépathie, la clairvoyance et la précognition ; (...) », in si
ahmed, d., op. cit., p. 2. (n. s.)
[94]
bien que cette invention ne lui soit pas, rétrospectivement, attribuable
d’après l’article « bose méritait le nobel de marconi. », in a l’écoute du monde. revue internationale de
radio, n° 106, février-mars 1998, p. 23.
[95] « en 1905, j’ai proposé le terme métapsychique qui a été unanimement accepté. ce mot a
pour lui (et ce n’est pas négligeable) l’autorité d’aristote. (…) ce qui
caractérise le fait métapsychique, quel qu’il soit, c’est qu’il semble dû à une
intelligence inconnue (humaine ou non humaine). dans la nature, nous ne voyons
d’intelligence que chez les êtres vivants ; chez l’homme, nous ne
voyons d’autre source de connaissance que par les sens. (…) les phénomènes
métapsychiques sont autres : ils paraissent dus à des forces
intelligentes inconnues, en comprenant dans ces intelligences inconnues les
étonnants phénomènes intellectuels de nos inconsciences. », in richet, ch., op.
cit., p. 40. (n.s.)
[96] beloff, j., op. cit., p. 87.
[97] resch, p.
a., « art. cit. », p. 15. une autre source date cette condamnation
antérieurement : « l’interdiciton
[de se livrer à des expériences spirites] est édictée par le saint-office le 30 mars 1898 et répétée le 24 avril
1917 par le tribunal de la suprême sacrée congrégation. », in edelman,
nicole, « diable et médiums : histoire d’une disparition. », le défi magique, vol. 2, p. 323.
[98] « in the early days of the revolution, there were a number of
distinguished scientists who were eager to do research on telepathy and kindred
phenomena including the well-known psychiatrist/reflexologist, v. m. bekhterev, the neurologist k. i. platonov of
the university of kharkov and, above all, l. l. vasiliev of the leningrad
institute of brain research. », in beloff, j., op. cit., pp. 155-156.
[99] « le jeu auquel se livre freud, au nez
et à la barbe de jones, confirme qu’à chaque crise de l’histoire du
mouvement psychanalytique la question de la télépathie fait retour en même
temps que celle de l’hypnose. il s’agit toujours de revendiquer, contre un
primat trop rationnel, trop universaliste, voire trop dogmatique de la science,
un savoir régional, magique et surtout libérateur, un savoir échappant aux
contraintes de l’ordre établi. que freud ait voulu à ce point jouer les
prophétesses et les voyantes du vieil empire austro-hongrois en s’amusant à
faire semblant de croire à la télépathie alors même qu’il la ramenait à une
manifestation de l’inconscient et du transfert montre bien le statut
particulier de la psychanalyse dans sa relation violente, contradictoire et
ambiguë à la science, à la folie et à la médecine, ainsi que le caractère
récurrent de son interrogation sur ses origines. », in roudinesco, elisabeth et
plon, michel, dictionnaire de la
psychanalyse, p.1054. (n. s.) cf. aussi sur cette question combourieu,
marie-christine, représentations du
paranormal et de la télépathie dans le champ psychanalytique. la problématique
freudienne de la télépathie ; derrida, jacques, « télépathie », psyché ; ehrenwald, jan, le lien télépathique, pp. 81-82 ;
ou encore moreau, christian, freud et l’occultisme.
l’approche freudienne du spiritisme, de la divination, de la magie et de la
télépathie.
[100]
« si donc nous devions rencontrer un
tel « rêve » télépathique pur, nous préférerions tout de même mieux
l’appeler une expérience vécue télépathique en état de sommeil. un rêve sans
condensation, déplacement, dramatisation et, avant tout, sans accomplissement
de souhait, ne mérite tout de même pas ce nom. vous me ferez observer qu’il y a
encore d’autres productions animiques dans le sommeil auxquelles il faudrait
alors contester le droit au nom de « rêve ». […] mais toutes viennent
malgré tout de l’intérieur, sont des produits de notre vie d’âme, tandis que le
« rêve télépathique » pur serait de par son concept une perception
venant de l’extérieur, envers laquelle la vie d’âme se comporterait de façon
réceptive et passive. », in freud, sigmund, « rêve et
télépathie. », Œuvres complètes,
pp. 132-133.
[101]
freud, s., « rêve et télépathie. », pp. 143-144.
[102]
freud, s., « psychanalyse et télépathie. », Œuvres complètes, p. 103.
[103]
« peut-être le problème de transfert
de pensée vous semble-t-il bien minime, comparé au vaste monde enchanté de
l’occulte. mais pensez au pas lourd de conséquences, nous menant au-delà de
notre point de vue actuel, que nous ferait déjà faire cette hypothèse. »,
in freud, s., « psychanalyse et télépathie. », p. 118.
[104] louis, r., op. cit., p. 15.
[105] cf. thomas, pp. 95-96.
[106] « another european parapychologist who acquired university status
was w.h.c. tenhaeff (1894-1981). for his doctorate in psychology at the
university of utrecht in 1933 he submitted a thesis on ‘clairvoyance and
empathy’, the first such thesis on a parapsychological topic at a dutch
university. », in beloff, j., op. cit., p. 154. (n. s.)
[107] « bender was already involved in esp-type experiments in 1933
while working for his phd at the university of bonn. he discovered one
exceptional subject, a student of philosophy, who convinced him that she
possessed clairvoyant ability. », in beloff,
j., op. cit., p. 153.
[108]
roudinesco, e. et plon, m., op. cit.,
p. 1053.
[109] louis, r., op. cit., p. 15.
[110] beloff, j., op. cit., p. 156.
[111]
resch, p. a., « art. cit. »,
p. 15.
[112]
« ce terme fut introduit en 1942 par
r. thouless (ancien président de la s.p.r. society for psychical research) et
b.p. wiesner (biochimiste) pour désigner toutes les manifestations de pouvoirs
paranormaux. », in si ahmed,
d., op. cit., p. 2.
[113]
« en 1948, le savant norbert wiener
publie cybernetics. un an plus tard, un
de ses anciens élèves, claude shannon, publie the mathematical theory of communication. durant la seconde guerre mondiale, wiener doit étudier le problème de
la conduite de tir des canons anti-aériens (dca). l’avion volant à très
grande vitesse, il faut pouvoir prédire sa position future à partir de
ses positions antérieures. si le canon est informé de l’écart entre la
trajectoire réelle et la trajectoire idéale de ses obus, il peut parvenir à
cerner progressivement l’avion et finalement à l’abattre. », in
winkin, yves, la nouvelle communication,
p. 15. (n. s.)
[114]
ex-cursus gossiaux, pol-pierre, histoire
culturelle de la communication, année académique 1994-1995, et ex-cursus
delruelle, edouard assisté de caymaex, florence, philosophie des sciences sociales, année académique 1996-1997.
[115]
moreau, roger, illusion d’optique et hologrammes, p.
20.
[116] louis, r., op. cit., p. 15.
[117] beloff, j., op. cit., p. 153.
[118] beloff, j., op. cit., p. 153.
[119] beloff, j., op. cit., p. 154.
[120] beloff, j., op. cit., p. 153.
[121]
« terme (…) adopté par les pays de
l’est, pour désigner “les phénomènes dans lesquels l’énergie est dégagée
par le processus de la pensée ou par la pulsion de la volonté humaine.” », in si ahmed, d., op. cit., p. 10. (n. s.)
[122] beloff, j., op. cit., p. 156. cf. aussi bertrand, rené, « chapitre
iii. u.s.a. contre u.r.s.s. », la
télépathie et les royaumes invisibles, pp. 39-53.
[123]
objet de leur ouvrage paru en 1951 sous le titre communication : the social matrix of psychiatry.
[124] beloff, j., op. cit., p. 162.
[125]
jonas, hans, le principe responsabilité.
une éthique pour la civilisation technologique.
[126]
cette mise entre parenthèse du « un » est le fait de notre écoute, à
la radio, des propos du même neil armstrong, demandant qu’il en soi fait ainsi
à l’occasion de cette commémoration. il semblerait qu’une propension
journalistique, ou plutôt « fabulatrice », modifie imperceptiblement
les paroles des personnages rendus célèbres. de même qu’un marqueur logique
causal a été ajouté à la réflexion de rené descartes « cogito. sum »,
aboutissant à la traduction classique « je pense donc je suis. » (cogito ergo sum). il
conviendrait donc, pour neil armstrong, de rétablir sa phrase comme suit :
« c’est un petit pas pour l’homme,
mais un grand pas pour l’humanité. »
[127] beloff, j., op. cit., p. 162.
[128] « at all events, two years later [nous
sommes en 1962], funding was obtained to
set up a laboratory at the maimonides hospital where systematic research began
in 1964 after stanley krippner had joined the project as its research director. »,
in beloff, j., p. 162.
[129] « charles honorton joined the maimonides project in october
1967 and remained there until the summer of 1979, becoming the director of
research when krippner left in 1974. », in
beloff, j., p. 165.
[130] « the first ganzfeld experiment was that by honorton and harper
published in 1974. », in beloff, j., p. 166.
[131]
notons cependant, en 1924 déjà, un sous-titre « télévision clairvoyante
d’un accident de ballon », dans le chef de hitschmann, e., « la
conception psychanalytique de la télépathie. », p. 765.
[132]
voir le film scanners de david
cronenberg.
[133]
si ahmed, d., op. cit., p. 121.
[134]
collins, h. m., et pinch, t. j., « en parapsychologie, rien ne se passe
qui ne soit scientifique … », la
science telle qu’elle se fait, p. 328.
[135] cf. thomas, p. 94.
[136] « oggi è venuto però il momento di un aggiornamento al quale
sto lavorando dal 1969, quando sono stato chiamato all’accademia alfonsiana
della pontificia università del laterano, introducendo il termine
“paranormologia ”, ovvero “scienza dei fenomeni paranormali”, (…) », in resch, p. a., « art. cit. »,
p. 13.
[137] beloff, j., op. cit., p. 157.
[138] beloff, j., op. cit., p. 158.
[139] si ahmed, d., op. cit ., p. 10.
[140] beloff, j., op. cit., p. 154.
[141] « in 1979 honorton founded his own laboratory in the princeton
area, the so-called psychophysical research laboratories, which became the main
centre for ganzfeld studies up to its closure ten years later in 1989. », in beloff, j., op. cit.,
p. 167.
[142] beloff, j., op. cit., p. 159.
[143] « for all practical purposes, the koestler research unit
started business in nov. 1985 when prof. robert l. morris took up the chair.
prior to this time, there had been 20 years of parapsychological research
conducted in the departement under the supervision of dr. john beloff. », in delanoy, d., « art. cit. », p. 67. « (…) the sole european chair at
present is that at the university of edinburgh. », in beloff, j., op. cit., p. 155.
[144] beloff, j., op. cit., p. 155.
[145] beloff, j., op. cit., p. 152.
[146]
richet, charles, traité de métapsychique,
préface du docteur hubert larcher, directeur de l’institut métapsychique
international, artha production éditions, 13, rue des cultes, 1000 bruxelles,
août 1994, 707 p.
[147]
cf. annexe 8. facteur x. paranormal.
ovnis. mystères. dossiers secrets, édité en français par alp/marshall
cavendish editions, 66, rue de la rochefoucauld, 75009 paris, sine datum.
[148] cf. annexe 9.
[149] cf. rémy, p. 91
[150] cf. annexe 10.
[151] « the dominant notion of causality in science involves the
reduction of “soft” to the “hard”, which is regarded as more fundamental. it is
no wonder that parapsychology has evolved in recent times in the way it has,
with attempts to move toward greater “hardness” (p.53). », citée in watt, caroline, a., « ‘physics envy’ : the
politics of parapsychology. », p. 91.
[152]
claverie, elisabeth, « la vierge, le désordre, la critique. », p. 64.
[153]
« les croyances, cela n’existe pas
mais on ne saurait se passer d’en attribuer. l’anthropologue non plus, selon
nous. il faudra nous expliquer sur ce point. assigner à autrui des croyances,
ainsi que des désirs et bien d’autres états intentionnels, c’est-à-dire
détecter les raisons qui seraient les causes de ses actions, est une entreprise
entièrement issue de la psychologie du sens commun, fréquemment appelée psychologie
des croyances et des désirs. », in lenclud, gérard, « attribuer des croyances
à autrui. », p. 4.
[154]
alcock, james, e., parapsychologie :
science ou magie ?, pp. 80-81.
[155]
lenclud, gérard, article « croyance », dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie, p. 186.
[156]
« il est d’usage en europe de
souligner le caractère illusoire des conceptions propres aux cultures
traditionnelles africaines, qui apparaissent comme dominées par les croyances
et la magie. il est douteux, toutefois, que l’européen ou l’américain moyen ait
une conscience beaucoup plus claire des lois naturelles et sociales qui le
gouvernent. même si les théories indigènes ne sont guère scientifiques, elles
sont efficaces socialement, et au regard de l’anthropologie, c’est ce qui
importe. de plus, au plan de l’adéquation de l’individu à sa culture, de la
compréhension et de l’intériorisation des valeurs de celles-ci, on ne peut
raisonnablement affirmer que la civilisation industrielle surpasse toutes les
autres. », in colleyn, jean-paul, eléments
d’anthropologie sociale et culturelle, p. 158.
[157]
« (…), l’attribution de croyance à
autrui relevait d’un jugement dogmatique, et pour le moins expéditif, sur le
psychisme d’autrui. le ressort de ce jugement, dans l’anthropologie
traditionnelle, a été parfaitement démonté par jeanne favret-saada. il repose,
comme nous le verrons, sur la superposition de deux grands partages, celui
entre nous qui étudions et eux qui sont étudiés, celui entre croire et savoir,
donc entre fausseté et vérité. », in lenclud, g., « attribuer des
croyances à autrui. », p. 6.
[158]
vaschide, n., les hallucinations
télépathiques, pp. 85-86.
[159]
lambert, philippe, « sus à la patapsychologie ! », p. 299.
[160]
« samuel butler fut peut-être le premier
à faire remarquer que c’est ce que nous connaissons le mieux dont nous
sommes le moins conscients, autrement dit, que le processus de formation
des habitudes correspond à un refoulement de la connaissance à des niveaux
moins conscients et plus archaïques. l’inconscient “accueille” non
seulement les affaires pénibles, que la conscience préfère occulter, mais
également maintes choses qui nous sont si familières que nous n’avons nul
besoin de les examiner. […] en fait, l’économie du système pousse les organismes
à refouler les aspects généraux des relations, qui restent toujours valables,
et à garder au niveau conscient la pragmatique impliquée par tel ou tel moment.
les prémisses peuvent être refoulées par mesure d’économie, mais les
conclusions particulières doivent êtres maintenues à la conscience. au
demeurant, le “refoulement”, quoique (ou peut-être parce que) uniquement
économique, est opéré à un certain prix – au prix de l’inaccessibilité.
puisque le niveau du refoulé est caractérisé par des algorithmes iconiques et
par la métaphore, il devient difficile à l’organisme d’examiner la matrice d’où
jaillissent ses conclusions conscientes. », in bateson, g., vers une écologie de l’esprit, t. i, pp.
153-154. (n. s.)
[161]
badler, richard, un cerveau pour changer,
p. 146.
[162]
lambert, ph., « sus à la patapsychologie ! », p. 299.
[163]
voir l’émission les dossiers de
l’histoire. sigmund freud. l’invention de la psychanalyse.
[164]
freud, s., « psychanalyse et télépathie. », p. 103.
[165]
lambert, ph., « sus à la patapsychologie ! », p. 299.
[166]
« le processus de changement d’une
croyance est relativement facile tant que vous avez le consentement de la
personne. c’est un peu plus ardu si la personne ne veut pas changer sa
croyance. j’ai également présupposé que vous pouviez identifier une croyance
qui vaille la peine d’être changée. il arrive que ce ne soit pas évident et
cela peut nécessiter tout un travail de déterminer la croyance limitante de
quelqu’un. souvent la croyance qu’une personne veut changer n’est pas celle qui en fait limite son comportement. mon
principal objectif ici est de vous enseigner un processus que vous pouvez utiliser pour changer une
croyance. toutefois, le contenu que vous mettez dans une croyance est aussi
important. c’est pourquoi je vous ai demandé de procéder à une vérification de
l’écologie, ainsi que d’énoncer la nouvelle croyance en termes de processus
plutôt qu’en termes d’objectif, et de la définir en termes positifs. »,
in bandler, r., un cerveau pour changer,
pp.161-162.
[167]
« le mot “apprentissage” indique
indubitablement un changement, d’une sorte ou d’une autre. mais il est très
difficile de dire de quelle sorte de changement il s’agit. cependant, ce
dénominateur commun “changement” nous permet de déduire que dans nos
descriptions de l’“apprentissage” nous devrons tenir compte de la variété des
types logiques qui ont eu cours dans les sciences physiques depuis l’époque de
newton : la forme de changement la plus simple et la plus familière est le
mouvement, (…) », in bateson, g., vers
une écologie de l’esprit, t. 1, pp. 256-257.
[168] alcock, j. e., op. cit., p. 95.
[169]
« nous avons affaire à des personnes
qui ont appris à maîtriser leur communication verbale et non verbale et qui ont
pour volonté délibérée de manœuvrer les autres. ce genre de pratique est
évidemment condamnable sur le plan éthique. mais encore faut-il que les
techniques utilisées soient efficaces. nous manquons de données pour trancher.
toutefois, je le répète, la pnl ne repose sur rien de fiable. elle s’adresse à
des personnes soucieuses de persuader, de séduire, de vendre et de se vendre.
des personnes pour qui la fin paraît justifier les moyens. », in
lambert, ph., « sus à la patapsychologie ! », p. 302.
[170]
« (…), je dois considérer comme
connu et allant de soi que les analyses d’austin requièrent en permanence une
valeur de contexte, et même de contexte exhaustivement déterminable, en droit
ou téléologiquement ; et la longue liste des échecs (infelicities) de type variable qui peuvent affecter
l’événement du performatif revient toujours à un élément de ce qu’austin
appelle le contexte total. un de ces éléments essentiels – et non pas l’un
parmi d’autres – reste classiquement la conscience, la présence consciente de
l’intention du sujet parlant à la totalité de son acte locutoire. par là, la
communication performative redevient communication d’un sens intentionnel, même
si ce sens n’a pas de référent dans la forme d’une chose ou d’un état de choses
antérieur ou extérieur. cette présence consciente des locuteurs ou
récepteurs participant à l’effectuation d’un performatif, leur présence
consciente et intentionnelle à la totalité de l’opération implique
téléologiquement qu’aucun reste
n’échappe à la totalisation présente.
aucun reste, ni dans la définition des conventions requises, ni dans le contexte
interne et linguistique, ni dans la forme grammaticale ni dans la détermination
sémantique des mots employés ; aucune polysémie irréductible, c’est-à-dire
aucune « dissémination » échappant à l’horizon de l’unité du sens. je
cite (…) how to do things with words :
« disons, d’une manière générale, qu’il est toujours nécessaire que les circonstances dans lesquelles les mots sont prononcés
soient d’une certaine façon (ou de plusieurs façons) appropriées, et qu’il est d’habitude nécessaire que
celui-là même qui parle, ou d’autres personnes, exécutent aussi certaines autres actions – actions « psychiques » ou
« mentales », ou même actes consistant à prononcer ultérieurement
d’autres paroles. » »,
in derrida, j., « signature événement contexte. », pp. 383-384. (n.
s.)
[171]
« en vue de saisir également
les fonctions latentes des pratiques magiques et d’en appréhender l’efficacité sui
generis, des analyses comme celle de s.
tambiah (1973) se fondent sur une transposition de théories des actes de parole
d’austin et de searle. comme l’acte de parole illocutoire, la pratique magique
est efficace par le fait même qu’elle énonce ou opère : c’est le cas du
vœu maléfique, de l’acte d’enfoncer un clou dans une statuette, de maltraiter
une photo, etc. », in devisch, r., « art. cit. », p. 432.
[172]
isambert, f.-a., le sens du sacré. fête
et religion populaire, p. 10.
[173] erhenwald, j., op. cit., p. 298.
[174] beloff, j., op. cit., p. 177.
[175] ehrenwald, j., op. cit., pp. 305-306. (n. s.)
[176] roe, chris, a., « belief in
the paranormal and attendance at psychic readings. », pp. 25-26.
[177] alcock, j. e., op. cit., pp. 85-87.
[178] roe, c., a., « art.
cit. », p. 47.
[179] roe, c., a., « art.
cit. », p. 40.
[180] « the results concerning reporting some psychic experience
indicate that in all countries but holland many more psychics are found among
women than among men. further, this sex difference is more prominent for
contact with the dead and telepathy than for clairvoyance. why ?
experiences of telepathy and contact with the dead involve contact with
persons, whereas clairvoyance concerns perceptions of events. rightly or
wrongly, women are often believed to be more person-oriented than men. if this
old stereotype is true, it would seem reasonable to expect more women to report
telepathic experiences (with living and dead) and for men to report relatively
more clairvoyant experiences, which is what the results indicated. however,
this effect of sex is very slight : (…) », in haraldsson, e. et houtkooper, j.
m., « art. cit. », p. 160.
[181]
dierkens, jean et christine, manuel
expérimental de parapsychologie., p. 120.
[182] « research was undertaken at more than a hundred different
centres, and reports were duly published mainly in nature
journal (a popular science periodical).
some estimates claimed that as many as 50 per cent of 10-year-olds had some
such exceptional ability [facultés psi telles qu’entendues en chine], it being specially marked in girls,
although few children of either sex were said to retain the ability much after
puberty. », in beloff, j., op.
cit., p. 159.
[183] rhine, l., op. cit., p. 149. (n. s.)
[184]
auriol, b., « quand les esprit s’en-mêlent : (…) », note infra
paginale n° 5, p. 13.
[185]
haraldsson, e. et houtkooper, j. m., « art. cit. », pp. 160-161.
[186]
« (…), on n’a pas pu trouver de
corrélation entre l’esp et l’intelligence (…). », in dierkens, j. et ch., op. cit., p. 136.
[187]
« nié ou vaincu, satan est rejeté de
l’univers médiumnique non pas seulement parce qu’il représente le mal et la
désespérance, parce qu’il empêche de penser la réincarnation et la maîtrise de
son destin mais aussi parce qu’il est la clef de voûte de la construction d’une
oppression morale et d’une minorisation sociale des femmes. l’existence du
diable et le péché d’eve occultent la part féminine de dieu, leur effacement ouvre
l’ère de la femme. », in edelman, n. « art.cit. », pp.
328-329.
[188] beverly rubik, citée in watt, c.,
« art.cit. », p. 92.
[189]
« la pluralité est un point de
départ essentiel pour toute recherche sur la communication. même au sein de la
pluralité, la dyade est un piège pour un grand nombre de chercheurs en sciences
sociales. », extrait d’un entretien avec mac dermott, r.,
« profile : ray l. birdwhistell », the kinesis report, vol. 2, n° 3, printemps 1980, p. 1-16, in
winkin, y., op. cit., p. 295.
[190]
yzerbyt, vincent, « quatrième partie : introduction à la psychologie
sociale. », l’homme en société,
p. 327.
[191]
robert, jacques-michel, comprendre notre
cerveau, p. 145.
[192]
« il importe de souligner que l’opposition
nature/culture constitue le socle épistémologique de cette « anthropologie
universelle » que l’on vient d’évoquer. dès lors, loin d’être
« dépassée » comme l’ont écrit certains, cette opposition constitue
sans doute l’un des axes majeurs de toute logique, puisqu’elle sert, comme le
démontre cl. lévi-strauss dans la pensée sauvage et les mythologiques, de
modèle ou de paradigme à ces multiples couplet oppositionnels (…) dont les
combinaisons autorisent la saisie logique et symbolique du monde. »,
in gossiaux, p.-p., « deuxième partie. anthropologie. », l’homme en société, p. 145.
[193] harary, k., « art.
cit. », p. 379.
[194]
« ce terme de psychométrie est très
mal choisi : il ne s’agit pas là en effet de mesure de facultés de
l’esprit. dans le langage métapsychique, en effet la psychométrie est cette
faculté qui permet à un « voyant » mis en contact avec un objet ayant
appartenu à une personne de pénétrer dans la vie de celle-ci, de décrire son
état présent, passé, physique ou mental. », in leprince, a., op. cit., p. 11.
[195]
« d’où le terme cryptomnésie employé par richet. », note infra
paginale n°16, in louis, r., op. cit.,
p. 187.
[196]
louis, r., op. cit., p. 186.
[197]
louis, r., op. cit.,pp. 186-187. (n.
s.)
[198]
deux acceptions valent pour ce terme. en physique, la rémanence est la «persistance de l’aimantation dans un
barreau d’acier qui a été soumis à l’action d’un champ magnétique. »
alors qu’en psychologie, il s’agit de la « propriété
d’une sensation, notamment visuelle, de persister après la disparition du stimulus. »,
article « rémanence », in petit
larousse. grand format, p. 873.
[199]
cf. layla et onur, pp. 20-21.
[200]
cf. layla et onur, p. 38.
[201] louis, r., op. cit.,p. 187.
[202] beloff, j., op. cit., p. 177. (n. s.)
[203] dierkens, j. et ch., op. cit., p. 298.
[204] cf. thomas, p. 96.
[205]
giroldini, william, « esperimenti di percezione extrasensoriale nelle
piante. »
[206]
dierkens, j. et ch., op. cit., p.
298. a celles-ci s’ajoutent
celles présentées comme suit : « (…)
a large number of experiments, mostly with ordinary subjects, in wich
the aim has been to facilitate the growth of plants merely by willing that
the target plants flourish more than the control plants and some success has
been achieved in reputable research. », in beloff, j., op. cit., pp. 179-180. (n. s.)
[207]
ex-cursus gossiaux, p.-p., histoire
culturelle de la communication, année académique 1995-1996.
[208]
cf. eduard de vegan, pp. 59-60.
[209]
leprince, a., op. cit., p. 54.
[210]
franÇon, julien, cité in leprince, a., op.
cit., p. 55.
[211]
une description de ces découvertes est d’ailleurs donnée in chauvin, rémy,
« mimique de l’animal et langage de l’homme. », psychisme animal et âme humaine, pp. 103-105.
[212]
« on a aussi songé à étudier le psi
chez des insectes (…) ou même sur des monocellulaires (…). les résultats sont
trop fragmentaires pour pouvoir orienter un jugement. », in dierkens,
j. et ch., op. cit., p. 295.
[213] lepes, ivan, « a psi effect
with the drosophila melanogaster fly. », p. 188.
[214]
castaneda, c., la force du silence,
p. 204. (n. s.)
[215]
« tous les êtres sont médiums en
principe, c’est-à-dire possèdent ce que l’on appelle des facultés psychiques ou
supranormales échappant à nos conventions du connu objectif. les animaux étant
en contact très étroit avec la nature ont ce sens plus développé que chez
l’homme. », in victor, jean-louis, animaux
thérapeutes, mathématiciens et télépathes, p. 147.
[216]
« la faculté psi chez l’animal a été
baptisée « anpsi », comme si elle présentait des caractéristiques
différentes de la psi humaine. », in dierkens, j. et ch., op. cit., p. 295.
[217]
victor, j.-l., « les animaux et la médiumnité. pressentiments, télépathie,
clairvoyance. », op. cit., pp.
147-160.
[218]
cf. montandon, raoul, « quatrième partie. facultés psychiques ou
supranormales. », de la bête à
l’homme. les mystères de la psychologie animale, pp. 157-225.
[219] dierkens, j. et ch., op. cit., p. 297.
[220]
« de nombreux critères de
démarcation entre ce qui est culturel et ce qui ne l’est pas ont été proposés à
propos des traditions observées chez les primates non humains (…). quoi qu’il en
soit, traditions animales et cultures humaines ne sont pas homologues. »,
in abegg, christophe et thierry, bernard, « l’origine des traditions chez
les singes. », p. 147.
[221]
ex-cursus servais, véronique, approche
interactionnelle de la communication entre homme et animal, année
académique 1996-1997.
[222]
a y regarder de plus près, le « ratio » du volume cérébral du
marsouin, par exemple, par rapport à son volume corporel, est moindre que celui
de l’être humain. ce qui doit être compris comme une intelligence moindre elle
aussi. cf. annexe 11. mais sait-on seulement ce qu’est l’intelligence en
définitive ? cela n’ôte en tout cas rien aux performances du dauphin, que
les dolphinarium savent exploiter si
habilement, alors que l’on attribue aux delphinidés, durant leur évolution, le
« renoncement » de l’usage de « mains » ancestrales, dont
on devine encore les vestiges à l’analyse de leurs nageoires pectorales. pour
une réflexion de base sur l’intelligence humaine, cf. le dossier « quelle
intelligence avez-vous ? », in le
vif, n°40, l’express, n° 2413,
3-9 octobre 1997, pp. 44-64.
[223]
« le plus grand obstacle ici est
l’anthropomorphisme. les sens des animaux ne correspondant pas aux mêmes
stimuli que les nôtres, nous pourrons facilement déclarer tel comportement visible
chez notre animal familier comme la conséquence d’une esp alors qu’il s’agit
d’une sensibilité sensorielle. vassiliev avait fait, à notre avis, cette
erreur, lorsqu’il attribuait à des facultés extrasensorielles l’attirance de
certains papillons : il s’agit d’une sensibilité olfactive, et non
d’esp. », in dierkens, j. et ch.,
op. cit., p. 297.
[224] victor, j.-l., op.cit., pp. 205-206. (n. s.)
[225]
« tout au long des années soixante
et soixante-dix, bateson va chercher à se situer géographiquement et intellectuellement.
passant du laboratoire de john lilly aux îles vierges, à l’université d’hawaï
puis à l’université de californie à santa cruz et, enfin, à l’institut
esalen, à big sur, bateson sème idées et réflexions dans divers publics,
tout en cherchant à dégager l’unité générale de ses travaux. », in
winkin, y., op. cit., p. 44. (n.s.)
[226]
« nous avons donc créé avec ces
enfants deux réalités très différentes. l’une ouverte à la création et à
l’évolution (auto-poïétique) grâce à la création d’un lien social, la seconde
sclérosée autour d’une « norme de bon fonctionnement » établie par
avance. le concept qui nous permet le mieux de décrire « ce qui » a
changé de la première à la seconde année est probablement celui de
« contexte d’apprentissage » (bateson, 1977 : 311),
apprentissage qui concerne les enfants tout autant que les expérimentateurs.
ainsi, les enfants du groupe dauphins 1 n’ont pas seulement appris à résoudre
un problème. ils ont d’abord dû apprendre des modes de collaboration et d’interaction
avec chantal et les animaux. a partir des résultats du projet auti-dauphin et de la comparaison des groupes dauphins
de la première et de la seconde année, on peut soutenir l’idée que le contexte
expérimental lui-même, avec ses exigences de standardisation (but conscient) et
de neutralité (aveuglement émotionnel), est responsable de la disparition de
« l’effet positif de l’animal ». il est alors évident que, comme tout
thérapeute le sait, cet effet positif n’est pas à rechercher dans l’animal, qui disposerait d’un pouvoir
particulier, mais bien dans les interactions et les significations sociales que
le patient et le thérapeute construisent (ou non) autour de l’animal. »,
in servais, véronique, « enquête sur le « pouvoir
thérapeutique » des dauphins. », p. 11.
[227] victor, j.-l., op.cit., p.169.
[228]
« loin d’établir avec descartes un
fossé quasi-infranchissable entre des animaux-machines et l’homme raisonnable,
il [le biologiste] reconnaît suivant
l’expression de lapicque que « si du dehors, le comportement d’un vertébré
ressemble à celui d’un homme, il faut être esclave d’un rigide dogmatisme
métaphysique pour refuser d’admettre que, vu du dedans, ce comportement
implique des phénomènes psychiques analogues ». », in chauchard,
paul, « introduction neurobiologique. », psychisme animal et âme humaine, p. 22.
[229] perry, richard, « telepathy in
birds. », p. 736.
[230]
despret, vinciane, « première partie : les origines de la vie
sociale ; apports de l’éthologie à notre compréhension des
sociétés. », l’homme en société,
pp. 49-52.
[231]
communication personnelle de véronique servais.
[232]
clin d’œil à la pensée sauvage de
claude levi-strauss.
[233] cf. thomas, p. 97.
[234]
l’adhésion de rémy chauvin à la
cause du droit des animaux pourrait être l’objet d’une discussion. nous
renvoyons pour cela à l’article de comte-sponville, andré, « sur les
droits des animaux. »
[235]
thouvenin, bernard, « recherche et mise en évidence d’un phénomène
télépathique chez les lapins. », p. 34. (n. s.)
[236] beloff, j., op. cit., pp. 180-181.
[237] « humans seem to possess many abilities which go far beyond
anything that can be explained in terms of mere biological survival. it is
possible that psi may be one such ability. so far from being a manifestation of
the biological side of our nature, psi phenomena may be something quite
different, namely evidence of for the reality of the human soul. », in randall, john, l., « animal psi revisited. », p. 15.
[238] « what is wrong whith randall’s rejection of animal psi is that
it is implicitly based on an unquestionning acceptance of the materialistic
view of animals. instead, animal psi should be seen as the ultimate challenge
to this outdated view, which lost its value when researchers began to study
mental proccesses in animals. », in rivas,
titus, « a question of parsimony : animals and psi. », p. 10.
[239]
jazarin, jean-louis, l’esprit du judo,
p. 78.
[240]
bateson, g., « les niveaux de changement », conférence donnée le 10
août 1975 à l’institut naropa, boulder, colorado, initialement publié in loka ii : a journal from naropa
institute, rick fields (éd.), 1976. extrait ici de une unité sacrée, p. 385.
[241]
« ainsi les sentiments humains,
s’ils s’apparentent à l’affectivité animale, parce que ce ne sont pas les
sentiments d’un esprit hors de la chair, sont cependant d’un autre ordre, par
les transformations qu’y introduit l’esprit. il appartient à la psychologie
actuelle, qui veut être une psychologie non plus de l’esprit pur, mais de
l’homme, chair et esprit, et de l’homme replacé dans son milieu de vie,
d’explorer davantage ce domaine affectif, dont l’importance est si grande pour
l’équilibre humain et pour la paix du monde. », in cruchon, georges,
« affectivité animale et sentiments humains. », psychisme animal et âme humains, p. 153.
[242] vaschide, n., op. cit., pp. 83-84.
[243]
freud, s., « rêve et télépathie. », p. 142.
[244]
« la magie est plus qu’un système de
pensée, qu’une forme de communication ou de signification. elle relève aussi,
et peut-être avant tout, des processus cognitifs primaires caractérisant nos émotions
et nos expériences corporelles non verbalisées. elle relève des structures de
l’affectivité (bachelard). de façon métaphorique, les expériences corporelles
et affectives sont transposées dans le domaine des forces sociales et des
événements les plus fondamentaux de la vie, et alimentent dès lors les
représentations et les pratiques. », in devisch, r., « art. cit. », p. 433.
[245] cf. eduard de vegan, p. 61.
[246] ehrenwald, j., op. cit., p. 40.
[247]
auriol, b., « quand les esprits s’en-mêlent : (…). », p. 13.
[248]
« dans ce livre, nous racontons tous
les trois – un enfant en devenir et ses parents – notre propre histoire, celle
que nous avons partagée et que la vie a écrite. elle a commencé le 25 février
1984. ce soir-là, notre bébé, encore embryon, nous parla pour la première
fois. », in coudris, manuel-david, messages
d’un bébé avant sa naissance, p. 14. sur la couverture de ce livre, il est
en outre indiqué « le plus jeune
auteur du monde ».
[249]
« le bébé, sous le charme de la femme
savante, naît à la lumière du monde naturel. ceci montre, ainsi que beaucoup
d’autres récits, comment les femmes aborigènes communiquent avec les enfants à
venir qu’elles voient comme des êtres intelligents et compréhensifs. ceci
montre également que la communication entre les êtres vivants et ceux qui ne
sont pas encore nés englobe toujours une prise de conscience des facteurs
psychiques en jeu. on retrouve également cet ancien rituel parmi les activités
de nombreux psychologues contemporains, qui ont montré un grand intérêt pour
les réponses intellectuelles et la mémoire du fœtus. », in femmes de la nuit des temps, p. 115.
[250]
« de récentes recherches démontrent
que les mouvements des bébés sont en synchronisation avec le langage des
adultes. on peut le constater grâce à la microanalyse d’interactions sociales
précoces. condon, trevarthen et bateson nous montrent l’existence d’un réglage
social inné, comme des proto-conversations préverbales, des activités à tour de
rôle à un niveau préverbal. », in peeters, theo, l’autisme. de la compréhension à l’intervention, p. 154.
[251]
jung, carl gustave., l’homme à la
découverte de son âme, p. 221
[252]
la famille fox.
[253] beloff, j., op. cit., p. 81.
[254] beloff, j., op. cit., pp. 83-84.
[255]
« mais c’est du côté d’une clinique
psychanalytique ou influencée par la psychanalyse qu’on peut trouver les
exemples les plus significatifs. je pense surtout (…) à la clinique de l’enfant
découlant des travaux de nicolas abraham, apportant une réflexion sur un
inconscient cryptique capable de produire des transmissions
transgénérationnelles d’un secret familial, (…). », in le malefan,
pascal, « parapsychologie et psychologie clinique : quels
apports ? quels rapports ? », p. 64.
[256] dierkens, j. et ch., op. cit., p. 138. cette observation sur le position dans la
lignée d’une famille nous est confirmée par d’autres auteurs : « dans la plupart des sociétés
lignagières, (…) les gens âgés passent pour doués de facultés
extra-sensorielles. on les croit en contact avec le passé et déjà en position
de médiateur par rapport aux êtres de l’au-delà. après leur mort, le respect
qui leur est dû en tant que parents se transforme en culte des ancêtres. »,
in colleyn, j.-p., eléments
d’anthropologie sociale et culturelle, p. 156. cf. aussi mazza,
giovanna, m.,
« esperienze esp in psicoterapia infantile con bambini
border-line. », p. 55.
[257] « faulkner’s novel contains some remarkable instances of what i
would call “telepathic” dislocation : (…). […] i would side with stephen
m. ross in maintaining that it is a mistake to view the book as a study in
multiple point of view ; the style of faulkner’s novel in effect
recognizes only two points of view, that of the bundrens (plus their neighbor
tull, who is a sympathetic observer of the family), and that of the non-bundrens.[...]
in a novel about such non-verbal characters, and about an uncommunicative
family in which love as well as hate must be expressed obliquely, or not at all,
faulkner’s verbal repetition takes a special importance in communicating with
the reader in spite of the narrow circumference of the bundrens’ lives. (…)
specifically, faulkner’s repetitions often hint at subliminal
correspondences or even a sort of telepathic communication between the bundrens
where little or nothing has in fact been said. [...] notice also how the
repetiton leads to a breakdown of accepted boundaries between one word and
another, and this (…) to a blurring of the literal and the metaphorical. », in smith, frederik, n.,
« telepathic diction : verbal repetition in as i lay dying. », pp. 66-67. (n. s.) les latins ne
disaient-ils pas déjà, qui bene amat bene
castigat (qui aime bien châtie bien) ?
[258]
cf. notre définition restreinte.
[259]
« (…) : esistono molte casi di
« coppie telepatiche », sopratutto coniugi o gemelli (questi specialmente
monozigotici). », in beverin, stefano, « costellazioni
familiare : telepatia spontanea in esperimenti di associazioni
verbale. », p. 45.
[260] beverin,s., « art.
cit. », p. 47.
[261] « twin telepathy has been part of the folklore for at least 150
years, yet it has never been adequately investigated. it is high time that it
was. », playfair, guy, lyon, « identical
twins and telepathy. », p. 97.
[262] ehrenwald, j., op. cit., p. 43.
[263] alcock, j. e., op. cit., p. 87.
[264]
brÊthes, alain, les égrégores, pp.
15-16. (n. s.)
[265]
« un pouvoir apparaît comme
transcendant : il se situe au-dessus des lois et n’est pas de même nature que les autres faits sociaux. même dans les
etats modernes, la laïcisation du pouvoir reste imparfaite. témoins, les
prières collectives pour l’élection d’un président aux etats-unis, la fête du
premier mai à moscou, ou la raison d’etat, invoquée par le pouvoir exécutif, un
peu partout, pour échapper aux lois. témoins aussi les divers cultes de la
personnalité, parfois, il est vrai, soigneusement mis en scène par le pouvoir
lui-même. il est faux de croire que les sociétés « primitives »
baignent davantage dans le sacré que nos sociétés « évoluées ». c’est
là un préjugé évolutionniste. », in colleyn, j.-p., op. cit., p.154.
[266]
terme provenant du grec « amour » et qui désigne le repas que
prenaient ensemble les fidèles à l’aube du christianisme. une communion en
présence de l’esprit saint en quelque sorte.
[267] haraldsson, e. et houtkooper, j.
m., « art. cit. », p. 161.
[268] dierkens, j. et ch., op. cit., p. 118. (n. s.)
[269] mazza, g. m., « art.
cit. », pp. 54.55.
[270] dierkens, j. et ch., op. cit., p. 119. (n. s.)
[271]
alani, ghani., « la calligraphie arabe : sa transmission de maître à
élève au cours des siècles », pp. 95-96. (n. s.)
[272]
freud, s., « rêve et télépathie. », p. 144.
[273]
cf. nos définition restreinte et historique sélectif.
[274]
article « contre-transfert », in laplanche, j. et pontalis, j.-b., op. cit, p. 103.
[275]
article « contre-transfert », in laplanche, j. et pontalis, j.-b., op. cit., p. 104.
[276]
« il a très finement observé les
interactions constamment à l’œuvre dans l’analyse, non seulement entre la
patient et son psychanalyste, mais aussi entre les différents patients. tout
comme les auteurs déjà mentionnés, il mit l’accent sur le rôle fondamental du matériel
inconscient de l’analyste (affects, représentations, fantasmes), dans la genèse
des perceptions télépathiques chez le patient. », in si ahmed, d., op. cit., p. 72.
[277]
« (…) il paraît qu’un tel phénomène
[d’apprentissage iii] se produit de
temps à autre en psychothérapie, dans les conversions religieuses et dans
d’autres séquences qui marquent une réorganisation profonde du caractère. les
bouddhistes zen, les mystiques occidentaux et quelques psychiatres soutiennent
que de telles matières se trouvent complètement au-delà du champ du langage. en
dépit de cette mise en garde, j’essayerai de spéculer tant soit peu sur ce que
devrait être (logiquement) un tel apprentissage. », in bateson, g., vers une écologie de l’esprit, t. 1, p.
275.
[278]
vilgard, c., « troisième partie : l’imaginaire », mémoires de l’institut d’ethnologie :
peurs et humour dans l’imaginaire lapon, p. 152. (n. s.)
[279] ehrenwald, j., op. cit., pp. 80-83. (n. s.)
[280]
cf. annexe 12.
[281]
« aucun champ d’investigation expérimental
n’encourt un plus grand risque de contamination – déviation due à
l’expérimentateur ou complaisance doctrinale – que la parapsychologie
elle-même. si cette science se montre, ne serait-ce qu’en partie, conforme à
ses prémices, elle constituera un terrain idéal pour prouver l’existence de
« fuites télépathiques » ou de la télépathie para-expérimentale
(ehrenwald, 1948) comme source potentielle d’erreur. », in ehrenwald,
j., op. cit., pp. 96-97.
[282]
pour rappel, ce fut un « hit » à la seconde expérience, menée jusqu’à
son terme.
[283] « the nature of the social setting of the ganzfeld creates an
intimate situation, and it is likely that various aspects of the testing
environment may intensify or mitigate this intimacy. human beings are
vulnerable, particularly so in situations such as the ganzfeld or dream
research where their normal anchors to reality are removed (…). so, unless
participants are able to feel safe and comfortable with the experimenter, and
unless the experimenter can give them some motivation to be successful in the
task they are there to do, there is basically no reason to expect
success. », in dalton, kathy, « is there
a formula to success in ganzfeld ? observations on predictors of psi-ganzfeld
performance. », p. 75. deborah delanoy, de retour de sa visite dans six
laboratoires américains en 1989, a pour sa part ramené les
« recettes » suivantes : « the
development of a friendly, comfortable, open, trusting, and supportive rapport
between pps [participants] and their
experimenters was typically viewed as an important psi-conductive factor. (…)
thus the benefits of having likeable experimenters, with good conversational
and social skills, was frequently mentionned. », in delanoy, d.
« art. cit. », p. 66.
[284] http://members.aol.com/agapsi/agape.htm, p. 4/6.
[285] cf. schmeidler, g., r.,
« psi-conductive experimenters and psi-permissive ones. »
[286] ketterer, david, « the
“science fiction” of mark twain. », pp. 60-61.
[287]
article « télépathie », t.l.f.,
p. 17.
[288] ketterer, d., « art. cit. »,
pp. 74-75.
[289]
tant, e., « télépathie. », drames
et comédies, pp. 106-117.
[290] « [...] for us the language reverberates. for them it goes
nowhere. sometimes faulkner’s repetition becomes almost formulaic, as in his descriptions
of anse. (…) althought it is usual to find such documentation of habitual
gesture in novel, in theses instances the reference to the same gesture in
almost the same words begins to take on a meaning apart from the gesture
itself. », in smith, f., n., « art.
cit. », pp. 69-70.
[291] « thus although the adjacent images would seem on the face of
them to point to a congruence between father and daughter, faulkner’s verbal
repetitions point equally to a more subtle parallel between husband and wife.
and are they not all alike ? are not all three ingrown, small-minded, and
selfish in their relationships with one another ? beyond such stifling
narrowness, the repetition on occasion hints at the emotionnally charged nature
of these relationships. », in smith, f.n.,
« art. cit. », p. 71.
[292] « faulkner alludes on several occasions to this power of the
bundrens to silently “know” things about one another. anse refers to his
“second sight” and vardaman believes that his mother’s corpse is “looking at me
through the wood”. darl mentions the family’s “telepathic agreement of admitted
fear”, and he himself seems to be able to intimate “without the words” dewey
dell’s affair with lafe and the fact that jewel is illegitimate. moreover,
faulkner on several occasions quite literally demonstrates the family’s ability
to communicate telepathically, (…). », in
smith, f.n., « art. cit. », p. 73.
[293]
favret-saada, j., les mots, la mort, les
sorts, p. 207. (n. s.)
[294] « he is literally jumped on by members of his own familly and expelled
from the novel in much the same way the melancholy malvolio is expelled from
the romantic twelfth night. (…) but one thing needs stressing : faulkner, with a single
exception, only permits outsiders – (…) – to refer directly to darl’s
strangeness until after he is taken away, at which point cash, in retrospect,
is the only member of the family to attempt to analyze what went wrong ;
the single exception is anse’s comment on his son’s inappropriate laughing
beside his mother’s coffin, which he cites as the sort of behavior “that makes
folks talks about him”. […] in light of faulkner’s overriding emphasis on sight
in the novel, it is interesting that madness is define here as an inability
to see eye to eye with the majority. but surely we are meant to recall that
there is something peculiar about all of the bundrens’ eyes. they cannot see
the crazyness of darl because they share so many of his unacceptable
perceptions. if he is mad then they all are mad. late in the novel this is
suggested quite explicitely : (…). », in smith, f.n., « art.
cit. », pp. 74-75.
[295]
anonyme, « espions psychiques », facteur
x, p. 25.
[296]
amorim, michel-ange, « applications et apprentissage en
parapsychologie. », p. 19.
[297] « the fantasy of machines that “read minds” is frightening because
machines can be misused. with cruder tools, the inquisition and the gestapo
read minds, too. », in « moreover.
science does it with feeling. », in the
economist, july 20th 1996, ex-cursus ledent, b. et schraepen,
n., syllabus english. première licence a.s.c., année
académique 1996-1997.
[298]
« la loi américaine sur la liberté
d’information (freedom of information act, ou foia) permet théoriquement d’accéder aux dossiers susceptibles d’étayer
la version officielle. mais en réalité toute demande de détails aboutit à une
fin de non-recevoir. », in facteur
x, « art. cit. », p. 28.
[299]
facteur x, « art. cit. »,
p. 28.
[300]
barets, s., catalogue des âmes et des
cycles de la science-fiction, 1979, respectivement, pp. 188 et 292, cité
dans l’ article « télépathie », t.l.f.,
p. 17.
[301]
morgan, marlo, message des hommes vrais
au monde mutant, pp. 83-90.
[302]
bollore, gwenn-aël, les amants de
l’espace ou l’ecole des planètes, pp. 150-152. (n.s.)
[303]
production dont l’un des thèmes principaux est l’établissement d’un contact
entre des terriens et une intelligence extraterrestre que l’on ne verra jamais,
mais qui se manifeste, dans un premier temps, par des pulsations détectables au
radar répondant à une séquenciation logique et numérique de 1 à 10, puis par
les premières images de la télévision sonore : le discours d’adolf hitler
aux jeux olympiques de berlin, en 1936.
[304]
voir à ce propos la filmographie en annexes, p. 188. nous n’en avons trouvé que
trois sous l’entrée « télépathie » du cd-rom cinémagic qui, aux dires
de notre professeur de cinéma, est loin d’être une référence valable. elle
était notre seule source. une recherche plus approfondie, ou une érudition
cinématographique avérée, permettraient certainement, selon nous, d’en déceler
un plus grand nombre qui, même s’ils ne traitent pas exclusivement de la
télépathie, donnent des indications sur la façon dont la télépathie est perçue
dans notre société.
[305]
cf. par exemple michel meziere, créateur de certains décors du cinquième élément, mais avant tout
dessinateur de b.d.
[306]
« selon lui, les recherches sur la
“transmission de pensée” et la télépathie succéderont à l’informatique : “Ça
deviendra – après l’informatique – la prochaine étape. il faudra trouver autre
chose ... je pense que ce sera ce domaine qui sera exploré. mais je doute que
ce soit nécessairement par la psychanalyse”
avance-t-il. », in combourieu, m.-c., op. cit., p. 27.
[307] roe, c., a., « art.
cit. » p. 45.
[308] claverie, e., « art.
cit. », p.73.
[309]
« associé au travail de l’israélite,
à son bonheur, presque à sa prière, l’animal était pour lui un compagnon de
route. son comportement lui était pédagogie. par sa beauté et sa variété, il
disait aux humains la transcendance de dieu : l’histoire naturelle qu’a
esquissée job 38-41, avec ses morceaux de bravoure, n’a pas d’autre but. »,
in gelin, albert., « pensées bibliques sur les animaux. », psychisme animal et âme humaine, p. 206.
[310] bilu, yoram & goodman, yehuda,
c., « what does the soul say ? : metaphysical uses of
facilitated communication in the jewish ultraorthodox community. », p.
401.
[311] dierkens, j. et ch., op. cit., p. 120.
[312] bilu, y. et goodman, y.c.,
« art. cit. », p. 393. (n. s.)
[313]
cf. dimitri, p. 93.
[314]
anonyme, « espions psychiques », facteur
x, p. 25.
[315] mary, r., l., op. cit., p. 78. la dernière phrase étant issue de la genèse, xi, i. (n. s.)
[316]
bateson, g., vers une écologie de
l’esprit, t. i, p. 153.
[317]
il s’agit notamment des extraits des évangiles suivants : matthieu
26 : 20-25 ; marc 14 : 17-21 ; luc 5 : 22, 7 : 39
et 22 : 21-23 ; et enfin jean 1 : 43-51, 4 : 18 et
13 : 21-30.
[318]
extrait de la réponse de paul à notre courrier, datée du 1/2/1999.
[319]
evangile selon st jean, 4 : 16-24, bonnes
nouvelles aujourd’hui, p.155.
[320]
« nous devons accorder une place
plus grande encore à un autre document, d’une valeur exceptionnelle, mais
auquel il semble qu’on n’ait reconnu jusqu’à présent qu’un intérêt
linguistique ; il s’agit d’un fragment d’autobiographie indigène recueilli
en langue kwakiutl (de l’île vancouver, au canada) par franz boas, (…). le
nommé quesalid (…) ne croyait pas au pouvoir des sorciers, ou, plus exactement,
des chamans, (…) ; poussé par la curiosité de découvrir leurs
supercheries, et par le désir de les démasquer, il se mit à les fréquenter
jusqu’à ce que l’un d’eux offrit de l’introduire dans leur groupe, où il serait
initié et deviendrait rapidement un des leurs. quesalid ne se fit pas prier, et
son récit décrit, dans le détail, quelles furent ses premières leçons :
étrange mélange de pantomime, de prestidigitation et de connaissance empirique,
où l’on trouve mêlés l’art de feindre l’évanouissement, la simulation de crises
nerveuses, l’apprentissage de chants magiques, la technique pour se faire
vomir, des notions assez précises d’auscultation et d’obstétrique, l’emploi
de « rêveurs » c’est-à-dire d’espions chargés d’écouter les
conversations privées et de rapporter secrètement au chaman des éléments
d’information sur l’origine et les symptômes des maux soufferts par tel ou tel,
[…]. », in levi-strauss, claude, « le sorcier et sa
magie. », les temps modernes, 4è
année, n° 41, 1949, pp. 3-24. analysé au cours de melon, jean, introduction à la psychologie dynamique,
année académique 1996-1997.
[321]
beauge, florence, « vers une religiosité sans dieu. », p. 26.
[322]
extrait de la réponse de paul à notre courrier, datée du 1/2/1999.
[323] dierkens, j. et ch., op. cit., p. 182.
[324] cf. yan, p. 73
[325]
auriol, b., andré malacan, a. & michel m.-f., « exorcisme et
parapsychologie. »
[326] cf. jimy, pp. 84-85.
[327]
gossiaux, p.-p., l’homme et la nature,
p. 147.
[328]
auriol, b., andré malacan, a. & michel, m.-f., « art. cit. », p. 80.
[329]
cf. rémy, p. 91.
[330]
targ, russell & harary, keith, l’énergie
de l’esprit, p. 171. cf. aussi dans son entièreté le « chapitre
6 : les sectes, le cinéma et le psi. », pp. 159-178.
[331] cf. charlotte, p. 90.
[332]
uterbey, luisa de, freud et le diable,
puf, paris, 1983.
[333]
pavesi, ermanno, « le concept du démoniaque chez sigmund freud et carl
gustav jung. », le défi magique,
vol. 2, pp. 336-337.
[334]
castaneda, c., la force du silence,
p. 214. (n. s.)
[335]
cf. notre aperçu filmographique en annexes, p. 188.
[336]
šamic, jasna,
« traditions et mœurs des derviches de bosnie (yougoslavie). », p.
257.
[337] šamic, j., « art. cit. », p.
263. (n. s.)
[338]
cf. frédéric, p. 54.
[339] cf. thomas, p. 96.
[340]
que nous définirions de manière très lapidaire comme une religion et une
philosophie sans dieu, visant explicitement à nous défaire de notre souffrance,
conséquence de nos désirs.
[341] cf. kunchab
magazine. une éthique pour le
prochain millénaire. cf. également la conclusion de jimy, p. 88.
[342] haraldsson, e., et houtkooper, j.,
m., « art. cit. », p. 161. (n. s.)
[343]
bourdieu, p., esquisse d’une théorie de
la pratique, pp. 157 et suiv.
[344] boudrieu, p., op. cit., p. 166.
[345] bilu, y. et goodman, y., c.,
« art.cit. », pp. 378-379.
[346] ibid. p. 391.
[347] ehrenwald, j., op. cit., pp. 34-36.
[348] « yet, although the game [le
cumberlandisme] was often regarded as a
case of ‘thought-reading’, the more perspicacious recognized that it was more a
case of muscle-reading for, normally, the searcher needed to hold the hand of
someone privy to the secret. at all events, it could not seriously qualify as a
paranormal phenomenon. », in beloff, j., op. cit., p. 81.
[349]
cf. dans leur entièreté les extraits d’entretiens avec layla et onur, ainsi
qu’avec zazie et charlie.
[350] roe, c., a., « art.
cit. », pp. 46-47.
[351]
« l’écrasante majorité des
occultistes ne sont poussés ni par le désir de savoir, ni par la honte
ressentie du fait que la science a négligé si longtemps de prendre connaissance
de problèmes indéniables, ni par le besoin de lui soumettre de nouveaux
domaines phénoménaux. ce sont bien plutôt des convaincus qui cherchent des
confirmations, qui veulent avoir une justification pour professer ouvertement
leur croyance. mais cette croyance dont ils font montre eux-mêmes en premier et
qu’ils veulent ensuite imposer à d’autres, c’est la vieille croyance religieuse
qui a été repoussée par la science au cours de l’évolution de l’humanité, ou
même une autre, plus proche encore des convictions surmontées des
primitifs. », in freud, s., « psychanalyse et télépathie. »,
pp. 102-103.
[352]
auriol, b., « quand les esprit s’en-mêlent : (…). », p. 8.
[353]
cf. annexe 13.
[354]
beloff, j., op. cit., p. 69. (n. s.)
[355]
cf. annexe 14, complétée par les annexes 14’/1 à 4.
[356] « in this climate [celui de la
contre-culture et de la psychologie humaniste], new and more exciting ways of evoking esp were eagerly sought after.
in a so-called free-response test, the target, be it a picture, an inscription,
an object or a real-life scene, has no predetermined range, as in the case with
forced-choice test. (…) the procedure is, of course, very time consuming as compared with that involved in
forced-choice guessing, but it is such closer to what happens in reports of
spontaneous esp as well as to traditional tests for clairvoyance. »,
in beloff, j., op. cit., p. 161.
[357] beloff, j., op. cit., p. 167-168.
[358] cf. schmeidler, g. r., « art.
cit. », pp. 86-87.
[359] « but we already find examples of card-guessing experiments
using estimate of probability from the 1880s onwards. », in beloff, j., op. cit.,
p. 68.
[360]
cf. annexe 15. selon si ahmed, le cinquième type de figure devrait être une
ligne brisée, in si ahmed, d., op. cit.,
p. 50.
[361]
« en penchant la tête, nous pouvions
voir la carte en lumière rasante. on voyait très bien l’impression d’une étoile
ou d’un diamant, comme si la carte était transparente. vous savez, ces cartes
imprimées à la presse, il y avait donc au dos une légère impression, qui
renvoyait la lumière différemment lorsque l’on se trouvait sous l’angle
voulu : on regarde une chose dans un sens, elle semble lisse, puis on la
retourne et on découvre une plage de rugosité. c’est ainsi que gilbert, watson
(mes comparses à la table) et moi-même, nous nous sommes portés volontaires et
que rhine nous a pris pour trois sujets parfaits, parce que nous avons tous les
trois pu lire correctement vingt-cinq cartes. », in erickson, milton,
h., ma voix t’accompagnera, pp.
190-191.
[362]
« a titre d’exemple de l’incroyable
légèreté de ces expériences, il faut savoir que les symboles pouvaient être
distingués directement au dos des cartes. (…) les cartes furent quelque peu
améliorées et, à partir de 1936, confiées à la production industrielle avec un
intitulé précisant qu’il s’agissait de cartes esp, brevet de j. b. rhine. ce
qui n’empêchait pas des défauts majeurs comme un dessin de trame s’étendant
jusqu’aux tranches ou encore un dos non symétrique (ce qui est toujours le
cas) ! », in broch, h., op.
cit., p. 190.
[363] « in october 1883 the reproduction of diagrams or nonsenses
figures as targets was attempted and, in the course of ensuing months, some 150
such trials were duly conducted. the targets was prepared in another room from
where the subjects was seated, but then brought into the room and placed on a
stand in a position such that it would have been impossible for the subject to
have caught a glimpse of it even if there had been an attempt to do so. the
agents, including gurney, were all professional men and the subjects, again,
were the misses relph and edwards. the outcome could not be quantified
statistically but, judging by the 16 trials illustrated in proccedings and then
again in phantasms, there is no way which such results can be attributed to
chance. », in beloff, j., op. cit., p. 90.
[364] « the first of these [les six
comités créés en 1883 par la s.p.r.] was
the one to which the society attached the greatest importance as being the most
likely to yield promising results. ‘thought transference’ was here defined as
‘any influence which may be exerted by one mind upon another, apart from any
generally recognized mode of perception’. the evidence sought was to be based
on guessing experiments using cards, numbers, words, names, colours or other
such familiar symbols as lend themselves to such treatment. […] the
concept of thought transference, however, as the intentional influence of one
mind upon another, was found to be too restrictive and the term itself was
eventually superseded », in beloff,
j., op. cit., pp. 72-73.
[365]
« méthode d’entraînement à la
télépathie basée sur la prise en compte de l’éprouvé corporel comprenant toute
une série de techniques très novatrices (marcotte, 1977). », note
infrapaginale n° 1, in si ahmed, d., op.
cit., p. 47.
[366]
si ahmed, d., op. cit., pp. 46-47.
[367]
« nous pouvons supposer que c’est
dans le côté droit plutôt que dans le côté gauche qu’ont lieu la réception et
le traitement des messages psi qui parviennent au sujet, ou l’activation des
impulsions p.k. qui en émanent. mais j’ai montré, dès 1948, que nous sommes
incapables d’expliquer, en dernière analyse, comment les stimuli sensoriels
normaux provenant du monde extérieur sont transformés en une prise de conscience :
(…). la dernière phase d’une suggestion extra-sensorielle ou la première d’un
acte volontaire (ou p.k.) est tout aussi mystérieuse. tout ce que nous savons,
c’est que l’une et l’autre ont lieu dans la « petite boîte noire » de
notre crâne. ainsi que je l’ai fait remarquer, la différence réside seulement
dans le fait que dans le premier cas les lacunes de notre entendement sont peu
importantes et peu visibles (…), alors qu’elles sont, à notre grand regret,
immenses dans le cas de la p.e.s. ou de la p.k. […] en résumé, les phénomènes
psi sont localisés à deux niveaux du système nerveux central : dans le
tronc cérébral et dans le cortex. l’apparition d’un incident donné est due
aux irrégularités mineures dans le fonctionnement de la substance réticulée du
bulbe. elles s’accompagnent d’une fonction compensatoire des centres
supérieurs. l’hémisphère droit, en particulier, engendre les suggestions p.e.s.
d’un type plus important, aussi bien que les impulsions p.k. qui ont franchi le
filtre bergsonnien. il y a des raisons de croire que c’est la prépondérance
même de l’hémishère gauche, (…), qui tend à atténuer la spontanéité et le
fonctionnement intuitif de son homologue droit. », in ehrenwald, j., op. cit., pp. 258-259.
[368]
rebaptisé « effet d’extinction » in si ahmed, d., op. cit., p. 52.
[369] beloff, j., op. cit., p. 91.
[370]
des exemples de ces distorsions sont proposés in ehrenwald, j., op. cit., pp. 252-253.
[371]
edeline, francis et klinkenberg, jean-marie, « style et communication
visuelle. un produit de transformations. », pp. 34-35. (n. s.)
[372]
equivalent de l’effet psi missing,
que nous serions tenté de traduire « sabordage du psi ».
[373]
cf. si ahmed, d., op. cit., p. 54.
[374]
si ahmed, d., op. cit., pp. 53-54.
[375]
« l’artiste exhibe-t-il des
symptômes qu’il pourrait avoir, pour la simple raison que tout le spectre de la
psychopatholologie est possible pour chacun de nous ? l’intoxication
alcoolique ou par les drogues nous aide à voir un monde déformé, et ces
distorsions peuvent être fascinantes, en ce que nous les reconnaissons comme
nôtres. (in vino pars veritatis.) nous pouvons être humiliés ou agrandis en
réalisant que cela aussi est une partie de nous, une partie de la vérité. mais
l’intoxication n’augmente pas la compétence ; tout au plus, peut-elle
libérer une compétence acquise précédemment. sans compétence, il n’y a pas
d’art. », in bateson, g., vers
une écologie de l’esprit, t. i, p. 155.
[376]
cf. aussi l’allusion à la psychométrie en jimy, p. 87.
[377]
gossiaux, p.-p., « art. cit. », pp. 200-201.
[378]
cf. dierkens, j. et ch., op. cit.,
pp. 129-130 ; ehrenwald, j., op.
cit., pp. 96-107 ; et si ahmed, d.,
op. cit., p. 52.
[379] sargent, carl, l., « cortical
arousal and psi : a pharmacological study. », p. 72. cette
idée selon laquelle les sujets extravertis réussissent mieux aux tests de
p.e.s. que les sujets introvertis est encore mentionnée in schmeidler, g. r.,
« art. cit. », p. 86.
[380] sargent, c., l., « art.
cit. », p. 73.
[381] narby, j., op. cit., p. 117.
[382] narby, j., op. cit., p. 126. (n. s.)
[383] narby, j., op. cit., p. 129. (n. s.)
[384]
levi-strauss, c., « les champignons dans la culture. a propos d’un livre
de m.r.g. wasson. », paru dans l’homme,
revue française d’anthropologie, vol. x, n° 1, 1970, p. 5-16, extrait ici
de anthropologie structurale deux,
pp. 265-266. (n. s.)
[385]
lolli, alberico, « gli “stati alterati di coscienza” nell’antropologia
psicologica. », pp. 40-41.
[386]
ehrenwald, j., op. cit., p. 106.
[387]
vilgard, c., op. cit., pp.150-152.
[388] « perhaps one reason why parapsychology flourishe in this way
in china, once it was permitted, is that it had strong roots in traditional
chinese teaching. in particular, the concept of qi, a kind of universal elusive
energy, not unlike the subtle fluid of the mesmerists, afforded a familiar
handle for dealing with the phenomena. moreover, qi-gong, a kind of chinese
version of yoga, permeated both traditional chinese medicine and the chinese
martial arts and it was often the qi-qong masters themselves who produced the
phenomena studied by chinese parapsychologists. », in beloff, j., op. cit.,
p. 160.
[389]
« voie est la traduction littérale
du japonais « michi » signifiant, dans le texte, aïkido. on notera le
caractère spirituel et moral de cette discipline. (note du traducteur.) », in zin, jean, l’aiki-do. l’arme et
l’esprit du samouraï japonais, note infra-paginale de dédicace.
[390] cf. eduard de vegan, p. 59.
[391] jung, c. g., op. cit., pp. 221-222.
[392]
jonnaert, philippe, conflits de savoirs
et didactique, p. 103.
[393] cf. dierkens, j. et c., op. cit., p .114.
[394]
« (…), il existe d’importantes différences
entre le monde de la logique et celui des phénomènes, et il nous faut tenir
compte de ces différences à chaque fois que nous appuyons nos arguments sur
l’analogie - partielle, mais importante - qui existe entre eux. la visée de
mon essai est précisément de montrer que cette analogie partielle peut fournir
à la théorie un critère fondamental pour la classification des phénomènes qui
se rattachent à l’apprentissage : c’est précisément dans la
communication animale et mécanique que doit s’appliquer une théorie comme celle
des types logiques. il est rare néanmoins que des questions de cet ordre soient
abordées dans les laboratoires de zoologie, au cours des recherches
anthropologiques ou bien encore dans les congrès de psychiatrie ; il est
donc nécessaire de démontrer ici que ces considérations abstraites ne sont pas
sans avoir de l’importance pour les sciences du comportement. », in
bateson, g., vers une écologie de
l’esprit, t. i, p. 255. (n. s.)
[395] beloff, j., op. cit., pp. 84-85.
[396]
en témoigne cet article paru en septembre-octobre 1995 dans le n° 217 d’afis-science et intitulé : « le soir (de belgique) déclare la guerre
ouverte au “paranormal” », p. 29 et suiv.
[397]
cf. annexe 16.
[398]
beloff, j., op. cit., p. 79.
[399]
lambert, philippe, « haro sur l’obscurantisme. », p. 109.
[400]
voillaume, claude, « parapsychologie : critique de la
critique. », p. 201.
[401]
si ahmed, d., op. cit., pp .31 et
suiv.
[402] collins, h. m. et pinch, t. j.,
« art. cit. », p. 310.
[403] collins, h. m. et pinch, t. j.,
« art. cit., pp. 325-326.
[404]
a propos de ptolémée et newton, cf. les notes n° 10 et 11 de fin de chapitre ii
« la psychologie de la croyance. », in alcock, j., op. cit., p. 120.
[405]
« l’ascension de l’irrationnel, la fascination
par l’extase contemplative risquent de colorer notre futur en noir. on peut
craindre en effet que, comme l’affirmait goya, le sommeil de la raison engendre
des monstres. », in piras, pierine, « de la série « the
x-files » à la vogue new age. fascinations pour un nouveau
mysticisme. », p. 18.
[406] giovannangeli, d., op. cit., pp. 26-27. (n. s.)
[407]
rené descartes, cité in si ahmed,
d., op. cit., p. 49.
[408]
« (…) je cherche à dégager des lois
qui concerneraient ce type de phénomène en groupe : j’ai émis, par
exemple, l’hypothèse des « émetteurs pirates » qui envisage que
chacun soit émetteur, notamment quand il ne cherche pas à l’être ® de ce fait, les récepteurs eux-mêmes, intéressés par
une des deux images possibles (ou l’un des trois mots ; ou l’un des cinq
mots, selon le protocole en cours) seraient, inconsciemment émetteurs de cette
information, y compris quand il s’agirait de l’un des leurres (différente de
l’information visualisée par les émetteurs). », in réponse de bernard
auriol à notre courrier, datée du 24/8/1998.
[409]
leprince, a., op. cit., pp. 55-56
[410] « so long as religion was paramount, there was a little
incentive to try proving what most people took for granted, that we are more
than just complex automata. but the late victorian england was plunged into the
fateful aftermath of the darwinian doctrine, and faith could no longer be
counted on to sustain belief in a transcendent soul. it is surely no accident
that many of the founding fathers of psychical research were themselves the
sons of clergy who, as a result of a secular education and some knowledge of
science, had lost the religious faith in which they had been brought up. their
fascination with the paranormal, even when it took on disconcerting or
unsavoury forms, was not, for most of them at least, the outcome of some kind
of intellectual perversity : it was due, rather, to the hope it
offered of a universe that might not, after all, be the soulless machine which
the new scientific materialism was propagating. », in beloff, j., op. cit.,
p. 65. (n. s.) préoccupations qui demeurent, à la lecture du
dossier du magazine littéraire de
mars 1999, n° 374, intitulé « darwin. les nouveaux enjeux de
l’évolution. », pp. 16-71.
[411] louis, r., op. cit., p. 186.
[412] beloff, j., op. cit., p. 66.
[413]
« pour tenter d’éclairer quelque peu
le mystère qui lie la sensation au concept et au jugement d’existence, reid
fait appel à la notion de « suggestion », d’ailleurs déjà utilisée
chez berkeley. (…) mais il existe des « suggestions » naturelles,
selon reid. il faut signaler ici qu’il s’écarte de manière très significative
de l’usage que berkeley faisait du terme. (…) ainsi, il range parmi les
« suggestions » naturelles :
-
la notion et la
conviction de l’existence présente de ce que nous « percevons ou
sentons » qui accompagne la sensation.
-
la notion et la
conviction de l’existence passée de ce qui fait l’objet du souvenir.
-
enfin, la croyance à
l’existence d’un esprit sentant et pensant.
il continue,
dans la même veine, à qualifier de « suggestions » naturelles, le fait
que lorsque nous constatons un changement dans la nature, nous croyons à
l’existence d’une cause de ce changement. », in griffin-collart,
evelyne, la philosophie écossaise du sens
commun. thomas reid et dugald stewart, p. 75. (n. s.)
[414] griffin-collart, e., op. cit., pp. 300-301.
[415] beloff, j., op. cit., p. 66.
[416] beloff, j., op. cit., p. 158.
[417] cf. raphaël, p. 77.
[418]
le nanomètre est l’unité de mesure qui se calcule en mètres multipliés par 10
exposant - 9. un milliard de fois sous l’échelle du mètre en somme.
[419] « (…), many parapsychologists at the present time believe
(rightly or wrongly) that only a relatively minor modification to existing
quantum theory is all that we now need to explain all psi phenomena – even if
they have yet to convince orthodox physicists that such a modification is
either necessary or legitimate. », in beloff,
j., op. cit., p. 67.
[420]
hirsch, charles, « des jumeaux très particulaires. », la science et ses doubles, p. 125.
[421]
« ce fait, (…), donne à penser que tout
se tient dans l’univers d’une manière qui ne nous apparaît pas, peut-être à un
niveau subquantique qui inclut notre conscience. s’il en est ainsi, la
clairvoyance, (…), devient plausible. », in les pouvoirs de l’esprit, p. 73. les spéculations auxquelles nous
faisons allusion ont été avancées entre autres par costa de beauregard, d’après galilée, p. 81. bernard
d’espagnat, dont nous ignorons cependant les propos, pourrait encore être cité.
[422] giroldini, william, « a
physical theory for paranormal phenomena. », pp. 152-153.
[423] giroldini, w., « art.
cit. », p. 163.
[424]
sornette, d., lagier, m. et sornette, t., « quelques réflexions de
physiciens à propos de la parapsychologie. ».
[425]
andré malacan, andré, « réflexion … “sur quelques réflexions de physiciens à
propos de la parapsychologie.” », p. 88.
[426] « vasiliev was specially concerned to test an hypothesis, put
forward by the italian physiologist, f. cazzammeli, based on an electromagnetic
interpretation of telepathy.
accordingly, vasiliev varied both distance between himself and the
subject (in some cases the latter might be thousands of miles away !) and
the screening of the subject which could be designed to eliminate
electromagnetic radiation. when he found that he could obtain significant
results, irrespective of distance or screening, he rejected the cazzammeli
hypothesis which, initially, he had hoped to vindicate (…). », in beloff, j., op. cit., pp. 156-157.
[427] dierkens, j.et c., op. cit., pp. 54-55.
[428] « what is unfortunate from the standpoint of research is that,
unlike all known physical forces, pk influences do not seem to be cumulative.
using many subjects to influence the target system produces no improvement on
using one succesfull subject. this, too, would suggest that the analogy with
physical force is mistaken but, whatever the explanation, it certainly
increases the difficulty of establishing the reality of this mysterious and
elusive phenomenon to the satisfaction of all concerned. », in beloff, j., op. cit.,
pp. 175-176.
[429]
les pouvoirs de l’esprit, p. 71.
[430]
gurney, myers et podmore, les
hallucinations télépathiques, p. 7.
[431]
danier, richard, « parapsychologie : le modèle chaotique. », p.
55.
[432]
« pour j. eccles, tout le
fonctionnement du cerveau est une psychocinèse, car il est impossible d’éviter l’hypothèse
dualiste, l’interface entre les deux systèmes se faisant dans certaines couches
sous-corticales (congrès de parapsychologie, utrecht, 1975). », in
dierkens, j. et ch., op. cit., p.
188.
[433] cf. annexe 17.
[434] « vasiliev (…), who set out to vindicate an electromagnetic
theory of telepathy such as had been put forward by f. cazzammeli in the
mid-1920s, ended by showing it to be untenable, much to the dismay of his
soviet sponsors. even then, however, there were those, especially in the soviet
union, who clung to it appealing to elf (extra low frequency) waves as a
possible mediator. john taylor, of king’s college, london, adopted it while he
was still believer in the paranormal : (…) », note n° 1 de fin de chapitre 3, in
beloff, j., op. cit., pp. 257-258.
[435]
« charles-henry a en effet établi
que la vitesse de propagation de l’énergie, rayonnée par les résonateurs de vie
biopsychiques, qu’il appelait des atomes de vie, était environ 100 millions de fois la vitesse de la gravitation
calculée par laplace. or, cette vitesse de gravitation est déjà de 30 millions
de kilomètres par seconde : cette incroyable vitesse psychique de 4
sextillions de kilomètres par seconde dépassant de 16 zéros la vitesse de la
lumière, est probablement celle de la pensée et la clé des phénomènes
instantanés de la télépathie. », in leprince, a., op. cit., p. 172.
[436]
qui est, pour rappel, de 299 792 458 m/s dans le vide, d’après l’article
« lumière », le petit larousse
grand format, p. 612.
[437]
« la télépathie provoquée peut être
suscitée chez un individu quelconque :
elle ne détermine aucune transe, mais elle provoque, par des procédés
d'excitation cutanée très légers, des réflexes psychiques ou sensoriels qui
correspondent à « l’accrochage » des voyants. », in leprince, a.,
op. cit., p. 49.
[438] meehl, p., « precognitive
telepathy ii : some neurophysiological conjectures and metaphysical
speculations. », pp. 373-374.
[439]
c.r.s.h., l’unité de l’homme, pp.
184-185. (n. s.)
[440] meehl, p., « precognitive
telepathy ii : some neurophysiological conjectures and metaphysical
speculations. », pp. 392-393.
[441]
varvoglis, mario, « quantons sous la psi ! », la science et ses doubles, pp. 148-149.
(n. s.)
[442]
ikonicoff, roman, « la physique qui veut expliquer la conscience. »,
pp. 64 et 67.
[443]
« la majeure partie de la matière
contenue dans l’univers nous est totalement inconnue, sinon dans ses effets
gravitationnels. elle a pourtant influencé, via le champ gravitationnel, le
mode de développement de l’univers. c’est un peu comme si la physique avait
découvert l’inconscient. », in sheldrake, rupert, l’Âme de la nature, p. 110.
[444]
anonyme, « les sciences de la cognition. percevoir, penser,
communiquer. », p. 54.
[445]
« (…) : les phénomènes psi,
quelle que soit leur nature prétendument immatérielle, extra-sensorielle et
paranormale, sont localisés quelque part dans notre système neurophysiologique.
que ce soit dans mon cerveau ou le vôtre, ou dans certaines des « zones
cérébrales discrètes » dispersées dans l’espace dont parle bertrand russell,
il reste que ces phénomènes résident dans une région opérationnelle du système
nerveux central de l’émetteur ou du receveur. si ce n’était pas le cas, nous
serions incapables de collecter de l’information ou d’échanger des idées sur
leur apparition même, au niveau de notre expérience euclidienne de tous les
jours. », in ehrenwald, j., op.
cit., p. 248.
[446]
auriol, b., « quand les esprits s’en-mêlent : (…). », p. 12.
[447]
cf. le malefan, pascal, « parapsychologie et psychologie clinique :
quels rapports ? quels apports ? »
[448]
morin, gérard, le champs cérébral,
pp. 140-141. (n. s.)
[449]
lalande, a., « art. cit. ».
[450]
« pourtant, quand joséphine m’eut
dit, ensuite, l’inévitable mort du fils coquin, je rentrai chez moi dans un
état de confusion extrême où émergeait le souvenir de ces récits dans lesquels
lovecraft met en scène une situation qui présentait des analogies frappantes
avec la mienne : du fait de sa curiosité, un personnage pourvu de solides
connaissances scientifiques et qui occupe généralement la place du narrateur
fait la rencontre brutale d’un autre monde que son système de références échoue
à décrire ou à nommer. cette confrontation avec l’innommable, l’inconcevable,
la démesure, etc., il la vit souhaitant perpétuellement que cet autre monde -
qu’il sait bien désormais - ne soit quand même qu’illusion ou folie. mais ce
souhait n’est pas réalisable et le héros doit se faire à l’idée qu’il ne peut
plus désormais nier la réalité de cet autre monde archaïque qui, toujours,
menace d’envahir notre civilisation. », in favret-saada, j., op. cit., p. 211.
[451] haraldsson, e., et houtkooper, j.
m., « art. cit. », p. 161.
[452]
« groupe a des troubles de la personnalité » et « schizophrénie
et autres troubles psychotiques. », mini-dsm
iv, respectivement pp. 280-283 et pp. 147-160. le dsm étant souvent
présenté comme « la bible de la psychiatrie ».
[453]
« la clinique psychopathologique et
psychiatrique participant peu ou prou à l’aune de vérité scientifique, elle a
en général tenu compte du paranormal de façon réductrice. le plus souvent en
effet les thèmes paranormaux constatés dans le discours d’un patient sont tenus
comme pathognomoniques. je rappelle dans ce sens que, déjà kraepelin, dans sa
dementia praecox, signalait que l’impression de connaître les pensées d’autrui
était caractéristique de cette affection. bleuler lorsqu’il révisa ce concept
et proposa en 1911 celui de schizophrénie fit de même. de plus, dans les
ouvrages actuels traitant de la schizophrénie ou plus particulièrement en
france de la p.h.c., on retrouve des notations de ce genre. bref, l’existence
d’un vécu paranormal est plutôt et a priori pour le clinicien interprété comme
un désordre. », in le malefan, p., « art. cit. », p. 64.
[454]
« bien souvent le délirant attribue
à un mécanisme télépathique certains des phénomènes qu’il vit : lecture de
la pensée, insultes entendues, visions. il ne fait généralement pas de cette
explication une certitude directe. c’est pour comprendre ce qui lui arrive
qu’il invoque des appareils ou des mécanismes. », in auriol, b.,
« quand les esprit s’en-mêlent : (…). », p. 9.
[455]
cf. watzlawick, paul, l’invention de la
réalité. contribution au constructivisme.
[456]
auriol, b., « quand les esprits s’en-mêlent : (…). », p. 7.
[457] cf. david, anthony s. & lucas,
philip, « auditory-verbal hallucinations and the phonological loop :
a cognitive neuropsychological study. ».
[458]
winkin, y., la nouvelle communication,
pp. 42-43. (n. s.)
[459]
« quel que soit notre point de vue
sur la nature et les causes de la schizophrénie ou des réactions schizophrènes,
il existe une similitude frappante entre les délires de persécution, de
grandeur, de pensée ou d’action à distance du patient, et surtout du
schizophrène paranoïde, et certains des postulats de la parapsychologie. cela
nous amène à penser que les théories parapsychologiques, comme certains traits
spécifiques des croyances superstitieuses du schizophrène, de l’enfant ou du
magicien, proviennent essentiellement des mêmes sources : la matrice
symbiotique de toute expérience humaine, ou, pour être plus précis, de l’unité
originelle – de la fusion – de l’ego du nouveau-né avec celui de sa
mère. », in ehrenwald, j., op.
cit.,p. 197.
[460]
cf. frédéric, p. 57, ainsi qu’eduard de vegan, p. 59
[461] peeters, t., op. cit., p. 104.
[462]
vidal, jean-marie, « dialoguer avec des autistes. une nouvelle approche
clinique permet d’améliorer la communication. », p. 36.
[463] peeters, t., op. cit., p. xiv.
[464] bilu, y. & goodman, y. c.,
« art. cit. », p.385.
[465] bilu, y. & goodman, y. c.,
« art. cit. », p.378. (n. s.)
[466] vidal, j.-m., « art.
cit. », p. 38. (n. s.)
[467]
cf. annexe 18.
[468]
si ahmed, d., op. cit., pp. 145-146. (n. s.)
[469] vidal, j.-m., « art.
cit. », p. 37.
[470] bilu, y. & goodman, y. c.,
« art. cit. », p. 378.
[471] mazza, g., m., « art.
cit. », pp. 65-66.
[472] mazza, g., m., « art.
cit. », p. 66.
[473] « johnson himself, is best remembered for his discovery of a
relationship between the psychological trait of ‘defensiveness’, as measured by
the so-called defense mechanism test or dmt, and esp ability as measured in
card guessing tests. there have since been some dozen attempts to test this
relationship which has proved to be one of the more repeatable findings in
experimental parapsychology. », in beloff, j., op. cit., pp. 154-155. cette
constatation est contredite par une autre étude de watt (1994) mentionnée in
schmeidler, g., r., « art. cit. », p. 86.
[474]
« s’appuyant sur les travaux de
margaret mahler (1968), ehrenwald a analysé le rôle des perceptions
paranormales dans la genèse de l’hostilité paranoïde ; il fut le premier à
appliquer l’hypothèse psi à la compréhension de psychoses paranoïdes et
paranoïaques. l’hostilité paranoïde serait selon lui, la résurgence de la lutte
de l’enfant contre l’envahissement de sa personnalité par le moi maternel.
cette lutte peut prendre, au cours des premiers âges de la vie, plusieurs
formes, dont l’autisme. », in si ahmed, d., op. cit., p. 71.
[475]
dolto, françoise, tout est langage,
p. 15.
[476]
« l’importance des classifications
internationales (dsm iii-r ou icd-10) réside dans le fait que l’autisme n’est
plus repris dans la catégorie des maladies mentales ou des psychoses. »,
in peeters, t., op. cit., p. 9.
[477]
ex-cursus gossiaux, p.-p., ethnologie des
magies et des thérapies des sociétés non-occidentales, année académique
1997-1998.
[478]
freud, s., « rêve et télépathie. », p. 138.
[479]
freud, s., « psychanalyse et télépathie. », p.111.
[480]
cf. si ahmed, d., op. cit., p. 42.
même si certains asiles pouvaient se trouver au cœur d’une ville. l’indication
d’extériorité est justifiée ici par l’enceinte qui cloisonne les asiles en
question.
[481]
levi-strauss, c., le totémisme
aujourd'hui, p. 1.
[482]
lolli, alberico, « gli « stati alterati di coscienza » nel
modello bio-culturale. », p. 31.
[483]
jung, c.g., op. cit., pp. 241-242.
[484]
cette formulation « in/pro-jective » essaye de rendre compte de
l’idée d’une boucle, sorte de feed-back
nourrissant le système pour qu’il perdure (injection) simultanément à un
mouvement autant vers l’avant que vers l’autre (projection).
[485]
notre préférence pour le qualificatif « altéré » plutôt que
« modifié » s’explique par son étymologie, qui renvoie à l’
« autre » (alter).
[486] giovannageli, d., op. cit., p. 22.
[487]
« j’estime qu’il serait de l’intérêt
de la précision scientifique de mieux discriminer « rêve » et
« état de sommeil ». pourquoi devrions-nous créer un pendant à la
confusion provoquée par maeder qui découvrit pour le rêve une nouvelle fonction
ne voulant absolument pas faire le départ entre le travail de rêve et les
pensées de rêve latentes ? », in freud, s., « rêve et
télépathie. », p. 132.
[488]
freud, s., « rêve et télépathie. », p. 144.
[489]
« en 1951, on fait un portrait
radicalement différent du sommeil. pendant qu’il étudie le sommeil de jeunes
enfants, eugène aserinsky, étudiant, s’aperçoit qu’à différents moments de la nuit,
leurs yeux s’agitent derrière leurs paupières closes. aserinsky en fait la
remarque à son professeur, nathaniel kleitman, qui entreprend une étude plus
approfondie. c’est ainsi que kleitman met sur pied un laboratoire où des sujets
volontaires sont observés durant le sommeil, à la fois visuellement et à l’aide
d’un enregistrement éléctro-encéphalographique. deux années plus tard, kleitman
annonce que le sommeil des adultes comporte lui aussi des phases, baptisées
« mouvements oculaires rapides » (mor), qui semblent coïncider avec
une accélération du rythme cardiaque, de la respiration et de la fréquence des
ondes cérébrales. assisté d’un autre étudiant, william dement, kleitman va
alors donner une description de l’alternance et des caractéristiques physiologiques
de deux phases distinctes du sommeil : une phase de mouvements oculaires
rapides - aussi appelée sommeil paradoxal - et une autre, dénuée de ce type de
mouvements – le sommeil lent. il devient clair que le sommeil constitue une
phase d’intense activité nerveuse ponctuée de poussées d’excitations n’ayant
rien à envier à celles de l’état de veille. », in le cerveau, p. 57.
[490]
http://members.aol.com/yogathera/paradoxal.htm, p.4/5.
[491]
bateson, g., vers une écologie de
l’esprit, t. i, pp. 151-152. (n. s.)
[492]
c.r.s.h., l’unité de l’homme, p. 182.
(n. s.)
[493] abegg, ch. et thierry, b.,
« art. cit. », p. 148.
[494] « humanistic psychology was one of several new movements which
were challenging the strictly objective approach, laying emphasis on states of
mind, altered states of consciousness, peak experiences, creativity and other
such aspects of mental life which behaviourism had sedously avoided. », in beloff, j., op. cit.,
p. 161.
[495]
observateurs définis par harary comme les « orientations de la
nature » capables d’être prévenues de leur propre relation psi avec le
reste de la nature et d’y répondre volontairement.
[496] harary, k., « art.
cit. », pp. 382-384.
[497]
cf. annexe 19.
[498]
bateson, g., vers une écologie de
l’esprit, t. i, p. 156.
[499] mary, r. l., op. cit, pp. 35-36.
[500] lolli, alberico, « gli
« stati alterati di coscienza » nell’antropologia
psicologica. », p. 43.
[501] mary, r. l., op. cit., pp. 23-24.
[502]
mucchielli, roger,
analyse existentielle et psychothérapie
phénoméno-structurale, p. 239.
[503]
auriol, b., « quand les esprits s’en-mêlent : (…). », p. 14.
[504]
http://members.aol.com/yogathera/paradoxal.htm,
p. 3/5.
[505] http://members.aol.com/yogathera/paradoxal.htm, pp. 3-4/5.
[506] http://members.aol.com/yogathera/paradoxal.htm, p. 5/5.
[507]
« (…) divers procédés utilisant des
états de conscience altérée tels que la méditation, les exercices de relaxation
tendant à l’augmentation de l’activité des ondes alpha, ou la privation
partielle de sensations sous des conditions dénommées ganzfeld (honorton et
harper, 1974) (…), conduisent également à des résultats [pour les p.e.s.]
largement supérieurs à l’attente statistique, même en l’absence de toute
technique particulière de renforcement. », in ehrenwald, j., op. cit., p. 92.
[508]
http://members.aol.com/yogathera/paradoxal.htm,
p.5/5.
[509] mary, r., l., op. cit., p. 22.
[510]
chauchard, p., « art. cit. », p. 40.
[511]
« (…) ; on trouve souvent
encore cette opinion que la télépathie n’est qu’une fiction, qui provient
d’erreurs d’observation ou bien d’une interprétation illégitime de simples
coïncidences. eh bien, nous pouvons assurer, que chacun, en suivant la méthode
exposée ici, se convaincrait facilement, que la télépathie est un phénomène
universel, fréquent, qu’on peut constater chez les sujets les plus différents,
et en plus, observerait aussi, que la faculté télépathique peut se développer,
comme toute autre faculté psychique, à l’aide d’exercices et par l’habitude,
que les sujets qui devinent difficilement au cours de la première expérience,
le font beaucoup mieux dans les suivantes : (…) », in abramowski,
e., « télépathie expérimentale en tant que phénomène
cryptomnésique. », p. 424. de même jung, considérant les rêves
télépathiques à contenu manifeste, affirmait-il : « devant ces cas, l’on est encore plus porté qu’en présence des
cas cités plus haut à penser au prétendu hasard. malheureusement ces hasards
hypothétiques apparaissent chaque fois comme un asylum ignorantiae, comme un cache-misère. personne ne songera
à nier l’existence de hasards infiniment curieux, mais que le calcul des
probabilités fasse prévoir leur retour, voilà qui fait mal présager de la
nature de ces prétendus hasards. certes, je ne professerai jamais que les lois
qui les régissent soient « supranormales ». je dis seulement qu’elles
sont inaccessibles à notre savoir balbutiant. », in jung, c. g., op. cit., p. 222.
[512]
sapir, edward, anthropologie,
(présentation de c. baudelot), paris, ed. de minuit, 1967, p. 46 ; cité in
winkin, y., la nouvelle communication,
p. 64.
[513]
« les affections purement émotives
ou intellectuelles, grâce notamment à une vie en commun arriveraient à
constituer ce que j’appellerai le parallélisme psychique, qui consiste en une sorte d’harmonie
préétablie. il se produit un mimétisme intellectuel, comme il y a un mimétisme expressif. », in vaschide, n., op. cit., p. 86.
[514]
si ahmed, d., op. cit., pp. 78-79.
[515]
« selon certains mathématiciens,
l’univers pourrait contenir plus de quatre dimensions – onze ou même vingt-six.
quelques chercheurs psi ont avancé l’idée que la conscience humaine elle-même
appartient à une de ces dimensions supplémentaires interférant avec notre
univers quadridimensionnel. dans ce cas, aux quatre coordonnées
spatio-temporelles « constantes » s’en ajouterait une cinquième
« fluctuante » - la psi. cependant, en l’absence de toute preuve
physique attestant l’existence d’une dimension extérieures à notre continuum,
l’idée d’un niveau de conscience demeure une simple spéculation. », in
les pouvoirs de l’esprit, p. 72.
[516] si ahmed, d., op. cit., p. 147.
[517] toomela, aaro, « how culture
transforms mind : a process of internalization. », p. 300.
[518]
cf. zazie et charlie, pp. 46-47.
[519]
moreau, r., illusions d’optique et
hologrammes, p. 20. (n. s.)
[520]
communication personnelle d’un étudiant nous ayant signalé pribram, k. h.,
(1971), languages of the brain, ed.
prentice hall, englewood cliss, cité in sheldrake, rupert., une nouvelle science de la vie, ed. du
rocher, 1985.
[521] bateson, gregory, « “reality” and
redundancy », p. 135. (n. s.)
[522] royce, josiah, « hallucination
of memory and ‘telepathy’. », pp. 244-248 ; ainsi que la réponse de
gurney, edmund, « hallucination of memory and ‘telepathy’. », pp.
415-417.
[523]
« le processus télépathique,
dans son essence psychologique n’est donc qu’un processus de la cryptomnésie. et la différence entre les deux consiste
seulement dans les différentes manières dont l’oublié se forme. dans la cryptomnésie ordinaire, l’oublié
se forme parce que l’objet sort de la
sphère de l’attention et de l’intellect. dans la télépathie, par contre,
l’oublié se forme parce que l’objet ne peut pas entrer dans la sphère de l’attention et de l’intellect du sujet, et il ne
peut entrer parce qu’il n’agit sur aucune des voies sensorielles, les seules
qui se sont adaptées aux besoins de notre intelligence. », in
abramowski, ed., « télépathie expérimentale en tant que phénomène
cryptomnésique. », p. 532.
[524] abramowski, e., « art.
cit. », pp. 535-541.
[525] « in conclusion it seems that the results of six experiments on
the correlations between esp and memory provide no evidence for any such
correlation and lead to no hypotheses for future research. (…) in the absence
of any esp it is clearly impossible to test hypotheses about the nature of the
process. to do this it will be neccessary to find a source of esp first. », in blackmore, susan j., « correlations between esp and
memory. », pp. 145-146.
[526]
cf. entre autres baddeley, alan, la
mémoire humaine. théorie et pratique.
[527]
« un modèle holographique (psychoen.
s., 1976, 1, 2, pp. 55-62) nous fera
peut-être aboutir à la vieille proposition de l’unité fondamentale de l’univers
et des relations d’identité entre le macrocosme et le microcosme (r. alan
miller, burt webb et darden dikson). »,
in dierkens, j. et ch., op. cit., p.
187.
[528]
« nous savons comment, par des
procédés d’analyse de plus en plus précis, on a pu descendre de l’être le plus
évolué, c’est-à-dire l’homme, jusqu’à la cellule primitive, pour tout récemment
arriver à la phase ultime cristallisable, l’ultra-virus, qui semble être le
dernier chaînon reliant le minéral au tissu vivant. ces travaux, poursuivis par
de nombreux savants, éclairent le problème de l’évolution des espèces et nous
montrent l’unité de la matière organique, végétale ou minérale, ayant comme
base unique l’énergie dont le principe initial serait l’électron, ou, suivant
l. de broglie, le photon, le grain de lumière. », in leprince, a., op. cit., p. 9.
[529]
abraham, ralph, mckenna, terence et sheldrake, rupert, trialogues aux confins de l’occident. chaos, créativité et
resacralisation du monde, pp. 128-129. (n. s.)
[530]
cf. galilée, pp. 82-83.
[531] cf. yan, p. 71.
[532]
c.r.s.h., l’unité de l’homme, pp.
128-130. (n. s.)
[533]
« (…) ; étudier la conscience,
c’est donc constituer une « phénoménologie », une science descriptive
des phénomènes tels qu’ils apparaissent à la conscience et non se préoccuper de
la genèse des phénomènes conscients, de leur origine dans la sensation ou dans
l’image. », in parot, françoise et richelle, marc, introduction à la psychologie, p. 172.
[534]
cf. annexe 20.
[535]
« pendant longtemps, les
neurobiologistes avaient raisonné comme si le cerveau était un vaste réservoir
d’unités de traitement, elles-mêmes hiérarchisées et contrôlées par des
mécanismes plus généraux. jusqu’au jour où ils imaginèrent les modèles
connexionnistes, une nouvelle architecture pour nos circuits neuronaux, fondée
sur les lois d’entrée-sortie d’unités parallèles et sur les forces de liaison
unissant ces unités ; une hypothèse encore approximative, mais d’ores et
déjà extrêmement prometteuse. ces « réseaux de neurones »
expliqueraient notamment la très grande plasticité du néocortex, que l’on sait
capable de fonctionner et d’apprendre, alors même qu’il perd chaque jour des
milliers de neurones. c’est également grâce à cette théorie neuronale que
fut mise au point par les américains, en 1985, la « connection
machine », superordinateur dont la structure et le fonctionnement
s’approchent le plus, à ce jour, de ceux que l’on croit être ceux du cerveau
humain. », in anonyme, « les sciences de la cognition. percevoir,
penser, communiquer. », p. 52.
[536]
bateson, g., vers une écologie de
l’esprit, t. i, p. 256.
[537]
« de fait, l’homme occidental et
avec lui sa culture sont programmés de telle manière que les résurgences de la
mentalité primitive, comme celles de la télépathie et des phénomènes connexes,
sont empêchées, et si besoin est pénalisées, par tous les moyens de désaveu
social et d’ostracisme que peut pratiquer un groupe. le rejet et la répudiation
du facteur télépathique par le moi de l’enfant qui mûrit sont désormais
obligatoires dans notre culture. […] un incident télépathique fugace de type
spontané peut fort bien apparaître, mais dans ce cas la fonction réactivée tend
encore à montrer des signes révélateurs de son origine embryologique :
elle présente toutes les caractéristiques du fonctionnement des processus
primaires freudiens, de la représentation symbolique, de la pensée prélogique
ou du « raisonnement préopératoire » de piaget. ces caractéristiques
portent la marque du stade particulier dans le développement individuel où ils
avaient fait leur première apparition. cela explique leur caractère régressif,
leur ressemblance avec la magie ou avec ce que lévi-strauss appelle la
« logique concrète » de la pensée sauvage. cela explique aussi les stigmates
d’irrationalité qui leurs sont attachés, ainsi que notre tendance à les
répudier, les dénier et les réprimer dans notre culture. », in
ehrenwald, j., op. cit., pp. 42-43. (n. s.)
[538] « once a certain cultural frame of reference is in effect, it
tends to reproduce itself by creating reality-loops based upon limited
descriptions of nature which lead to limited perceptions (carroll, 1956). thus the origins of human
observer’s response to psi in nature may lie in the origins of culture. », in harary, k., « art.
cit. », p. 379.
[539]
« n’oublions pas que, de tout temps
et dans toutes les cultures, les possibilités psi étaient jadis acceptées sans
problème. la religion catholique les a, hélas, souvent rattachées au satanisme,
mais ne les a pas niées. en u.r.s.s., la référence à des conceptions
matérialistes (« ondes », « bioplasma », etc.) a permis un
certain développement des recherches dans le domaine parapsychologique
(« psychotronique »), mais toute hypothèse de nature non matérialiste
se voit évidemment condamnée sans appel. en chine, la situation est la même. la
tradition rationaliste française, qui pousse les gens à croire ce qui est
expliqué théoriquement plutôt que les faits eux-mêmes, est également un
obstacle culturel que n’ont pas à affronter les anglo-saxons pour qui « un
fait vaut plus qu’un lord-maire ». », in dierkens, j. et ch., op. cit., p. 200.
[540]
chauchard, p., « art. cit. », p. 41.
[541]
cf. layla et onur, pp. 39-40.
[542]
bateson, toujours lui, nous indique les issues alternatives de
l’apprentissage iii dont il va être question : « parvenir au niveau iii peut être dangereux et nombreux sont ceux
qui tombent en cours de route. la psychiatrie les désigne souvent par le terme
de psychotiques ; bon nombre d’entre eux se trouvent incapables
d’utiliser le pronom à la première personne. pour d’autres, plus heureux, la
résolution des contradictions peut correspondre à l’effondrement d’une bonne
partie de ce qu’ils ont appris au niveau ii, révélant une simplicité où la faim
conduit immédiatement au manger et le soi identifié n’a plus la charge
d’organiser le comportement : ce sont les innocents incorruptibles de
ce monde. a d’autres encore, plus créatifs, la résolution des
contradictions révèle un monde où l’identité personnelle se fond avec tous
les processus relationnels, en une vaste écologie ou esthétique d’interaction
cosmique. », in bateson, g., vers
une écologie de l’esprit, t. i, p. 279. (n. s.)
[543]
« a côté de ce fond émotif sommeille
dans notre âme pour ainsi dire un mourant, un mystique. c’est l’essence même de
notre être ! transmis par l’hérédité, ce coffret de sentiments mystiques,
comme un état élémentaire de notre conscience, nous tourmente dès que nous
avons pu rétablir une relation logique entre le vital être avec le mystérieux non être. le non être nous hante, nous ébranle et chemin faisant consciencieusement ou
subconsciencieusement ce refrain vient comme un leit motif, dans notre pensée parfois tendre, parfois
mélancolique et parfois catégorique et cruelle. c’est le patrimoine des
superstitions des anciens, la
synthèse de leurs craintes, de leurs mystères, de leur ignorance et de leurs
peurs. », in vaschide, n., op.
cit., p. 85.
[544]
bateson, g. et m.c., op. cit., p. 92.
[545]
selon la traduction de jacques lacan : “là
où c’était, je dois advenir.” (n.d.t.), in bateson, g., vers une écologie de l’esprit, t. i, p.
148.
[546]
alors que freud, s’accrochant à sa théorie, son enfant à lui, déclarait, ce qui
laisserait supposer que notre volonté de « produire » des enfants sur
mesure, clônés ou stéréotypés, correspondrait à une crainte de devoir les
« affronter » dans leur développement : « je pourrais encore ajouter la remarque que les cas de message ou
d’opération télépathique que nous avons discutés ici sont nettement rattachés à
des excitations qui appartiennent au domaine du complexe d’Œdipe. »,
in freud, s., « rêve et télépathie. », p. 143.
[547]
vanandruel, a., « pour une approche positive de l’irrationnel. », aspects de l’irrationalisme contemporain,
p. 88.
[548]
« très schématiquement, cette
théorie avance ce principe fondamental, tel que russell l’a exprimé : ce
qui comprend « tous » les éléments d’une collection ne doit pas être
un élément de la collection. autrement dit, le paradoxe de russell provient
d’une confusion des types logiques, ou niveaux. une classe est d’un type
supérieur à ses éléments ; pour énoncer ce postulat, nous avons dû passer
à un autre niveau dans la hiérarchie des types. donc, dire, comme nous l’avons
fait, que la classe de tous les concepts est elle-même un concept, n’est pas
faux, mais dénué de sens, comme nous allons le voir. », in watzlawick,
paul, beavin, janet, helmick & jackson, don, d., une logique de la communication, p. 192.
[549]
communication personnelle d’une connaissance entamant un troisième cycle à
bruxelles sur ces recherches appliquées à des mini-robots. de même, « grâce à la mise en commun des compétences issues de la
psychologie cognitiviste, des sciences de l’ingénieur et de l’intelligence
artificielle, on espère ainsi, dans un futur proche, faire véritablement
dialoguer les machines et les hommes. », in anonyme « les
sciences de la cognition. percevoir, penser, communiquer. », p. 53.
[550]
bateson,g., vers une écologie de l’esprit,
t. i, p. 275.
[551]
« cette énumération contient un
paradoxe. l’apprentissage iii (…) peut conduire soit à une augmentation de
l’apprentissage ii soit à une limitation, voire même à une réduction de ce
phénomène. il doit certainement amener une plus grande souplesse dans les
prémisses acquises par le processus de l’apprentissage ii : supprimer la
contrainte qu’elles exercent. », in bateson, g., vers une écologie de l’esprit, t. i, p. 277.
[552]
beels, christian, c., « profile : gregory bateson », the kinesis report, vol. 2, n° 2, hiver
1979, pp. 1-16, cité in winkin, y., la
nouvelle communication, pp. 288-289.
[553]
bateson, g., vers une écologie de
l’esprit, t. i, p. 280. (n. s.)
[554]
bien qu’il admette, cinq pages avant : « ce
que nous venons de dire de l’auto-évaluation des prémisses acquises au cours de
l’apprentissage ii donne à penser que l’apprentissage iii ne peut être que
difficile et par conséquent peu fréquent, même chez les être humains ; il
serait de même difficile pour les savants qui, après tout, ne sont que des
hommes, d’imaginer ou de décrire ce processus. », in bateson, g., vers une écologie de l’esprit, t. i, p.
275.
[555]
« en fait, on dispose d’un grand
nombre de rapports issus de pays où l’on parle d’autres langues, et qui
prouvent que l’e.s.p. se manifeste pratiquement dans le monde entier et cela
dans des types et sous des formes toujours identiques. leur liste montrerait
qu’aucun groupe ethnique ou linguistique n’a le monopole de la faculté psi. », in rhine, l., op. cit., p. 148.
[556]
« l’expérience mystique apparaît
généralement comme un fait rare, réservé à des saints, des sages et des
visionnaires. or, elle est étonnement courante. lors de sondages portant sur
des échantillons représentatifs de la population en grande-bretagne et aux
etats-unis, plus d’un tiers des personnes interrogées déclarèrent avoir eu
conscience d’ « une présence ou d’une force » au moins une fois
dans leur vie et, chez la plupart, cette expérience s’avéra marquante. »,
in sheldrake, r., op. cit., pp.
234-235.
[557] robert, j.-m., op. cit., p. 238.
[558] joad, c.e.m., « telepathy. is
there evolution of a new faculty ? », pp. 396-399.
[559] cf. varvoglis, mario,
« ‘anglo-saxon’ vs ‘latin’ parapsychology. behind the communication
barrier ».
[560]
bateson, g., vers une écologie de
l’esprit, t. i, p. 148.
[561]
« ce qu’on appelle le “soi” est un
produit ou un agrégat d’apprentissage ii. dans la mesure où un individu
parvient à l’apprentissage iii et apprend à percevoir et à réagir en fonction
de contextes, son “soi” deviendra pour ainsi dire hors de propos. le concept du
“soi” ne fonctionnera plus comme point nodal dans la ponctuation de
l’expérience. », in bateson, g., vers
une écologie de l’esprit, t. i, pp. 277-278.
[562]
tragédie qui, née de la rencontre de deux mondes, n’est pas si pessismiste qu’on
le pourrait penser : « apollon
et dionysos se sont réunis. […] l’apparence n’est plus du tout goûtée comme apparence, mais comme symbole, comme signe de la vérité. d’où la fusion – en soi choquante – des
ressorts artistiques. le signe le plus net de ce mépris pour l’apparence est le
masque. le spectateur est donc
confronté à l’exigence dionysiaque : que tout se présente à lui comme
enchanté, qu’il voie toujours plus que le symbole, que tout le monde visible de
la scène et de l’orchestra soit le domaine du miracle. mais où est la
puissance qui le met dans l’état de croire au miracle, de tout voir comme
enchanté ? qui vaincra la puissance de l’apparence et, la privant de sa
force, en fera un symbole ? c’est la musique. », in nietzsche, f., « la vision dionysiaque du
monde. », la naissance de la
tragédie, p. 304.
[563]
« en d'autres termes, pour les
primitifs, on meurt toujours à quelque chose qui n'était pas essentiel ; on
meurt surtout à la vie profane. », in eliade, m., le sacré et le profane, p. 167. pour la mort de l’homme, cf.
foucault, m., les mots et les choses.
[564]
derrida, j., « télépathie », psyché.
inventions de l’autre, p. 270.
[565]
castaneda, c., voir, p. 259.
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